Annobón

L'île d'Annobón (appelée pendant quelques années par le président Francisco Macías Nguema « Pagalú ») est une île de Guinée équatoriale, dont elle forme l'une des sept provinces du pays. De petite taille (17 km2), elle est assez peuplée malgré son relief montagneux (1 700 habitants en 2001). Du fait du manque de perspectives économiques, les hommes en âge de travailler vivent à Malabo, au Rio Muni ou à l'étranger, et la population de l'île est constituée en majorité de femmes, d'enfants et d'anciens. Annobon est très isolée du reste des territoires équatoguinéens et l'île de Sao Tomé (Sao Tomé-et-Principe) est la terre la plus proche.

Annobón

Carte d'Annobón
Géographie
Pays Guinée équatoriale
Localisation Golfe de Guinée (océan Atlantique)
Coordonnées 1° 25′ 00″ S, 5° 38′ 00″ E
Superficie 17 km2
Point culminant Quioveo (598 m)
Géologie Île volcanique
Administration
Province Annobón
Démographie
Population 5 314 hab. (2015)
Densité 312,59 hab./km2
Plus grande ville San Antonio de Palé
Autres informations
Découverte Préhistoire
Fuseau horaire UTC+1
Géolocalisation sur la carte : Guinée équatoriale
Annobón
Îles en Guinée équatoriale

Géographie

Vue d'Annobón

Située dans l'hémisphère sud à 363 kilomètres du continent, à l'ouest du Cap Lopez (Gabon), Annobón est une île allongée et ovale de 6 km de long et de 3 km de large, pour une surface d'environ 18 km². D'origine volcanique très ancienne, elle a été formée il y a 4,8 millions d'années. Son volcan est le dernier de la chaîne qui commence sur le continent avec le Mont Cameroun, et qui se prolonge avec les îles de Bioko, Principe et Sao Tomé. La dernière activité volcanique à Annobón s’est manifestée il y a moins de 100 000 ans, pendant le tertiaire. Elle a trois sommets qui culminent à plus de 400 m : le Pic Quioveo (598 m), le Pic Lago (525 m) et le Pic Do Fogo (435 m).

Annobón n’a pas de port naturel. Elle est desservie par un aéroport et un port qui ont été bâtis récemment par le gouvernement équatoguinéen.

Annobón est traversée par des ruisseaux appelés Aguas Claras, qui, comme le nom l’indique, ont des eaux claires et potables. Un ancien cratère situé au nord de l’île s’est transformé en lac, le Lago a pot d'une superficie de 2,4 km².

À cause des faibles précipitations, le nord de l’île présente un paysage semi–aride et un sol recouvert de graminées pendant la saison des pluies. Le sud de l’île, où soufflent des vents humides, renferme la forêt équatoriale, les plantations caféières et cocotiers qui recouvrent 75 % de la surface. Les zones montagneuses près des sommets Quioveo et Sainte Mina, sont couvertes d’une forêt épaisse.

La population est de 5 008 habitants[1] et la ville principale et chef-lieu de l'île est San Antonio de Palé.

Histoire

Elle fut découverte entre 1469 et 1472 par les Portugais, probablement Joao de Santarem et Pedro de Escobar, le jour de l'an, d'où son nom (Ano Bom). L'île, comme ses voisines Sao Tomé et Principe, est déserte à sa découverte[2]. En 1503, le roi Manuel Ier de Portugal nomme son premier capitaine donataire (titre nobiliaire)[3]. Elle n'est peuplée qu'à la moitié du XVIe siècle et grâce à un écuyer de la cour du roi portugais. Celui-ci vit alors dans l'île de Sao Tomé où il a épousé une riche héritière métisse Dona Simoa Godinho[4]. Il s'agit de Luis de Almeida (neveu de Balthasar de Almeida, un célèbre négrier) qui achète avec l'autorisation du souverain l'île et le titre à la famille de son propriétaire légal : Jorge de Melo en 1565[5].

L'île reste une colonie portugaise jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Les Annobonais et le commis représentant le capitaine donataire sur place, vont connaître du fait des invasions hollandaises dans tous les territoires de l'empire lusitanien d'outremer, des épisodes assez violents tout du long du XVIIe siècle. Les Hollandais vont même parvenir entre 1661 et 1664 à occuper partiellement l'île – sa partie nord – mais la population (bien que le commis ait été assassiné[6] leur résiste pendant toute cette période[7]. Après cet épisode, un nouveau commis revient auprès des insulaires, mais dès le début du XVIIIe siècle, les habitants vivent en autonomie[8]. En 1756, l'île va, officiellement du moins, réintégrer le domaine royal du Portugal[9]. Dans les faits, les Portugais ne parviendront plus à s'imposer auprès des Annobonais[10].

À la mort du roi Joseph Ier de Portugal, puis du marquis de Pombal, les rapports s'améliorent entre le Portugal et l'Espagne. Ne sachant que faire de ce territoire inexploitable, et le souverain espagnol Charles III souhaitant que son pays puisse lui aussi commercer avec l'Afrique, et pratiquer la traite négrière, la reine Marie Ire de Portugal l'échange ainsi que l'île de Fernando Poo et l'accès à la partie continentale à leurs abords, contre des territoires espagnols en Amérique du Sud. Cet échange se déroule à travers deux traités, le traité de San Ildefonso (1777), et le traité du Pardo (1778)[11]. Le monarque espagnol fait alors monter une expédition, celle du Comte d'Argelejos, mais celle-ci se solde par un échec : les Annobonais disent clairement qu'ils ne reconnaissent aucune souveraineté et se rebellent[12]. Les Espagnols sont obligés de se retirer.

La colonisation espagnole ne prendra effet dans le golfe de Guinée qu'à partir de l'expédition du capitaine Juan José Lerena y Barry (es) en 1843[13]. À Annobon, elle ne sera effective qu'en 1885 à l'arrivée des missionnaires clarétins[14]. C'est grâce à l'installation permanente de cette mission dans l'île qu'en 1886, elle résiste à une tentative de conquête allemande[15]. La colonisation espagnole dure jusqu'en 1968, date de l'indépendance de la Guinée Equatoriale, ex-Guinée espagnole, à laquelle l'île est rattachée.

Le premier président de la Guinée Équatoriale est Macias Nguéma, élu démocratiquement et issu de l'ethnie Fang, qui vit sur la partie continentale du pays et qui est majoritaire. Il vit dans la peur constante de coups d'État et devient très rapidement complètement paranoïaque. Dans ce contexte, il en vient même à menacer la vie des insulaires qui sont victimes de leur réputation historique de rebelles. C'est ainsi qu'en 1975, alors qu'une épidémie de choléra sévit dans l'île, les embarcations venues de l'étranger avec des vaccins et des médicaments n'ont pas le droit de débarquer. Un autre scandale vient assombrir la vie des habitants, celui de fûts contenant des déchets radioactifs qui auraient été, toujours pendant la présidence de Macias Nguema, envoyés par le fond aux abords de l'île. Force est alors de constater que des maladies apparaissent, que le poisson se fait plus rare, et il faudrait étudier plus avant la question : les cocotiers se mettent à mourir les uns après les autres, alors qu'ils sont un des piliers de la cuisine traditionnelle annobonaise.

Climat

La température oscille pendant toute l’année entre 20 et 30 degrés (la température minimale est de 18 degrés, celle maximale de 30 degrés). Il n’y a que deux saisons :

  • tendaua (l’hiver), d’octobre à avril, qui est la saison la plus humide ;
  • jalma (l’été), de mai à juillet.

À cela s'ajoute une période intermédiaire appelée Sasá (pendant août et septembre), qui est la saison des ouragans.

Langues

L'espagnol et le français sont les langues officielles de la Guinée équatoriale, mais à Annobón on parle aussi le fá d’Ambô, une langue créole à base lexicale portugaise.

Notes et références

  1. http://www.guineaecuatorialpress.com/noticia.php?id=120&lang=fr
  2. Gérard L. Chouin et al., chap. 10 « Igbo-Ukwu, Ifé et les régions du golfe de Guinée », dans François-Xavier Fauvelle (dir.), L'Afrique ancienne : De l'Acacus au Zimbabwe, Belin, coll. « Mondes anciens », , 678 p. (ISBN 978-2-7011-9836-1), p. 289-290.
  3. Arquivo nacional Torre do Tombo (IANTT) à Lisbonne, Livro das Ilhas, fl. 126
  4. IANTT, Cav., X-11-6, publié dans Antonio Brasio, M.M.A., Volume XV, 1986, "Alavara sobre o foral a guardar na ilha de Ano Bom (16/04/1543)», p.139 à 142
  5. IANTT, Chancelaria de D. Sebastião, Livro 20, fol.265-268v
  6. Antonio Brasio, Monumenta Missionaria Africana, vol. XII, 1981, document n°143, p.358, document se trouvant à l'Arquivo histórico ultramarino (AHU) à Lisbonne, fonds Angola, Cx 7 - Cod.16, fl.32)
  7. AHU, Fonds Rio de Janeiro, Sao Paolo, Consecho Ultramarino, Codice 16, fol.140 v°, « Carta do Governador de S. Tomé R. Silva do 23 agosto 1664 ».
  8. Archives nationales, Marine, B/3/212, fol.234 à 236 : « colonies d'Annobón ». Lettre écrite à Nantes le 29 juillet 1713, à l'attention de M. Luzancay, Commissaire ordonnateur – Nantes par Mancay et Jacint Creus Boixaderas, Jean-Marc Lefebvre, Gustau Nerin, Ernst Pijning, Valérie de Wulf, La Guinée équatoriale aux Archives nationales (XVIIIe-début XXe siècles), Paris, L'Harmattan, Association France-Guinée équatoriale, 2015
  9. AHU, Fonds São Tomé, Cx 9, doc.43, « Decreto de D. José recompensando o senhorio e alcaide-mor de Ano Bom, Antonio Couceiro de Abreu e Castro, em virtude da incorporação da referida ilha nos bens da Coroa (Lisbonne, 24/03/1755) ».
  10. AHU, Fonds São Tomé, Cx 13, doc.15, « Declaração feita por alguns moradores (16/02/1771)
  11. Archives générales de Simancas, Estado 7411 bis, folio 6 (p.4): « Tratado de Amistad, Garantia y Comercio... (24/03/1778) »
  12. (Archives de la Marine, Madrid), MS 469, José Varela y Ulloa, « Rapport du 12/03/1779 »
  13. Communiqué au Ministre d'État du 22 mai 1843, cité dans Jeronimo Mariano Usera, Memoria de la Isla de Fernando Póo, s.l., s.Imp., 1852, p.9 à 12, et Abelardo de Unzueta y Yuste, 1945, p.174 à 175
  14. Cristobal Fernandez Misiones y misioneros en La Guinea española (1883-1912), Madrid, Ed. Co-cul, 1962, p.180
  15. Segunda Memoria d'Armengol Coll, Madrid, Imp. Ibéricas, 1911, 2e éd., p.157

Voir aussi

Bibliographie

  • Jacint Creus Boixaderas, Jean-Marc Lefebvre, Gustau Nerin, Ernst Pijning, Valérie de Wulf, La Guinée équatoriale aux Archives nationales (XVIIIe-début XXe siècles), Paris, L'Harmattan, Association France-Guinée équatoriale, 2015, 170 p. (ISBN 978-2-343-08099-4)
  • Pedro Bodipo Lisso, Annobón : su tradición, usos y costumbres, Paris, L'Harmattan, Association France-Guinée équatoriale, 2015, 154 p. (ISBN 978-2-343-06437-6)
  • Valérie de Wulf, Tome 1 - Histoire de l’île d’Annobón (Guinée Équatoriale) et de ses habitants du XVe au XIXe siècle, Paris, L'Harmattan, Association France-Guinée équatoriale, 2013, 348 p. (ISBN 978-2-343-03397-6)
  • Valérie de Wulf, Tome 2 - Les Annobonais, un peuple africain original, Paris, L'Harmattan, Association France-Guinée équatoriale, 2013, 234 p. (ISBN 978-2-343-03399-0)
  • (en) Elliot Arthy, A description of the island of Anno-Bona : shewing its eligibility and importance as an occasional place of resort for our Guinea-men, East-Indiamen, Botany-Bay-men, and ships carrying passengers to the Cape of Good Hope; also, as a naval and military station, to foster and protect our increasing commerce to the western coast of Africa. With a map and fine views of the island; and an appendix; containing a letter addressed to William Wilberforce M.P. on the causes and prevention of sickness and mortality among seamen employed in the African trade, Printed for the author, by Carpenter and Son, London ; and sold by ... J. Gore, Liverpool, 1820, 47 p.
  • (en) Peter Jones et Alan Tye, The birds of São Tomé & Príncipe, with Annobón, islands of the Gulf of Guinea : an annotated checklist, British Ornithologists' Union, British Ornithologists' Club, Oxford, 2006, 172 p. (ISBN 0907446272)
  • (es) Aurelio Basilio, Caza y pesca en Annobón : aves de la isla, la pesca de la ballena, Instituto de Estudios Africanos, Consejo Superior de Investigaciones Científicas, Madrid, 1972, 108 p.
  • (es) Cuentos annoboneses de Guinea Ecuatorial (compil. Jacint Creus et Maria Antònia Brunat), Centro Cultural Hispano-Guineano, Malabo, 1992, 197 p. (ISBN 8460432149)
  • (es) Miguel Zamora Loboch, Noticia de Annobon. (Su geografia, historia y costumbres), Papeleria Madrileña Mayor, Madrid, 1962, 89 p.
  • (fr) Sorela (Lieut.), Les possessions espagnoles du golfe de Guinée : leur présent et leur avenir, A. Lahure, Paris, 1884, 46 p.

Articles connexes

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