Assassins

Le nom d'Assassins[1] (en arabe : حشاشين, ḥašašyīn) désigne la secte islamique ismaélienne des Nizârites, entre le XIe siècle et le XIIIe siècle.

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Assassins
حشاشين
Hashashin

Calligraphie ismaélienne symbolisant Ali « Le Lion de Dieu »

Devise : « Si rien n’est vrai, tout est permis »

Situation
Région Moyen-orient
Création 1090
Dissolution 1275
Type Société secrète
Domaine Assassinat, Guerre asymétrique, Guerre psychologique, Frappe chirurgicale
Siège Alamut
Masyaf
Langue Persan
Arabe
Organisation
Vieux de la Montagne Hassan ibn al-Sabbah
Grand maître Rachid ad-Din Sinan
Organisations affiliées Nizârisme
Chiisme

Basé à Alamut, leur grand maître Hassan ibn al-Sabbah avait tendance à appeler ses disciples Asāsīyūn (أساسيون, qui signifie « ceux qui sont fidèles au (assas) fondement [de la foi] »), mais certains voyageurs et conteurs auraient mal interprété et compris le mot comme un dérivé de haschich. Le terme pourrait aussi provenir du nom de Hassan, Hassanjins signifiant « les djins de Hassan »[2][3].

Souvent décrits comme un ordre secret mené par un mystérieux « Vieux de la Montagne », Hassan ibn al-Sabbah, les Nizârites ismaéliens étaient une secte islamique qui s'est formée à la fin du XIe siècle à partir d'une scission au sein de l'ismaélisme – une branche de l'islam chiite. Les Nizârites ont été redoutés par les Croisés qui les ont désignés collectivement comme « Assassins ».

En 1967, Bernard Lewis a qualifié les Assassins de secte radicale de l'islam[4]. Il s'agit du titre original de son livre sur les Assassins, publié cette année-là : The Assassins: A radical sect in Islam. Cette secte a inspiré les créateurs du jeu vidéo Assassin's Creed[5].

Origine

Rendu artistique d'Hassan ibn al-Sabbah.
Vestiges du château d'Alamut dans la province de Qazvin

La naissance de cette secte s'inscrit dans le contexte du conflit de succession entre sunnites et chiites, alors que les sunnites ont la mainmise sur le Moyen-Orient, une résistance chiite ismaélienne se met en place contre l'occupant Seljoukide en l'an 1090. Lors d'une crise de succession au sein des Fatimides, Hassan ibn al-Sabbah est contraint à l'exil pour avoir choisi le parti de Nizâr, un jeune prince prétendant au trône des califes Fatimides qui avait promis la reconquête de la Perse aux mains des Seljoukides[6].

Cette scission créera le Nizârisme, une communauté dissidente de l'ismaélisme des Fatimides. Le fondement de la secte est basé principalement sur le mysticisme et l'ésotérisme (bâtin arabe : باطِن), en plus de combiner des pratiques jugées hétérodoxes pour la plupart des musulmans[7].

Alors qu'il logeait à Alamut, Hassan ibn al-Sabbah, fin stratège, perspicace et avide de pouvoir, réussit à gagner les faveurs d'une bonne partie des habitants, qui finiront par se ranger du côté de l' ismaélisme (alors zaydites à cette époque). En 1090, accompagné de quelques disciples, il finira par prendre Alamut sans la moindre effusion de sang. Menacé dans son autorité et désavoué, l'ancien maître des lieux a simplement quitté la forteresse qu'Hassan ibn al-Sabbah a rachetée pour la somme de 3 dinars d'or. C'est à la suite de cet événement, en l'an 1090, que la forteresse d'Alamut deviendra officiellement le nouveau siège de la secte des Assassins, un lieu étatique et de fanatisation pour les Nizârites[6].

Les origines des Assassins se retrouvent juste avant la Première croisade, vers 1094 à Alamut, au nord de l'Iran moderne, lors d'une crise de succession au califat Fatimide[8]. La secte a commencé au château d'Alamut des montagnes de l'Elbourz[9].

Plus d'histoire

Alors que le terme « Assassins » se réfère généralement à l'ensemble de la secte médiévale des Nizârites, il s'agit seulement d'une classe d'acolytes connus comme les fedayin effectivement engagés dans des missions ayant pour but d'assassiner des personnes ciblées. Manquant d'une véritable armée, les Nizârites se sont appuyés sur ces guerriers pour mener à bien de l'espionnage et des assassinats d'ennemis importants (califes, vizirs, sultans et chefs croisés).

Les Nizârites constituaient une menace militaire pour l'empire seldjoukide sunnite dans leurs territoires, en s'emparant de nombreuses forteresses de montagne dans toute la Perse, et plus tard en Syrie, sous la direction d'Hassan ibn al-Sabbah.

Opérations

Alors que le terme « Assassins » renvoie à la secte dans son entier, en réalité seule une partie des membres de la secte, connus sous le nom de fida'i ou fedayin (au sens de celui qui sacrifie sa vie) ont réellement pratiqué l'assassinat[9].

Culture populaire et anecdotes

La secte des Nizârites a inspiré la série de jeux vidéos Assasin's Creed développée par le studio français Ubisoft[10][11].

Notes et références

  1. Roger Arnaldez, « Assassins, secte », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  2. « La secte des Assassins », Les-Crises.fr, (lire en ligne, consulté le )
  3. « Au cœur de la secte des Assassins : les secrets de l'ordre qui a inspiré Assassin's Creed », sur Ulyces, (consulté le )
  4. Bernard Lewis, Les Assassins : terrorisme et politique dans l'Islam médiéval, Bruxelles, Complexe, 2001., 208 p. (ISBN 978-2-87027-845-1)
  5. Tanil, « Le contexte : Les hashashins et l'Ordre du Temple », sur jeuxvideo.com, (consulté le ).
  6. « Au cœur de la secte des Assassins: les secrets de l’ordre qui a inspiré «Assassin’s Creed» », Slate.fr, (lire en ligne, consulté le )
  7. « La fantastique histoire de la secte Assassins », La culture générale, (lire en ligne, consulté le )
  8. Anne-Marie Eddé, "Assassins" in André Vauchez (Dir.), Dictionnaire encyclopédique du Moyen Age, Paris, Cerf, 1997. (ISBN 978-2-204-05790-5)
  9. Andrea L. Stanton, Edward Ramsamy, Peter J. Seybolt - Cultural Sociology of the Middle East, Asia, and Africa: An Encyclopedia p.21, SAGE Publishing, 5 January 2012, (ISBN 141298176X) Consulté 2017-05-01
  10. « Assassins, la secte derrière le mot », sur France Culture, (consulté le )
  11. Ulyces, « Au cœur de la secte des Assassins: les secrets de l’ordre qui a inspiré «Assassin’s Creed» », sur Slate.fr, (consulté le )

Bibliographie

Sources

  • Marco Polo, La description du monde. Édition et traduction par Pierre-Yves Badel, Paris, Le Livre de poche, coll. Lettres gothiques, 1998. Chap. 39 - 42, p. 114 - 121

Études

  • (en) Farhad Daftary, The Isma'ilis, Their History and Doctrines, Cambridge, Cambridge University Press, , 804 p. (ISBN 978-0-521-37019-6)
  • Farhad Daftary, Les Ismaéliens. Histoire et traditions d'une communauté musulmane, Paris, Fayard, 2004, 370 p.
  • Farhad Daftary (trad. de l'anglais par Zarien Jaran-Badouraly, préf. de Christian Jambet), Légendes des Assassins. Mythes sur les Ismaéliens, Paris, Vrin, (1re éd. 1994) (ISBN 978-2-711-61862-0)
  • Joseph von Hammer-Purgstall, Histoire de l'Ordre des Assassins (trad. de l'allemand par J. Heller et P.A. de la Nourais), Rosières-en-Haye, Camion noir, 2017 [première parution 1833 [lire en ligne (page consultée le 8 octobre 2020 sur gallica.bnf.fr)]].
  • (en) Enno Franzius, History of the Order of Assassins, New York, Funk & Wagnalls,
  • M.G.S. Hodgson, The Order of Assassins, New York, A.M.S. Press, 1980
  • Bernard Lewis (trad. de l'anglais par Annick Pélissier, préf. de Maxime Rodinson), Les Assassins. Terrorisme et politique dans l'islam médiéval, Bruxelles, Éditions Complexe, (1re éd. 1967), 208 p. (ISBN 2-870-27845-4)
  • Amin Maalouf (La barbarie franque en Terre sainte), Les Croisades vues par les Arabes, Paris, J'ai lu, (1re éd. 1983 (Éditions JC Lattès)), 317 p. (ISBN 978-2-290-11916-7 et 9782290119167, OCLC 924848355).
  • Jacques Paviot, « Le rêve inachevé des Empires arabes (VIIe-XVe siècle). », dans Patrice Gueniffey et Thierry Lentz, La fin des Empires, Paris, Perrin, coll. « Synthèses historiques », , 480 p. (ISBN 978-2-262-05160-0, lire en ligne), p. 121-140
  • (de) Venceslas Rzewuski, Fundgruben des Orients [« Mines de l'Orient »], Vienne, Anton Schmid, K. K. Buchdrucker, , 201–207 p. (lire en ligne)
  • Antoine-Isaac Silvestre de Sacy, « Mémoire sur la Dynastie des Assassins et sur l’Étymologie de leur Nom » in Institut Royal de France, vol. 4, 1818, p. 1-84. Lire en ligne / Publié également in Farhad Daftary, Légendes des Assassins: Mythes sur les Ismaéliens. Paris, Vrin, 2007, p. 133 - 181.
  • (en) Peter Willey, The Castles of the Assassins, Londres, George G. Harrap, (OCLC 575253997)

Dans la littérature

  • Freya Stark, La Vallée des Assassins, Paris, Payot, 2002.
  • Vladimir Bartol (trad. du slovène par Claude Vincenot, préf. Jean-Pierre Sicre), Alamut, Paris, Phébus, coll. « Éditions Libretto », , 582 p., couv. ill. en coul. ; 19 cm (ISBN 978-2-85940-518-2, notice BnF no FRBNF36970981)
  • Vladimir Bartol (trad. du slovène par Andrée Lück-Gaye), Alamut, Paris, Phébus, coll. « Éditions Libretto », , 577 p., couv. ill. en coul. ; 19 cm (ISBN 978-2-7529-0626-7, EAN 9782752906267, notice BnF no FRBNF42771465)

Liens externes

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