Bataille d'Ourique

La bataille d'Ourique a eu lieu dans la campagne d'Ourique, actuel Alentejo (au sud du Portugal), le , qui selon la tradition serait la date anniversaire d'Alphonse-Henriques de Portugal et de Saint Jacques (désigné par la légende comme le saint patron de la lutte contre les Maures et surnommé « Matamore » – tueur de Maures). Elle a une place importante dans l'histoire du Portugal puisqu'elle marque la naissance de l'indépendance du pays.

Présentation

Statue de Alphonse-Henriques en Alentejo, commémorant la victoire de la bataille d'Ourique.

Ce que l'on nomme bataille fut certainement une altercation violente entre des troupes chrétiennes, commandées par Alphonse-Henriques, et des Maures, pendant l'une des nombreuses incursions faites par les chrétiens en terres musulmanes ; bétail, esclaves et autres biens étaient le principal but de ces incursions. C'est pourquoi les troupes chrétiennes ne s'attendaient certainement pas à cette altercation et, malgré leur infériorité numérique[réf. nécessaire], elles remportèrent la bataille. De fait, les troupes d'Alphonse-Henriques affrontent celles de cinq rois Maures almoravides, dirigées selon les chroniques portugaises par le roi Esmar (ou Ismar), et qui étaient affaiblies par des dissidences internes.

Porté par cette victoire, Alphonse-Henriques décide de s'autoproclamer roi du Portugal sous le nom d'Alphonse Ier de Portugal (à moins que ce ne soit ses troupes qui l'aient acclamé sur le champ de bataille). Sa chancellerie commence à utiliser le titre de Rex Portugallensis (Roi des Portucalenses ou Roi des Portugais) à partir de 1140 — le faisant roi de fait, avant que le titre (et l'indépendance du Portugal) ne soit solennellement reconnu par le roi de Léon en 1143 avec le traité de Zamora et, plus tard, par le Saint-Siège en mai 1179 avec la bulle pontificale Manifestis Probatum du pape Alexandre III.

La légende raconte que Dieu serait intervenu en faveur des Portugais. Cette bataille marque tellement l'imaginaire portugais qu'elle se retrouve plus tard sur le drapeau du pays : les cinq écus bleus représentent les cinq rois maures vaincus de Lisbonne, Badajoz, Beja, Elvas et Évora. L'aide divine qui permit à Alphonse Ier d'être victorieux est commémorée par des points blancs représentant les cinq blessures du Christ.

Le lieu de la bataille

Il n'existe aucun consensus parmi les chercheurs sur le lieu exact de la bataille d'Ourique.

La plus ancienne description de la bataille apparaît dans la Chronique des Goths dans la partie traitant de l'ère hispanique de 1177 (1139 de l'ère chrétienne).

Des siècles plus tard, un des premiers auteurs à lancer la polémique sur l'authenticité du récit fut Alexandre Herculano quand il affirma : « Ourique n'est rien d'autre qu'une légende ». Il fut aussitôt accusé d'anticléricalisme.

Plus récemment, d'autres historiens, dont José Hermano Saraiva (pt), sont revenus sur la polémique. Plusieurs théories se disputent :

  • L'hypothèse d'Ourique (Bas-Alentejo), autrefois connu comme « Plaine d'Ourique » : plus ou moins à mi-chemin entre Évora et Silves, est celle traditionnellement admise. À l'époque, le pouvoir almoravide se fragmentait dans la péninsule Ibérique et le territoire correspondant à l'actuel Portugal, toujours aux mains des musulmans, se trouvait pratiquement répartis entre quatre taïfas (celles de Santarem, d'Évora, de Silves et de Badajoz). Dans cette situation, une razzia de l'infant Alphonse-Henriques aussi loin dans le sud du territoire n'avait rien d'improbable, étant donné que les périodes de grande discorde entre musulmans avaient toujours été celles pendant lesquelles les frontières chrétiennes avançaient le plus vers le sud. Il existe d'ailleurs de nombreux documents sur la razzia que son fils, l'infant Sanche Ier réalise en 1178 à Séville, prouvant par l'exemple, la possibilité de parcourir une distance aussi importante en territoire hostile.
  • L'hypothèse de Vila Chã de Ourique (pt)km de Cartaxo), dans le Ribatejo ; trop à l'ouest pour intéresser les forces de l'émir de Badajoz, le site a pourtant de nombreux défenseurs depuis qu'on a découvert une grande quantité d'ossements à Vale de Ossos (la vallée des os).
  • L'hypothèse de Campo de Ourique (pt)km de Leiria), en Beira Litoral : comme pour Vila Chã, l'endroit se trouve trop près du littoral pour avoir intéressé les forces de l'émir de Badajoz.
  • L'hypothèse de Campo de Ourique (Lisbonne) fait partie de l'imaginaire populaire sans pour autant avoir un quelconque fondement.
  • L'hypothèse d'Aurélia (peut-être l'actuelle Colmenar de Oreja, près de Madrid et de Tolède) : certains défendent une confusion possible entre Ourique (Aurik) et Aurélia (Aureja, avec un « j » aspiré comme en castillan), concernant le lieu de la bataille. Il est possible qu'il y ait eu un accord entre Alphonse-Henriques et le roi de Léon et de Castille, Alphonse VII ; bien qu'en froid depuis la bataille de Cerneja (pt), deux ans auparavant, la guerre contre l'islam, leur ennemi commun constituait une raison suffisante pour imaginer un accord entre ces souverains chrétiens, permettant à Alphonse VII d'attaquer la forteresse d'Aurélia. Afin d'éviter d'être encerclé par les musulmans, Alphonse VII aurait demandé à son cousin Alphonse-Henriques d'entreprendre une manœuvre de diversion, une incursion portugaise en Alentejo qui forcerait les émirs des taïfas de Gharb al-Ândalus à se défendre. De cette manière, Alphonse VII espérait être libre à l'arrière pour pouvoir attaquer Aurélia et obtenir une reddition rapide, étant donné l'impossibilité pour l'ennemi de contre-attaquer grâce à la manœuvre portugaise.

Ce qui est certain, c'est qu'à l'issue de cette bataille, lorsque le cardinal Guido de Vico (pt), émissaire du pape, réunit Alphonse-Henriques et Alphonse VII à Zamora (1143), pour tenter de les convaincre que leur animosité profitait aux infidèles, le souverain portugais écrivit au pape Innocent II, réclamant pour lui et pour ses descendants, le statut de « censual », ce qui signifie « dépendant uniquement de Rome », invoquant pour cela le « miracle d'Ourique ». Cela sera chose faite en 1179. En attendant, avec cette rencontre et le traité signé (traité de Zamora), Alphonse VII considérait Alphonse-Henriques comme son égal : l'indépendance du Portugal était admise.

À l'issue de cette bataille, Gualdim Pais, futur maître de la province du Portugal de l'ordre du Temple[1], fondateur de Tomar et de Pombal, fut fait chevalier.

Notes et références

  1. Jean-Pierre Brach, L'Histoire cachée entre histoire révélée et histoire critique, L'âge d'homme, , 255 p. (ISBN 978-2-8251-0777-5, présentation en ligne), p. 97.

Voir aussi

Bibliographie

  • M. Nétchitaïlov, « La bataille d'Ourique et la naissance du royaume du Portugal », revue Prétorien, no 5, janvier-.
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