Ayman Odeh

Ayman Odeh, né le à Haïfa, est un avocat et homme politique arabe israélien. Il dirige le parti politique communiste Hadash et il est président de la coalition Liste unifiée.

Ayman Odeh
אַיְּימָן עוֹדֶה

Ayman Odeh en 2021.
Fonctions
Député à la Knesset
En fonction depuis le
(6 ans, 5 mois et 8 jours)
Élection 17 mars 2015
Réélection 9 avril 2019
17 septembre 2019
2 mars 2020
23 mars 2021
Législature 20e, 21e, 22e, 23e et 24e
Groupe politique Liste unifiée
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Haïfa (Israël)
Nationalité Israélienne
Parti politique Hadash
Profession Avocat
Religion Islam
Réunion de manifestants chez Ayman Odeh, à Haïfa, le vendredi 2 avril 2021, afin de l'inciter à intégrer un gouvernement qui empêchera Netanyaou de continuer à être Premier Ministre. Commençant par une manifestation, elle se déroule en parallèle de d'autres rassemblements, chez Bennett, Saar et Gantz.

Biographie

Né en 1975, Ayman Odeh grandit à Haïfa, dans le quartier de Kababir. Son père est ouvrier du bâtiment[1]. Bien qu'issu d'une famille musulmane, il intègre une école chrétienne, la meilleure école du quartier, où il est le seul élève musulman[2]. Il se décrit actuellement comme ayant dépassé les limites religieuses et ethniques[1]. De 1993 à 1997, il étudie le droit à l'Université de Craiova, en Roumanie. Il y participe à des rassemblements pro-palestiniens, y apprend le roumain, et lit les mémoires de penseurs politiques et de révolutionnaires[3].

Ayman Odeh parle l'arabe, l'hébreu, l'anglais et le roumain.

Il épouse Nardine Aseli, gynécologue, et le couple a trois enfants. En 2000, au début de la seconde Intifada, le frère de Nardine Aseli est tué à l'âge de dix-sept ans ; c'est à sa veillée funèbre qu'ils se rencontrent[4].

Parcours politique

Ayman Odeh rejoint le Hadash, qu'il représente entre 1998 et 2005 au conseil municipal de Haïfa. Il devient secrétaire général du parti en 2006.

Pour les élections de 2009, il est soixante-quinzième de la liste du Hadash, qui obtient quatre sièges[5]. Pour les élections de 2013, il est sixième sur la liste mais le parti n'obtient que quatre sièges[6].

Pour les élections de 2015, il est désigné tête de la Liste unifiée, rassemblant, en plus du Hadash communiste, divers partis arabes israéliens. Sa liste crée la surprise en arrivant en troisième position avec 10.54% et 13 sièges, soit deux de plus que les sièges cumulés des partis la composant pris isolément.

Dans une interview du Times of Israel, Ayman Odeh évoque l'agenda social de la liste unifiée, notamment un plan décennal visant à traiter des questions relatives au secteur arabe, comme l'emploi des femmes, la réhabilitation des conseils régionaux défaillants, la reconnaissance des communautés bédouines non reconnues dans le Néguev, les transports publics dans les villes arabes et l'éradication de la violence. Il se déclare également favorable à l'autodétermination du peuple juif en Israël, ajoutant qu'un État palestinien devrait remplir les mêmes objectifs pour les Palestiniens arabes[7].

Sa campagne pour les élections de mars 2015 connaît un "moment décisif" lors d'un débat télévisé. Avigdor Lieberman, alors ministre des affaires étrangères, le qualifie de "citoyen palestinien" et lui déclare qu'il n'est pas le bienvenu en Israël. Ayman Odeh répond : "Je suis très bien accueilli dans ma patrie. Je fais partie de la nature, de l'environnement, du paysage.", Odeh étant né en Israël alors que Lieberman émigra d'URSS. Le style d'Ayman Odeh contraste avec celui de la députée Haneen Zoabi, plus conflictuel. Odeh exprime sa volonté de travailler avec des partenaires juifs, et cite souvent Martin Luther King Jr[8].

Il est blessé en au dos et à la tête par des tirs de la police israélienne. Celle-ci était intervenue pour sécuriser les travaux de destruction d'un village occupé par des Palestiniens afin de le remplacer par un village juif, quand une échauffourée a éclaté avec les habitants[9].

Lors de l'élection législative de 2020, Ayman Odeh et la liste unifiée recommandent Benny Gantz comme Premier Ministre[10].

Reconnaissance

  • Il figure dans la liste des 100 plus grands penseurs mondiaux du magazine Foreign Policy[11],[12].
  • Il occupe la neuvième place du classement des 100 personnalités d'influence de l'année 2016, établi par le magazine the Marker[13].
  • Il est classé dans cette même liste pour l'année 2017[14].

Prises de position

Ayman Odeh déclare que son travail de conseiller municipal à Haïfa le fit prendre conscience que Juifs et Arabes doivent s'associer. Il décrit Haïfa comme la ville "la plus libérale, multiculturelle et homogène d'Israël[15]."

Il souhaite également que la reconnaissance des Juifs Mizrahim augmente, ainsi que celle des Juifs arabes dans le discours officiel israélien et palestinien. En juillet 2015, à la Knesset, il déclare que l’État d'Israël est discriminatoire à l'égard des Juifs qui immigrèrent des pays arabes (qui constituent une majorité en Israël), afin de propager l'idée d'une séparation entre Juifs et Arabes. Selon lui, le conflit israélo-arabe et la volonté de l'élite israélienne de donner une image occidentale des Juifs et du pays sont responsables de l'oubli du rôle important joué par les Juifs dans la construction de la culture Arabe, historique et moderne. Il pense notamment à des personnalités juives, tel le rabbin David Buzaglo, auteur de poèmes juifs religieux en langue arabe, ou à des Juifs réputés dans le monde arabe au milieu du 20e siècle, comme Leila Mourad.

Il affirme : "Nous représentons les personnes invisibles dans notre pays, et nous leur donnons une voix. Nous apportons aussi un message d'espoir à tout le monde, pas seulement aux Arabes, mais également aux Juifs[16]."

En octobre 2015, il déclare soutenir la "lutte palestinienne non-armée". Lorsqu'on lui demanda son opinion sur "le jet de pierres, les bombes incendiaires, le fait de tirer sur des voitures", il répondit, concernant le jet de pierre, être favorable à la première Intifada[17].

En février 2016, il envisage de démissionner de la Knesset pour protester contre un projet de loi controversé, visant à suspendre des députés[18].

Controverses

Interrogatoires du Shin Bet

Le Service de sécurité intérieure israélien, surnommé Shin-Bet, interrogea plusieurs fois Ayman Odeh. Il précise dans une interview du New-York Times : "Le Shin-Bet m'a appelé trois fois. Ils ne m'ont jamais frappé, mais ont réussi deux choses : je me suis isolé de mes amis et suis devenu beaucoup plus introverti. Et j'avais l'impression que le Shin Bet me surveillait, partout où j'allais. En allant à l'arrêt de bus, j'ai vu un type avec des lunettes de soleil, et j'ai cru que c'était le Shin-Bet[19]."

Menaces de mort

En février 2016, un militant de droite est arrêté pour avoir proféré des menaces de mort à l'encontre d'Ayman Odeh[20].

Notes et références

  1. (en) Laub, Karin, « Rise of pragmatic Arab politician shakes up Israeli politics », Associated Press,
  2. (en) Laub, Karin, « Rise of pragmatic Arab politician shakes up Israeli politics », Associated Press,  :
    « Seul musulman d'une école chrétienne, il fait remarquer, fièrement, qu'il obtint un A à l'examen final d'"études du Nouveau Testament" de son lycée »
  3. (en) Remnick, David, « A Palestinian Israeli Leader for Peace », The New Yorker,
  4. (en) Hadid, Diaa, « Israeli Arabs may play power brokers in Tuesday's elections », The Seattle Times,
  5. Hadash site de la Knesset en hébreu
  6. (en) « Zahalka wins Balad primaries, Odeh to lead Hadash », The Times of Israel,
  7. (en) Miller, Elhanan, « After uniting Arabs behind him, Ayman Odeh looks to lead opposition », The Times of Israel,
  8. (en) Hadid, Diaa, « Arab Alliance Rises as Force in Israeli Elections », The New York Times,
  9. « Israël: 2 morts dont un policier lors de violents heurts dans un village Palestinien », i24news, (lire en ligne, consulté le )
  10. (en) « Opinion – Ayman Odeh: We Are Ending Netanyahu's Grip on Israel », The New York Times,
  11. (en) « Israeli Arab Party Leader Makes Foreign Policy's 100 leading Global Thinkers List », sur www.haaretz.com
  12. (en) « For Uniting Israel's Arabs »
  13. « Ayman Odeh 100 most influential », sur The Marker
  14. « 100 המשפיעים  2017 », sur The Marker
  15. Schulman, Marc, « Israeli Election: What Do Israeli Arabs Want? », Newsweek, (lire en ligne, consulté le )
  16. « Israel's Arab political parties have united for the first time », sur The Washington Post
  17. Ariel Ben Solomon, « Odeh: I do not put limits on the Palestinian struggle against 'occupation' », The Jerusalem Post, (lire en ligne)
  18. « Joint List's Odeh threatens to resign from Knesset if bill is used to remove Balad MKs », sur The Jerusalem Post
  19. Remnick, David, « Seeds of Peace », The New Yorker, (lire en ligne, consulté le )
  20. Gancman, Lee, « Right-winger arrested for death threats against chairman, Arab party says », Times of Israel, (lire en ligne, consulté le )
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