Adhémar Barré de Saint-Venant

Adhémar Barré de Saint-Venant[1], né le 6 fructidor an V (soit le ) au château de Fortoiseau, à Villiers-en-Bière (Seine-et-Marne) et mort le à Saint-Ouen (Loir-et-Cher)[2], est un ingénieur, physicien et mathématicien français.

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Biographie

Fils de Jean Barré de Saint-Venant[3] (Niort, 1737 - Paris, ), officier, colon à l’Île de Saint-Domingue, et de Marie-Thérèse Joséphine Laborie (Cap-Français, auj. Cap-Haïtien, Haïti, 1769 - ?), il entre 2e à l’École polytechnique en 1813[1], est classé 1er à la fin de la première année, et en sort 6e[1]. Élève de Gay-Lussac, il se passionne d’abord pour la chimie, ce qui le conduit à opter, à sa sortie, pour le service des poudres et salpêtres (qui est devenue l'École nationale supérieure de techniques avancées), où il se signale par la découverte d’un procédé rapide de dosage du chlore. Au bout de sept ans, il obtient de changer de carrière et d’entrer à l’École des ponts et chaussées d’où il sort premier en 1825[1].

Envoyé à Guéret comme ingénieur, il s’y fait remarquer par la construction d’un pont en charpente sur la Creuse, où il fait intervenir pour la première fois la théorie du « glissement » qu’il devait développer plus tard, et qui assoit sa réputation de physicien et de mathématicien.

Il est ensuite attaché au service du canal d’Arles, puis à celui du canal du Nivernais, et enfin au service de l’Yonne. Hydraulicien reconnu, il est cependant nommé en 1843 ingénieur en chef et attaché à la voirie (le « pavé ») de la ville de Paris, où il contribue à faire accepter le principe des plantations d’arbres le long des grandes avenues. En 1848, il est mis à la retraite par le gouvernement provisoire. Il se voit confier, en 1850, le cours de génie rural de l’Institut agronomique. Cette institution ayant été supprimée en 1852, il rentre dans la vie privée tout en continuant ses travaux scientifiques qui donnent lieu à de nombreuses publications.

Bien qu’il n’ait jamais eu d’attaches professionnelles ou personnelles avec la Sologne, il s’intéresse très tôt à cette région alors réputée pour son insalubrité et sa misère, par pure philanthropie. En octobre 1826, il effectue un premier voyage dans la région, puis un second en 1828. Il conçoit alors le projet d’un canal permettant d’amener en Sologne la marne des confins du Berry, et les eaux chargées de marne de la Sauldre en vue de l’irrigation d’une partie de la région. En 1844, au cours d’un troisième voyage, il parfait son enquête et dresse les plans du canal de la Sauldre, qu’il propose vainement au ministère des Travaux publics, mais qui sera, avec d’importantes modifications par rapport au projet initial, effectivement réalisé de 1848 à 1868, sans que personne ne se réfère alors ni à ses travaux, ni à son rôle en faveur de la Sologne.

De 1838 à 1849, Adhémar Barré de Saint-Venant présente divers mémoires à l'Académie des sciences, dont deux portant sur la résistance et la flexion des pièces solides, dans lesquelles il expose la fameuse théorie du « glissement » qui lui doit son nom. Parmi les nombreux travaux qui suivirent, deux retiennent l’attention des scientifiques : un mémoire sur la torsion des prismes (1855), et un autre sur la flexion (1856) où il montre les déformations éprouvées par un corps cylindrique ou prismatique (« problème de Saint-Venant »). On lui doit encore de nombreuses publications (La question du choc des barres, 1853-1866 ; La théorie générale de l’élasticité, 1868 ; Du roulis sur mer houleuse, 1871, etc.). Toutes ces études lui valent d’être reçu en 1868 à l’Académie des sciences.

À partir de 1871 il publie une série d'articles sur les écoulements dans les cours d'eau qui donneront leur nom aux équations de Saint-Venant[4],[5],[6]. Par la suite il continuera à s'intéresser à la mécanique des fluides[7].

Il est fait chevalier de la Légion d'honneur le , puis officier de la Légion d'honneur le .

En 1869, Adhémar Barré de Saint-Venant avait reçu du pape Pie IX le titre de comte. Il est par ailleurs président de la Société archéologique du Vendômois ; à ce titre, il fait paraître en 1863 un Rapport sur le projet de rédaction d’un dictionnaire géographique de l’arrondissement de Vendôme, qui devait servir de point de départ à son fils Raoul (1845-1920) pour son Dictionnaire topographique, historique, biographique, généalogique et héraldique du Vendômois (3 volumes, 1914-1917).

Il est enfin le maître de Alfred-Aimé Flamant et de Joseph Boussinesq.

Références

  1. Site de la bibliothèque de l'École polytechnique, onglet « Catalogues de la BCX –> Famille polytechnicienne », recherche « Barré de Saint-Venant Adhémar », résultat : « Barré de Saint-Venant, Adhémar Jean Claude (X 1813 ; 1797-1886) ».
  2. Ou peut-être le  ; voir cette note publiée dans le Livre du Centenaire de l'École polytechnique, 1897.
  3. Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, tome 2, pages 373 à 374 Barré de Saint-Venant.
  4. Adhémar Jean Claude Barré de Saint-Venant, « Théorie du mouvement non permanent des eaux, avec application aux crues des rivières et a l’introduction de marées dans leurs lits », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, t. 73, , p. 147–154 et 237–240
  5. M. de Saint-Venant, « Mémoire sur la prise en considération de la force centrifuge dans le calcul du mouvement des eaux courantes et sur la distinction des torrents et des rivières », Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, t. 44, , p. 245-273 (lire en ligne)
  6. M. de Saint-Venant, « Mémoire sur la perte de force vive d'un fluide aux endroits où sa section d'écoulement augmente brusquement ou rapidement », Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, vol. 44, , p. 193-243 (lire en ligne)
  7. M. de Saint-Venant, « Résistance des fluides : considérations historiques, physiques et pratiques relatives au problème de l'action dynamique mutuelle d'un fluide et d'un solide, spécialement dans l'état de permanence supposé acquis par leurs mouvements », Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, t. 44, , p. 1-192 (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Sources et bibliographie

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