André Kaminker

André Kaminker, né le [1] à Saint-Gratien (Val-d'Oise) et mort le à Neuilly-sur-Seine, père de l'actrice Simone Signoret, est un traducteur et interprète français d'origine polonaise[2],[3],[4],[5], qui a rejoint la France Libre pendant la Seconde Guerre mondiale.

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Biographie

Origines familiales

André Kaminker est issu d'une famille juive de l'Empire d'Autriche-Hongrie : son père Henry (Henryk en polonais, Heinrich en allemand) Kaminker, né à Cracovie en 1855[6] et mort à Anvers en 1914, était l'époux d'Ernestine Hirschler, née à Vienne en 1866 et morte en 1949. Ils ont eu un autre fils, Georges (1890-1969)[7], qui a aussi fait une carrière d'interprète de conférence.

Jeunesse et acquisition de la nationalité française

Henry Kaminker étant diamantaire vit principalement à Anvers. André passe sa jeunesse dans cette ville où il est scolarisé en français (tout en apprenant le néerlandais). Il fait des études supérieures à l'Université libre de Bruxelles (droit et philosophie)[8].

Étant né en France, il a la possibilité[9] d'opter pour la nationalité française à sa majorité, ce qu'il fait en 1909. Devenu citoyen français, il effectue son service national de 1909 à 1911 comme aérostier[10].

Première guerre mondiale et suites

Il est mobilisé en 1914 et versé dans l'infanterie.

À la fin du conflit, il décide de rester dans l'armée comme fonctionnaire civil (juriste) et est affecté aux troupes d'occupation en Rhénanie ; il s'occupe des problèmes de restitution des biens saisis par les Allemands en Alsace-Lorraine[11].

Le 10 juin 1920[12], il épouse à Paris (17°) une Française, Georgette Signoret (1896-1984), née à Paris d'un père marseillais, l'artiste-peintre Charles Signoret[13] (1867-1932) et d'une mère hennuyère, Léonie Dubois.

C'est en Allemagne, à Wiesbaden, que naît leur fille aînée, Simone.

Carrière ultérieure

La famille rentre en France en 1923.

Par la suite, André Kaminker est journaliste à la station de radio du Poste Parisien, où il travaille avec Jacques Paul Bonjean[2]. En 1933, il réalise une traduction simultanée (chose inhabituelle à l'époque) du discours que Hitler prononce à Nuremberg à la suite de sa prise de pouvoir[14].

En 1940, il rejoint la France Libre et devient speaker à Radio Brazzaville[2],[15], tandis que sa famille reste en France.

Après la Libération, il travaille comme interprète à l'ONU en cours de création[2] et est envoyé en tant qu'observateur au procès de Nuremberg, car on y pratique pour la première fois de façon systématique l'interprétation simultanée ; plus tard, il devient chef interprète au Conseil de l'Europe.

Il participe, aux côtés de Constantin Andronikof (OECE) et de Hans Jakob (UNESCO) à la création, le 11 novembre 1953[16], de l'Association internationale des interprètes de conférence dont il devient le président[17].

Famille

Après Simone, André et Georgette Kaminker ont eu deux fils[2] :

  • Alain, né en 1930 ;
  • Jean-Pierre, né en 1932 à La Baule, agrégé de grammaire, docteur en sciences du langage, militant syndical SNES, puis SNESup[18], maître de conférences à l'université de Perpignan de 1969 à 1996, auteur d'un ouvrage sur la condition des Juifs dans le département de Vaucluse pendant la guerre, La Persécution contrariée (Georgette Kaminker et ses deux fils ont vécu à Valréas en 1943 et 1944).

Notes et références

  1. Cf. acte de naissance sur AD95 en ligne, Saint-Gratien, 1888, Registres d'état civil, vue 153/386, acte n° 60 du 20 juillet 1888 (l'acte donne la date de "1884"). Henry Kaminker, déclarant, est donné comme « négociant en diamant », résidant « habituellement à Paris, 29 rue de Châteaudun, et en ce moment à Saint-Gratien, 22 rue de Catinat ».
  2. Simone Signoret. Mémoires de Guerre.
  3. (en)Simone Signoret Trivia. IMDb.
  4. Simone Signoret Biographie & informations. Babelio.
  5. Véronique Chemla. Simone Signoret (1921-1985. mercredi 14 février 2018.
  6. En 1855, Cracovie faisait partie de l'empire d'Autriche, et à partir de 1867, de l'Empire d'Autriche-Hongrie. Cracovie avait fait partie de la Pologne jusqu'en 1795, de l'Autriche de 1795 à 1809, du duché de Varsovie de 1809 à 1815, et de 1815 à 1846, avait eu le statut de ville libre. Le père d'Henry était Jacob Kaminker (1817-1908).
  7. (en) André Kaminker. Geni.com.
  8. Cf. notice biographique sur le site AJPN (Anonymes Justes et Persécutés durant la période Nazie).
  9. Article 9 du Code civil de 1804 : « Tout individu né en France d’un étranger, pourra, dans l’année qui suivra l’époque de sa majorité, réclamer la qualité de Français : pourvu que, dans le cas où il résiderait en France, il déclare que son intention est d’y fixer son domicile ; et que, dans le cas où il résiderait en pays étranger, il fasse sa soumission de fixer en France son domicile, et qu’il l’y établisse dans l’année à compter de l’acte de soumission. »
  10. Cf. notice biographique sur le site AJPN.
  11. Cf. notice biographique sur le site AJPN
  12. Cf. acte de naissance d'André Kaminker, note 1.
  13. Cf. notice sur le site Artnet.
  14. Cf. article « L’interprétation de conférence en tant que profession et les précurseurs de l’Association Internationale des Interprètes de Conférence (AIIC) 1918-1953 », Meta, septembre 2004, page 30.
  15. Un Français Libre parmi 53745.
  16. Cf. page Histoire de l'AIIC Une association professionnelle et un syndicat
  17. Cf. article « L'interprétation de conférence... », page 28.
  18. Cf. notice biographique dans le dictionnaire biographique Maitron.

Voir aussi

Article connexe

Lien externe

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