Archives départementales des Ardennes

Les archives départementales des Ardennes sont un service du conseil départemental des Ardennes (Grand Est, France). Elles ont souffert particulièrement de la Première Guerre mondiale puis de la Seconde. Elles sont, depuis 1957, abritées dans un bâtiment conçu pour leurs missions, symptôme d'une reconnaissance locale de l'importance de ces missions. Elles ont été l'une des premières archives départementales de France à recourir aux microfilms, en 1948, et elles utilisent actuellement de plus en plus internet pour faciliter l'accès aux documents et mettre en valeur le patrimoine.

Archives départementales des Ardennes

Entrée du bâtiment
Informations générales
Type Archives départementales
Création (archiviste : 1842)
Directeur N.
Ampleur 14 km (2010)
Période dès 997
Bâtiment
Construction 1957
Architecte Jean-Robert Dupré (1957)
Bernard Feypell et Edward Zoltowski (extension 1987)
Destination initiale Archives départementales
Informations géographiques
Pays France
Région Grand Est
Département Ardennes (département)
Ville Charleville-Mézières
Adresse 10 rue de la Porte de Bourgogne
Coordonnées 49° 45′ 36″ nord, 4° 43′ 23″ est
Site web
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Ardennes

Histoire

Les dépôts successifs d'archives

La loi du 5 brumaire an V () ordonne la constitution d'archives dans tous les chefs-lieux de département. En Ardennes, ces archives sont mises en place dans un premier temps dans l'ancienne École royale du génie de Mézières[1]. Les premiers fonctionnaires responsables des dépôts des administrations rendus obligatoires sont plutôt des employés de bureau et non de véritables archivistes. En 1842, Nicolas Hannotel prend en charge ce service, et est sollicité également pour l'organisation des archives communales, tâche à laquelle il consacre 5 mois, se déplaçant dans le département. Des correspondances en 1858 entre le Ministère de l'Intérieur et des services de la Préfecture des Ardennes montrent que la spécificité de ce travail d'archivage et son utilité ne sont pas encore totalement comprises au sein de la Préfecture[2].

L'arrivée en 1862 de Jean Augustin Sénemaud comme archiviste des Ardennes marque une nouvelle étape dans l'organisation de ces archives et l'enrichissement de leur contenu. Le bâtiment qui les abritait était devenu également au tout début du XIXe siècle celui de la Préfecture des Ardennes. Les archives occupaient tout le troisième étage de la Préfecture. Elles se développaient sur 1 200 mètres de linéaire. Depuis , une circulaire recommandait aux préfets d'installer ces archives dans des bâtiments distincts de l'administration, à une époque où les bureaux étaient chauffés par des poêles et des cheminées. L'installation existante dans les Ardennes n'était pas du tout conforme à cette circulaire. Sénemaud obtient en 1877 le réaménagement des archives dans un hôtel particulier adjacent à la préfecture, et racheté à cet effet par l'administration, la maison Bourdier, en englobant également un autre hôtel particulier, la maison François, séparé de la maison Bourdier par une ruelle[3],[4].

Pendant la guerre de 1914-1918, Mézières est occupé par les troupes allemandes. Le Grand Quarier Général allemand (Grosses Haupt Quartier) et l'état-major du groupe d'armées du Kronprinz, Guillaume de Prusse sont installés dans la Préfecture. Le bâtiment des archives est également réquisitionné et une bonne partie des documents sont dispersés dans différents bâtiments de la ville. Un bombardement, le , dernier jour de la guerre, secoue le bâtiment. À son retour, l'archiviste, Paul Laurent, trouve une situation déplorable et constate la perte d'une partie des dépôts. En 1926, les archives changent à nouveau de site et sont déplacées dans l'ancien couvent des Annonciades célestes, en bordure de la Meuse. Les locaux de cette nouvelle adresse se révèlent très vite trop étroits. Mais surtout, le déclenchement de la guerre de 1939-1945 met de nouveau en danger les dépôts. Faute de moyens, seule une partie de ces dépôts peut être envoyée en Vendée, en octobre et . Le 14 et , un bombardement allemand touche les bâtiments et provoque un incendie. À la fin du conflit, les archives départementales des Ardennes sont à reconstituer, et un local est à nouveau à trouver. Un nouvel archiviste, René Robinet, s'est attelé à ce travail dès 1945. Ce même René Robinet s'est employé à faire construire un bâtiment spécifiquement conçu pour les archives[5].

Le bâtiment actuel

Depuis 1957, les archives départementales des Ardennes sont situées 10 rue de la Porte de Bourgogne à Charleville-Mézières :

  • 1955 à 1957, construction d'un nouveau bâtiment destiné aux archives départementales, conçu par l'architecte local Jean-Robert Dupré (inauguration le )[6],
  • 1984 à 1986, agrandissement du bâtiment réalisé par les deux architectes parisiens Bernard Feypell et Edward Zoltowski (inauguration le )[6].

Dans le hall d'entrée, un bas-relief de Paul Bialet évoque les Ardennes à travers ses légendes et son savoir-faire[7].

Les directeurs

  • 1842 Nicolas Hannotel[8]
  • 1862 Jean Augustin Sénemaud[3]
  • 1887 Paul Laurent[9]
  • 1920 Jean Massiet du Biest[10]
  • 1939 Bernard Jarry[11]
  • 1940 Gaston Robert[11]
  • 1945 René Robinet
  • 1966 Hubert Collin
  • 1979 Martine Illaire
  • 1989-1996 : Solange Bidou
  • 1997-2007 : Odile Jurbert
  • 2007-2015 : Violette Rouchy-Lévy[12]
  • 2015-2020 : Éric Montat [13]

Fonds

Fonds détruits et fonds conservés

Les fonds des archives départementales des Ardennes ont été durement touchés pendant les deux dernières guerres mondiales : séries administratives et judiciaires d’Ancien Régime, une partie de l’état civil[14]... Un travail de reconstitution a pu être mené partiellement à travers des archives publiques autres (nationales, communales) ou des fonds privés.

Comme dans toutes les archives départementales, les documents sont classés dans des séries nommées par des lettres de A à Z. La série A des actes du pouvoir souverain et du domaine public avant 1790, traditionnellement assez réduite dans tous les départements, n'occupe dans les archives des Ardennes qu'un mètre de linéaire à la suite de ces destructions. La série B des cours et juridictions avant 1790 occupe 1,20 mètre. La série C (Administrations provinciales avant 1790) a été entièrement détruite, comme la série D (Instruction publique, sciences et arts avant 1790). La série I (fonds divers se rattachant aux archives ecclésiastiques avant 1790) fait un mètre linéaire[15].

Les registres paroissiaux et d'état-civil correspondent classiquement à la sous-série 2 E. Des registres remontant au XVIIe siècle ont pu être conservés ou reconstitués sur 260 des 503 communes que comptait le département en 1960[16].

Plus de 14 km de linéaires de documents sont aujourd'hui conservés[6]. De plus, les archives communales de Charleville ont été transférées aux archives départementales en novembre et . Elles constituent un fonds important en volume et en qualité. On y trouve ainsi les recensements annuels des Carolopolitains de la fin du XVIIe siècle au début du XXe siècle. C'est un ensemble de documents assez rare : il n'y a pas d'autres exemples en France de recensement annuel de population sur une ville, sur une telle durée et avec une telle précision. Ces recensements précisent en effet la composition des foyers, avec les liens entre chaque membre de la famille[17].

Plus anciens documents

Le document le plus ancien est un diplôme émis en l'an 997 par Otton III, empereur du Saint-Empire Germanique confirmant les possessions de l'abbaye de Mouzon[12]. Au sein des registres paroissiaux, le plus ancien est de 1555, et provient de Revin. Ceux de Mézières remontent jusqu'en 1585[16]. Dans la bibliothèque, l'ouvrage le plus ancien a été imprimé à Lyon en 1570 : Extraits des œuvres de Saint-Bernard, abbé de Clairvaux[18].

Archives numérisées

Ces archives départementales ont mis en place des microfilms dès 1948[19] et un site Internet en 2009[20], régulièrement réaménagé[21]. Il y est possible d'accéder en ligne à plus de 70 000 fiches décrivant documents et ouvrages des archives[22]. Enfin, les tables décennales de l'état civil, les registres paroissiaux et d'état-civil, et le cadastre ancien sont progressivement numérisés, devenant ainsi accessibles sur le site Internet[18].

Voir aussi

Bibliographie

Par date de parution croissante.

  • Georges Bourgin, « La guerre des papiers », Le Monde, (lire en ligne).
  • A. Chesnier du Chesne, « M. Braibant va généraliser l'emploi du microfilm », Le Monde, (lire en ligne).
  • Hubert Collin, Guide des Archives des Ardennes, , 482 p..
  • Patrick Flaschgo, « Un parfum de Violette sur les Archives départementales », L'Union, (lire en ligne).
  • Manessa Terrien, « Archives départementales. Un fonds exceptionnel », L'Union, (lire en ligne).
  • Michel Coistia, « Les Archives, mémoire du département », Terres ardennaises, , p. 45-52.
  • Rédaction L'Union, « Ardennes. Un nouveau site pour les archives départementales », L'Union, (lire en ligne).

Webographie

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Collin 1974, p. 14.
  2. Collin 1974, p. 13-18.
  3. Collin 1974, p. 18-21.
  4. Site du Centre national de documentation pédagogique
  5. Coistia 2010, p. 45-46.
  6. Coistia 2010, p. 46.
  7. Site de l'académie de Reims
  8. Collin 1974, p. 17-18.
  9. Collin 1974, p. 21-24.
  10. Collin 1974, p. 25-28.
  11. Collin 1974, p. 30-31.
  12. Flaschgo 2007.
  13. [[#|]].
  14. Coistia 2010, p. 49.
  15. Collin 1974, p. 65,71,79, 85, 167.
  16. Collin 1974, p. 113.
  17. Terrien 2010.
  18. Coistia 2010, p. 51.
  19. Chesnier du Chesne 1948.
  20. Coistia 2010, p. 47.
  21. L'Union 2014.
  22. Archives départementales des Ardennes, « Recherche en ligne »
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