Arche de Tchernobyl

L’arche de Tchernobyl, est un dispositif de confinement du réacteur no 4 accidenté de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, et de son sarcophage endommagé, construit en 1986. Il s'agit d'une structure métallique en forme d'arche de 108 m de haut et 162 m de large pour une portée de 257 m. Elle est conçue pour une durée de service de cent ans[1]. Sa construction doit permettre le démantèlement de la centrale, qui nécessitera plusieurs décennies, mais aucune stratégie n'était encore arrêtée en 2017[2].

La structure a trois fonctions :

  1. le confinement des matières radioactives ;
  2. la protection du premier sarcophage dégradé, contre les agressions climatiques ;
  3. la protection des travailleurs sur site ; ce second sarcophage abrite des ateliers destinés à décontaminer, démanteler et conditionner les matériaux radioactifs en vue d'un futur stockage, plus sûr.

Le sarcophage a été construit en retrait du réacteur, sur des longrines traitées au téflon, qui ont permis ensuite son déplacement jusqu'à son emplacement final.

L'arche est mise en place en novembre 2016[1] avec plusieurs années de retard[3] par rapport au projet initial qui prévoyait une mise en service en 2012. L'arche elle-même n'est complètement achevée qu'en , et n'est intégralement équipée qu'en .

Histoire

Panorama montrant le chantier de l'arche ainsi que l'ancienne centrale nucléaire.

Genèse

En 1992, le concours d’idée est lancé par l'Ukraine en vue de la conception d'une enceinte de confinement superposée au sarcophage existant. Le concours est remporté par un groupement européen nommé « Resolution », piloté par Campenon Bernard SGE (Vinci) qui propose de « confiner, trier, stocker les déchets à vie courte, entreposer les déchets sans destination ultime et financer le projet ».

En 1994, la Commission européenne finance une étude de faisabilité visant à sécuriser le sarcophage. Un groupement « Alliance » est constitué de six entreprises européennes : Campenon Bernard SGE–France (leader), AEA Technology–UK, Bouygues–France, SGN–France, Taywood Engineering–UK, Walter Bau–Allemagne.

En 2004, un appel d’offres (New Safe Confinement) porte sur un nouveau sarcophage devant permettre le démantèlement ultérieur du précédent sarcophage déjà dégradé. « Novarka » est créé pour la circonstance et remporte le marché car il est le moins-disant (après remises en des offres techniques puis de son offre financière[4]). En 2007, le contrat entre Novarka et les autorités ukrainiennes est signé à Kiev le [4].

Préparation opérationnelle

D' à l'été 2009 se déroule une phase d'études techniques.

En 2009, le chantier est installé, et des essais géotechniques sont conduits sur le site[4], de mi-2009 à début 2011, une seconde phase d’études est conduite par les prestataires du marché.

En 2010, la zone de montage est préparée en début d'année, puis en avril les terrassements commencent dans le secteur où les longrines de béton seront montées pour faire plus tard glisser l'arche en surplomb du réacteur accidenté[4].

En , Novarka attribue le contrat de fabrication de la structure primaire de l’arche à l'italien Cimolai et la construction des ponts roulants à l'américain PaR System. En , des structures temporaires et les premières fondations des tours sont mises en œuvre[4].

En , la conception structurelle de l'arche et des ponts roulants est approuvée[4].

Exécution des travaux

En , le montage de la charpente fournie par l'entreprise italienne Cimolai commence, et en la pose du bardage est engagée[4]. Le , a lieu la première opération de levage sur l'arche est.

En 2013, la conception des systèmes (ventilation, bâtiment auxiliaire, alimentation électrique, contrôle commande) est validée et leur réalisation fait l'objet d'un appel d'offres[4]. En 2013, les deux groupes français commencent à construire la charpente métallique de 108 mètres de haut, 162 mètres de long et d'une portée de 257 mètres. La structure est ainsi plus grande que le stade de France et plus haute que la statue de la Liberté[4]. Le , fin des opérations du deuxième levage de l'arche est.

En 2014, fin des opérations du troisième levage de l'arche est. En , celle-ci (poids 19 000 tonnes), a été déplacée de 112 mètres sur ses longrines, vers l'est, à une position sur la zone d'attente, pour libérer la zone de construction pour l'arche ouest. Le , fin de la deuxième opération de levage de l'arche ouest. Le , fin des opérations du troisième levage de l'arche ouest.

En 2015, phase de solidarisation des deux arches, au moyen d'un millier de boulons, (d'une longueur de 15 centimètres, et d'un poids unitaire de plus d'un kilo)[5]. En , début des opérations d'accouplement des deux arches, et début de construction du mur ouest. L'aménagement intérieur a commencé. La solidarisation des deux arches est réalisée le par la société néerlandaise Mammoet, spécialisée dans la manutention lourde. L'opération de translation a duré 6 heures, avec une précision dans l'alignement de l'ordre de mm, au moyen de 56 engins spécifiques de débardage (skid shoes), d'une capacité unitaire de levage de 703 tonnes, entièrement télécommandés[6].

En 2016, phase d'équipement interne de l'arche, où un système de poulies et palans permet dans le cadre du démantèlement de l'ancien sarcophage de béton et de plomb de démonter ce qui reste du réacteur, avec l'aide d'une plate-forme mobile et automotrice (de 15 mètres de long et de 2,50 m de large ; produite par la société Fraco). Deux ponts roulants d'une capacité de levage de 750 t chacun et longs de cent mètres sont alignés à l'intérieur de la structure de confinement[4].

Achèvement et réception de l'ouvrage

L'arche en construction, en avril 2015.

La phase de translation définitive de l'arche, d'un poids de 36 000 tonnes, a commencé le [7], pour se terminer le , juste avant l'inauguration réalisée le [1]. Cette opération a aussi été réalisée par la société néerlandaise Mammoet[8], au moyen de 116 engins spécifiques de débardage (skid shoes), d'une capacité unitaire de levage de 703 tonnes, entièrement télécommandés, pour parcourir une distance de 330 mètres[9].

L'arche elle-même n'est enfin complètement achevée qu'en , et équipée finalement en de ses différents sous-systèmes (éclairage, anti-incendie, ventilation...).

Record

Infographie relative au nouveau confinement

Cette arche est la plus grande structure mobile terrestre[10].

Données économiques

Maître d'ouvrage et maître d'œuvre

Son élaboration a été confiée par l'Ukraine (maître d'ouvrage : Chernobyl Nuclear Power Plant — ChNPP), et une partie de la communauté internationale à une coentreprise nommée Novarka, détenue à parts égales[11] par Vinci Construction Grands Projets et Bouygues Travaux Publics, deux sociétés françaises de BTP. Le maître d'œuvre est le Project Management Unit (PMU), une équipe formée de représentants du ChNPP et d’un groupement constitué de Bechtel Corporation et Battelle Memorial Institute[12], sous l'égide de la commission de sécurité nucléaire ukrainienne et d'organismes dépendant des ministères de ce pays chargés des situations d’urgence, de la construction, de l’environnement et du travail.

Jusqu'à 1 200 ouvriers ukrainiens ont travaillé simultanément sur le chantier en période de pointe par périodes de 2 semaines suivies de 15 jours de congés, encadrés par 200 collaborateurs venant de 21 pays différents, 50 personnes se consacrant par ailleurs à la radioprotection[4].

Coût et financement

Le coût total du projet a été estimé initialement à 432 millions d'euros[1], puis à 840 millions d'euros[réf. nécessaire]. Il a dû être réévalué (à la hausse) en 2011[12]. Les paiements sont assurés par la BERD, grâce aux contributions de 28 pays financeurs.

Le coût prévisionnel a de nouveau évolué, passant de 1,5 milliard d’euros à 2,1 milliards d'euros, après une analyse technique, menée entre 2013 et 2014. En 2016, il s'élève à 1,426 milliard d'euros[1].

Références

  1. Philippe Jacqué, « Un sarcophage géant coiffe désormais la centrale nucléaire de Tchernobyl », Le Monde, .
  2. A Tchernobyl, « il faut agir avant qu’il ne soit trop tard », Le Monde 25 avril 2017.
  3. Le Monde du 19 octobre 2009.
  4. Novarka, « Dossier de presse : Enceinte de confinement du sarcophage de Tchernobyl » [PDF], sur vinci.com, (consulté le ).
  5. (en) Nick Meo - BBC, « Chernobyl's arch: Sealing off a radioactive sarcophagus », sur bbc.com, (consulté le ).
  6. Batiactu, « L'arche géante de Tchernobyl est assemblée », sur batiactu.com, (consulté le ).
  7. Ouest-France, « L'immense dôme de protection de Tchernobyl entame sa mise en place », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
  8. (en) Mammoet, « completes installation of New Safe Confinement in Chernobyl », sur mammoet.com, (consulté le ).
  9. (en) Mammoet, « Mammoet wins ESTA Innovation Award for Chernobyl skidding system », sur mammoet.com, (consulté le ).
  10. (fr)France 2, « Tchernobyl : un dôme de confinement sur le réacteur accidenté ukrainien », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  11. « Novarka - Joint Venture », sur www.novarka.com, Novarka, .
  12. La Tribune.fr - 19 avril 2011.

Annexes

Articles connexes

Vidéos

Liens externes

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