Armée des Vosges (1870)

L'Armée des Vosges est constituée en octobre 1870 et placée sous les ordres de Giuseppe Garibaldi afin d'assurer la défense de la route de Lyon des armées prussiennes lors de la guerre franco-allemande de 1870.

Pour les articles homonymes, voir Armée des Vosges.

Armée des Vosges (1870)

L’état-major de Garibaldi

Création octobre 1870
Dissolution
Pays France
Branche Armée de Terre
Guerres Guerre franco-allemande de 1870
Batailles Bataille de Châtillon-sur-Seine, Batailles de Dijon
Commandant Giuseppe Garibaldi

Histoire

Deux jours après la défaite de Sedan pendant la guerre franco-allemande de 1870 qui signe la chute de Napoléon III, Paris s'insurge et la Troisième République est proclamée[1],[2]. Giuseppe Garibaldi, républicain italien, à la proclamation de la république, envoie un message au gouvernement de la Défense nationale, « Ce qui reste de moi est à votre disposition, disposez[3],[4] ». La frange conservatrice et catholique ne voit en lui qu'un révolutionnaire et l'adversaire de 1849 et 1867. Finalement, certain du soutien des Comités Populaires et de personnalités du gouvernement, Garibaldi, débarque le 7 octobre à Marseille où le soutien populaire est important[3],[4].

Après avoir rejoint Tours, faisant office de capitale, et Léon Gambetta, Ministre de la Guerre et défenseur de la résistance contre les Prussiens, celui-ci n'offre à Garibaldi qu'un petit commandement, aucun officier supérieur français n'acceptant d'être sous ses ordres[3],[5]. Gambetta lui confie malgré tout le commandement de tous les corps francs de la zone des Vosges, de Strasbourg à Paris et une brigade de gardes mobiles qui prend le nom de « armée des Vosges »[6].

L'armée est mal armée et mal équipée pour affronter un hiver particulièrement froid[7]. Elle est composée de coloniaux, de gardes nationaux originaires de l'Aveyron, des Alpes-Maritimes et de Savoie, de corps-francs (Est et Sud-est de la France), de volontaires étrangers (polonais, hongrois, espagnols, américains et, surtout, italiens) : initialement moins de 4 000 hommes.

Garibaldi place son état-major à Dole le 14 octobre et, le 11 novembre, il organise l'armée en quatre brigades sous le commandement de ses deux fils, Ricciotti et Menotti, de Delpech[N 1] qui sera remplacé par Cristiano Lobbia et du Polonais Jozef Bossak-Hauké[8],[9],[10]. Philippe Toussaint Joseph Bordone est quant à lui chef d'état-major et le gendre de Garibaldi, Stefano Canzio, chef du quartier général avant de devenir commandant d'une 5e brigade[10].

Le 19 novembre, Ricciotti inflige une défaite aux Prussiens du général Werder à Châtillon-sur-Seine mais le théâtre des opérations reste Dijon[11]. Le 26 novembre, la ville qui est occupée depuis le 31 octobre ne peut être reprise aux Prussiens. Ceux-ci sont repoussés lors d'une contre-offensive le 1er décembre. Il faut attendre le pour que Garibaldi s'installe à Dijon, évacuée par les Prussiens le 17 décembre, ces derniers étant informés de l'arrivée depuis le nord des troupes régulières françaises menées par le général Bourbaki[11]. Les 21, 22 et 23 janvier 1871, Dijon est attaquée par 4 000 Prussiens : Garibaldi sort victorieux tandis que Ricciotti s'empare d'un drapeau du 61e régiment poméranien[12]. Un armistice entre en vigueur le [13].

Critiques

Après la fin des hostilités, une partie de l'Assemblée nationale ainsi que de hauts responsables militaires critiquent aussi l'action de Garibaldi et de son armée, certains le traitant d'imposteur. La commission d'enquête parlementaire présente Garibaldi comme un général politique et un traître révolutionnaire[14].

L'affaire du colonel Chenet est utilisée contre Garibaldi car l'armée y voit une insulte impardonnable à son honneur. Cet officier qui commande 4 compagnies (Guérilla gréco-française d’Orient) quitte Autun qu'il doit protéger sans ordre afin de rejoindre Lyon. Il est ramené à Autun et condamné à mort par une cour martiale, le 13 décembre 1870. Chenet est gracié par Garibaldi qui commue la peine en une dégradation en public. Le jugement est cassé le 2 février pour vice de forme puis Chenet est acquitté le 30 mars par le conseil de guerre à Lyon[15],[16],[17].

En 1903, Foch publie Des principes de la guerre. Il y souligne que Garibaldi, alors qu'il aurait pu utiliser une seule brigade, a immobilisé ses 20 à 30 000 hommes face à la brigade prussienne de 4 000 hommes au lieu de se porter au secours de l'armée de l'Est de Bourbaki, comme il en avait reçu l’ordre. Foch rend alors l'orgueil de Garibaldi responsable du désastre de l’armée de l’Est[13].

Composition de la troupe

Francs-tireurs

Le total des troupes, au moment de l'armistice, est de 20 à 30 000 hommes comprenant des Polonais, des Britanniques, des Basques espagnols, des Grecs et des Égyptiens ainsi que des « Turcos »[18], troupes algériennes qui participent pour la première fois à des combats en France.

  • 1re brigade sous le commandement du général Jozef Bossak-Hauké
    • Éclaireurs de Gray sous les ordres du commandant Neveux (1 bataillon).
    • Éclaireurs de Philippeville sous les ordres du commandant Gout (1 bataillon).
    • Francs-tireurs volontaires du Rhône sous les ordres du capitaine Tainturier (1 compagnie).
    • Compagnie de tirailleurs sous les ordres du capitaine Pasanisi.
    • Compagnie espagnole sous les ordres du commandant Garcia.
    • Garibaldiens d'Alger sous les ordres du capitaine Dubiez.
    • Garibaldiens génois sous les ordres du commandant Panazzi.
    • 1er bataillon de mobiles des Alpes-Maritimes sous les ordres du commandant Bruneau
    • Légion italienne dite de Marsala sous les ordres du commandant Orense.
    • Chasseurs égyptiens sous les ordres du commandant Pennazi.
    • 42e mobiles (Aveyron) sous les ordres du lieutenant-colonel Williame.
    • 1re légion de mobilisés de l'Isère sous les ordres du lieutenant-colonel Bleton.
  • 2e brigade sous le commandement du général auxiliaire Delpech puis du général Lobbia. Chef d'état-major : Capitaine Jolivalt (armée régulière).
    • 1er bataillon de l'Égalité de Marseille sous les ordres du commandant Gauthier.
    • 2e bataillon de l'Égalité de Marseille sous les ordres du commandant Raymond.
    • Guérillas de Marseille sous les ordres du commandant Bousquet.
    • Tirailleurs garibaldiens du Var sous les ordres du commandant Danilo.
    • Francs-tireurs de l'Atlas sous les ordres du commandant Gallien.
    • Guérillas d'Orient sous les ordres du commandant Chenet, puis du commandant Jacquot dit de Saulcy.
    • Éclaireurs d'Orient sous les ordres du capitaine Corso.
    • 1 bataillon de la garde mobile du Gard sous les ordres du commandant Braconnier.
    • 1 compagnie d'infanterie de marine sous les ordres du capitaine Genet.
  • 3e brigade sous les ordres du général Menotti Garibaldi. Chef d'état major : Commandant San Ambrosio.
    • 1 bataillon de mobiles des Alpes-Maritimes sous les ordres du commandant Monnié.
    • 1 bataillon de mobiles des Hautes-Alpes sous les ordres du commandant Bathélemy.
    • 3e bataillon de mobiles des Basses-Pyrénées sous les ordres du commandant Borel puis du commadant Hiriart.
    • Légion des volontaires italiens sous les ordres du commandant Tanara
    • 3e légion de mobilisés de l'Isère sous les ordres du lieutenant-colonel Combarieu.
    • Chasseurs des Alpes sous les ordres du commandant Ravelli
    • Francs-tireurs réunis sous les ordres du commandant Loste.
    • Francs-tireurs d'Oran sous les ordres du commandant Cruchy
    • Francs-tireurs de Franche-Comté sous les ordres du commandant Ordinaire
    • Compagnie de Vaucluse sous les ordres du Capitaine Eyraud.
  • 4e brigadesous les ordres du colonel Ricciotti Garibaldi. Chef d'état-major : Capitaine (A) d'Houtetot. Intendant : Baumes. Payeur: Martinet. Chef de la mission télégraphique : Pascalin.
    • Bataillon du commandant Nicolaï.
    • Francs-tireurs de l'Allier sous les ordres du commandant Prieur.
    • Chasseurs savoisiens sous les ordres du commandant Michard.
    • Francs-tireurs de l'Aveyron sous les ordres du commandant Rodat.
    • Chasseurs du Dauphiné sous les ordres du commandant Rostaing
    • Éclaireurs du Doubs sous les ordres du commandant Begey.
    • Francs-tireurs de la Côte-d'Or sous les ordres du commandant Godillot.
    • Chasseurs du Havre sous les ordres du commandant Damone
    • Volontaires de Loir-et-Cher sous les ordres du commandant Dambricourt
    • Éclaireurs de Caprera sous les ordres du commandant Rolland
    • 2e légion de mobilisés de l'Isère sous les ordres du commandant Blache.
    • Francs-tireurs de Dôle sous les ordres du commandant Habert
    • Chasseurs du Mont-Blanc sous les ordres du commandant Tappaz
    • Francs-tireurs de la Croix de Nice sous les ordres du commandant Nivon
    • Francs-tireurs de Toulouse sous les ordres du commandant Grozowski
    • Francs-tireurs des Vosges sous les ordres du commandant Welker
    • Compagnie du Gers sous les ordres du commandant Duluc
    • Chasseurs républicains de la Loire sous les ordres du commandant Laberge
    • Compagnie des francs-tireurs dauphinois sous les ordres du commandant Dunières
    • Francs-tireurs du Croissant sous les ordres du commandant Barbot
    • Enfants perdus de la montagne sous les ordres du commandant Durrieu
    • Bataillon de mobilisés de la Côte-d'Or sous les ordres du commandant Lambert
  • Cavalerie
    • 11e régiment de cavalerie mixte sous les ordres du lieutenant-colonel Renaudot
    • 1 escadron de hussards
    • 1 escadron de dragons
    • Cavaliers volontaires de Châtillon
    • Escadron des guides de Garibaldi
    • Escadron d'éclaireurs du Rhône
    • Cavaliers d'exploration
    • Cavaliers de Chambéry
    • Corps espagnol de cavalerie de Perpignan
  • Artillerie
    • 2 batteries de 4 de la mobile de Charente-Inférieure
    • 1 batterie de 12 de la mobile mobilisée de Maine-et-Loire
    • 1 batterie de 4 du 2e régiment d'artillerie
    • 1 batterie de 4 à pied
    • 1 batterie de 12 du 2e régiment d'artillerie
    • 2 batteries de 12 de la mobile des Bouches-du-Rhône
    • 5 batteries de 4 d'artillerie de ligne de montagne
    • 1 batterie de mitrailleuses de volontaires
  • Génie

Existaient en plus des compagnies avec des noms parfois étranges[18] : les Francs-Tireurs de la Mort d'Algérie, les Francs-Tireurs de la Morte de Constantine et de Guelma, le 2e bataillon de l'Égalité de Sidi-Bel-Abbes, les Compagnies d'Algérie, la Guérilla Marseille, la Compañia Española, les Ours de Nantais, la compagnie de la Revanche, la compagnie franco-hispanienne, le bataillon des Enfants perdus de Paris....

Notes et références

  1. Scirocco 2011, p. 350
  2. Colella 2006, p. 63
  3. Scirocco 2011, p. 351
  4. Colella 2006, p. 68
  5. Colella 2006, p. 69
  6. Hayward 1933, p. 315.
  7. Scirocco 2011, p. 352
  8. Hayward 1933, p. 316.
  9. « page 1 notre association - Mémoire armée des Vosges Garibaldi », sur amag.com.sitew.com (consulté le )
  10. Garibaldi 2008, p. 394
  11. Scirocco 2011, p. 353
  12. Scirocco 2011, p. 354
  13. « Garibaldi et l'Europe par Hubert Heyries », sur europelr.free.fr (consulté le )
  14. Heyriès 2002, p. 127.
  15. Document scanné de qualité médiocre « Campagne de l'Est en 1870-1871 », sur archive.org (consulté le )
  16. « Le Petit Journal », sur collections.bm-lyon.fr (consulté le )
  17. Colella 2006, p. 80
  18. Colella 2006, p. 72

Notes

  1. Marseillais, ancien comptable devenu, par la révolution du 4 septembre, préfet des Bouches-du-Rhône, puis colonel de volontaires La Guerre de France en 1870-71, La Campagne de l’Est et le général Bourbaki, Charles de Mazade, dans d'autres Les sources, on évoque le général Marie (Hayward 1933, p. 316).

Bibliographie

  • (it) Giampaolo Colella, La campagna dei Vosgi di Garibaldi e l'opinione pubblica francese, t. 21, Publicación anual de la Asciación Cultural Garibaldina de Montevideo,
  • Hubert Heyriès, Garibaldi, le mythe de la révolution romantique, Toulouse, Privat, , 159 p. (ISBN 978-2-7089-0805-5)
  • (it) Alfonso Scirocco, Garibaldi, battaglie, amori, ideali di un cittadino del mondo, Bari, Laterza, , 431 p. (ISBN 978-88-420-8408-2)
  • Fernand Hayward, Garibaldi, Éditions du Siècle,
  • Giuseppe Garibaldi (trad. de l'italien), Mémoire d'un chemise rouge, Paris, Sextant, , 437 p. (ISBN 978-2-84978-024-4, notice BnF no FRBNF41320820)

Articles connexes

Lien externe

  • Armée et histoire militaire françaises
  • Portail de la France au XIXe siècle
  • Portail des années 1870
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.