Banque ouest-africaine de développement

La Banque ouest-africaine de développement - BOAD est un établissement public à caractère international. Elle a été créée par traité signé le . C'est une institution spécialisée commune aux huit États de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.

Elle a pour objet la lutte contre la pauvreté, la promotion du développement équilibré des États membres et la réalisation de l’intégration régionale. Son siège est établi à Lomé (Togo) mais elle dispose d’une mission résidente dans chacun des sept autres États membres.

Elle vise à « promouvoir le développement équilibré des États membres et de contribuer à la réalisation de l'intégration économique de l'Afrique de l'Ouest » en finançant des projets prioritaires de développement rural, infrastructures de base, infrastructures modernes, télécommunications, énergie, industries, transport, agro-industries, tourisme et autres services[1].

Historique

Deux idées fortes, émanation de la volonté politique clairement exprimée des États de l’UMOA, sont à l’origine des études qui ont inspiré la création de la BOAD à partir de 1969 :

  • tirer au-delà de l’union monétaire plus d’avantages de leur appartenance commune pouvant influer sur le développement des pays membres ;
  • exploiter les bénéfices d’exploitation de la BCEAO pour le financement d’actions communes de développement.

La présidence de la BCEAO a alors été investie de la mission d’étudier les objectifs, les structures et les moyens de l’organisme commun à mettre en place.

L’avant-projet du nouveau traité de l’Union monétaire présenté au comité des ministres tenu à Ouagadougou du 14 au , prévoit, à côté de la Banque centrale rénovée, des institutions communes de financement de développement.

Ainsi, le , les chefs d’État de l’Union monétaire signent le nouveau traité constituant l’Union monétaire avec, en annexe, les nouveaux statuts de la Banque centrale et l’accord constituant la Banque ouest-africaine de développement (BOAD).

Le quarantième anniversaire de la BOAD a été fêté à Lomé en novembre 2013. Il a fait l'objet d'un colloque international sur les nouveaux enjeux de l'UEMOA. Parmi les sessions thématiques, la croissance verte a fait l'objet de présentations. Le potentiel de la transition énergétique dans l'UEMOA a été reconnu et fait l'objet d'une recherche à l'université Paris-Sorbonne[2].

Actionnariat

Sont membres de la BOAD participant à son capital et à son administration :

Membres titulaires d’actions de Série A :

Membres titulaires d’actions de Série B :

Ressources

Les ressources de la BOAD proviennent essentiellement :

  • du capital souscrit par ses actionnaires régionaux et non régionaux;
  • des dotations de ses États membres ;
  • de ses réserves ;
  • de la mobilisation de l’épargne régionale ;
  • de la mobilisation des ressources externes à l’Union.

Rôle

La BOAD mobilise depuis sa création des fonds pour financer des projets tant du secteur public que du secteur privé. Elle est l’émetteur non souverain de référence du marché régional des capitaux. Elle a également, en plus de 40 ans d’activités, acquis et capitalisé une expérience de premier plan en matière d’évaluation comme de financement de projets. Cette expérience de la Banque couvre de vastes domaines et s’étend à plusieurs secteurs de la vie économique.

En raison de l’expérience acquise, la BOAD a servi de relais à toutes les institutions majeures de financement du développement et à diverses structures bilatérales de coopération.

Domaines d'intervention

Les domaines d’intervention de la BOAD sont les suivants :

  • développement rural et sécurité alimentaire ;
  • industrie et agro-industrie ;
  • infrastructures de base et infrastructures modernes (routes, télécommunications, aéroports, ports, énergie) ; transport, hôtellerie et autres services.

Formes d'intervention

La BOAD intervient sous l’une des formes ci-après :

  • prêts à long et moyen terme ;
  • prise de participation au capital d’entreprises ou des Institutions financières nationales (IFN) ;
  • financement d’opérations à court terme ;
  • financement d’études de factibilité de projets ou d’études d’ingénierie ;
  • assistance aux petites et moyennes entreprises (PME) à travers les lignes de crédits ou accords-cadres de refinancement accordés aux IFN ;
  • allègement des conditions d’emprunts par bonification d’intérêt pour les projets relevant du secteur non marchand ;
  • assistance dans la préparation, la promotion et la mise en œuvre des projets ;
  • garanties des emprunts obligataires ;
  • arrangement de financements de projets ;
  • conseil financier.

Bénéficiaires des interventions de la BOAD

Peuvent bénéficier d’un concours de la BOAD :

  • les États membres de l’UEMOA ;
  • leurs collectivités et établissements publics ;
  • les organismes, entreprises et particuliers concourant au développement ou à l’intégration des économies des États membres ;
  • les États de la sous-région non membres de l’UEMOA, leurs organismes ou entreprises, du fait que la Banque peut intervenir dans des actions de développement intéressant à la fois un État de l’UEMOA et un État non membre.

Opérations

La Banque dispose de deux guichets de financement : un guichet concessionnel, connu sous l’appellation de Fonds de développement et de cohésion (FDC) et un guichet marchand. Le premier guichet finance, dans les États membres, des projets publics de développement (infrastructures de soutien à la production, développement rural et sécurité alimentaire, projets sociaux, etc.) au profit des populations, à partir de ressources concessionnelles (conditions de taux et de durée assouplies).

Le second guichet finance, sur des ressources de marché, des projets d’investissement, à finalité commerciale, promus par des États, des entreprises publiques et privées.

Il existe un troisième guichet, plus récent, celui du Fonds de développement énergie (FDE). Ce guichet, mis en place dans le cadre du programme communautaire dénommé «Initiative régionale pour l’énergie durable», est destiné au financement de projets d’énergie. Sa gestion est assurée par la BOAD.

Coopération

La BOAD entretient des relations de coopération ou de financement avec de nombreux pays tels que l’Allemagne, la Belgique, la Chine, la France, l’Inde, le Japon, le Maroc et la Suisse. Des accords ont été également établis avec des institutions telles que le Fonds de Solidarité Africain (FSA)[3] l’Agence française de développement (AFD), la Banque africaine de développement (BAD), la Banque islamique de développement (BID), la Banque populaire de Chine, la Banque mondiale, l’Eximbank de l’Inde, la KfW, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), la FAO, le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS), etc. Des démarches sont en cours pour étendre les relations de coopération à d’autres pays ou institutions, notamment, le Brésil, la Turquie, et l’Union européenne[4].

Administration

La Banque est gérée et administrée par[5] :

  • un président, nommé par le conseil des ministres de l’UEMOA, assisté d’un vice-président nommé par le conseil d’administration de la Banque et ;
  • un conseil d’administration composé :
    • du président de la Banque qui en assure la présidence ;
    • d’un représentant titulaire et d’un suppléant nommés par chacun des États membres de l’Union ;
    • du gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ou de son représentant ;
    • des représentants des membres titulaires d’actions de Série B, en nombre proportionnel au montant du capital souscrit par ceux-ci. Leur nombre ne pouvant cependant excéder le tiers du nombre total des représentants des membres titulaires d’actions de Série A.

Perspectives opérationnelles

La BOAD a engagé en 2009 la mise en œuvre de son premier plan stratégique quinquennal[6] autour de la vision d’une « Banque régionale de développement forte et de référence mondiale dans le marché commun régional à l’horizon 2020 ». Ce plan est arrivé à son terme à la fin de l’exercice 2013. Prenant en compte les enseignements tirés de la mise en œuvre de ce plan et les orientations fixées par les États membres, elle a élaboré un nouveau plan stratégique pour la période 2015-2019, autour de la vision formulée comme suit : « BOAD : une banque de développement forte, pour l’intégration et la transformation économiques en Afrique de l’Ouest ».

Sur la base de cette vision, les orientations stratégiques pour la période 2015-2019 se résument comme suit :

Soutien à l’intégration régionale: le soutien de la BOAD à l'intégration économique régionale sera poursuivi à travers des interventions portant sur les projets inscrits dans des programmes régionaux adoptés au plan communautaire. L’institution appuiera en particulier le développement des infrastructures de transport, d’énergie et de télécommunications. Le but étant d’améliorer la compétitivité des économies des États de l’Union, de contribuer à la création de marchés plus vastes et plus attrayants, et d’appuyer le commerce intra-UEMOA qui reste encore faible.

Soutien à la croissance inclusive, à la sécurité alimentaire et au développement durable : la priorité sera accordée aux actions visant la maîtrise de l’eau, l’accroissement des productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques, l’amélioration de l’état nutritionnel des populations, la structuration des filières et des organisations de producteurs, l’accès du monde rural au crédit et le développement d’instruments régionaux de gestion de la sécurité alimentaire, notamment l’assurance-récolte. Dans le domaine environnemental, la mise en œuvre de sa stratégie environnement et climat devrait permettre à la BOAD de contribuer davantage à l’atténuation des problèmes environnementaux auxquels ses États membres font face, dans la perspective d’un développement durable. En matière d’eau potable et d’assainissement, les actions de la Banque viseront notamment à réduire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population qui n’a pas accès à un approvisionnement en eau potable ni à des services d’assainissement de base.

Accompagnement des entreprises et développement de l’ingénierie du financement et des services : la BOAD est engagée dans une dynamique d’amélioration continue de son partenariat avec les entreprises privées et publiques de l’Union. Elle compte apporter un soutien substantiel à ces acteurs à travers notamment la promotion des partenariats public-privé, la promotion de financements innovants, le développement de partenariats avec les systèmes financiers décentralisés et le renforcement de ses activités traditionnelles en faveur du secteur privé.

Approfondissement du processus de mobilisation de ressources : les efforts de mobilisation de ressources seront poursuivis et concerneront aussi bien les ressources concessionnelles que celles de marché. Concernant les ressources de marché, la BOAD poursuivra les activités de levée de ressources sur le marché régional des capitaux et l’obtention d’une notation, dans les meilleures conditions possibles, en vue de réaliser des emprunts sur le marché financier international. Les efforts de mobilisation de ressources devraient s’étendre à l’Afrique centrale, l’Europe et d’autres régions du monde.

Les présidents de la BOAD

  • Pierre Claver Damiba (1975-1981)
  • Abou Bakar Baba-Moussa (1982-1994)
  • Thomas Boni Yayi (1995-2006)
  • Issa Coulibaly (intérim) (2006-2008)
  • Abdoulaye Bio Tchané (2008-2011)
  • Christian Adovelande (2011-2020)[7]
  • Serge Ekué (depuis août 2020)

Pays membres

Les huit États membres de la BOAD sont :

Notes

  1. Article 2 des statuts de la BOAD cité sur le site officiel de la BOAD.
  2. site des thèses de doctorat en France
  3. « UEMOA : la BOAD et le Fonds de solidarité africain actualisent leur coopération », sur aLome.com (consulté le ).
  4. « Rapport annuel 2014 », sur www.boad.org (consulté le )
  5. « BOAD en bref », sur www.boad.org (consulté le )
  6. « Plan stratégique 2015-2019 », sur www.boad.org (consulté le )
  7. Au . Christian ADOVELANDE a pris fonction à la tête de la BOAD le pour 3 ans et son mandat a été renouvelé pour 6 ans en 2014

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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