Alfred P. Sloan

Alfred Pritchard Sloan, Jr. () fut un homme d'affaires américain, président de General Motors pendant près de 30 ans de 1923 à 1956. On se souvient de Sloan aujourd'hui avec un mélange complexe d'admiration pour ses réalisations, d'appréciation pour sa philanthropie et de malaise ou de reproche concernant ses attitudes pendant l'entre-deux-guerres et la Seconde Guerre mondiale[1].

Pour les articles homonymes, voir Sloan.

Théoricien du management, auteur et philanthrope.

Biographie

Né à New Haven dans le Connecticut, il étudia l'ingénierie électrique et fut diplômé du Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1892.

Il devint dès 1899 président de l'usine de roulements à bille de John Wesley Hyatt, l'inventeur du cellulloïd, dont son père était actionnaire. En 1916, sa société fusionna avec United Motors Corporation qui par la suite devint une filiale de General Motors dont il devint vice-président, puis président (1923) et finalement Chairman of the Board (1937). En 1934, il créa la fondation philanthropique Alfred P. Sloan. GM sous sa direction devint célèbre pour différents outils de pilotage d'entreprise utilisant les statistiques financières comme le retour sur investissement. Ces mesures furent introduites chez GM par Donaldson Brown.

Au crédit de Sloan, la mise en place de changements de style chaque année d'où est issu le concept d'obsolescence programmée. Il a aussi mis en place une structure de prix dans laquelle (du plus bas au plus haut prix), les marques Chevrolet, Pontiac, Oldsmobile, Buick et Cadillac n'entraient pas en concurrence entre elles et de façon à rendre « captif » un acheteur au sein de la famille des marques GM au fur et à mesure que son pouvoir d'achat augmentait ou que ses préférences changeaient avec l'âge. C'est le sloanisme : la production doit prendre en compte la dimension socioculturelle de la consommation de masse et proposer une gamme diversifiée à la fois en fonction des budgets mais aussi renouveler les modèles par des combinaisons d’éléments de bases standardisés et cette gamme de produits est le miroir des espoirs d’ascension sociale[2].

Ces concepts, face à la résistance de Ford au changement dans les années 1920, propulsèrent GM no 1 des ventes industrielles au début des années 1930, une position qu'il maintiendra jusqu'à la fin du XXe siècle. Sous la direction de Sloan, GM deviendra la plus grande et la plus profitable entreprise industrielle dans le monde.

Pendant son mandat à la tête de GM, beaucoup de tramways pour le transport public aux États-Unis furent remplacés par des bus. Beaucoup de ces tramways furent brûlés pour prévenir tout retour à ce mode de transport en commun dans les futures politiques urbaines. Certains pensent que GM ordonna ces destructions[3]. Les fréquences des bus baissèrent sur les trajets les moins rentables poussant les Américains à acheter leur propre véhicule et à voyager de manière indépendante. GM fut condamné en 1949 avec d'autres compagnies pour avoir violé les lois anti-trusts en monopolisant les approvisionnements à la National City Lines (NCL (en)) et dut payer une amende insignifiante de 5000$[4]. GM fut cependant acquitté des soupçons de tentatives de monopole dans les transports terrestre qui pesaient sur elle.[5]

Dans les années 1930, General Motors, longtemps hostile aux syndicats, se trouva confronté à ses ouvriers, récemment organisés et prêts à obtenir des droits du travail. Sloan était hostile à la violence telle que celle pratiquée par Henry Ford. Il préférait l'usage subtil de l'espionnage et il bâtit le meilleur réseau secret jamais créé dans une entreprise. Mais quand les travailleurs organisèrent une grève postée massive en 1936, Sloan trouva que l'espionnage n'avait qu'une faible valeur devant une telle tactique syndicale.


Un pionnier de la formation au management

Une du Time (27 décembre 1926)

Le deuxième programme universitaire pour managers — le Sloan Fellows — fut créé en 1931 au MIT sous le parrainage de Sloan.

Une subvention de la Fondation Sloan créa la MIT School of Industrial Management en 1952 dans le but de former le « manager idéal »[6], et l'école fut renommée en l'honneur d'Alfred Sloan la Alfred P. Sloan School of Management, une des meilleures business schools mondiales actuelles. Un second financement créa la Sloan Fellows Program à la Stanford Graduate School of Business en 1957.

Le programme devint le Stanford Sloan Master's Program en 1976, délivrant le diplôme de Master of Science in Management.

Sloan prit sa retraite du poste de Chairman le et mourut 10 ans plus tard en 1966.

Il fut également le chef de file de l'école néo-classique en science de gestion, s'inspirant notamment de Taylor (US) et Fayol (Fr).

Bibliographie

  • (en) Alfred Sloan, My Years with General Motors, Doubleday, 1963.
  • Alfred Sloan, Mes années à la General Motors, Éditions Hommes et Techniques
  • (en) Alfred Sloan, My Years with General Motors, avec une préface de Peter Drucker, Doubleday, 1963.
  • (en)David Farber, Sloan Rules. Alfred P. Sloan and the Triumph of General Motors, 2005.
  • (en) The Editors of New Word City, Great Leaders: Alfred Sloan, 2014.
  • (en) My Years, 2015.

Notes et références

  1. « Washingtonpost.com: Ford and GM Scrutinized for Alleged Nazi Collaboration », sur www.washingtonpost.com (consulté le )
  2. Olivier Zunz, Le Siècle américain, Fayard, 2005
  3. voir Grand scandale des tramways américains
  4. (en) « Alfred P. Sloan », dans Wikipedia, (lire en ligne) "During Sloan's leadership of GM, many public transport systems of trams in the US were replaced by buses in what became known as the Great American streetcar scandal. Some critics, such as Edwin Black, claim that Sloan was also instrumental in the demise of public city transport streetcars throughout the United States. GM was found guilty of violating anti-trust laws,[22][23][24] but the penalties imposed were trivial, even for the time: a $5,000 fine for the company and $1 fines for each convicted executive."
  5. (en) « General Motors streetcar conspiracy », dans Wikipedia, (lire en ligne)
  6. Trouvé dans Wikipédia anglais Alfred P. Sloan, parag. "Life and career"

Voir aussi

Articles connexes

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