Appel au peuple (France)

L'Appel au peuple est un groupe parlementaire bonapartiste du début de la Troisième République française.

Histoire

Création et apogée

Eugène Rouher, organisateur du groupe de l'Appel au Peuple.
Le baron Eschassériaux, président du groupe en 1874.

Ébranlés par la chute du Second Empire, les bonapartistes ne comptent plus qu'une vingtaine de représentants à l'Assemblée nationale issue des élections de février 1871. Une « réunion » de parlementaires bonapartistes se forme cependant à partir de , après l'élection d'Eugène Rouher à l'issue d'un scrutin complémentaire.

Le nom de ce groupe provient de l' Appel au peuple lancé par Louis-Napoléon Bonaparte lors du coup d’État du 2 décembre 1851 afin de soumettre aux Français son projet de retour à un régime consulaire semblable à celui de 1799. Les députés bonapartistes appartenant à cette réunion sont en effet favorables à un régime plébiscitaire dans lequel un chef d’État fort tirerait son autorité supérieure et sa légitimité du suffrage universel direct.

Organisée sous l'impulsion de Rouher, chef de file de l'aile conservatrice du mouvement bonapartiste, la réunion de l'Appel au peuple est estimée à vingt-cinq membres en 1873[1], année au début de laquelle la mort de Napoléon III reporte sur le jeune Louis-Napoléon les espoirs d'une restauration impériale. Le groupe, soutenu par une structure quelquefois qualifiée de « parti », s'étoffe en cours de législature grâce à des élections partielles qui témoignent d'un retour en grâce des bonapartistes : le baron de Bourgoing, ancien écuyer de Napoléon III, est ainsi élu dans la Nièvre en . Cette progression est confirmée lors des élections de 1876 et de 1877, désastreuses pour les royalistes (légitimistes et orléanistes), mais favorables aux bonapartistes : ces derniers comptent ainsi 107 députés.

Outre de nombreuses feuilles locales, l'Appel au peuple dispose d'organes de presse nationaux tels que L'Ordre de Jules Amigues, Le Pays de Paul de Cassagnac et, surtout, Le Gaulois d'Edmond Tarbé.

Déclin

L'année 1879 met à rude épreuve le groupe bonapartiste, la mort du prince impérial le privant de prétendant incontesté (son successeur, Victor Napoléon, ne faisant pas l'unanimité) tandis que la démission de Mac Mahon ouvre la voie à l’enracinement de la république opportuniste.

À partir de 1881, le groupe de l'Appel au peuple perd de sa visibilité en participant à une Union des droites coalisant tous les monarchistes sous la direction d'un déçu du bonapartisme[2], le baron de Mackau. Dans les années 1880, la défection de Raoul-Duval, qui tente de fonder une droite républicaine, la récupération orléaniste des idées plébiscitaires dans le Pacte national du comte de Paris, ainsi que le « n'importequisme » professé par Cassagnac (pour qui l'établissement d'un régime plébiscitaire prime sur la question dynastique)[3] et finalement profitable au boulangisme, affaiblissent et marginalisent l'expression parlementaire du bonapartisme. Cette tendance se confirme dans les années 1890, malgré les efforts constants de Gustave Cunéo d'Ornano.

Au début du XXe siècle, l'Appel au peuple, dont le marquis de Dion préside le comité national[4], n'est plus qu'une des nombreuses composantes de l'extrême-droite de la Belle Époque.

Un petit parti de l'Appel au peuple, soutenu par le journal La Volonté Nationale de Roger Guérillon, s'organise dans les années 1920. Il se regroupe alors autour de Joachim Murat, de Pierre Rudelle[5], de Paul Granier de Cassagnac[6] et de l'abbé Georges Hénocque[7].

Membres notables

Références

  1. Le Gaulois, 26 octobre 1873, p. 1.
  2. Jean-Marie Mayeur, p. 87.
  3. Kevin Passmore, The Right in France from the Third Republic to Vichy, Oxford University Press, 2013, p. 54.
  4. « Autour des vieux partis - Les plébiscitaires », La Renaissance politique, économique, littéraire et artistique, 17 mars 1917, p. 16.
  5. « Le banquet de l'Appel au peuple », Le Gaulois, 10 décembre 1923, p. 3.
  6. « Une réunion de l'Appel au peuple », Le Gaulois, 14 février 1927, p. 2.
  7. « Banquet plébiscitaire », Le Gaulois, 8 décembre 1927, p. 2.
  8. Le Gaulois, 10 juin 1874, p. 2.

Bibliographie

Liens externes

  • Portail de la politique française
  • Portail du conservatisme
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.