Andrée Geulen

Andrée Geulen est née le 6 septembre 1921 dans une famille de la bourgeoisie libérale bruxelloise. Elle épouse Charles Herscovici en 1948. Ils ont deux filles : Anne et Catherine Herscovici[1]^,[2].

En 1942, alors jeune enseignante de 21 ans à Bruxelles elle assiste à la stigmatisation de ses élèves juifs, obligés de porter l'étoile jaune[3].

Elle rencontre Ida Sterno, assistante sociale, qui lui demande de rejoindre le Comité de défense des Juifs (CDJ), dans la section "enfance" avec Hertz et Yvonne Jospa et Maurice Heiber[4]^,[5].

Par ailleurs suite à la mission de Victor Martin[6], elle sait quel destin attend ces juifs.

Durant deux ans elle organise la sortie des enfants juifs de leur famille d’origine et leur séjour dans des familles belges et dans des pensionnats. Ce réseau maintient le contact avec ces enfants placés et les déplace selon les nécessités pour prévenir les risques. Un registre secret, tenu par Estera Heiber-Fajersztejn (appelée « Madame Pascale »), l'épouse de Maurice Heiber établit la correspondance entre le nom originel de l’enfant, sa famille d’origine et son nom d’emprunt via un numéro de référence.

Elle quitte le domicile familial et s'installe dans l'école où elle enseigne, l'école Gatti de Gamond, où douze enfants juifs sont par ailleurs cachés à l'initiative de la directrice, Odile Ovart[4]. En mai 1943, les Allemands font une descente dans l’école au milieu de la nuit. Seuls les enfants juifs sont alors présents, les autres élèves étant en vacances dans leurs familles. Les enfants sont arrêtés et les enseignants interrogés. Odile Ovart et son mari Rémy Ovart, sont arrêtés et déportés. Ils mourront en camp de concentration et seront reconnus Justes parmi les nations. Andrée Geulen entre alors en clandestinité et continue ses activités de sauvetage aux côtés d'Ida Sterno qui est elle aussi arrêtée en mai 1944[4].

Après la guerre, elle s'emploie à rendre les enfants à leurs parents ou d'autres proches. Elle a accompagné plus de 300 enfants juifs dans un lieu où ils sont cachés et leur a permis d'échapper à l'arrestation. Au total, grâce au Comite de défense des juifs, ce sont près de 4.000 enfants qui ont échappé à la déportation[2].

Andrée Geulen devient communiste comme beaucoup d'autres résistants[7].

Dans les années 1950, elle assure la diffusion de la revue ''Les Lettres Françaises'' et organise des conférences littéraires auxquelles participent, entre autres, Paul Eluard et Claude Roy. Le couple Geulen-Herscovici accueille des militants pour la paix des quatre coins du monde.

En mai 1991, elle participe à la première Réunion Internationale des enfants juifs cachés pendant la Seconde Guerre Mondiale à New-York[7].

En 1979, Andrée Geulen est un des intervenants du film documentaire ''Comme si c'était hier'' réalisé par Myriam Abramowicz qui traite du sauvetage des enfants juifs[8].

En 1989, Andrée Geulen est reconnue Juste parmi les nations et le 18 avril 2007 reçoit la nationalité israélienne à titre honorifique lors d’une cérémonie à Yad Vashem[4], à l'occasion d'une Réunion internationale des enfants juifs cachés qui se tient à Jérusalem[7]. En acceptant ces marques de reconnaissance, Andrée Geulen a dit : « Ce que j’ai fait était mon simple devoir. Désobéir aux lois de l’époque était la chose normale à faire. »

En 2003, Bernard Balteau et Frédéric Dumont réalisent le film "Un simple maillon"dans lequel elle raconte ses souvenirs, mettant en lumière le rôle des femmes dans le réseau[9]^,[10].

Andrée Geulen-Herscovici s'est vue décerner le "Prix du Mensch de l'année 2004" par le Centre communautaire laïc juif (CCLJ, Bruxelles), prix qui honore une personnalité de la communauté juive de Belgique pour son humanisme.

Des pavés de la mémoire sont posés à Woluwe St Pierre, à l'emplacement internat du Lycée royal Gatti de Gamond, en hommage aux enfants juifs victimes de la rafle de mai 1943, d'Odile et Rémy Ovart[11].

• Un simple maillon film documentaire de Frédéric Dumont et Bernard Balteau dans lequel Andrée Geulen raconte comment 12 femmes du Comité de Défense des Juifs se sont organisées en Belgique occupée pour sauver des milliers d'enfants. Production Les Films de la Mémoire, RTBF, WIP.
• Les enfants sans ombre film documentaire de Bernard Balteau. L'histoire de Shaul Harel précédemment Charlie Hilsberg, revenant 62 ans plus tard sur les traces de sa vie d'enfant caché et en faisant le récit à ses deux filles. Production RTBF et Dérives. 2009
• Irena Sendler citoyenne de Varsovie (1910-2008)
• Louis-Joseph Kerkhofs, évêque de Liège (1878-1962)
• Charles-Marie Himmer, évêque de Tournai (1902-1994)
• Édouard Froidure (1899-1971)
• Yvonne Jospa (1910-2000)
• Hertz Jospa (1904-1966)
• Henri Reynders (1904-1981)
• Maurice Heiber