Allée couverte de Lesconil

L'allée couverte de Lesconil, couramment nommée ti-ar-c'horriquet ou dans une graphie moderne ti ar c'horriged maison des korrigans » ou des nains, des lutins) et dite aussi anciennement ty-corriket[2], est une sépulture datant du Néolithique final. Elle est située au lieu-dit « Lesconil » sur la commune de Poullan-sur-Mer, proche de Douarnenez, dans le département du Finistère (France).

Allée couverte de Lesconil
ou Ty ar c'horriged

Vue du site
Présentation
Nom local Ti ar c'horriged ou ti-ar-c'horriquet
Chronologie Entre 3500 et 2000 av. J.-C., puis occupation tardive
Type dolmen
Période Néolithique final (principalement), âge du bronze et gaule romaine
Faciès culturel Mégalithisme
Protection  Classé MH (1922)[1].
Visite libre d'accès
Caractéristiques
Dimensions Chambre funéraire de 12 m de long
Matériaux Pierres
Géographie
Coordonnées 48° 05′ 31″ nord, 4° 22′ 46″ ouest
Pays France
Région Bretagne
Département Finistère
Commune Poullan-sur-Mer
Géolocalisation sur la carte : Finistère

Elle est parfois confondue avec l'allée couverte de Kerbalannec, située quelques kilomètres à l'ouest, à Beuzec-Cap-Sizun[3]. On ne doit pas confondre le site, non plus, avec ceux de la commune de Plobannalec-Lesconil, à environ 40 km au sud de Poullan-sur-Mer.

Description

Cet ensemble mégalithique, qualifié de « rare et curieux » par Paul du Châtellier, se trouve non loin du point culminant de la bute (à 200 m au sud-ouest du site), à environ 78 m d'altitude, et était probablement visible de loin avant son inclusion dans un bois.

Ce monument est une allée couverte « arc-boutée », de près de 12 m de long sur environ 2,15 m de large, composée de 18 monolithes. Elle comportait un contrefort de 27 pierres, dit péristalithe[4], soutenant les parois de la voûte du cairn.

Les pierres de la partie nord-ouest du péristalithe ont été extraites à une date indéterminée, lors de l'établissement du chemin longeant l'allée couverte.

Reconstitution et hypothèses

L'importance architecturale et culturelle des sépultures mégalithiques est, au Néolithique, sans précédent. Au IVe millénaire av. J.-C., les allées couvertes succèdent aux tombes à couloir, et sont généralement recouvertes d'un cairn de pierres et de terre que l'on nomme tumulus. Cela leur donne alors l'apparence de grottes artificielles.

Dans notre cas, l'allée couverte de Lesconil ne comportait pas ou ne comportait plus de tumulus, au XIXe siècle. Châtellier précise toutefois qu'ils l'ont « trouvée comblée jusqu'au rez du sol environnant[5] ».

On suppose que cette « maison des morts », centre de la vie religieuse où étaient probablement enterrés uniquement certains personnages de la communauté, structurait aussi la vie sociale et politique[6].

Fouilles et protection

Plan de l'allée mégalithique (1895)
E : pierre debout, plus petite
S : seuil de la galerie (fin du vestibule ?)
A : extrémité de la galerie
P et P' : haches et percuteur en diorite
R : vase romain
V et V' : vases dits dolméniques, à fond rond et à oreillettes
D : dalle fermant la galerie, consolidée par les pierres B et C (formant une cella ?)

Un sondage fut effectué, mi-juillet 1881, par l'abbé Jean-Marie Abgrall[7], premier à mentionner le site. Il en exhuma « presque à la surface supérieure » une urne fabriquée au tour et rempli de restes incinérés, de facture gallo-romaine[8].

Abgrall s'associa alors à Paul du Châtellier, un archéologue expérimenté et reconnu, afin de réaliser une fouille plus systématique, les 20, 22 et 23 août suivant[9].

La cavité fut d'abord débarrassée de son accumulation pierreuse et d'une couche de terre d'1,15 m d’épaisseur[10]. Ce premier décapage recelait aussi des fragments de poterie, des éclats de silex et des fragments de charbons.

Furent exhumés ensuite dans une couche d'argile jaune tassée de 25 cm de moyenne (le niveau d’occupation ?), et mêlée d'épaisses couches de cendre, deux vases à fond rond (dits alors « dolméniques »), des fragments de poteries, une hache en diorite polie, une petite hache en fibrolite, une pierre à concasser le blé[11] et une pointe de flèche.

Un résumé du rapport de fouilles, accompagné d'un plan du site, fut publié par Châtellier en 1895.

Le monument, alors sur un terrain privé, est classé le 18 mars 1922 à la demande d'Alfred Devoir et de Louis Capitan (la première demande faite par Châtellier datait de 1884), puis le site est acquis par l'État en 1970[réf. nécessaire].

Galerie photographique


Annexes

Notes et références

  1. « Allée couverte de Lesconil dite Ti-ar-c'horriquet », notice no PA00090312, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Cf. Abgrall 1923, p. 173.
  3. Voir, par exemple, dans Anita Six et Jérôme Le Bel, Le Patrimoine des Communes du Finistère, Charenton-le-Pont, Flohic éd., 1998, 2 vol. (Collection Le patrimoine des communes de France, 29) et l'autre article Allée couverte, Poullan-sur-Mer.
  4. Bordure de pierres espacées, éloignée du cairn.
  5. Cf. Châtellier 1895, p. 88.
  6. Voir la documentation présente sur le site (Étape du sacré en pays de Douarnenez : Station 1).
  7. alors professeur au collège de Pont-Croix et membre de la Société française d'archéologie. Cf. Dictionnaire critique des historiens de l'art, INHA.
  8. Elle est conservée au musée de préhistoire à Carnac. Cf. Jacq 1942, p. 77, n° 9. Châtellier (p. 88) indique, comme s'il avait été témoin de sa découverte, que « poussant toujours notre fouille vers le nord-est, en R nous avons rencontré, à 10 centimètres seulement sous la surface de notre tranchée, un vase fait au tour ».
  9. Cf. Abgrall 1923, p. 174. Mais, étonnamment, Châtellier (p. 88) indique que les fouilles ont eu lieu le 22 et 23 août 1891. On suppose une coquille.
  10. Certains doutent de ces mesures. Cf. Poullan, Tréboul, d'une paroisse à deux communes 2003.
  11. Cf. la synthèse faite par Abgrall, en 1923, p. 174.

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Patrick Galliou, Eric Philippe, Le Finistère, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, 2010 (1re éd. 1989), p. 367 (Carte archéologique de la Gaule, 29) (ISBN 978-2-87754-251-7).
    Très brève notice signalant, en plus que Abgrall 1923 et Jacq 1942, le vase romain fait au tour, et contenant des restes incinérés, trouvé au niveau supérieur de la chambre.
  • Poullan, Tréboul, d'une paroisse à deux communes, Poullan-sur-Mer, Poullann Gwechall Hag Hirio, 2003 (extrait).
    Guide indiquant sommairement les hypothèses actuelles.
  • Maurice Jacq, Catalogue du Muśee archéologique James Miln, Zacharie Le Rouzic : Monument historique. Carnac-Morbihan, Paris, Office des éditions universitaires, 1942, p. 77, n° 9 (en ligne).
    Notice muséographique du vase romain.
  • Jean-Marie Abgrall, « Souvenirs d'exploration [Galerie arc boutées de Lesconil, en Poulan] », dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 50, Quimper, Société archéologique du Finistère, 1923, p. 172-174 (en ligne).
    Description des fouilles en hommage à Paul du Châtellier, avec quelques rectifications factuelles et chronologiques, mais quarante ans après...
  • Paul du Châtellier, « Allée mégalithique en pierres arc-boutées de Lesconil-en-Poulan (Finistère) », dans Revue mensuelle de l'Ecole d'anthropologie de Paris, 5, Paris, F. Alcan, 1895, p. 88-90 et fig. 18 (ISSN 0994-9216) (en ligne).
    Rapport de fouille synthétique.

Lien interne

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