Antoine Tocquet de Montgeffond

Antoine Tocquet de Montgeffond, né le à Montgefond (Jura) et mort le , est un moine chartreux, français qui fut prieur de Grande Chartreuse et ministre général de l'ordre des Chartreux. Son généralat est marqué par la crise janséniste de 1723-1725.

Biographie

Antoine Tocquet de Montgeffond est né le 2 novembre 1659, au château de Montgefond, dans un petit village du Jura, nommé Vosbles[1]. Il est le fils de Claude Tocquet, seigneur de Montgeffond et de Anne de Marcieu, petit fils de François de Tocquet, seigneur de Montgeffond[2] et le frère de Ennemond-Louis de Tocquet de Montgeffond, marquis de Meximieux-Montgeffond[note 1].

Il fait profession à la Grand Chartreuse, le 6 octobre 1679. Dom Innocent Le Masson, le choisit comme secrétaire en 1693 et il est élu prieur et général de l’Ordre, le 12 mai 1703[3].

Le nouveau général porte toute son attention sur le jansénisme. Dom Antoine de Montgefond, ne laissant à aucun autre officier, ni même au Chapitre général, le soin de traiter les questions d’orthodoxie religieuse au sein de l’ordre. Il a tout particulièrement l’œil sur le royaume de France, où 68 chartreuses regroupent environ 1 200 pères, frères et religieuses, qu’il s’agit de préserver de la tentation janséniste[4].

Dès 1710, les livres jansénistes sont interdits dans les cloîtres de chartreux. Il ordonne à ses religieux, en 1710 , de signer le Formulaire, d'Alexandre VII. Le chapitre général de 1723, sous son inspiration rend l'ordonnance spéciale Quo Zelo, aux sept provinces de France: « aucun novice ne sera admis, aucun religieux ne recevra les Ordres sacrés et ne sera appelé à diriger les âmes, s'il n'a souscrit premièrement le Formulaire d'Alexandre VII et ne s'est soumis, de bouche et de cœur, à la bulle Vineam Domini et à la constitution Unigenitus ». L'année suivante, en 1724, le chapitre confirme cette ordonnance[1].

Le chapitre général de 1725 déclare suspens et interdits 26 maisons, avec menace d'excommunication; quatorze avaient eu recours à un appel schismatique, le chapitre les excommunie nommément; dix avaient même rétracté la signature qu'ils avaient apposée au Formulaire, le chapitre les frappe d'excommunication nominale[5]. Le chapitre général prononce de nouveau l'excommunication contre les chartreux passés aux Pays-Bas plutôt que de se soumettre. Compte tenu des nombreuses amitiés sur lesquelles peuvent compter les chartreux au sein des milieux parlementaires, il n’a aucun mal à faire interdire les libelles jansénistes par un arrêt du Parlement de Paris du 15 avril 1726. Cinq jours plus tard, il s’adresse personnellement aux chartreux d’Utrecht, exhortés à renoncer à leur aveuglement et à retourner au sein de l’ordre[6].

En 1727 , le chapitre les excommunie définitivement et tout lien entre eux et leurs anciens confrères est brisé. La même année , le chapitre permet à la Province de France-sur-Seine de rouvrir ses noviciats fermés depuis plusieurs années[1].

Il meurt en charge le 31 mai 1731.

Écrits

  • (en) Breviarium Sacri Ordinis Cartusiensis. Cura et jussu reverendi patris domni Antonii, totius ordinis generalis moderatoris correctum et impressum, (lire en ligne).
  • Lettre du R.P. général des Chartreux aux religieux chartreux retirez en Hollande à l’occasion de la constitution Unigenitus et du décret du chapitre général, 20 avril 1726. s.l.n.d. (Correrie, 1726), 20 p.
  • Lettre du R.P. général de l’Ordre des chartreux à dom Antoine Hudelet, chartreux revenu d’Utrecht et rentré dans son Ordre. s.l.n.d. (Correrie, 1729 ?), 3 p.
  • Réponse du R.P. Prieur et général de l’Ordre des chartreux. s.l.n.d. (Correrie ?), 26 p.

Notes et références

Notes

  1. Il y avait en Bugey une famille très favorisée les Sottonaz, surnommés Tocquet, originaires de Nantua, anoblie en 1591. Leurs domaines s'étaient rapidement accrus. Après la seigneurie de Montgeffon, les terres de Matafelon, de l'Ile, de Montillet et du Planet arrivèrent successivement en leur pouvoir, et leur constituèrent un riche patrimoine. Claude Tocquet, petit-fils de François Sottonaz, le fondateur de la maison, acquit de Claude de Beauffremont, en 1650, le marquisat de Meximieux. Ennemond-Louis de Montgeffon, avait reçu, à son mariage, le 14 février 1679, de Claude Tocquet, son père, les terres de Meximieux, Pérouges et Matafelon. Il avait épousé Çlaire-Eugénie-Elisabeth de Ballion de la Salle (Bulletin de la Société Gorini, avril 1912 sur Gallica)

Références

  1. Lefebvre 1883.
  2. « Mercure galant », sur Gallica, (consulté le )
  3. Cyprien-Marie Boutrais, La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), Paris, Arthaud, , 528 p. (lire en ligne), p. 143-153
  4. Pépy 2011, p. 21.
  5. (la) Decretum capituli gneralis Ordinis Cartusiensis anni 1725, Archives pour l'histoire de l'archidiocèse d'Utrecht, 17, 1889, pp.450-456 [lire en ligne].
  6. Pépy 2011, p. 30.

Bibliographie

 : documents utilisés comme source pour la rédaction de cet article :

  • Anomyme, Lettre des chartreux retirez en Hollande au R.P. Dom de Mongeffon, prieur de la Grande Chartreuse. s.l.n.d. (1726), 12 p.
  • Lefebvre, F.A., Saint Bruno et l’Ordre des chartreux, t. 2, Paris, Librairie catholique internationale, , 682 p. (lire en ligne), p. 139.
  • Mordefroid, J.-L., « Dom Antoine Tocquet de Montgefond (1659-1731)», Dictionnaire biographique du département du Jura, Lons-le-Saunier, 1996, pp.489-490.
  • « Dom Antoine Tocquet de Montgefond », L'Echo de la Petite Montagne, no 56, (lire en ligne, consulté le ).
  • Devaux, Augustin et Van Dijck, Gabriel, Nouvelle Bibliographie Cartusienne : Cartusiana, Grande Chartreuse, 2005, Maisons de l'Ordre, , 785 p..
  • L. Borne, « Le cœur, la croix, le glaive ». La correspondance active du Général des Chartreux Dom Antoine III Tocquet de Montgefond (28 juillet 1704 – 8 mars 1710). Bulletin du C.E.R.C.O.R., Centre Européen de Recherches sur les Congrégations et Ordres Religieux, n° 32, (ISSN 0762-6460) [présentation en ligne].
  • Pépy, Emilie-Anne, « Silence du cloître et information. Les chartreux face au jansénisme, XVIIe - XVIIIe siècles », Les religions et l’information, (XVIe - XXIe siècles), , p. 17-31 (lire en ligne, consulté le ).

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