Annie Cohen-Solal

Annie Cohen-Solal, née à Alger en , est une historienne, biographe, essayiste et conférencière française surtout connue pour ses travaux sur Jean-Paul Sartre, le galeriste New-Yorkais Leo Castelli, ainsi que le peintre Mark Rothko et l'influence de ces derniers sur l'émergence et la construction d’un art contemporain américain. Ses ouvrages, attentifs au concept de cosmopolitisme sont à la croisée des champs d'étude de l'histoire littéraire, l'histoire de l'art ou l'histoire sociale et participent d'approches historique, sociologique et anthropologique.

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Biographie

Après une thèse sur Paul Nizan avec Annie Kriegel et Michel Décaudin, Annie Cohen-Solal rencontre l'éditeur André Schiffrin qui lui commande une biographie de Jean-Paul Sartre. Publié en 1985[1],[2],[3], l'ouvrage est traduit en seize langues[4].

Elle est ensuite nommée conseillère culturelle auprès de l'Ambassade de France aux États-Unis, en résidence à New-York, poste qu'elle occupe de 1989 à 1993[5].

Annie Cohen-Solal a enseigné à la Freie Universität (Berlin), à l'université hébraïque de Jérusalem, à l'Université de New York, à l'Université de Caen[5], à l'EHESS[6] et à l'École Normale Supérieure[7].

En 2014, conseillère spéciale d'Alain Seban, alors Président du centre Pompidou, elle est commissaire de l'exposition : Magiciens de la Terre : retour sur une exposition légendaire, aux côtés de Jean-Hubert Martin. Elle est aussi Commissaire d'exposition au Musée Picasso[8] et au Musée de l'Immigration.

Depuis 2015, Annie Cohen-Solal est membre du conseil d'administration de Paris College of Art[9], et membre du jury du Latvian Architecture Award. Elle rejoint le jury du Evens Art Prize (Anvers) en 2016.

Recherches

Dès ses premiers travaux, Annie Cohen-Solal associe au travail d'archive de l'histoire traditionnelle des techniques d'histoire orale empruntées à l’ethnographie et à l’anthropologie. Elle développe alors un intérêt pour la dimension de l’interculturel[10], tout en s'attelant à comprendre le social par le biais de l'enquête.

À New York, sa rencontre avec le marchand d'art Leo Castelli l'amène à s'intéresser au monde de l'art. En 2000, après une longue enquête, elle publie Un jour ils auront des peintres, l'avènement des peintres américains : Paris 1867-New York 1948[11], qui obtient le prix Bernier de l'Académie des beaux-arts[12], et est traduit en anglais, italien et néerlandais. Annie Cohen-Solal décloisonne la pensée de l'art en histoire pour mettre en lumière les différents réseaux d’acteurs qui rendirent progressivement possible la construction d’un art américain. En s'inscrivant dans une perspective de micro-sociologie inter actionniste, elle développe une analyse portant sur les configurations inédites qui ont permis l'émergence d'un art américain. En 2000, ce travail a donné lieu à une série de 25 émissions pour France-Culture : de Frederic Church à Jackson Pollock, la marche héroïque des peintres américains[13].

À l'occasion du centenaire de Sartre en 2005, sa tournée de conférences internationales l'a conduite au Brésil, où elle a envisagé, avec Gilberto Gil, la création d'une chaire Sartre à l'université de Brasilia[7].. Puis elle a co-dirigé l'organisation de la Nuit Sartre, à l'ENS, faisant intervenir des élèves et des chercheurs aussi bien philosophes qu'historiens ou géographes, et animé un séminaire de recherches « Géopolitique de Sartre » (2013)[7].

En 2009, elle publie Leo Castelli et les siens, la première biographie culturelle du grand marchand d'art Leo Castelli[14],[15] , en suivant sa trajectoire familiale depuis les origines de sa famille dans la Toscane de la Renaissance jusqu'aux États-Unis du XXe siècle. En 2010, ce livre obtient le prix Artcurial[16] pour le meilleur livre sur l'art contemporain, traduit en turc, chinois, anglais, italien, néerlandais, espagnol et portugais, etc. Le , Annie Cohen-Solal est faite chevalier de la Légion d'honneur par l'ambassadeur de France, Pierre Vimont, au consulat général de France à New York[5].

Dans le cadre de son travail sur l'art, les artistes et les circulations intellectuelles et sociales, Leon Black lui commande une' recherche sur Mark Rothko, l'ouvrage achevé, il est aussi traduit en plusieurs langues. Cette œuvre, qui suit la trajectoire sociale et géographique du peintre, révèle comment cet enfant Juif immigré aux États-Unis à l'âge de dix ans, devient un véritable agent de transformation du pays, parvenant à faire exister dans son art les différentes aires culturelles auxquelles il appartient, notamment dans la Chapelle Rothko (Houston, Texas) commandée par la famille de Menil et inaugurée en 1971[17],[18].

Attentive au concept de cosmopolitisme en histoire, le New York 1945-65, qu'elle co-signe avec Paul Goldberger et Robert Gottlieb (2014)[19] revient sur l'émergence de la ville de New York comme capitale culturelle du monde.

Et publiant le catalogue Magiciens de la terre : retour sur une exposition légendaire (avec Jean-Hubert Martin) aux éditions du Centre Pompidou et Xavier Barral (2014), Annie Cohen-Solal participe au décloisonnement des discours sur l'art, introduisant dans les musées des outils d'analyse anthropologique et socioculturel [20],[21]. Cet ouvrage éclaire le rôle pionnier de l'exposition de 1989, qui ouvre la scène artistique française aux artistes contemporains non-occidentaux, qui n'avaient jamais été exposés auparavant dans le monde occidental. Toujours en lien avec sa vision globale des flux artistiques, la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence lui a confié l’essai du catalogue de l’exposition sur l’artiste Christo (2016). Avec l’historien Jeremy Adelman (en) (de l'université de Princeton), elle a été co-directrice d’un groupe de chercheurs à l'université Stanford, sur le thème « Crossing Boundaries » en 2015[22].

Depuis 2016, continuant de croiser l'histoire de l'immigration et l'histoire de l'art, elle a concentré ses recherches sur Picasso l'étranger[23], qui donneront lieu à un ouvrage publié aux éditions Fayard (un étranger nommé Picasso), à une exposition au Musée National de l'Histoire de l'immigration, en partenariat avec le musée Picasso[8].

Œuvres

Notes et références

  1. Yves Florenne, « Le « Sartre » d’Annie Cohen-Solal », Le Monde Diplomatique, (lire en ligne).
  2. Paul Chanel Malenfant, « Annie Cohen-Solal, Sartre 1905-1980, Paris, Gallimard, 1985, 728 p. », Urgences, (lire en ligne) via érudit.org.
  3. Francine Bordeleau, « Le statut précaire du biographe , Annie Cohen-Solal. Sartre 1905-1980. Paris, Gallimard, 1985 », Nuit Blanche, Magazine littéraire, no 22, février–mars–avril 1986 (lire en ligne [PDF]).
  4. « Annie Cohen-Solal », sur www.franceculture.fr
  5. Catherine Cusset, « Annie Cohen Solal, la guerrière », French morning, (lire en ligne).
  6. Annie Cohen-Solal, «  Politiques et pratiques culturelles en France et aux États-Unis : Médiateurs culturels et capteurs de modernité dans le monde des arts plastiques entre Paris et New York », Annuaire de l’EHESS, Comptes rendus des cours et conférences, (lire en ligne).
  7. savoirs.ens, conférencier.
  8. Musée Picasso Pablo Picasso et Gertrude Stein-une rencontre de migrants à Paris au début du xxe siècle, Annie Cohen-Solal, 28 mars 2015.
  9. Paris College of Art, Annie Cohen-Solal, Board member.
  10. Yves Winkin sous la dir. de Khadiyatoulah Fall, Daniel Simeoni, Georges Vignaux, Mots, représentations, Enjeux dans les contacts inter ethniques et inter culturels, Ottawa, Les Presses de l'Université d'Ottawa, , Article « Emergence et développement de la communication inter culturelle aux Etats-Unis et en France »
  11. (en) Alan Riding, « Arts Abroad; French Writer Explores Two Cultures Entwined », The New York Times, (lire en ligne).
  12. « Annie Cohen-Solal primée par les Beaux-Arts », Libération, (lire en ligne).
  13. Caroline Bonnefond, « Pinceaux d’Amérique », Libération, (lire en ligne).
  14.  Jean Christophe Castelain , « Annie Cohen-Solal, Leo Castelli et les siens », Le Journal des arts, (lire en ligne).
  15. Katia Schneller, « Annie Cohen-Solal. Leo Castelli et les siens : Notes de lecture », Critique d’Art, no 35, (lire en ligne)
  16. (es)Planeta de libros, Annie Cohen-Solal.
  17. (en) Yaëlle Azagury, « Mark Rothko: 'Toward the Light in the Chapel', by Annie Cohen-Solal », The New York Times, (lire en ligne).
  18. (en) « With a Big Sale Looming, a New View of Rothko », sur www.nytimes.com,
  19. (en) New York Mid-Century, [présentation en ligne].
  20. El Hadji Malick Ndiaye, « Cohen-Solal, Annie & Martin, Jean-Hubert (dir.), Magiciens de la terre : Retour sur une exposition légendaire, Paris, Éditions du Centre Pompidou, Éditions Xavier Barral, 2014, 400 p., bibl., ill. », Cahiers d’études africaines, no 223, (lire en ligne).
  21. « Magiciens de la terre / Colloque 2014 - 2ème journée », sur www.centrepompidou.fr
  22. (en)Crossing Boundaries.
  23. LDiebold, « Picasso l'étranger », Les carnets de la Fondation des Treilles, (lire en ligne).
  24. Compte rendu de lecture Bensoussan Georges, « Annie Cohen-Solal, Sartre 1905-1980, Collection Folio. Essais, 1989, compte rendu », Raison présente , (lire en ligne).
  25. Compte rendu de lecture Benjamin Bélair, « Cohen-Solal Annie, Jean-Paul Sartre, Paris, Presses Universitaires de France, 2005 », Horizons philosophiques, vol. 16, no 2, (lire en ligne).

Liens externes

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