Antoine Escalin des Aimars

Antoine Escalin des Aimars, dit Polin, né et mort à La Garde-Adhémar (1516-1578), est un militaire, diplomate et noble français du XVIe siècle.

Il fut baron de La Garde-Adhémar, seigneur de Pierrelatte, Général des Galères du Roi de France, et commanditaire de la première Réale (vaisseau amiral de la flotte française).

Les origines d'Antoine Escalin

Longtemps, il a été question pour Antoine Escalin d'une naissance pauvre, sur un lit de paille, dans "une maison de vulgaire apparence"[1]. Mais il s'agit là d'une légende bâtie dès le XVIe siècle par le mémorialiste Brantôme [2].

Antoine Escalin est né dans une famille de petite notabilité de la Garde-Adhémar, certainement vers 1516 comme en témoignent des archives inédites mises au jour par l'historien Yves July[3]. Il fut l'oncle, par sa sœur, d'Etienne Deodel, évêque de Grasse, issu d'une grande et riche famille drômoise[4].

Devenu homme de guerre, après des premiers actes de bravoure, il est fait capitaine de Château-Dauphin (Pontgibaud, Auvergne) par ordonnance royale du . En 1539, il est placé parmi les « cent gentilshommes ordinaires [de l’hostel de roi] »[5].

Il se fit remarquer par le lieutenant général du roi François Ier en Piémont, Guillaume du Bellay, seigneur de Langey et oncle du poète Joachim du Bellay. Le seigneur de Langey fit connaitre Antoine Escalin auprès du souverain français. Il fit forte impression en cour : M. de Rochas lui reconnaissait « une belle figure, une taille avantageuse, une tenue élégante, des manières simples et polies [qui] en firent aussitôt l’homme à la mode »[6].

François Ier décida alors de l'envoyer en ambassade auprès de Soliman le Magnifique, à Constantinople, afin de nouer avec lui une alliance militaire contre Charles Quint, dès , à la suite de la défaite de Charles-Quint au Siège d'Alger (1541)

L'ambassade à Constantinople et l'expédition aux côtés de Barberousse

Antoine Escalin se rend auprès de la Sublime Porte, porteur du projet de François Ier d'assaillir l'empereur Charles Quint de tous côtés, en « Ongrye », « Flandres », et « Espaigne »[7]. Il convainc ainsi Soliman II d'envoyer auprès de François Ier Kheir-el-Din, dit Barberousse, en 1543.

Devenu le « lieutenant général en […] l’armée de mer du Levant » du roi de France par lettre de chancellerie royale, il se retrouve de fait placé à la tête d'une entreprise qui choque toute la Chrétienté. Parti au printemps 1543 de Constantinople vers les côtes françaises, accompagné d'au moins 110 galères turques[8] et de 27 000 hommes (Ottomans et de la régence d'Alger), il arrive au large de Cannes en . Afin de détourner la colère de Barberousse, furieux d'observer que rien n'avait été préparé sur place pour le confort de ses hommes, il obtient de François Ier la possibilité de mener à bien le siège de Nice, qui doit servir d'exutoire à la colère barbaresque.

À la suite de l'échec du siège de Nice, levé le , il réquisitionne la ville de Toulon et en chasse les habitants : les hommes de Barberousse s'y installent jusqu'au printemps 1544.

Le chef barbaresque, plus furieux encore du fait que lui et ses hommes s'étaient vu refuser le droit de faire butin à Nice, exige d'Antoine Escalin qu'il le laisse rentrer auprès de son maitre, Soliman II, et qu'il l'accompagne. Antoine Escalin venait alors d'être nommé, en , Général des Galères par le roi de France.

Cette dernière expédition à Constantinople nous est connue par un journal[9] que tint l'aumônier de la Réale, navire amiral d'Antoine Escalin, nommé Jérôme Maurand, originaire d'Antibes[10].

Les Turcs pillèrent les côtes italiennes, avant que, par prudence, Antoine Escalin ne se détache de la flotte avec ses quelques bâtiments chrétiens afin de s'entretenir directement avec Soliman II avant l'arrivée de Barberousse à Constantinople. Il craignait que le rapport que ce dernier pourrait faire de son séjour en France n'entraine sur lui le courroux du sultan.

Les navires français quittèrent la capitale ottomane en .

La guerre aux Protestants

En 1545, Antoine Escalin des Aimars était en partance, depuis le port de Marseille, pour lutter contre les Anglais du côté de Boulogne-sur-Mer. Jean Maynier d'Oppède, premier président du parlement de Provence, fit appel à lui et à ses troupes pour éliminer les Vaudois protestants qui étaient installés en Provence. Le roi de France, François Ier, voyant dans cette force religieuse protestante une sédition de leur part au royaume de France.

Le , il fit promulguer l'"Arrêt de Mérindol" et commanda une croisade contre les Vaudois de Provence. Antoine Escalins marcha sur Mérindol et les villages environnants à la tête de 2 000 combattants surnommés "la Bande du Piémont". Ils massacrèrent plusieurs centaines de personnes durant le massacre de Mérindol et incendièrent la cité de Mérindol.

Autres faits de guerre

Après le massacre de Mérindol, Antoine Escalin participa à la tentative et meurtrière invasion française de l'île de Wight la même année. Mais ce fut un échec et Antoine Escalin dut rembarquer ses troupes vers la France.

En 1547, il est remplacé dans la fonction diplomatique à la Sublime Porte par Gabriel de Luetz, nommé ambassadeur à Constantinople par François 1er.

En 1553, Antoine Escalin coopère avec la flotte ottomane en Méditerranée, notamment lors du débarquement franco-turc en Corse.

En 1571, Antoine Escalin est de nouveau en conflit armé contre les Huguenots à La Rochelle en tant que commandant de la flotte de la marine française qui a établi un blocus de la ville, en collaboration avec Philippe Strozzi.

Notes et références

  1. A. Lacroix, « La Garde ou le Polin », Histoire de l’arrondissement de Montélimar, Tome 4, Valence, éd. Chantemerle, 1874, p. 54
  2. Brantôme, Œuvres complètes, Paris, Ed. Mme Ve Jules Renouard, 1868, 139-150 pp.
  3. « Fonds La Garde Antoine Escalin », sur ifea-istanbul.net, (consulté le )
  4. A. Lacroix, op. Cit., p. 70
  5. Lettre de François Ier datée du 20 juin 1539, Bibl. de Grenoble
  6. Le comte d’Allard, « Escalin, pâtre, ambassadeur et général des galères de France : recueil de documents concernant sa vie », Bulletin de la société d’archéologie et de statistiques de la Drôme, Valence, 1896, p. 22
  7. Antoine Escalin, Inventaire des pièces,Collection Moreau, vol. 778, Fol. 151-152, B.N.F.
  8. Inventaire des pièces, ibid., fol. 159 v°.
  9. H. Maurando, Itinerario di Hieronimo Maurando, 1546-1576, in Recueil Peiresc, Tome VIII, bibliothèque de Carpentras
  10. Jérôme Maurand, "Itinéraire de Jérôme Maurand, d'Antibes à Constantinople" (1544)

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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