Ali Suavi

Ali Suavi Effendi (1839–1878) est un journaliste et activiste ottoman, connu pour la tentative de coup d'État qu'il a dirigé contre le sultan Abdülhamid II en 1878.

Biographie

Il naît en 1839[1] dans le quartier de Cerrahpaşa (tr) à Constantinople. Son père, Hüseyin Ağa, est originaire de Çankırı en Anatolie centrale ; sa mère est native de Constantinople.

Hostile au sultan Abdulaziz, Ali Suavi fait la rencontre en 1867 à Constantinople d'intellectuels comme Namık Kemal qui, animés par un idéal constitutionnaliste, veulent lutter contre l'absolutisme en se servant d'une presse de combat. Il collabore alors au Muhbir (« Le Rapporteur ») qui sera vite interdit. Arrêté, il doit s'exiler à Kastamonu[2], au bord de la mer Noire, puis part pour l'Europe. Il vit notamment à Londres, où il épouse une Anglaise, et à Paris, où il crée une revue bimensuelle, Ulûm (tr)[3].

En , l'abdication d'Abdulaziz et l'arrivée au pouvoir de Mourad V, franc-maçon et libéral, lui permet de retourner à Constantinople au cours de l'été. Mais, dès le , le sultan est déposé par son frère Abdülhamid II, et enfermé dans le palais Çırağan.

En , dans une période de grave crise pour l'Empire ottoman (la guerre avec la Russie menace), Ali Suavi est nommé par Abdülhamid II directeur du lycée de Galatasaray. Un choix sans doute dicté par son ralliement au sultan et au fait qu'il est un intellectuel d'un certain renom. Dans un rapport sur la situation de l'école, Ali Suavi critique les méthodes de gestion du lycée. Il dénonce notamment le déséquilibre en faveur des non-musulmans (notamment bulgares) à la fois au niveau du nombre (ils sont alors 377 contre 162 musulmans), et de l'octroi des bourses qui leur est plus favorable. Il entreprend donc une politique de rééquilibrage, mais en attendant, sa gestion contribue surtout à désorganiser l'institution, si bien qu'il est démis de ses fonctions par le sultan après moins d'un an d'expérience[4].

Le , Ali Suavi et un groupe composé majoritairement de réfugiés musulmans des Balkans (les Muhacir (tr)), attaquent le palais Çırağan pour tenter de libérer l'ex-sultan Mourad V. La nouvelle de cette tentative de coup d'État provoque un début de panique dans les rues de Constantinople (les habitants croient à l'entrée des troupes russes dans la ville) mais très vite, la réaction s'organise et les forces de l'ordre se dirigent vers le palais : une fusillade nourrie s'engage au cours de laquelle Ali Suavi est tué[5].

Publications

Voir aussi

Notes et références

  1. 1838 selon d'autres sources.
  2. Roderic H. Davison, Reform in the Ottoman Empire, 1856–1876, Princeton University Press, 2015, p. 209 (ISBN 1400878764).
  3. Presse et mémoire : France des étrangers, France des libertés, Éditions de l'Atelier, 1990, pp. 169–171 (ISBN 290883300X).
  4. François Georgeon, « La formation des élites à la fin de l'Empire ottoman : le cas de Galatasaray », dans : Revue du monde musulman et de la Méditerranée, no 72, 1994, pp. 15–25.
  5. François Georgeon, Abdulhamid II : Le sultan calife (cf. partie « Un putsch manqué »), Fayard, 2003 (ISBN 221364828X).

Bibliographie

Liens externes

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