Ahmadisme au Pakistan

L'ahmadisme au Pakistan représenterait jusqu'à 2 % de la population du pays. Ce courant religieux se revendiquant de l'islam est né dans le Pendjab à la fin du XIXe siècle et s'est notamment développé à Lahore, situé au Pakistan depuis la fondation du pays le .

Ahmadisme au Pakistan
Dignitaires ahmadis en 1974.
Religion Ahmadisme
Pays Pakistan
Date (1er contact) 14 août 1947,
fondation du Pakistan

Particulièrement discriminés et cibles de nombreuses violences, les ahmadis ne sont plus considérés comme musulmans par les autorités depuis 1974 à la suite d'un amendement de la Constitution.

Histoire

Ancien siège mondial de l'ahmadisme, à Rabwah.

L'ahmadisme est un courant religieux se revendiquant de l'islam fondé par Mirza Ghulam Ahmad à la fin du XIXe siècle[1]. Trouvant son berceau dans le Pendjab puis s'étant ensuite notamment développé à Lahore, il trouve son origine dans des zones situées au Pakistan depuis la fondation du pays le . Ils sont la cible de nombreuses attaques par des fondamentalistes islamistes qui considèrent leur croyance comme hérétique[2].

Le nombre d'ahmadis au Pakistan est difficile à déterminer, notamment depuis que ceux-ci boycottent les recensements. Selon Human Rights Watch, ils seraient près de deux millions en 2007 ou trois millions selon la Fédération internationale pour les droits humains en 2005, soit entre 1 et 2 % de la population. Avec seulement 0,22 % de la population, le recensement officiel de 1998 sous-estime ainsi largement la communauté ahmadie[1],[3].

D'après des recensements de la commission de la communauté des ahmadis du Pakistan, ils seraient 4,7 millions d'adeptes en 1999 et 7 millions en 2020, soit environ 3,4 % de la population du pays. Ils ne sont représentés par aucun élu ou député et le Ministère des religions ne leur accorde aucune audience. Pour vivre, les ahmadis se montrent donc très discrets pour ne pas avoir à endurer des persécutions.[réf. nécessaire]

Au Pakistan, les Ahmadis sont surtout très concentrés au nord de la province du Pendjab, mais on trouve aussi de fortes concentrations d'Ahmadis dans la province du Sindh.

Généralement, les Ahmadis sont très tolérants, et on ne retrouve pas le fondamentalisme religieux, répandu chez les Musulmans Sunnites, et Chiites, dans ce courant religieux, plutôt pacifiste . Un dialogue inter-religieux est possible entre des croyants Ahmadis, avec d'autres croyances, surtout celles des "gens du livre", cités par le prophète Mahomet: les Chrétiens, et les Juifs. Les rapports sont bons avec les minorités Hindoues et Sikhes, d'autant plus que ces communautés sont persécutées, comme les Ahmadis. Au Pakistan, les étrangers, surtout les Européens, confondent les Ahmadis avec les Baha'is, qui représentent une autre religion, différente, mais il est vrai, qui ressemble à celle des Ahmadis en de nombreux points.

Persécutions

Policier retirant le nom de Mahomet d'une kalima inscrite sur une mosquée ahmadie.

Le 21 avril 1974, le Premier ministre Zulfikar Ali Bhutto donne satisfaction au mouvement anti-ahmadis en les déclarant non-musulmans, les reléguant au rang de minorités religieuses, via un amendement à la Constitution de 1973[4]. Depuis lors, la communauté boycotte largement les élections et les recensements, dans lesquels ils sont par conséquent largement sous-représentés[1].

Le régime du général Muhammad Zia-ul-Haq introduit des nouvelles restrictions aux ahmadis en 1985 : ils sont notamment interdits de se revendiquer musulmans, de nommer leur lieu de culte mosquée, d’appeler à la prière, de se référer à des saints musulmans ou d'user de la terminologie islamique[4], et peuvent être punis d'une peine maximale de trois ans d'emprisonnement[5]. À titre d'exemple, le mot musulman est retiré de la tombe d'Abdus Salam, premier musulman détenteur du prix Nobel de physique[6].

Les ahmadis sont également victimes de nombreuses violences, à l'instar des émeutes de 1953 à Lahore qui tuent des centaines de croyants, ainsi que d'attentats terroristes, comme les attaques de Lahore du 28 mai 2010 qui font près de cent morts au sein de la communauté[7],[8].

Les ahmadis sont souvent des commerçants, très actifs dans la vente de fruits et légumes, de produits alimentaires, de vêtements, ou d'appareils d'électro-ménager. Souvent, ils chantent en présentant les produits, comme si ils priaient, ou chantaient des chants liturgiques . La valeur du travail est très importante pour les Ahmadis, et travailler est presque perçu comme une prière, ce qui explique que souvent, ils chantent. Le chant commence bas, puis monte en intensité. On en retrouve souvent en vendeurs ambulants, qui vendent des confiseries, ou des glaces, par exemple. Pour les autres métiers, on retrouve souvent des ahmadis comme maçons, dans le secteur des travaux du bâtiment. On trouve aussi également de nombreux ahmadis, comme fossoyeurs, dans les cimetières, ou éboueurs, ou balayeurs des rues, dans les villes[réf. nécessaire] tout comme les Hindous,les Chrétiens, ou les Sikhs.

Références

  1. (en) Pakistan: The situation of Ahmadis, including legal status and political, education and employment rights; societal attitudes toward Ahmadis (2006 - Nov. 2008) sur refworld.org, le 4 décembre 2008
  2. « Les ahmadis, musulmans malgré les autres », sur Le Monde, (consulté le )
  3. (en) Freedoms of expression, of association and of assembly in Pakistan sur fidh.org, janvier 2005.
  4. (en) Martin E. Marty et R. Scott Appleby, Fundamentalisms and the state : remaking polities, economies, and militance, University of Chicago Press, (lire en ligne), p. 125.
  5. « Au Pakistan, les persécutions se multiplient contre la communauté ahmadi », sur La Croix, (consulté le )
  6. Asif Arif, « Abdus Salam, le Newton musulman », sur huffingtonpost.fr, (consulté le )
  7. (en) Nadeem F. Paracha, « Tracing hate », sur Dawn.com, (consulté le )
  8. (en) « Clarification – 86 Ahmadis died in the Lahore attacks », sur alislam.org, (consulté le )

Voir aussi

Liens externes

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