Robert Yergeau

Robert Yergeau, né le à Cowansville (Québec) et mort le à Gatineau, est un éditeur, professeur et poète franco-ontarien.

Pour l’article homonyme, voir Pierre Yergeau.

Biographie

Robert Yergeau fait ses études classiques au Collège de Sherbrooke. Il est diplômé au baccalauréat et en maîtrise en littérature à l'Université de Sherbrooke. Il reçoit une bourse du ministère des Affaires culturelles du Québec en 1981 et se consacre entièrement à l'écriture[1]. Il enseigne la création littéraire à l'université de Hearst, puis au Département des lettres françaises de l'université d'Ottawa[2].

En 1988, il fonde la maison d'édition Le Nordir à Hearst, afin de publier le manuscrit de Roger Bernard[3] de son essai De Québécois à Ontarois[4]. Le Nordir se consacre à la diffusion de la littérature franco-ontarienne[2].

Thématique et esthétique

Les recueils de poésie de Robert Yergeau sont marqués par l'amour charnel et par la mort. Ses premiers vers dans L'Oralité de l'émeute (1980) s'inspirent du formalisme québécois des années 1970, la froideur du texte dissimulant l'inquiétude du cœur, qui devient plus lyrique dans Présence unanime (1981)[5]. Dans « Le poème dans la poésie » (1982), il voit l'écriture portée par l’agir et la matière, définissant le poème comme la « distance égale de la sueur et du rêve »[6]. Ses essais dénoncent les pratiques des milieux littéraires canadiens[3]. Dans le recueil Prière pour un fantôme (1991), Robert Yergeau use des images de dualité et de temporalité tout en privilégiant des sons marquant le rythme et souvent à double sens, par exemple « Puissent les débris échouer sur une plage de l’être / où le sang les sanctifiera »[7].

Le recueil de poèmes Les Franco-Ontariens et les Cure-dents est publié en 1993 aux éditions Le Nordir sous le nom de plume Béatrice Braise. Parodie de la poésie franco-ontarienne, ce recueil, qualifié de « salutaire exercice d'hygiène publique » en quatrième de couverture, provoque de vives réactions dans le milieu littéraire franco-ontarien. L'identité réelle de l'auteur, Robert Yergeau, est révélée dans la revue Liaison après son décès en 2011.

Le recueil poétique Une clarté minuscule (2013), posthume, testamentaire et limpide, est marqué par la tristesse, la déception, la douleur et la mort. L'auteur y définit son œuvre comme « des lambeaux de vers mal ficelés dans des paquets d’émotions lâches » et y évoque la chute : « Ne me relevez pas / Laissez-moi face contre ciel / Je m’appuierai sur mon ombre rêvée / Pour dormir à même le jour ». Cette œuvre magnifique place le lecteur dans « une certaine ambivalence : trouver de la beauté et du réconfort dans une parole qui n’en voyait plus.»[6].

Spécialiste de la littérature franco-ontarienne, Robert Yergeau considère « [qu'i]l ne faut pas dialectiser l’espace au détriment du temps ou vice versa, ni brandir l’espace comme symbole de résistance contre le temps »[8]. Robert Yergeau renvoie à une poésie décontextualisée, que Margaret Michèle Cook identifie comme la poésie de l'être, par opposition à la poésie du pays. Cette poésie se veut « comme la quête d'un lieu et d'un espace-temps qui transcenderait toute contingence communautaire ou territoriale »[9].

Œuvres

Poésie
Essai
  • 1994 - À tout prix: les prix littéraires au Québec, Triptyque
  • 1998 - Le Nordir: dix ans de création et de réflexion en Ontario français, 1988-1998, Le Nordir
  • 2004 - Art, argent, arrangement: le mécenat d'État, Éditions David
  • 2008 - Dictionnaire-album du mécénat d’État, Le Nordir

Prix et distinctions

Notes et références

  1. Infocentre littéraire des écrivains québécois ILE, « Yergeau, Robert », Écrivains : Notice biographique et oeuvres, no 750, (lire en ligne, consulté le ).
  2. «Le RECF salue un des grands contributeurs de la littérature franco-ontarienne : Robert Yergeau», À vos livres.
  3. Jacques Poirier, « Hommage à Robert Yergeau », Édimage, no 154, (lire en ligne, consulté le ).
  4. Centre de recherche en civilisation canadienne-française - CRCCF, « Les Éditions du Nordir », Passeport pour 2010, Université d'Ottawa, vol. II, no A2a, (lire en ligne, consulté le ).
  5. Cornelius J. Jaenen, Les Franco-Ontariens, Ottawa, Université d'Ottawa, , 452 p. (lire en ligne), p. 380.
  6. Catherine Voyer-Léger, « Robert Yergeau : Le trop vaste des mots », Nuit blanche, (ISSN 0823-2490, lire en ligne, consulté le ).
  7. Ronald Plante, « Prière par un fantôme. Par Robert Yargeau », dans Gaétan Gervais et Jean-Pierre Pichette (dir.), Dictionnaire des écrits de l'Ontario français 1613-1993, Ottawa, Presses de l'Université d'Ottawa, (lire en ligne), p. 693.
  8. Cité dans L'Association des littératures canadienne et québécoise ALCQ, « 2015 Ottawa », Congrès, vol. 2015, no 2, (lire en ligne, consulté le ).
  9. Robert Yergeau, « Comment habiter le territoire fictionnel franco-ontarien ? », Liaison, no 85, , p. 30-32, cité dans Lucie Hotte, « Identité collective et identité individuelle : le sujet poétique en poésie franco-ontarienne », dans Michael Brophy et Mary Gallagher, Sens et présence du sujet poétique : la poésie de la France et du monde francophone depuis 1980, Rodopi, (lire en ligne), p. 169.

Voir aussi

Bibliographie

  • Hélène Lafrance, «Robert Yergeau. L'Oralité de l'émeute», Livres et auteurs québécois, 1981, p. 110-111.
  • Claude Beausoleil, «Poésie. Des images de vie», Le Devoir, vol. 73, no 49, 27 févr. 1982, p. 20.
  • Claude Beausoleil, «Les Mots et le Poème», Le Devoir, vol. 73, no 129, , p. 22.
  • Richard Giguère, «Les «Nouvelles Écritures». Un rapport d'étape», Lettres québécoises, no 25, p. 40-43.
  • Michel Beaulieu, «Yergeau, Cotté et Wallot. De la relève possible à la stricte banalité», Le Livre d'ici, vol. 7, no 25, , p. 1.

Articles connexes

Liens externes

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