Albert Flocon

Albert Flocon, de son vrai nom Albert Mentzel, né à Köpenick, un faubourg de Berlin, le et mort à Paris le , est un graveur français d'origine allemande, également théoricien, enseignant et historien de la gravure.

Biographie

Albert Flocon, né Mentzel, étudie d'abord au Bauhaus à Dessau sous la direction l'architecte Josef Albers, où il reçoit également un enseignement en peinture et en dessin publicitaire auprès de Paul Klee et Vassily Kandinsky. Il se consacre ensuite aux arts du spectacle (danse, théâtre) dans la troupe d'Oskar Schlemmer jusqu'en 1930. Il rencontre Charlotte Rothschild (1909-1944), élève au Bauhaus, et l'épouse en 1930. Leur premier enfant, Ruth, naît en 1932. La famille Mentzel s'installe à Francfort en 1933, puis, à la fin de cette année-là, décident de fuir le nazisme et ses attaques contre l'art « dégénéré », et de s'installer à Paris. Albert travaille comme dessinateur publicitaire auprès de Victor Vasarely, et de proches parents subviennent aux besoins de la famille en exil. Le couple a un deuxième enfant, Catherine Anne, le , puis un fils, Henry, le . Fin 1939, en tant qu'Allemands, ils sont internés au camp de Chambaran, puis Albert rejoint l’armée française en s’engageant dans la Légion étrangère et est envoyé en Algérie. Albert, démobilisé en 1941, et sa famille, sont confrontés en décembre, aux lois sur le statut des Juifs du régime de Vichy ; ils décident de passer en zone libre et s'installent du côté de Toulouse. Albert entre dans la Résistance, prend le maquis, et Charlotte exerce le métier de traductrice. Le , dénoncées, Charlotte et sa fille Ruth sont arrêtées par la sûreté allemande des armées (Geheime Feldpolizei). Le numéro 21481 leur est attribué à toutes deux et elles sont placées en détention, puis envoyées au camp de Drancy, le . Le , Charlotte et Ruth sont déportées au camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz, où leur trace se perd. La date officielle de leur mort est le [1],[2].

Réchappé de la prison en , Albert et ses deux enfants survivants reviennent vivre à Paris en 1945 ; il prend alors le nom de sa grand-mère maternelle, Flocon.

Avec le graveur Johnny Friedlaender, lui aussi réfugié d'origine allemande et le maître imprimeur Georges Leblanc, il fonde en 1949 un atelier de gravure, l'Atelier de l'Ermitage, dans les locaux de l'atelier Leblanc. Il se perfectionne dans le métier de buriniste.

En 1954, il entre comme professeur de dessin à l'École Estienne, puis, en 1964, obtint la chaire de perspective aux Beaux-arts de Paris.

Il fut l'ami du philosophe Gaston Bachelard. Passionné par les rapports entre l'art et la géométrie, ses œuvres autant que ses écrits contribuèrent fortement à renouveler l'étude de la perspective et particulièrement, avec André Barre, de la perspective curviligne.

Le graveur Patrice Jeener fut son élève, il eut une grande influence sur Escher et Dick Termes (en).

Notes et références

  1. « La douceur du graveur Albert Menzel-Flocon » par Yves Chevrefils Desbiolles, in Carnets de l'Imec n° 4, automne 2015, page 30.
  2. « Convoi 77 : Charlotte Mentzel, née Rothschild », Enfants, petits-enfants, familles proches ou amis de déportés du convoi 77, témoignage en ligne.

Œuvre

Rétrospective des œuvres d'Albert Flocon, annotées par G. Bachelard.
  • Points de fuite, tome I, Neuchâtel, Ides et Calendes, 1929-1933; 1994.
  • Perspectives, poèmes de Paul Éluard sur des gravures d'Albert Flocon, 1948.
  • Éloge de la main, 1949.
  • Traité du burin, Paris, Blaizot, 1952 (préface de Gaston Bachelard).
  • Châteaux en Espagne, 1957.
  • L'Univers des livres, Paris, Hermann, 1961.
  • La Perspective, Paris, PUF, coll. "Que-Sais-je ?", 1963 (ISBN 2-13-054852-0) (en collaboration avec René Taton).
  • La Perspective curviligne, 1968 (en collaboration avec André Barre)
  • L'Image en question, Paris, Estienne, 1968.
  • Suites expérimentales, Medusa, 1983
  • Scénographies au Bauhaus, Paris, Séguier, 1987.
  • Essai Sur L'Espace De Graveur Topographies Suite Burins, Paris, Lucien Scheler, 1961.
  • Entrelacs : Ou Les Divagations d'un Buriniste, Paris, Lucien Scheler, 1975.
  • En corps, XII Divertissements aux 2 crayons, St Prex, À l'Atelier de St-Prex, 1980.
  • 12 Caprices, Paris, Lucien Scheler et Bernard Claveuil, 1984.

Annexes

Bibliographie

  • Catherine Ballestero, Albert Flocon dans ses livres : bibliographie des ouvrages d'Albert Flocon, Neuchâtel, Ides et Calendes, coll. « Pergamine », (ISBN 2-825-80131-3)
  • Jean-Cl Margolin, Bachelard, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Écrivains de toujours » (no 94), (ISBN 2-020-00094-6). Contient plusieurs reproductions de planches gravées par Albert Flocon.

Liens externes

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