Alpha Persei

Alpha Persei (α Per / α Persei), également nommée Mirfak, est l'étoile la plus brillante de la constellation de Persée, avec une magnitude apparente de 1,81[2]. Aux latitudes moyennes de l'hémisphère nord, il s'agit d'une étoile circumpolaire qui est donc visible toute l'année.

Alpha Persei
(α Per / α Persei)
Mirfak
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 03h 24m 19,370s[1]
Déclinaison 49° 51 40,25[1]
Constellation Persée
Magnitude apparente 1,806[2]

Localisation dans la constellation : Persée

Caractéristiques
Type spectral F5 Ib[2],[3]
Indice U-B 0,38[4]
Indice B-V 0,483[4]
Indice R-I 0,33[5]
Astrométrie
Vitesse radiale −2,04 km/s[6]
Mouvement propre μα = +23,75 mas/a[1]
μδ = −26,23 mas/a[1]
Parallaxe 6,44 ± 0,17 mas[1]
Distance 510 ± 10 al
(155 ± 4 pc)
Magnitude absolue –5,1[3]
Caractéristiques physiques
Masse 8,5 ± 0,3 M[2]
Rayon 68 ± 3 R[7]
Gravité de surface (log g) 1,90 ± 0,04[2]
Température 6 350 ± 100 K[2]
Métallicité –0,02 [Fe/H][8]
Rotation 20 km/s[9]
Âge 41 × 106 a[2]

Autres désignations

Mirfak, Mirphak, Marfak, Algeneb, Algenib, α Per, 33 Per (Flamsteed), HR 1017, HD 20902, SAO 38787, BD+49 917, FK5 120, HIP 15863, NSV 1125, WDS J03243 +4952A[10]

C'est une supergéante jaune-blanche située à environ 510 a.l. (156 pc) de la Terre. Elle fait partie de l'amas ouvert connu comme l'amas d'Alpha Persei, qui est facilement visible avec des jumelles et inclut plusieurs des étoiles plus faibles de Persée.

Environnement stellaire

Vue simulée de l'amas d'Alpha Persei dans Stellarium.

Dans la nouvelle réduction des données du satellite Hipparcos, Mirfak présente une parallaxe annuelle de 6,44 ± 0,17 mas[1], ce qui signifie qu'elle est distante de 510 a.l. (156 pc) de la Terre. Elle se rapproche quelque peu du Soleil avec une vitesse radiale de −2 km/s[6].

Mirfak est localisée au sein d'un amas d'étoiles nommé l'amas d'Alpha Persei ou Melotte 20, et qui comprend de nombreuses étoiles plus faibles de la constellation de Persée. La distance et l'âge de l'amas, similaires à Alpha Persei, confirment que l'étoile en fait bien partie[11]. Elle ne possède pas de compagnon stellaire connu qui l'orbiterait[12]. Le catalogue d'étoiles doubles de Washington lui recense toutefois un compagnon optique. Il s'agit d'une étoile de treizième magnitude qui, en date de 2002, était localisée à un angle de position de 198° et à une distance angulaire de 164 secondes d'arc[13].

Propriétés

Mirfak est une supergéante jaune-blanche de type spectral F5 Ib[2],[3] environ 8,5 fois plus massive que le Soleil[2]. Âgée de seulement 41 millions d'années[2], elle a évolué rapidement pour sortir de la séquence principale  où elle était probablement une étoile chaude de type B[11]  en raison de sa grande masse. Mirfak est devenue environ 60 fois plus grande que le Soleil[7] et 5 000 fois plus lumineuse que lui[11]. Sa température de surface est de 6 350 K[2], ce qui lui donne sa teinte jaune-blanche typique des étoiles de type F.

Dans le diagramme de Hertzsprung-Russell, Mirfak se trouve très près de la bande d'instabilité, au sein de laquelle se trouvent les variables céphéides[14]. Elle est donc utile dans l'étude de ces étoiles, qui sont des chandelles standards extrêmement importantes[11].

Mirfak possède un spectre similaire à Procyon A, même si cette dernière est bien moins lumineuse qu'elle. Cette différence est mise en avant par leur classement au sein de la classification MKK, publiée en 1943, où les étoiles sont rangées selon leur luminosité et leur type spectral. Procyon A est classée F5 IV[15], ce qui correspond à une étoile sous-géante, tandis que Mirfak est classée F5 Ib, ce qui correspond à une étoile supergéante peu lumineuse. Depuis lors, le spectre de l'étoile est demeuré un point d'ancrage stable à partir duquel les autres étoiles sont classées[16].

Possible exoplanète

La présence d'une planète orbitant Mirfak a été proposée en 2012, sur la base de la détection d'une variation périodique de sa vitesse radiale d'une amplitude de 70,8 ± 1,6 m/s. Cette planète aurait une masse minimale de 6,6 fois celle de Jupiter et aurait une période orbitale de 128 jours. Cependant, cette période de 128 jours, mesurée sur 20 ans, semble ne pas être stable sur le long terme et la planète demeure donc largement à confirmer. D'autres explications plus probables pour expliquer les variations de vitesse radiale ont de plus été avancées, comme par exemple des pulsations stellaires, ou un phénomène de « modulation rotationnelle » qui s'expliquerait par la présence de taches stellaires à la surface de l'étoile. D'autres publications précédentes avaient également trouvé des périodes de 87,7 jours ou de 77,7 jours, mais elles restent à confirmer[17].

Caractéristiques des planètes du système Alpha Persei
Planète Masse Demi-grand axe (ua) Période orbitale (jours) Excentricité Inclinaison Rayon
 Alpha Persei b  6,6 ± 0,2 MJ   0,97 ?   128 ± 3   0,1 ± 0,04 

Noms

α Persei est la désignation de Bayer de l'étoile. Elle porte également les noms traditionnels de Mirfak et d'Algenib, tous deux d'origine arabe.

Mirfak, également orthographié Mirphak, Marfak, Murfach ou Marfik[18] est issu de la phrase Mirfaq [al-Turayyā], qui signifie « le Coude [d’Al Thuraya] » (= des Pléiades)[19]. Algénib, également orthographié Algeneb, Elgenab, Gęnib, Chenib or Alchemb[20], dérive du terme الجنب al-Janb, traduit comme « le Flanc » ; à l'origine attribué à α Persei, ce nom a été déplacé vers γ Pegasi[19]. Le nom de Mirfak a été approuvé par l'Union astronomique internationale le , tandis que le nom d'Algénib a été attribué à γ Pegasi[21].

Dans l'astronomie hawaïenne traditionnelle, l'étoile est appelée Hinali'i. Ce nom commémore un grand tsunami et marque le début de la migration de Maui. Selon certaines légendes hawaïennes, Hinali'i serait le lieu où s'est matérialiséé la séparation entre la Terre et le ciel lors de la création de la Voie lactée[22].

Assemani[Lequel ?] fait allusion à un titre, Mughammid (مغمد), ou Muliammir al Thurayya (ملىمرٱلطرى), signifiant « le Receleur des Pléiades ». Il est marqué sur une globe de la famille Borgia, qui, d'après son emplacement, pourrait désigner α Persei[20].

Avec γ Persei, δ Persei, η Persei, σ Persei et ψ Persei, α Persei fait partie d'un groupe d'étoiles parfois nommé dans la littérature anglophone the Segment of Perseus le segment de Persée »)[20].

En astronomie chinoise, elle fait partie de l'astérisme Tianchuan, qui représente un bateau, et qui comprend, outre α Persei, γ Persei, δ Persei, η Persei, μ Persei, ψ Persei, 48 Persei et HD 27084[23].

Notes et références

  1. (en) F. van Leeuwen, « Validation of the new Hipparcos reduction », Astronomy & Astrophysics, vol. 474, no 2, , p. 653–664 (DOI 10.1051/0004-6361:20078357, Bibcode 2007A&A...474..653V, arXiv 0708.1752)
  2. (en) Leonid S. Lyubimkov et al., « Accurate fundamental parameters for A-, F- and G-type Supergiants in the solar neighbourhood », Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, vol. 402, no 2, , p. 1369–1379 (DOI 10.1111/j.1365-2966.2009.15979.x, Bibcode 2010MNRAS.402.1369L, arXiv 0911.1335)
  3. (en) A. Arellano Ferro, « Functional relationships for T_eff and log g in F-G supergiants from uvby-beta photometry », Revista Mexicana de Astronomía y Astrofísica, vol. 46, , p. 331–338 (Bibcode 2010RMxAA..46..331A, arXiv 1007.0771)
  4. (en) H. L. Johnson et al., « UBVRIJKL photometry of the bright stars », Communications of the Lunar and Planetary Laboratory, vol. 4, no 99, , p. 99 (Bibcode 1966CoLPL...4...99J)
  5. (en) Bright Star Catalogue, « Alpha Persei », sur Alcyone
  6. (en) J. C. Mermilliod, M. maior et S. Udry, « Red giants in open clusters. XIV. Mean radial velocities for 1309 stars and 166 open clusters », Astronomy & Astrophysics, vol. 485, no 1, , p. 303–314 (DOI 10.1051/0004-6361:200809664, Bibcode 2008A&A...485..303M)
  7. (en) Tyler E. Nordgren et al., « Stellar Angular Diameters of Late-Type Giants and Supergiants Measured with the Navy Prototype Optical Interferometer », The Astronomical Journal, vol. 118, no 6, , p. 3032–3038 (DOI 10.1086/301114, Bibcode 1999AJ....118.3032N, lire en ligne)
  8. (en) R. O. Gray, P. W. Graham et S. R. Hoyt, « The Physical Basis of Luminosity Classification in the Late A-, F-, and Early G-Type Stars. II. Basic Parameters of Program Stars and the Role of Microturbulence », The Astronomical Journal, vol. 121, no 4, , p. 2159–2172 (DOI 10.1086/319957, Bibcode 2001AJ....121.2159G)
  9. "(en) P. L. Bernacca et M. Perinotto, « A catalogue of stellar rotational velocities », Contributi Osservatorio Astronomico di Padova in Asiago, vol. 239, no 1, , p. 1 (Bibcode 1970CoAsi.239....1B)
  10. (en) * alf Per -- Variable Star sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  11. (en) James B. Kaler, « Mirfak », sur Stars
  12. (en) P. P. Eggleton et A. A. Tokovinin, « A catalogue of multiplicity among bright stellar systems », Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, vol. 389, no 2, , p. 869–879 (DOI 10.1111/j.1365-2966.2008.13596.x, Bibcode 2008MNRAS.389..869E, arXiv 0806.2878, lire en ligne)
  13. (en) Brian D. Mason et al., « The 2001 US Naval Observatory Double Star CD-ROM. I. The Washington Double Star Catalog », The Astronomical Journal, vol. 122, no 6, , p. 3466 (DOI 10.1086/323920, Bibcode 2001AJ....122.3466M)
  14. (en) Antoine Mérand et al., « Extended Envelopes around Galactic Cepheids. III. Y Ophiuchi and α Persei from Near-Infrared Interferometry with CHARA/FLUOR », The Astrophysical Journal, vol. 664, no 2, , p. 1093–1101 (DOI 10.1086/518597, Bibcode 2007ApJ...664.1093M, arXiv 0704.1825)
  15. (en) G. Ramanamurthy, Biographical Dictionary of Great Astronomers, Sura Books, , 242 p. (ISBN 978-81-7478-697-5, lire en ligne), p. 167
  16. (en) R. F. Garrison, « Anchor Points for the MK System of Spectral Classification », Bulletin of the American Astronomical Society, vol. 25, , p. 1319 (Bibcode 1993AAS...183.1710G, lire en ligne, consulté le )
  17. (en) B.-C. Lee et al., « Detection of the 128-day radial velocity variations in the supergiant α Persei. Rotational modulations, pulsations, or a planet? », Astronomy & Astrophysics, vol. 543, , A37 (DOI 10.1051/0004-6361/201118539, Bibcode 2012A&A...543A..37L, arXiv 1205.3840)
  18. (en) N. D. Kostjuk, « Alpha Persei », sur HD-DM-GC-HR-HIP-Bayer-Flamsteed Cross Index, Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  19. « Étymologie des noms arabes d'étoiles », sur selefa.asso.fr, Société d’Études Lexicographiques et Étymologiques Françaises & Arabes (consulté le ), p. 13
  20. (en) R. H. Allen, Star Names : Their Lore and Meaning, New York, Dover Publications Inc, (réimpr. 1963) (1re éd. 1899) (ISBN 0-486-21079-0, lire en ligne), p. 331
  21. (en) « Table 1: Star Names Approved by WGSN as of 20 July 2016 », Bulletin of the IAU Working Group on Star Names, no 1, (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  22. (en) « Astronomer charts skies in Hawaiian », Mālamalama, the Magazine of the University of Hawai'i System, vol. 29, no 2, , p. 8 (lire en ligne, consulté le )
  23. (zh) AEEA (Activities of Exhibition and Education in Astronomy) 天文教育資訊網 2006 年 7 月 11 日

Voir aussi

Articles connexes

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