Aiguille de Cléopâtre

« Aiguille de Cléopâtre » est le surnom donné à deux obélisques égyptiens datant du règne du pharaon Thoutmôsis III. Ces obélisques n'ont aucun rapport avec la reine Cléopâtre VII.

Aujourd'hui, l'une des Aiguilles de Cléopâtre se trouve à Londres, l'autre à New York. Chacune des deux est connue sous le nom de « Cleopatra's Needle ».

De l'Antiquité au XIXe siècle

Ces deux obélisques forment une paire. D'une hauteur de 21 mètres, ils sont en granite rose d'Assouan et recouverts de hiéroglyphes. Des inscriptions ultérieures leur furent ajoutées par Ramsès II.

D'abord érigés à Héliopolis vers le milieu du XVe siècle avant notre ère, ils furent transportés à Alexandrie par les Romains sur ordre de l'empereur Auguste. Ils y ornèrent l'entrée du Caesareum à partir de l'an -12.

À partir du XIXe siècle

En 1828, Méhémet Ali décida d'offrir un des deux obélisques l'un au gouvernement français, l'autre au gouvernement britannique. En raison des difficultés techniques liées à leur transport, celui-ci fut ajourné[1]. Les Français échangèrent le leur avec celui de Louxor sur intervention de Champollion (il remet au ministre de la Marine en septembre 1830 un rapport intitulé Obélisques égyptiens à transporter à Paris)[2]. Celui des Britanniques ne quitta Alexandrie qu'en 1877, grâce à un mécénat privé, et fut transporté sur le Cleopatra. Bien que les techniques de génie civil aient progressé entre 1833 et 1877, le transport de l'obélisque anglais fut bien plus mouvementé que celui de l'obélisque de Louxor, installé à Paris : le Cléopatra (un navire cylindrique en acier ressemblant à un sous-marin) rompit sa remorque en pleine tempête dans le golfe de Gascogne et faillit couler, l'accident entraînant la mort de six marins.

On l'installa en 1878 au bord de la Tamise, sur Victoria Embankment, où elle se trouve toujours. On lui ajouta des ornements de bronze dans le style égyptien. Elle est entourée de sphinx en bronze.

La seconde Aiguille de Cléopâtre est ensuite proposée au gouvernement des États-Unis à la fin du XIXe siècle. Le mécène William Henry Vanderbilt finança son transport vers New York. Comme pour le transport des obélisques français et anglais l'opération ne fut pas aisée. L'ingénieur naval Henry H. Gorringe, chargé de l'opération, affréta un navire à vapeur égyptien, le Dessoug. Faute de mât de charge et de treuils assez puissants, il fallut échouer le navire, découper une ouverture dans sa coque, puis introduire l'obélisque à bord par un plan incliné en le faisant rouler sur un lit de vieux boulets de canon. Le Dessoug cassa son arbre d'hélice en plein océan Atlantique et dut naviguer à la voile le temps de réparer. À l'arrivée au port de New York, il fallut mettre le navire en cale sèche et redécouper la coque pour extraire le monument qui fut enfin installé à Central Park en 1881.

Bibliographie

  • E. A. Wallis Budge, Cleopatra's Needles and Other Egyptian Obelisks, London, The Religious Tract Society, 1926, (réimpr. 1990) ;
  • Labib Habachi, The Obelisks of Egypt, Charles Scribner's Sons, (ISBN 0-460-12045-X).

Notes et références

  1. L'Obélisque de Louqsor, transporté à Paris : notice historique, descriptive et archéologique sur ce monument, p. 22-23.
  2. Jacques-Joseph Champollion-Figeac et Jean-François Champollion, L'Obélisque de Louqsor, transporté à Paris : notice historique, descriptive et archéologique sur ce monument, Paris, Firmin Didot frères, (lire en ligne), p. 31-37
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