Al-'Alaq

Al-Alaq (arabe : العلق, français : L’Adhérence) est le nom traditionnellement donné à la 96e sourate du Coran, le livre sacré de l'islam. Elle comporte 19 versets. Elle est associée, selon la tradition musulmane, à la période mecquoise.

96e sourate du Coran
L’Adhérence

Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original العلق, Al-Alaq
Titre français L’Adhérence
Ordre traditionnel 96e sourate
Ordre chronologique 1re sourate
Période de proclamation Période mecquoise
Nombre de versets (ayat) 19
Nombre de prosternations 1 (verset 19) ou 1 Ruku (si le verset est récité lors d'une prière)
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

Origine du nom

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate L’Adhérence[2], en référence au contenu du second verset : (Il a)créé l'humain d'une adhérence.

Historique

Il n'existe à ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. Néanmoins selon une chronologie musulmane attribuée à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (VIIIe siècle) et largement diffusée en 1924 sous l’autorité d’al-Azhar[3],[4], cette sourate occupe la 1er place. Elle aurait été proclamée pendant la période mecquoise, c'est-à-dire schématiquement durant la première partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[5]. Contestée dès le XIXe par des recherches universitaires[6], cette chronologie a été revue par Nöldeke[7],[8], pour qui cette sourate est la 1er.

Les sourates de la fin du Coran sont généralement considérées comme appartenant aux plus anciennes. Elles se caractérisent par des particularités propres. Elles sont brèves, semblent issues de proclamations oraculaires (ce qui ne signifie pas, pour autant, qu’elles en sont des enregistrements), elles contiennent de nombreux hapax[9]...

Pour Nöldeke et Schwally, la quasi-totalité des sourates 69 à 114 sont de la première période mecquoise. Neuwirth les classe en quatre groupes supposés être chronologiques. Bien que reconnaissant leur ancienneté, certains auteurs refusent de les qualifier de « mecquoise », car cela présuppose un contexte et une version de la genèse du corpus coranique qui n’est pas tranchée. Cette approche est spéculative[9].

En effet, ces textes ne sont pas une simple transcription sténographique de proclamation mais sont des textes écrits, souvent opaques, possédant des strates de composition et des réécritures Cela n’empêche pas ces sourates de fournir des éléments contextuels (comme l’attente d’une Fin des Temps imminente chez les partisans de Mahomet). Ces textes sont marqués par une forme de piété tributaire du christianisme oriental[9].

Suivant l'avis des exégètes musulmans, beaucoup d’islamologues considèrent que les versets 1-5 sont parmi les plus anciens. Il est à remarquer néanmoins que les traditions sont loin d’être unanimes. Ainsi, à la question des premiers versets « révélés », cette réponse des premiers versets de la sourate 96 n’est qu’une parmi d’autres, pas plus plausible, qui a fini par s’imposer. Elle repose sur l’interprétation des premiers versets comme l’ordre de l’ange à Mahomet, interprétation qui n’est en rien obligatoire. Comprise comme un appel à prier, cette sourate acquiert alors une cohérence qu’elle n’a pas dans les récits traditionnels[10].

Interprétations

La sourate

Si la tradition islamique divise cette sourate en deux parties, son étude philologique permet de reconnaître trois parties, les versets 6-8 étant l'unité centrale. Pour Cuypers, la sourate est à rapprocher de la forme des psaumes invitatoires et particulièrement du psaume 95 construit sur le même modèle (impératif initial, évocation de la Création, de l'Homme...)[11]. Une similitude existe entre les versets «Entrez, courbons-nous, prosternons-nous » (Ps 95:6) et « approchons de sa face en rendant grâces » (Ps 95:2) avec le verset coranique « Prosterne-toi et approche-toi » (Q 96:19)[11].

La fin de la sourate possède un hapax, le terme zabāniya pour désigner le nom des gardiens de Ǧahannam. Ce terme pourrait provenir du terme "refouler", "pousser". La tradition islamique y reconnait 19 anges. Jeffery l'associe aux dbhūrē d'Ephrem le Syrien, qui sont des anges menant les défunts au Jugement. Pour autant, sa forme s'explique mal. G. Lüling propose d'y reconnaître "la reprise de rabbaniyya provenant de l’araméen rabbouni (Seigneur)", terme utilisé pour désigner Jésus dans la Bible[11].

Younes remarque que pour plusieurs versets les interprétations traditionnelles doivent être retraduites[11].

Le verset 1 : Lis !

Le premier verset de cette sourate est l'un des plus célèbres du Coran : « Lis (ou « proclame ») au Nom de ton Seigneur ! » et évoquerait, selon la tradition musulmane, l'envoi de Mahomet et l'ordre de proclamer le Coran. Il pourrait désigner en particulier, pour Hilali, les verset 6-19. La forme verbale est pour U. Rubin et A.-L. de Prémare, « calque d'un verbe hébreu, signifiant : « Appelle », « Invoque le Nom de ton Seigneur ». ». Ce verset était donc originellement un appel à la prière[12] et est, pour certains chercheurs, une formule biblique[11].

La seconde partie de la sourate évoque cet aspect jusqu'en son dernier mot iqtarib rapproche-toi [de Dieu] »). Celui-ci est un renvoi phonétique du premier mot, ce qui suggère un « rapport sémantique ». Pour Cuypers et Gobillot, « La structure du texte confirme ici parfaitement les conclusions de la philologie, et appellerait à revoir la traduction d'un des versets les plus célèbres du Coran. »[12]

Dye utilise la traduction de ce verset comme élément révélateur permettant de classer les traductions coraniques entre les traductions scientifiques (qui traduisent par Invoque) et les traductions "trop tributaires de la tradition musulmane"[11].

Ce verset est absent des inscriptions épigraphiques anciennes. Pour Imbert, cela peut s'expliquer par le peu d'importance qu'avait ce verset pour les premiers musulmans. L’intérêt pour celui-ci serait apparu plus tardivement[11].

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • G. Dye, M. Kropp, "Sourate 96", Le Coran des Historiens, 2019, p. 2109 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 1].

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et du Coran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de Blachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références

  1. A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
  2. A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2221069641)
  3. Reynolds G., « Le problème de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
  4. Blachère R., Introduction au Coran, p. 244.
  5. Blachère R., Le Coran, 1966, p. 103.
  6. Azaiez M., « Chronologie de la Révélation »
  7. Dye G. « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
  8. Stefanidis E., « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
  9. G. Dye, « Introduction aux sourates 69-99 », Le Coran des historiens, 2019, p. 1789 et suiv.
  10. G. Dye, M. Kropp, "Sourate 96", Le Coran des Historiens, 2019, p. 2109 et suiv.
  11. M. Azaiez (Ed.), G.S. Reynolds (Ed.), T. Tesei (Ed.), et al. (2016). The Qur'an Seminar Commentary / Le Qur'an Seminar. A Collaborative Study of 50 Qur'anic Passages / Commentaire collaboratif de 50 passages coraniques. Berlin, Boston: De Gruyter. partie. QS 45 Q 96
  12. Michel Cuypers, Geneviève Gobillot, Le Coran: idées reçues sur le Coran, Le Cavalier Bleu Éditions, p. 43.
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