Anticurialisme

L'anticurialisme est un courant philosophique, juridique et théologique né en Italie méridionale durant le XVIIe siècle, qui s’oppose à l’intervention de l’Église dans les affaires de l’État et défend l’indépendance de la juridiction séculière de l’ecclésiastique[1]. La diffusion d’une littérature proche de thèses exposées contre le catholicisme a tenté de démontrer qu’il présentait tous les maux de l’Italie (et l’a « dévirilisée »)[2]

Ce courant provient du mouvement juridictionaliste, qui cherchait la réduction des privilèges ecclésiastiques et la reconnaissance du pouvoir de l’autorité civile pour imposer des réformes à l’Église[3]. L’anticurialisme eut une importante influence dans différentes courants philosophiques et théologiques contemporaines, tels que le régalisme, le gallicanisme et le jansénisme.

Essor du mouvement

Le courant est né en Italie méridionale à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle dans un contexte méfiance vis-à-vis de l’Église en particulier à la suite du concile de Trente[4].

Anticurialisme aujourd’hui

Le concept d’anticurialisme est spécifique à une période qui va dès le concile du Trente jusqu’à la fin des privilèges féodaux du clergé. En raison de cela, l’anticurialisme est associé aujourd’hui à un anticléricalisme plus large. L’anticurialisme constitue une forme de traits lié à l’anticléricalisme. La notion d’anticurialisme a été supplantée par le terme anticléricalisme.

Implications dans la société du temps

Juridictionnalisme et anticurialisme

On ne peut pas parler d’anticurialisme sans parler de juridictionnalisme. « Ce mouvement est l’aboutissement, au XVIIIe siècle, des différents courants où l’on voit, dès le XIIIe siècle, des théologiens et des canonistes s’opposer aux ‘prétentions’ de la Curie romaine »[5]. Le courant et la pensée anticurialiste naît du mouvement juridictionaliste. Ces deux mouvements sont étroitement liés par leur avis contre le pouvoir ecclésiastique et l’influence de ceci sur la juridiction étatique, et par sa défense de l’autorité civile[6]. En plus, on peut arriver à dire que ces deux mouvements-là ont un désir affaiblir le pouvoir de l’Église sur l’État. Tous les deux partagent l’objectif d’une Église qui soit séparé de l´État et une indépendance l’une par rapport à l’autre[7].

Antijésuitisme et Anticurialisme

L’antijésuitisme est fortement favorisé par le contexte anticurialiste qui a été développé au XVIIe siècle. Une des choses que l’anticurialisme dénonce avec ferveur est le lien existant entre Église et État, en tant qu’il existe une dépendance politique et juridique entre l’un et l’autre. Entre-temps les jésuites sont parvenus à devenir un ordre avec un important pouvoir politique avec l’évangélisation du nouveau monde. Les anticurialistes étaient hostiles à cette influence grandissante de l’ordre des jésuites. Ainsi nous pouvons constater des lignes de convergences entre l’anticurialisme et l’antijésuitisme : des idées antijésuites sont diffusées à travers des textes mais aussi dans des réunions informelles soutenues par des aristocrates, tels comme la famille Corsini, famille noble d’origine italienne, qui appuie l'« Archetto » dans son palais. Ce "Archetto" consiste en rencontrer « catholiques éclairés, augustiniens, "jansénistes", anticurialistes, (qui) [...] trouve(nt) sa cohérence dans un antijésuitisme partagé[8] ».

Suppression de la Compagnie de Jésus

L’exemple le plus illustratif de l’influence de la pensée anticurialiste dans la société du temps, est la suppression de la Compagnie de Jésus en tant qu’ordre religieuse. Cet antijésuitisme à tendance anticurial, qui a été présenté il y a quelques lignes, crée une atmosphère propice pour diffuser et pour arriver à la dissolution de la Compagnie. Ce qui a facilité cette dissolution est l’animosité envers les jésuites présente dans le royaume de Naples et le duché de Parme : « Dans ces deux États [Autriche et Italie] démangés par l’anticurialisme et l’antijésuitisme, les annonces de la suppression de la Compagnie de Jésus en France () et en Espagne () (...) provoquèrent évidemment un énorme effet ; ces événements serviraient bientôt d’exemples au roi de Naples et au duc de Parmes »[9].

Références

  1. Musi Aurelio, Mezzogiorno spagnolo. La via napoletana allo stato moderno, Guida editori, Naples, 1991. p. 213
  2. Fournier-Finocchiaro Laura, « Machiavel et la tradition anticléricale italienne au XIXe siècle », Laboratoire italien [Online], 7, 2007, en ligne: http://laboratoireitalien.revues.org/146; DOI:10.4000/laboratoireitalien.146 (page consultée le 09 décembre 2014).
  3. Alberrigo G., « Le juridictionalisme éclairé » dans Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques. Paris: Letouzey et Ané, 1995-1997, vol. 26, cols 389-390, en ligne : http://apps.brepolis.net.proxy.bib.ucl.ac.be:8 888/DHGE/test/Default2.aspx (page consultée le 09 décembre 2014).
  4. Hugon Alain, « Le violet et le rouge. Le cardinal archevêque Filomarino acteur de la révolution napolitaine » dans Cahiers de CRHQ, 2009, en ligne : http://www.crhq.cnrs.fr/cahiers/1/c1a4-Hugon.pdf (page consultée le 09 décembre 2014).
  5. Pelletier Gérard, Rome et la Révolution française. La théologie politique et la politique du Saint-Siège devant la Révolution française (1789-1799), École française de Rome, 2004, Rome (Collection de l’École française de Rome, 319). p. 214.
  6. Alberigo G., op. cit.
  7. Levillain Philippe, Dictionnaire historique de la papauté, Paris, Fayard, 1994. p. 986-987.
  8. Montagnon, Sylvie, « Clement du Tremblay : un épistolier zèle dans l’Europe érudite et augustinienne du XVIIIe Siècle », sous la direction de monsieur Michaud Claude, mémoire de maitrise, Université Paris I, année 1998-1999, en ligne : http://www.bib-port-royal.com/montagnon.pdf (page consultée le 09 décembre 2014).
  9. Hasquin Hervé, Joseph II. Catholique anticlérical et réformateur impatient 1741-1790, Bruxelles, Éditions Racine, 2007 (Les racines de l'histoire).

Bibliographie

  • Alberigo G., « Le juridictionalisme éclairé » dans: Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, Paris: Letouzey et Ané, 1995-1997, vol. 26, cols 389-390, en ligne : http://apps.brepolis.net.proxy.bib.ucl.ac.be:8 888/DHGE/test/Default2.aspx
  • Fournier-Finocchiaro Laura, « Machiavel et la tradition anticléricale italienne au XIXe siècle », Laboratoire italien [Online], 7, 2007, en ligne: http://laboratoireitalien.revues.org/146; DOI:10.4000/laboratoireitalien.146
  • Hasquin Hervé, Joseph II. Catholique anticlérical et réformateur impatient 1741-1790, Bruxelles, Éditions Racine, 2007 (Les racines de l’histoire).
  • Hugon Alain, « Le violet et le rouge. Le cardinal archevêque Filomarino acteur de la révolution napolitaine » dans Cahiers de CRHQ, 2009, en ligne : http://www.crhq.cnrs.fr/cahiers/1/c1a4-Hugon.pdf.
  • Levillain Philippe, Dictionnaire historique de la papauté, Paris, Fayard, 1994. p. 986-987.
  • Montagnon, Sylvie, « Clement du Tremblay : un épistolier zèle dans l’Europe érudite et augustinienne du XVIIIe Siècle », sous la direction de monsieur Michaud Claude, mémoire de maitrise, Université Paris I, année 1998-1999, en ligne : http://www.bib-port-royal.com/montagnon.pdf
  • Musi Aurelio, Mezzogiorno spagnolo. La via napoletana allo stato moderno, Guida editori, Naples, 1991.
  • Pelletier Gérard, Rome et la Révolution française. La théologie politique et la politique du Saint-Siège devant la Révolution française (1789-1799), École française de Rome, 2004, Rome (Collection de l’École française de Rome, 319)

Voir aussi

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