Aymon de Briançon

Aymon de Briançon, appelé aussi Aymon le chartreux, est un moine chartreux du XIIe siècle, nommé archevêque-comte de Tarentaise et portant le nom de Aymon (Aimon) II.

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Biographie

Origines

Aymon appartient à la famille seigneuriale de Briançon, qui possède le titre de vicomte de tarentaise[1], il est dit frère du seigneur Aymeric/Emeric III de Briançon[2],[3],[4]. Ils sont tous deux mentionnés comme garants en 1173, lors de la signature du contrat de fiançailles entre la fille du comte en Maurienne, Humbert III, Alix (Alaïs) et Jean d'Angleterre, le futur roi[4].

Dans un acte sans date, mentionné dans le Régeste genevois (1866), il est dit consenguineus du seigneur de Henri de Faucigny[5]. L'auteur précise que la mère du seigneur de Faucigny était issue de la famille de Briançon[5].

Nomination

Aymon appartient à l'ordre des Chartreux[1],[6]. Il se trouve à la Grande Chartreuse quand il est appelé à succéder à l'archevêque Pierre II de Tarentaise, futur saint, mort le , sur le siège de Tarentaise[4]. Il semble avoir pris place sur le siège de l'évêché entre cette date[7] et au plus tard en 1178 (Besson, 1759)[2],[5]. Joseph Garin (1942) et Jacqueline Roubert (1961) donnent entre la date de la mort et le , puisqu'il obtient du pape Alexandre III une reconnaissance de ses droits dans une bulle papale[4],[1]. Jacques Lovie (1979) donne vers 1175[6]. Il est appelé Aymon II puisqu'il fait suite à l'archevêque Aymon Ier.

Entre le Pape et l'Empereur

L'empereur du Saint-Empire, Frédéric Barberousse, s'oppose au pape Alexandre III[8]. Il s'agit d'une période où les deux princes tentent de s'attacher des évêques par des confirmations de biens[8]. Si l'archevêque Pierre II n'a pas pris parti, l'attitude d'Aymon II est tout autre[1],[6]. Il « [louvoie] entre le pape dont il dépendait au spirituel, et l'empereur dont il était le vassal en tant que comte »[1] afin d'obtenir des avantages pour son Église. Tout d'abord, il fait la demande à Alexandre III de lui garantir ses droits et biens[4],[8]. Il obtient le , une bulle pontificale, proche de celle reçue par Pierre II en 1172, dans laquelle le pape confirme les droits et possessions  églises, châteaux, paroisses  de Église de Tarentaise[4],[1]. L'acte est toutefois plus détaillé que le précédent[4],[1].

En 1184, il obtient du nouveau pape Lucius III, une bulle de protection pour son Église[6],[4],[8].

En 1186, Aymon II se tourne vers l'empereur pour garantir ses biens[6],[4],[8]. Comme s'interroge Joseph Garin (1942) « avait-elle pour but de corriger les bulles pontificales de 1172 et 1176, en les complétant ; ou bien voulait-il seulement se procurer une garantie supplémentaire, celle de l'empereur s'ajoutant à celle du pape ? Ces deux raisons sont également plausibles. »[4] Frédéric Barberousse est « trop heureux de lui abandonner » puisque cela permet également de gêner le comte de Savoie qui avait pris parti pour le pape[6],[8]. Aymon obtient ainsi une Bulle d'or lui garantissant ses biens et possessions en Tarentaise[6],[8],[9]. L'acte confirme qu'il est par ailleurs le vassal de l'empereur, donc sans lien avec le comte de Savoie[4],[1].

La politique d'Aymon II permet d'obtenir  non seulement « par la crosse et l'anneau » mais aussi « par le sceptre »  la garantie de ses biens[4],[1], mais aussi une indépendance vis-à-vis de la maison de Savoie qui cherche à s'imposer dans la vallée de la Tarentaise[1],[8].

Les fils et successeurs de Frédéric Barberousse seront tout aussi favorable à Aymon. Henri VI confirme l'investiture faite par son père en 1191, après que celui-ci l'accueille à la suite de sa traversée des Alpes à Turin[4],[1]. Lors de la mort d'Henri VI, seuls Aymon et l'archevêque de Besançon, Amédée, prennent le parti pour Philippe de Souabe[4],[1]. Voulant se faire sacrer, malgré l'absence de l'archevêque de Mayence, Aymin officie le [4],[1]. Les deux prélats seront convoqués, sous peine de suspense, en 1202, à la Cour de Rome[4],[1]. S'il n'existe pas de documents sur l'échange avec le pape, Aymon revient dans son diocèse, pardonné[4].

Action archiépiscopale

En 1179, il participe en tant qu'arbitre au traité de paix entre le comte de Savoie et l'Église de Sion[1]. Il joue le rôle de témoin ou d'arbitre à plusieurs occasions : en 1181, à Sion ; vers 1183 et 1190 en val d'Aoste ; en 1194 auprès des Miolans[1]. En 1210, à la demande de la comtesse de Savoie, Marguerite de Genève, il met fin au conflit opposant l'abbé de Tamié et les prieurs de Cléry et Gilly[4],[1].

La tradition raconte qu'il participe à la Quatrième croisade (1202)[4], mais sans qu'aucune preuve nous soit parvenue[1]. En 1206, Aymeric III de Briançon et son fils, Guigues, de retour de la croisade, prête serment au prélat, sans qu'il ne soit question du château de Briançon[1].

En 1202, il fait l'acquisition de plusieurs biens aux Allues[1].

Aymon II semble mourir entre 1210/11[7]  Garin donne le [4]  et 1212[5]. L'évêque de Maurienne, Bernard de Chignin (de Cheneio), lui aussi un ancien chartreux, est appelé à lui succéder[1],[7].

Notes et références

  1. Roubert, 1961, p. 79-81 (lire en ligne).
  2. Joseph-Antoine Besson, Mémoires pour l'histoire ecclésiastique des diocèses de Genève, Tarentaise, Aoste et Maurienne et du décanat de Savoye, S. Hénault, 1759 (copie de l'exemplaire bibliotheque cantonale et universitaire de lausanne), 506 p. (lire en ligne), p. 202-.
  3. Étienne-Louis Borrel, Les monuments anciens de la Tarentaise (Savoie), Paris, Ducher, , 334 p. (lire en ligne), p. 142.
  4. Joseph Garin, Histoire féodale des seigneurs de Briançon, Savoie (996-1530), t. XII, Besançon, Imprimerie de l'Est, coll. « Recueil des mémoires et documents de l'Académie de la Val d'Isère », (lire en ligne), p. 72-78, « L'archevêque Aymon et les derniers Briançon »
  5. Régeste genevois, REG 0/0/1/408, acte sans date, p. 112 (lire en ligne).
  6. Lovie, 1979, p. 43.
  7. Lovie, 1979, p. 277.
  8. Bruno Galland, « Les papes d’Avignon et la Maison de Savoie (1309-1409) », Publications de l'École française de Rome, vol. 247, , p. 25-26, 29-30 (lire en ligne).
  9. Jean-Yves Mariotte, « La Bulle d'or de Frédéric Barberousse pour l'archevêque de Tarentaise », Publications du Centre Européen d’Études Bourguignonnes, Chambéry, no 9, , p. 93–97.

Voir aussi

Biographie

Articles connexes

Liens externes

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