Antoine Walsh

Antoine-Vincent Walsh, né le à Saint-Malo (France), mort le au Cap-Français (Saint-Domingue)[1], est un homme politique du groupe des jacobites irlandais installés à Nantes et un des plus importants homme d'affaires de Nantes au XVIIIe siècle, notamment en tant que capitaine-corsaire et armateur négrier, fondateur de la Société d'Angola.

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Pour les autres membres de la famille, voir Famille Walsh.

Biographie

Origines

Antoine Walsh est l'un des fils de Phillip Walsh (1666-1708). Son grand-père James Walsh était lord of Ballynacooly dans le comté de Kilkenny en Irlande, à une vingtaine de kilomètres au nord de Waterford. Les Walsh sont des Cambro-Normands.

Émigré en France après le Traité de Limerick de 1691, consécutif à la Glorieuse Révolution britannique, Phillip Walsh s'établit à Saint-Malo où il est armateur et capitaine corsaire, et où, en 1695, il épouse Anne White (1675-1727).

Parmi ses frères, on doit citer les noms de Patrice Marc, armateur à Saint-Malo dans le commerce morutier puis à Morlaix[2] (1701-1790) et surtout de François Jacques (1704-1782), d'abord établi à Cadix, puis à Nantes où il est associé aux affaires de son frère.

Armateur à Nantes ; la Société d'Angola (1748)

Établi à Nantes[réf. nécessaire], Antoine Walsh y devient une des premières fortunes, un généreux donateur catholique et un entrepreneur de la traite négrière dans les années 1750, où elle prend le plus d'ampleur, la natalité chez les esclaves restant très faible[3].

En tout, Antoine Walsh organise 46 voyages de commerce triangulaire, dont sept pour la seule année 1751.

La société d'Angola (1748)

Le , Antoine Walsh crée la société d’Angola, en anticipant d'un mois sur la fin de la guerre de Succession. Cette compagnie a pour but de pratiquer la traite des Noirs le long de la côte éponyme ; son capital est de 1 600 000 livres (dans les faits 2 millions sont réunies)[réf. nécessaire].

Elle contrôle à elle seule 28 % de tous les armements négriers de Nantes[4]. Son grand rival à Nantes est la Société Grou et Michel, qui en contrôle 21 %.

La liste des 26 actionnaires de la société d’Angola ne comprend qu'un autre Nantais, Du Chatel (175 000 livres), fils du banquier Antoine Crozat. La haute finance parisienne et l’administration supérieure de la Compagnie des Indes sont mieux représentés : le financier Jean Paris de Monmartel et les banquiers Tourton et Baur (375 000 livres chacun), Michau de Montaran, commissaire du roi auprès de la Compagnie et ancien trésorier des États de Bretagne (50 000 livres).

L'activité de la compagnie, freinée par un durcissement fiscal en 1754, est paralysée en 1757 par la guerre de Sept Ans[3].

Planteur à Saint-Domingue

De 1739 à 1744, Antoine Walsh mène une intense campagne contre la taxe de dix livres[pourquoi ?] par esclave importé à Saint-Domingue, qui vise à renflouer en partie les caisses du royaume[5].

En 1741 et 1743, il achète deux plantations à Saint-Domingue, où il rejoint d'autres jacobites implantés en France comme les O'Gorman, Edmond O'Rourke, Nicolas Lucker, Claude-Mathieu Mac Nemara, Thomas Sutton de Clonard, Luc-Edmond Stapleton et Jean-Baptiste Hooke[6].

Ils[Qui ?] se concentrent ensuite sur les esclaves vers les Antilles, qui représente un tiers du commerce des jacobites contre un sixième pour la moyenne des autres marchands nantais. Sur 2 498 navires entrés dans le port de Nantes entre 1733 et 1741, on ne compte pas moins de 471 en provenance des différents ports irlandais[pourquoi ?][7].

Les années 1740 sont celles de la conquête des terres du sud de Saint-Domingue, où la mise en valeur du café et du coton, en plus du sucre, permet un accroissement des fortunes. La moyenne d'apport dans des mariages entre époux jacobites passe ainsi de 28 000 à 54 000 livres entre le premier et le deuxième quart de siècle à Nantes.

Un jacobite actif

C'est sur un navire de Phillip Walsh que le roi Jacques II d'Angleterre s'exile en France en 1688, après la Glorieuse Révolution.

Saint-Malo et Nantes sont les ports français de départ des rébellions jacobites. La plupart des officiers jacobites de la guerre de neuf ans viennent de Saint-Malo[8], les Walsh étant accompagnés de Butler, Murphy et White. Des tentatives ont aussi lieu en 1708 et 1715 en Écosse, en 1741 en Irlande (dernière tentative de débarquement en Irlande).

Antoine Walsh contribue à financer l'expédition de 1745 en Écosse, visant à remettre sur le trône Charles Édouard Stuart, le petit-fils de Jacques II[9]. Il amasse à cet effet quelque 11 000 mousquets dans l'un de ses entrepôts à Nantes[10]. Malgré le soutien d'une partie des chefs de clans, l'opération échoue à la bataille de Culloden.

Antoine Walsh est fait comte et pair d'Irlande[11], tandis que son frère est député de France à Cadix.

Propriétés foncières

En 1749, Antoine Walsh acquiert pour le compte de son frère François Jacques, le château et la seigneurie de Serrant, en Anjou, pour la somme de 840 000 livres. François Jacques est fait 1er comte de Serrant en 1754 par lettre patente du Roi Louis XV.

Antoine Wash, personnellement, ne semble pas avoir eu de domaine seigneurial en France, contrairement à nombre de ses collègues jacobites, comme son ami Jean II Stapleton, devenu comte de Trèves, aussi en Anjou.

Descendance

En 1741, Antoine Walsh épouse[12] à Nantes Mary O'Shiell, fille de Luc O'Shiell, un des grands armateurs de la ville.

Leur fille Anne[13] (née en 1741) se mariera en 1780 avec le lieutenant de vaisseau Pierre-François de Bardon.

Une fille, Hélène Agnès est baptisée à Nantes en [14] et inhumée à Chantenay en [15],

Son fils, Antoine Jean-Baptiste[16] (1745-1798), épouse en 1765 sa cousine Marie Josèphe Dorothée Walsh de Serrant (1748-1786)[17], fille de François Jacques. Il s'installe à Saint-Domingue, à Limonade et Ouanaminthe, au sud de l'île, où il possède les plantations de la Poterie et Thiverny. Il devra s'exiler pendant la Révolution française et meurt le à Kingston (Jamaïque)[18].

Son petit-fils, Jean Baptiste François Walsh (1769-1792), fils d'Antoine Jean-Baptiste, a aussi des plantations à Saint-Domingue, à Torbeck, également au sud de l'île. Pendant la Révolution, il est membre du club Massiac, groupe de planteurs blancs opposés à l'application des droits de l'homme dans les colonies. En 1791, il est officier dans le régiment de Dillon, de la Brigade irlandaise, au moment où il épouse à Nantes[19] sa parente Dorothée Agathe Walsh (de Chassenon), « ci-devant chanoinesse d'Avesnes en Auvergne ». À la suite de la révolte de Toussaint Louverture, il embarque à Nantes le vers Leogane. Le , il est tué au combat dans une colonne formée dans le but de mater la rébellion dans la région de Platons.

La sœur de Jean-Baptiste François, Marie Walsh, épouse de Pierre-Constant, marquis de Certaines, et présentée aux honneurs de la Cour en 1788, reçoit dans leur salon londonien et à leur manoir de Stock (en) dans le Comté d'Essex durant l'Émigration bonne part des princes émigrés jusqu'à son décès en 1801[20]. L'une de leurs filles, Adèle de Certaines, revenue au château de Villemolin avec son père après la paix d'Amiens, épousera à son tour son cousin germain Olivier-Théobald, comte Walsh.

Le régiment de Walsh

Après la glorieuse révolution, Louis XIV fonde la brigade irlandaise, formée de trois régiments, dont l'un est dirigé par le grand-père d'Antoine Walsh.

Ce régiment sera renommé régiment de Walsh en 1770 ; il est dirigé par un neveu d'Antoine, né à Cadix, où vit une autre colonie d'officiers et armateurs jacobites.

Ce régiment participe à la guerre d'indépendance américaine aux côtés du régiment Dillon, autre régiment irlandais. Ils jouent unt rôle important contre la marine anglaise dans les Antilles puis lors du décisif siège de Savannah, en Géorgie[21]. Les officiers irlandais se mêlent à de nombreux futurs réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique, dans une armada commandée par l'amiral d'Estaing. Parmi eux, le général Arthur Dillon, qui a succédé à l'amiral d'Estaing à la tête de 10 000 hommes, et le général James O'Moran seront faits membres de la Société des Cincinnati par George Washington. Ils seront guillotinés tous les deux pendant la Révolution française.

Notes et références

  1. Selon site généalogique gw4.geneanet.org
  2. Informations complémentaires sur la page Phillip Walsh
  3. www.persee.fr
  4. Cf. Bernard Michon, Nantes et la traite négrière
  5. En 1788, la taxe sur l'importation d'esclaves ne représente que 4 % des richesses produites par Saint-Domingue, soit 2 millions de francs sur 48. Cf. Google Books.
  6. Bilingues, cosmopolites, entrepreneurs, ces planteurs deviendront des réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique qui s'installeront en Louisiane à partir de 1794, à la suite de la révolution haïtienne, et à mettre en valeur leurs compétences de grand propriétaires esclavagistes en se reconvertissant dans la culture du coton, qui commence en Louisiane vers 1740
  7. Les réfugiés jacobites dans la France du XVIIIe siècle
  8. Cf.
  9. Etienne POULY, D’un exil à l’autre, l’insertion d’une famille irlandaise dans la noblesse de France : les Walsh (1741-1798), Nantes, Université de Nantes, , 149 p.
  10. Cf. et
  11. B.N.F, Cabinet des titres, Chérin (211) - MF21338, fol. 11-12 et 37.
  12. Acte de mariage d'« écuyer Vincent Wailsh, conseiller-secrétaire du Roy » et « demoiselle Marie Shiell » (10 janvier 1741) : Saint-Nicolas, vue 5, cf. AMN Registres paroissiaux. La cérémonie a lieu dans la chapelle du Sanitat, les domiciles des époux sont à « la Fosse », les témoins sont : Pierre et René Vanasse (oncles de Marie), Jean II Stapleton (beau-frère de Marie), parmi les signatures : Marie O'Riordan, Marie et Anastase Clarke, Luker.
  13. Elle n'apparaît pas dans la table décennale qui donne la date de mariage de ses parents.
  14. Saint-Nicolas, vue 182.
  15. Saint-Martin, vue 16. Le corps de l'enfant est accompagnée de « Marie Grandhomme », probablement une nourrice.
  16. Acte de baptême d'« Antoine Jean-Baptiste Paulyn Wailsh » (22 juin 1745, né le 22) : Saint-Nicolas, vue 69. Son parrain est Jean II Stapleton, sa marraine Marie Walsh, cousine germaine.
  17. Cf. site
  18. Le site généalogique indiqué ne fournit pas d'informations sur son épouse.
  19. Acte de mariage de Jean Baptiste François Joseph Walsh, avec le « consentement du colonel du régiment de Dillon » (24 mars 1791) : Saint-Vincent, vue 6. Parmi les signatures, celle de « Lord Walsh ». À propos du père du marié, il est indiqué qu'il est « ancien officier au régiment de son nom », c'est-à-dire du régiment de Walsh.
  20. in Vicomte Théobald Walsh, Souvenirs de trois quarts de siècle
  21. Patrick Clarke de Dromantin, Les réfugiés jacobites dans la France du XVIIIe siècle, , 525 p. (ISBN 978-2-86781-362-7, lire en ligne), p. 437.

Voir aussi

Bibliographie

  • Patrick Clarke de Dromantin, Les Réfugiés jacobites dans la France du XVIIIe siècle, avec la liste des noms de jacobites de Nantes.

Articles connexes

Liens externes

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