Utrecht

Utrecht est une commune et ville néerlandaise, chef-lieu de la province d'Utrecht. Avec 352 795 habitants au , elle est la quatrième ville des Pays-Bas. Son agglomération fait partie de la conurbation de la Randstad (7 100 000 habitants entre Amsterdam, La Haye et Rotterdam). Située au centre du pays, la ville est jeune et dynamique  elle connaît un fort étalement urbain à l'ouest  et aujourd'hui connue pour sa cathédrale et son université.

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Utrecht

Héraldique.

Drapeau.

Centre-ville d'Utrecht.
Administration
Pays Pays-Bas
Province Utrecht
Bourgmestre
Mandat
Sharon Dijksma (PvdA)
2020-2026
Code postal 3500-3585
Indicatif téléphonique +(31)
Démographie
Gentilé Utrechtois
Population 352 795 hab. (2019[1])
Densité 3 552 hab./km2
Géographie
Coordonnées 52° 05′ 00″ nord, 5° 06′ 00″ est
Superficie 9 932 ha = 99,32 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Utrecht
Utrecht
Géolocalisation sur la carte : Pays-Bas
Utrecht
Géolocalisation sur la carte : Pays-Bas
Utrecht
Liens
Site web www.utrecht.nl

    Toponymie

    L'origine d'une partie de la contrée remonte vraisemblablement à une fortification ou installation romaine commencée en 47 apr. J.-C. À l'époque, le nom ancien Rheno Traiectum aurait indiqué un poste frontière typique du limes rhénan, proche d'un éventuel gué en basses eaux ou, plus trivialement, un petit port-relais militaire, lieu d'embarquement pour la traversée sur le Rhin ou sur un de ses principaux bras existants à l'époque.

    Il est alors logique que l'autre rive et la contrée non marécageuse au nord de ce poste d'embarquement puissent être désignées génériquement plus tard en latin médiéval par « Ultraiectum », soit littéralement, ce qui est « au loin » ou « au-delà », de la petite entité « (Tra)jectum » ou encore en ancien français olte, « ou(l)t » ou « oultre », c'est-à-dire une fois passé le fleuve et payé le droit de pontenage[2]. La dernière précision sur ce droit d'octroi, nommé en ancien français otroi de genre masculin ou otrise de genre féminin, n'est pas anecdotique, car elle a influencé, si ce n'est complètement parasité, l'évolution du toponyme lors de sa germanisation tardive et quasi-globale après le XIe siècle en (ut)recht.

    Pour un habitant familier de la frontière linguistique, cette dénomination banale suggérant un droit pour l'au-delà pouvait prendre une connotation mystique ou religieuse[3].

    Représentations cartographiques de la commune
    Carte OpenStreetMap
    Carte topographique

    Histoire

    Temps anciens

    Au VIe siècle, la contrée rhénane d'Utrecht passe sous l'influence franque, en particulier celle du grand royaume mérovingien dont les jalons sont posés par Clovis. Utrecht aurait été, selon la légende de la Magna Frisia, la capitale du royaume de Frise pendant le règne d'Aldgisl Ier et éventuellement pendant celui de son fils.

    Avant 690, le chef missionnaire anglo-saxon, de tradition irlandaise, Willibrord s'installe à Utrecht, et en 690 selon son hagiographie, avec ses frères-compagnons, il y rénove et déploie les institutions chrétiennes avec le titre de père (papa selon la tradition) : la vaste contrée évangélisée est ensuite promue terre épiscopale lors de son retour dans le royaume mérovingien. L'évêché d'Utrecht sera pour les Pays-Bas le centre de la foi chrétienne pendant tout le Moyen Âge. Parmi l'héritage de cette vaste période, l'historien cite la cathédrale, la salle capitulaire, sans oublier l'école cathédrale et ses écolâtres, dont les avatars sont à l'origine de la fondation de l'université.

    En 838, l'évêque Frédéric, adepte du franc-parler colombanien, critique ouvertement les mœurs dissolues de la reine Judith de Bavière, il est assassiné dans la cité de son diocèse probablement par des sbires à la solde des partisans de la reine. Canonisé ultérieurement par son Église, il est devenu le saint protecteur des Pays-Bas. En 1122, les bourgeois et corporations d'Utrecht obtiennent de l'évêque et seigneur du lieu une charte d'affranchissement. Les évêques d'Utrecht exercent aussi un pouvoir séculier et princier sur toute la province d'Utrecht et une grande partie de la partie orientale des Pays-Bas.

    En 1253, un incendie qui dura neuf jours ravage la ville. Cette catastrophe détruit l'église qui sera remplacée par la cathédrale Saint-Martin.

    Croissance à partir du XVe siècle

    Au début du XVe siècle, la ville bourgeoise et épiscopale connaît une forte croissance. Malgré les aléas des conflits et rivalités de la période - elle sera assiégée en 1483 - sa prospérité se développe. Mais, vers la fin de la période médiévale, de nouvelles villes comme Amsterdam, Leyde et Rotterdam commencent lentement à s'enrichir grâce au commerce, puis s'imposent à l'époque moderne dans la course urbaine, devenant plus importantes qu'Utrecht. En 1528, face la montée de la Réforme dans une ville à l'économie stagnante, l'évêque contesté, Henri du Palatinat, remet son pouvoir temporel, c'est-à-dire sa principauté, à l'empereur d'Allemagne Charles Quint qui règne également sur le Brabant, la Hollande et les autres principautés voisines d'Utrecht.

    Après la signature de l'Union d'Utrecht en , le siège de l'évêché est abandonné. La religion réformée s'impose définitivement. Lors de la guerre de Hollande, la ville est prise en 1672 par les troupes royales françaises.

    Époque moderne

    L'Arrivée des Cosaques à Utrecht
    Pieter Gerardus van Os (1816)
    Centraal Museum, Utrecht

    Après une négociation pour éviter les destructions inhérentes à un siège, Louis XIV fait une entrée triomphale dans la ville le [4]. Le , le traité d'Utrecht est signé ; il met fin à la guerre de Succession d'Espagne.

    La minorité catholique peut exercer son culte sous certaines conditions en 1723. Cependant, une partie de l'institution reconnue se détache de Rome et prend le nom d'Église vieille-catholique depuis qu'elle a refusé de reconnaître la validité du dogme proclamant l'Infaillibilité pontificale en 1870. Le rétablissement de la hiérarchie catholique aux Pays-Bas n'intervient qu'en 1853.

    Utrecht redevient une ville française entre , lorsque Napoléon annexa les Pays-Bas, et , lorsque les troupes françaises se retirèrent. Il avait introduit le service militaire et les garçons néerlandais ont dû servir dans l'armée impériale. La campagne de l'empereur contre la Russie s'est soldée par un échec complet et un esprit de résistance a commencé à émerger. Les troupes françaises ont quitté Amsterdam à la mi-novembre et deux semaines plus tard, le commandant en chef français Gabriel Molitor s'est rendu compte qu'Utrecht était également intenable. Il a quitté la ville par la Tolsteegpoort au petit matin du , et en début d'après-midi, une unité cosaque apparut devant la Wittevrouwenpoort pour annoncer l'arrivée de l'armée russo-prussienne qui chassait les Français. Les soldats prussiens et russes, mieux connus sous le nom de «cosaques», furent reçus comme libérateurs. Cet événement historique a été peint trois ans après, par Pieter Gerardus van Os qui y avait participé. Il en a fait don au tsar russe Alexandre Ier, qui lui a offert une précieuse bague en diamant en guise de remerciement[5].

    Époque contemporaine

    Depuis l'ouverture de la ligne de chemin de fer reliant Amsterdam à Arnhem en 1843, Utrecht s'impose petit à petit comme le nœud principal du réseau de chemin de fer néerlandais. Les boucheries et surtout le marché aux fleurs, organisé au crépuscule, d'Utrecht, acquièrent une grande renommée. Les étudiants qui parlent selon la tradition trois langues véhiculaires font connaître les mérites des facultés de sciences et de philosophie. Ils marquent l'animation de la ville universitaire, lors de leurs bruyants charivaris menés avec fanfare, en particulier pendant la pittoresque « marche funèbre de la mort », un groupe élu portant une bière sous les cris de « birr, birr » des autres participants.

    Le , Utrecht est le théâtre d'une fusillade dont les autorités soupçonnent l'origine terroriste ; trois personnes décèdent.

    Démographie

    Historique de la population

    En 1300, Utrecht compte entre 5 500 et 7 000 habitants. Le nombre double à 13 000 cent ans plus tard, avant d'atteindre 30 000 en 1525. En 1600 et 1700, la ville compte toujours 30 000, avant une diminution à 25 000 en 1750. En 1800, le nombre remonte à 33 000. En 1850, la ville compte 47 000 habitants, puis 102 000 en 1900, 138 000 en 1920 et 165 000 en 1940.

    Évolution récente[6]
    Commune Agglomération Aire urbaine
    1960 254 186 272 573 372 014
    1970 278 966 303 333 429 195
    1980 237 037 318 874 460 262
    1990 230 358 348 058 503 801
    2000 233 667 365 646 535 814
    2010 306 731 434 697 640 000

    Origines des habitants

    Nombre[7] Pourcentage
    Autochtones 205 439 68,51
    Allochtones occidentaux 30 495 10,17
    Allochtones non occidentaux 63 928 21,32
    Maroc 26 446 8,82
    Turquie 13 210 4,41
    Suriname
    Antilles néerlandaises
    10 107 3,37
    Autres 14 165 4,72

    Culture

    Intérieur de la cathédrale Saint-Martin.

    La vieille ville d'Utrecht compte de nombreuses curiosités touristiques. Des églises médiévales, la plus grande était la cathédrale Saint-Martin. Aujourd’hui, il n’en reste que la moitié, depuis le terrible ouragan de 1674. La tour de la cathédrale, avec sa hauteur de 112 m est devenue le symbole de la ville.

    Les canaux, bordés de terrasses et de verdure, donnent à la cité son charme réputé. La maison Schröder de l’architecte Gerrit Rietveld (1924) est reconnue comme un des premiers symboles du mouvement moderne en architecture. Elle a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2000. À cela s'ajoute la présence du Jaarbeurs, le salon le plus important des Pays-Bas, ainsi que le siège social de la Rabobank.

    Chaque année, Utrecht accueille la Trance Energy puis Energy jusqu'en 2012 et depuis 2014 le festival A State Of Trance au sein du Jaarbeurs Utrecht. Thunderdome y élit également fréquemment domicile. Le Festival Oude Muziek Utrecht[8] qui a lieu tous les ans est l'un des plus réputés festivals de musique ancienne d'Europe[9]. Du au , la ville d’Utrecht a accueilli la dix-septième édition du festival international de chant choral Europa Cantat.

    Patrimoine religieux

    Utrecht est notamment connue pour :

    Université et hautes écoles

    Rectorat de l'université d'Utrecht.

    Utrecht accueille plusieurs institutions d'enseignement supérieur et universitaire. Avec 20 % de la population étudiante, Utrecht est une ville estudiantine. L'université d'Utrecht est l'une des universités les plus importantes des Pays-Bas et l'une des plus prestigieuses d'Europe. Fondée en 1636, elle accueille à la rentrée académique de 2008 plus de 29 000 étudiants.

    La Haute École d'Utrecht (Hogeschool Utrecht) est une école supérieure à Utrecht, axée principalement sur les sciences appliquées. En 2007, la Hogeschool accueille près de 34 000 étudiants. La Utrecht School of the Arts est une autre école supérieure des beaux-arts qui propose des programmes relatifs aux beaux-arts, au design, à la musique, au théâtre, aux médias et la gestion des métiers de l’art.

    Musées

    Le musée des chemins de fer.

    Utrecht compte plusieurs musées :

    Mode de vie

    Utrecht est une des premières grandes villes d'Europe à expérimenter le revenu de base sur une partie de sa population dans le courant de l'année 2016.

    Transports

    Utrecht est souvent considérée comme étant le centre des Pays-Bas. Cela est en grande partie lié à sa position géographique et aux infrastructures routières et ferroviaires qui en ont fait un pôle incontournable dans les déplacements aux Pays-Bas.

    Transport ferroviaire

    La gare d'Utrecht-Central.

    La gare centrale d’Utrecht est le centre névralgique du réseau de la Nederlandse Spoorwegen (NS), la compagnie nationale des transports ferroviaires, la plus grande gare de correspondance du pays et en nombre de passagers, juste devant Amsterdam-Central et Rotterdam-Central. Des trains partent dans toutes les directions du pays : vers le sud (Bois-le-Duc, Eindhoven, Maastricht), l’ouest (Rotterdam, La Haye), le nord (Amsterdam et au-delà Alkmaar et Den Helder, l’aéroport de Schiphol, Almere, Zwolle, Groningue, Amersfoort, Leeuwarden) et l’est (Arnhem, Nimègue, Enschede). La gare est aussi desservie par des trains ICE en direction de l’Allemagne (Cologne, Francfort et au-delà Munich, Bâle), ainsi que des trains de nuit à destination de Prague, Copenhague, Moscou et Zurich. À cela s'ajoutent les nombreux trains omnibus en provenant des villes alentour. D’autres gares secondaires sont situées sur la commune et d’autres sont en projet afin de créer à terme un véritable RER pour Utrecht et les villes aux alentours.

    Utrecht abrite d’autre part le siège de la NS, ainsi que de ProRail, gestionnaire des infrastructures ferroviaires du pays.

    Transport automobile

    Utrecht est située à l'intersection de plusieurs autoroutes de très grande importance, provoquant de nombreux embouteillages dans la région. Ces autoroutes sont :

    De nombreux travaux sont entrepris afin d'augmenter les capacités, car les bouchons d'Utrecht ont des répercussions dans l'ensemble du pays, en rendant difficile la circulation entre villes.

    Bus et tramway

    Tramway à la gare centrale, au départ pour Nieuwegein.

    Qbuzz exploite les lignes de bus municipal et régional sous le nom de U-OV[10]. Une ligne de tramway reliant Utrecht et les villes de Nieuwegein et IJsselstein est également exploitée par Qbuzz sous le nom de U-OV. Actuellement, une autre ligne de tramway au départ de la gare centrale est en construction vers le campus de l'université dit De Uithof, à l’est du centre-ville[11].

    Vélo

    Utrecht est la 3e ville la plus cyclable du monde[12], avec notamment le plus grand parking à vélo du monde[13] et la piste cyclable la plus fréquentée du monde[14].

    Personnalités

    Jumelages

    Galerie

    Notes et références

    1. http://statline.cbs.nl/Statweb/publication/?DM=SLNL&PA=37230NED&D1=17-18,20&D2=57-60,63-65,67-71,73,75-77,81-82,84-86,88-91,93-97,100-594&D3=l&LA=EN&HDR=T&STB=G1,G2&VW=T.
    2. Cette approche est compatible avec la notion de position au-delà de la frontière contrôlée, mais ouverte du limes romain en temps de paix civile. Notons, que contrairement aux idées reçues, il n'y avait alors ni taxes ni droits de passage ou de douanes à l'époque romaine classique.
    3. D'où probablement la renommée ancienne des mystiques d'Utrecht.
    4. John A. Lynn in Les guerres de Louis XIV 1667-1714, Le Grand Livre du Mois, 2010, p. 127.
    5. Centraal Museum
    6. http://statline.cbs.nl/statweb/.
    7. http://utrecht.buurtmonitor.nl/.
    8. (en) « Organisatie Oude Muziek » (consulté le )
    9. « Utrecht : la Hollande, l’autre pays de la musique ancienne | Classique mais pas has been » (consulté le )
    10. U OV
    11. Utrecht Science Park.
    12. « Utrecht - Copenhagenize », sur copenhagenizeindex.eu (consulté le )
    13. « Cycling | Gemeente Utrecht », sur www.utrecht.nl (consulté le )
    14. « Utrecht, une journée dans une ville cyclable et vivable • Weelz.fr », sur Weelz.fr, (consulté le )

    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

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