Antoine Français de Nantes

Le comte Antoine Français, dit Français de Nantes (né le à Beaurepaire dans le Dauphiné - mort le à Paris), est un haut fonctionnaire et homme politique français.

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Antoine Français de Nantes

Portrait du comte Antoine Français de Nantes, Jacques-Louis David, 1811. Paris, musée Jacquemart-André.
Fonctions
Député de la Loire-Inférieure à l'Assemblée législative
Élection
Coalition Majorité réformatrice
Président de l'Assemblée législative
Prédécesseur François-Alexandre Tardiveau
Successeur Louis Stanislas de Girardin
Député de l'Isère au Conseil des Cinq-Cents
Élection 23 germinal an VI
Coalition Modérés
Préfet de la Charente-Inférieure
11 ventôse an VIII ()
Prédécesseur Création de la fonction
Successeur Ferdinand Pierre Marie Dorothée Guillemardet
Directeur général des droits réunis
6 germinal an XII
Député de l'Isère à la Chambre
Élection
Législature IIe législature
Membre de la Chambre des pairs
Monarque Louis-Philippe Ier
Biographie
Nom de naissance Antoine Français
Date de naissance
Lieu de naissance Beaurepaire
Date de décès
Lieu de décès Paris
Parti politique Jacobin
Profession Fonctionnaire des douanes
Résidence Paris, rue d'Antin


Liste des membres de l'Assemblée Législative
Liste des présidents de l'Assemblée législative
Liste des députés de la Loire-Atlantique
Liste des membres du Conseil des Cinq-Cents
Liste des députés de l'Isère
Liste des premiers préfets français (1800-1815)
Liste des préfets de la Charente-Maritime

Biographie

Antoine Français est le fils de Claude Français, notaire royal, et de Jeanne-Thérèse Coste-Foron. Commis chez un de ses parents directeur des douanes à Nantes, il lui succéda vers 1785. René Kerviler dit que l'élégance affectée de son langage l'avait fait surnommer « l'Anacréon de la fiscalité ».

Assemblée législative

Ses succès oratoires au club des « Amis de la Constitution » de Nantes, fondé en 1790, le firent élire, le , officier municipal, puis, le 4 septembre[1] suivant, député de la Loire-Inférieure à l'Assemblée législative, le 7e sur 8.

Français de Nantes se signala par de violentes attaques contre la Ferme générale, le pape et les prêtres. Le , il demanda que les ci-devant fermiers généraux rendissent compte de l'emploi des fonds de retraite, et, le 26, à propos de la loi contre les prêtres, s'écria : « J'ai vu dans les campagnes les lambeaux de l'hyménée ne jeter plus qu'une lueur pâle et sombre ; j'ai vu le squelette hideux de la superstition s'asseoir jusque dans la couche nuptiale, se placer entre la nature et les époux, et arrêter le plus mystérieux des penchants. » Plus loin, il tonnait contre le pape, « qui tient dans la servitude la postérité des Caton et des Scévola. »

Il dénonça ensuite les massacres d'Avignon, fut nommé président de l'Assemblée (10 juin), prononça, le même jour, l'éloge de Priestley (théologien anglais dissident soutenant la Révolution française), et demanda (10 août) le partage des biens communaux.

Convention nationale et Terreur

Il ne fut pas réélu à la Convention.

Lié aux Girondins, il quitta Paris pendant la Terreur, et se retira dans les Alpes, son pays natal, « décidé, disait-il, à y bêcher tranquillement son jardin ».

Membre des assemblées primaires de l'Isère, convoquées par l'administration départementale après le coup de force de la Commune de Paris contre les Girondins (journées du 31 mai et du 2 juin 1793), il s'exprima le . Par son éloquence et l'habileté de son discours, il convainquit les assemblées primaires de ne pas entreprendre d'actions contre la Convention et de ne pas rejoindre le mouvement fédéraliste.

Après ces événements, Antoine Français de Nantes entra au directoire du département de l'Isère le 7 nivôse an II (). Il y resta jusqu'au 1er ventôse an III (), date à laquelle il fut destitué pour son jacobinisme.

Il se réfugia alors dans le Queyras. Son séjour lui inspira le Manuscrit de feu M. Jérôme et le Recueil des fadaises de M. Jérôme, qu'il publia plus tard, sous la Restauration.

Directoire

Le 23 germinal an VI (1798), il fut élu[2] au Conseil des Cinq-Cents par le département de l'Isère. Il devint un des secrétaires du Conseil, défendit la liberté de la presse dans un discours où il appelait les journaux « les réverbères de l'ordre social », fit voter (30 prairial an VII) un décret mettant hors la loi quiconque attenterait à la sûreté du Corps législatif  (l'une des bases du coup d'État du 30 prairial an VII), et demanda l'assimilation des veuves et des enfants des patriotes du Midi aux veuves et enfants des défenseurs de la patrie.

Consulat et Empire

Bien qu'hostile, avant l'exécution, au coup d'État du 18 brumaire, il s'y rallia, fut nommé, grâce à Lucien Bonaparte son ami, directeur des hôpitaux, puis, le 11 ventôse an VIII, préfet de la Charente-Inférieure, et, le 5e jour complémentaire an VIII, conseiller d'État.

Conseiller d'État en service ordinaire de l'an VIII à 1810, il est rattaché à la section de l'Intérieur en l'an IX jusqu'en 1808. Il est ensuite rattaché à la section des finances en 1809. Il est spécialement chargé de la comptabilité des communes en l'an XI et l'an XII. Il est nommé membre de l'Institut en 1807 et conseiller d'État en service ordinaire hors section de 1810 à 1814.

Membre de la Légion d'honneur le 9 vendémiaire an XII, commandant de l'ordre (25 prairial suivant), il avait été appelé, le 6 germinal an XII de la même année, à la direction générale des droits réunis (wikt:contributions indirectes), administration que le premier Consul venait de créer, et où Français de Nantes montra beaucoup d'ordre, de probité et de conciliation : il plaça dans ses bureaux nombre d'écrivains, d'artistes besogneux et de membres ruinés de l'ancienne noblesse.

L'Empereur le créa conseiller d'État à vie (1808), comte de l'Empire le , et le promut grand officier de la Légion d'honneur le .

Restauration et Monarchie de Juillet

La première Restauration lui enleva ses fonctions de directeur des droits réunis, et le maintint au conseil d'État. Ayant conservé ce dernier poste pendant les Cent-Jours, il fut destitué au second retour des Bourbons, et alla vivre à la campagne, où il s'occupa d'agriculture.

Le , le collège de département de l'Isère l'élut[3] député. Il siégea au centre gauche, parla peu, mais, surtout dans la forme, avec modération.

Non réélu en 1822, il reprit ses occupations agricoles dans ses propriétés de Seine-et-Marne, et donna sur ces questions des articles au Dictionnaire de la conversation.

Le , le gouvernement de Louis-Philippe Ier le nomma pair de France. Il succomba, cinq ans après, à une attaque de paralysie.

Il a habité de 1827 à 1832 un hôtel particulier rue d'Antin, où il recevait notamment le général Merlin, Joseph Droz, Pierre-François Tissot, Charles-François Lebrun, Casimir Delavigne. Vers la fin de sa vie il s'occupa surtout d'agriculture.

Œuvres

Pendant qu'il était directeur des Droits réunis, Français de Nantes recueillit dans ses bureaux beaucoup de gens de lettres que la Révolution française avait atteints. Son nom est davantage connu par les éloges que lui ont adressés les hommes de lettres qu'il a protégés et secourus que par ses œuvres personnelles, qui sont pourtant nombreuses.

On a de lui :

  • Opinion de M. Français, [...] Sur les troubles intérieurs; - A Paris de l'Imprimerie Nationale 1791. [BM de Senlis]
  • Le manuscrit de feu M. Jérome, Paris : Bossange, 1825 Précisions en ligne
  • Recueil de fadaises, composé sur la montagne à l'usage des habitans de la Plaine par M. Jérome, Paris, Bossange, 1826 Précisions en ligne
  • Voyage dans la vallée des Originaux, par feu M. Du Coudrier, Paris, Beaudoin, 1828 Précisions en ligne
  • Tableaux de la vie rurale, ou l'agriculture enseignée d'une manière dramatique (1829) ;
  • Le Petit manuel des bergers, porchers, vachères et filles de basse-cour, Paris, , in-18, 36 p.
  • Voyage sur les Alpes cottiènes et maritimes ou second manuscrit de feu M. Jérome, Paris, Dupont, 1833 Précisions en ligne

Titres

Distinctions

Armoiries

Figure Blasonnement
Armes du comte Français et de l'Empire

Franc-quartier de conseiller d'État, de gueules, chargé de trois besans d'argent.[5]

Armes du comte Français de Nantes, pair de France

De gueules chargé de trois besans d'argent posés deux et un.[6]

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
  • Auguste Prudhomme, Un nouveau chapitre de l'histoire de la Révolution en Dauphiné. Le Fédéralisme dans l'Isère et Français de Nantes. Juin-, Grenoble, 1907 Précisions en ligne
  • « Français (Antoine, comte) », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition] [texte sur Sycomore] ;

Notes et références

  1. Par 116 voix sur 174 votants.
  2. Par 188 voix sur 346 votants.
  3. Par 718 voix sur 1 019 votants et 1 293 inscrits.
  4. « Cote LH/1023/21 », base Léonore, ministère français de la Culture
  5. « BB/29/974 page 16. », Titre de comte, accordé à Français. Bayonne ()., sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr, Centre historique des Archives nationales (France) (consulté le )
  6. « BB/29/1060 page 141. », M. le comte Français, conseiller d'État., sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr, Centre historique des Archives nationales (France) (consulté le )

Voir aussi

Liens externes

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