Bétia

Bétia, également connue sous le nom de Reine Betty ou son nom français de Marie Elisabeth Sabbabadie, est une reine malgache née vers 1735[1] et morte le 14 octobre 1805 à Vacoas[2].

Biographie

Fille du roi Betsmisaraka Ratsimilaho et petite-fille du pirate anglais Thomas Tew[2], Bétia devient Reine de l'île Sainte-Marie à la mort de son père. Son demi-frère Zanahary d'origine sakalave est nommé successeur de son père mais Bétia peut s'appuyer sur ses propres partisans[3].

Le 30 juillet 1750[4], Bétia cède officiellement l'île Sainte-Marie à la France. Selon la légende, son geste est motivé par son amour pour le caporal français La Bigorne[5], chef de traite de la Compagnie des Indes[3]. Dans les faits, il semble que son père avait déjà entamé des pourparlers avec la Compagnie[3] et que l'agent commercial français Gosse a achevé de convaincre Bétia de céder ses terres au roi de France[6],[1]. Les partisans de Zanahary n'acceptent pas sa décision et se révoltent contre les Français, assassinant notamment le gouverneur Gosse[3] qu'ils accusent d'avoir profané la tombe de Ratsmimilaho. Soupçonnée d'être à l'origine de la mort du gouverneur, Bétia est arrêtée pour rébellion et emprisonnée temporairement[6] avant d'être reconnue non coupable[1]. Vers 1750[6] ou 1751[2], elle part à l'Île-de-France, actuelle Ile Maurice, où elle s'installe avec son entourage. De 1763 à 1792, elle vit entre les régions de Port-Louis, Plaines Willhems et de Vacoas où elle possède plusieurs résidences[2]. Elle est la première personne de couleur libre à recevoir des terres de l'État à l'Ile-de-France[7]. Elle s'investit dans le commerce et mène ses affaires avec succès[6].

En 1762, elle retourne à Sainte-Marie pour le compte de la Compagnie des Indes[6]. Cette dernière juge en effet Bétia susceptible de défendre les intérêts français et capable de mener des négociations efficaces aux côtés du caporal La Bigorne[8]. Chargée d'assurer la reprise du commerce avec l'île malgache et avec le comptoir de Foulpointe, Bétia consent à céder son trône à Zanahary en signe de paix[6]. La France reconnait ainsi la souveraineté de ce dernier sur l'île[3].

Baptisée le 1er février 1775 par le père Delfolie à la cathédrale de Port-Louis[2], Bétia aurait épousé le caporal La Bigorne. Le 19 mai 1780, elle est naturalisée française sous le nom de Marie Elisabeth (Betty) Sabbabadie "en reconnaissance des services rendus par son mari aux Français à Madagascar"[9],[10].

Références

  1. (en) Philip J. Havik et Malyn Newitt, Creole Societies in the Portuguese Colonial Empire, Cambridge Scholars Publishing, , 255 p. (ISBN 978-1-4438-8463-1, présentation en ligne), p. 192
  2. « Madagascar : Hommage à la Réine Betty à Vacoas », lexpress.mu, (lire en ligne, consulté le )
  3. Robert Cabanes (dir.), « Guerre lignagière et guerre de traite sur la côte nord-est de Madagascar aux XVIIe et XVIIIe siècle », Guerres de lignages et guerres d'Etat en Afrique, Editions des archives contemporaines, , p. 145-186 (lire en ligne)
  4. Prosper Cultru, Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle : Benyowszky, Bibliothèque malgache, (ISBN 978-2-37363-060-2, lire en ligne)
  5. André Ortolland (dir.), « A Madagascar et aux Comores », La France d'outre-mer (1930-1960), Karthala, , p. 673
  6. Christiane Rafidinarivo, Empreintes de la servitude dans les sociétés de l'océan Indien : métamorphoses et permanences, Paris, Karthala Editions, , 237 p. (ISBN 978-2-8111-0276-0, présentation en ligne), p. 108-110
  7. (en) Richard B. Allen, Slaves, Freedmen and Indentured Laborers in Colonial Mauritius, Cambridge University Press, , 221 p. (ISBN 978-0-521-64125-8, présentation en ligne), p. 86
  8. (en) William Ellis, History of Madagascar. Comprising also the progress of the Christian mission established in 1818, and an authentic account of the persecution and recent martyrdom of the native Christians, Londres, Fisher, Son, & co., , 537 p. (lire en ligne), p. 34-63
  9. « Les anniversaires à célébrer en 2005 (III) », lexpress.mu, (lire en ligne, consulté le )
  10. Adrien d'. Epinay, Renseignements pour servir a l'histoire de l'Ile de France jusqu'a l'annee 1810, inclusivement ..., (lire en ligne)
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