Antipapes imaginaires

Les antipapes imaginaires, ou secrets, ou « du Viaur », désignent les antipapes qui auraient régné après Benoît XIV (Bernard Garnier) comme successeurs de Benoît XIII (Pedro de Luna).

Pour un article plus général, voir Antipape.

La fiction littéraire

Selon certains écrivains et romanciers, dont Jean Raspail, Jean Carrier, aurait été le second antipape Benoît XIV et aurait été capturé par le comte de Foix en 1433. Décédé peu après en prison, et aurait été enseveli au pied d'un roc[1]. En 1437, Pierre Trahinier (ou Tranier), cardinal de Bethléem, Bernard, cardinal d'Hébron, Pierre Tifane, cardinal de Tibériade, Jean, cardinal de Gibelet, X, cardinal de Iona, et Jacques, cardinal de Césarée, élisent Pierre Tifane, qui aurait pris le nom de Benoît XV. Après sa mort, en 1470 Jean Langlade lui aurait succédé en tant que Benoît XVI et serait décédé en 1499. Mais ces assertions ne se basent sur aucune source secondaire et il est curieux de voir l'Université de Miami les reprendre ainsi[2].

La réalité historique

Les historiens de cette période, Noël Valois ou Mathieu Desachy, en dépit de leurs recherches ne disent rien sur ces pontifes de l' « Église du Viaur », en revanche, il y eut bien sur place, sous la férule de Jean Farald, cardinal de Bernard Garnier, antipape Benoît XIV, un groupe « schismatique » qui prêcha dans les gorges du Viaur son refus de reconnaître l'Église de Rome[3].

Le médiéviste Gérard Touzeau a démontré que le Jean Carrier qui succéda à Benoît XIV fut le neveu homonyme du cardinal (qui ne fut pas un second pape Benoît XIV) et qu'il devint Benoît XV[4].

Ce groupe dissident était conduit par le forgeron Jean Tranier, dit « lo Fabre del Colet », puisque lui et sa famille étaient originaires du Coulet, près de Montou, refusant de reconnaître Martin V, fréquentaient les églises où officiaient Jean Farald, avec Jean Moysset et Guilhem Noalhac de Jouqueviel, prêtres partisans de Benoît XIII[5].

Son fils Pierre, cardinal de Bethléem, et sa fille étaient ses plus fervents disciples et les premiers à appeler leur père le prophète Élie[3]. Eux et leurs disciples adhérèrent à l'obédience de Benoît XIV et Benoît XV, et, pourchassés, décidèrent de passer à la clandestinité. Ils fréquentèrent dès lors la « Gleio de Panissolo », une petite grotte du hameau de Flauzins sur la paroisse de Lescure-Jaoul, lieu de culte des partisans des Carrier. Jean Farald, leur compatriote, venait les confesser et leur donner la communion[5].

Le prosélytisme des Tranier (Trahinier) fut tel qu'ils furent arrêtés au moulin de la Soulayrié en 1467 et traînés devant l’official de Rodez[5]. Le prophète mourut en prison et sa fille abjura. Ce noyau dur de l'hérésie était, selon l'historien Noël Valois, beaucoup plus dangereux pour l'Église que les derniers antipapes avignonnais[3].

Cette affaire Trahinier laisse supposer l'existence d'un Benoît XVI dont on ne connaît pas l'identité[4].

Notes et références

  1. Mathieu Desachy, Cité des hommes. Le chapitre cathédral de Rodez (1215-1562), Éditions du Rouergue, Rodez, 2005.
  2. Salvador Miranda, Consistoires de Benoît XIII, note 2, University Park, Miami, FL 33199, 2009.
  3. Noël Valois, op. cit. et Mathieu Desachy, op. cit..
  4. Touzeau, Gérard., Benoît XIII : le trésor du pape catalan, Perpignan, Mare Nostrum, (ISBN 978-2-908476-86-6 et 290847686X, OCLC 498938101, notice BnF no FRBNF42167746, lire en ligne)
  5. Procès criminel pour hérésie, fait par le vicaire général et l'official de Rodez à Pierre Trahinier (Petrus Trahinerius), habitant de Colet (ou Coulet), paroisse de Monton (de Montone), au diocèse de Rodez, qui avait soutenu que Benoît XIII était demeuré le véritable pape, malgré sa déposition ; 17 avril 1467.

Bibliographie

Romans

  • V. Blasco-Ibañez, Le pape de la mer (traduit de l'espagnol par Marcel Thiébaut), Paris : Flammarion, 1927, 282 p.
  • Baltasar Porcel, Galop vers les ténèbres, Arles : Actes Sud, 1993, 234 p. (ISBN 2-868-69478-0),
  • Jean Raspail, L'Anneau du pêcheur, Paris : Albin Michel, 1994. 403 p. (ISBN 2-226-07590-9),
  • Gérard Bavoux, Le Porteur de lumière, Paris : Pygmalion, 1996. 329 p. (ISBN 2-85704-488-7),
  • Renaud Marhic, Schisme'n'blues, Dinan, Terre de Brume, 2003, 216 p. (ISBN 2-84362-212-3),

Lien interne

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