Ambre des Charentes

L'ambre des Charentes est l'ambre de gisements crétacés dans des localités du sud-ouest de la France, au nord de la région Nouvelle-Aquitaine. De tous les gisements français d'ambre, ceux des Charentes comptent parmi les dépôts qui renferment le plus d'inclusions biologiques[1] ; ils intéressent donc particulièrement les paléontologues.

Ambre des Charentes

Vue de dos du spécimen holotype MNHN A30088 Gerontoformica cretacica dans l'ambre charentais datant d'environ 100 Ma
Localisation
Coordonnées 45° 52′ 15″ nord, 0° 42′ 26″ ouest
Pays France
Région Nouvelle-Aquitaine
Départements Charente, Charente-Maritime
Informations géologiques
Période Cénomanien
Âge
94–100 Ma
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Nouvelle-Aquitaine
Géolocalisation sur la carte : Charente
Géolocalisation sur la carte : Charente-Maritime

En 2010 sur les cinquante-cinq localités contenant de l'ambre crétacé en France, on en dénombre dix en Charente et Charente-Maritime[1].

Localités

Les premières descriptions, qui datent du début du XXe siècle, portent sur l'ambre de la Pointe de la Fumée dans la commune de Fouras[1]. Les dix zones d'affleurement d'ambre des Charentes connues aujourd'hui sont situées dans la région côtière du sud-ouest de la France ainsi que dans des affleurements temporaires (carrières et travaux routiers)[1]. La plus grande partie des quelque 100 kg d'ambre obtenus au cours d'une exploration scientifique systématique provient d'un affleurement à Archingeay[1].

Âges

Presque tous les sédiments dans lesquels l’ambre a été trouvé datent du Cénomanien (94-100 millions d'années) ; et, dans une moindre proportion d'un âge plus ancien (Albien)[1]. Cette partie du Crétacé étant marquée par une élévation du niveau de la mer et des températures, les Charentes sont alors parsemées de lagons, avec un climat tempéré chaud, conditions propices à l'épanouissement de la faune et de la flore[1].

Inclusions biologiques

Vue du spécimen holotype MNHN A30165 Gerontoformica occidentalis, dans l'ambre charentais datant d'environ 100 Ma.

C'est dans les dernières décennies seulement que les inclusions d'animaux et de végétaux piégés dans la résine ont pu être analysées. En effet, 80% de l'ambre récolté est opaque, ce qui rend impossible l'examen des inclusions à l'aide de méthodes traditionnelles. La microradiographie et la microtomographie par rayons X ont permis de découvrir notamment des fourmis primitives, des araignées (Mecysmaucheniidae) (Araneae), une guêpe diapriidee (Hymenoptera), un grillon-taupe ; des pseudoscorpions (Arachnida), mais aussi des vers, des mouches, des crustacés et des plumes de dinosaures[1].

Selon Mathieu Grousson, l'extinction de masse du Crétacé-Paléogène qui a entraîné celle des dinosaures il y a 65 millions d'années n'aurait eu que peu d'effets sur les insectes ; nombre des insectes fossilisés dans l'ambre des Charentes, datant de 100 millions d'années, ressemblent aux insectes actuels[1].

Origine botanique

Les spectres IR indiquent que les résines ambrées sont dues à des représentants des Araucariaceae et des Cheirolepidiaceae. À Fouras trois taxons de conifères ont été identifiés (Agathoxylon, Podocarpoxylon, Brachyoxylon) et un Ginkgoxylon[2].

Propriétés de l'ambre

Le spectre de couleur de l'ambre charentais va du jaune transparent à l'orange et du rouge au brun opaque. L'ambre dur et généralement très cassant éclate facilement et n'est donc pas adapté au traitement des bijoux. La résine fossile ne contient pas d'acide succinique et est donc classée parmi les rétinites (en).

Exemples d'espèces découvertes dans l'ambre des Charentes

Faune

Archaemecys arcantiensis, Heurtaultia rossiorum, Gerontoformica cretacica...

Recherche archéologique

La question se pose pour les archéologues de savoir si les hommes de la Préhistoire ont utilisé l'ambre local charentais comme alternative à l'ambre de la Baltique, ainsi que cela a pu être observé en Espagne ; cependant l'analyse de perles protohistoriques découvertes en Charente montre quelles ne proviennent pas du gisement voisin mais qu'elles ont été importées des rivages de la Baltique[3].

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Didier Néraudeau, Ronan Allain, Vincent Perrichot et Blaise Videt, « Découverte d’un dépôt paralique à bois fossiles, ambre insectifère et restes d’Iguanodontidae (Dinosauria, Ornithopoda) dans le Cénomanien inférieur de Fouras (Charente-Maritime, Sud-Ouest de la France) », Comptes Rendus Palevol, vol. 2, no 3, , p. 221–230 (ISSN 1631-0683, DOI 10.1016/S1631-0683(03)00032-0, lire en ligne, consulté le ). 
  • D. Peyrot et D. Jolly, Apport de données palynologiques à la reconstruction paléoenvironnementale de l’Albo-Cénomanien des Charentes (Sud-Ouest de la France) ; In : Comptes Rendus Palevol 4 (2005) 151–165, Elsevier, 2005.
  • J. Dejax et E. Masure, Analyse palynologique de l’argile lignitifère à ambre de l’Albien terminal d’Archingeay (Charente-Maritime, France), In Académie des sciences. Publié par Elsevier SAS., 2005.
  • Vincent Perrichot et Didier Néraudeau, Charentes Amber. In : Biodiversity of Fossils in Amber from the Major World Deposits,, , Manchester (Royaume-Uni), Pp. 192-207. (ISBN 9780955863646).
  • Didier Néraudeau et Sébastien Manem, L'ambre crétacé des Charentes. Une alternative à l'ambre balte in Roches et Sociétés de la Préhistoire, Archaeologie & Culture, Publisher: Presses Universitaires de Rennes, Editors: Gregor Marchand, Guirec Querrer, pp.265-271, https://www.researchgate.net/publication/278802945_L%27ambre_cretace_des_Charentes_Une_alternative_a_l%27ambre_balte. lire en ligne, . 

Notes et références

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