Agedincum (ville romaine)

Agendicum est le nom latinisé d'une cité gallo-romaine qui devint par la suite la ville de Sens dans le département de l'Yonne.

Agedincum
Senones (IVe siècle)

Tour de la Brèche (vestige du rempart du Bas-Empire).
Localisation
Pays Empire romain
Province romaine Haut-Empire : Gaule lyonnaise
Bas-Empire : Lyonnaise quatrième
Région Bourgogne-Franche-Comté
Département Yonne
Commune Sens
Type Chef-lieu de Civitas
Capitale de la Lyonnaise quatrième ou Sénonie au Bas-Empire
Coordonnées 48° 11′ 52″ nord, 3° 16′ 55″ est
Altitude 62 m
Superficie ~ 120 ha
Géolocalisation sur la carte : Empire romain
Agedincum
Histoire
Antiquité Empire romain

Historique

Avant l'arrivée des Romain

Avant la conquête romaine, la région était habitée par un peuple gaulois, les Sénons dont Brennus fut le chef au IVe siècle av. J.-C.

La conquête romaine

En 53 av. J.-C., lors de l'invasion de la Gaule, César aurait fait hiverner six légions, au lieu-dit « le camp de César » au sud de la ville, du moins, c’est ce que suggère une source de 1848[1], en réalité ces Camp de César sont des appellations tardives de l'époque classique qui correspondent généralement à des sites de l'Âge de fer ou de l'époque médiévale[2]. D'ailleurs aucune découverte archéologique en rapport avec les légions de César n'a été faite sur le site senonais. En revanche un sanctuaire gallo-romain à la Motte du Ciar situé non loin, près du confluent de la Vanne et de l'Yonne, a livré de nombreux vestiges archéologiques (monnaies, médaillons, fragment de marbres, etc.)[3].

Agendicum sous le Haut-Empire

La cité, dénommée Agendicum[4] par Jules César dans les Commentaires, a conservé son plan à deux rues principales perpendiculaires decumanus et cardo et une partie de son enceinte romaine.

Sous le Haut-Empire, des bâtiments et diverses infrastructures sont construits pour y améliorer le confort. Au IIe siècle, un aqueduc de seize kilomètres va chercher de l'eau de source dans la vallée de la Vanne. Des vestiges archéologiques attestent de la présence d'un amphithéâtre, d'un forum et de thermes. Les thermes, et surtout la façade, devaient présenter des sculptures variées[4].

À cette période, l'aristocratie locale possédait des maisons décorées avec des mosaïques et chauffées grâce à l'hypocauste[4].

La ville gagne peu à peu la plaine orientale. Sa superficie est environ cinq fois supérieure aux vingt-cinq hectares dans lesquels elle va se recroqueviller à la fin du IIe siècle du fait des graves troubles de la guerre civile. Des familles de la cité poursuivent un cursus honorum remarquable qui les porte jusqu'à la dignité de consul à Rome. Une garnison semble prendre place dans un camp permanent à Mâlay (le Grand).

La ville figure sur l'itinéraire d'Antonin et la table de Peutinger[5].

Rétractation de la cité au Bas-Empire

Au Bas-Empire, la ville est protégée par une muraille, dont les matériaux sont prélevés sur les édifices construits au Haut-Empire. Les fortifications parcouraient une distance de trois kilomètres, en prenant en partie appui sur l'Yonne et étaient parmi les plus imposants de la Gaule romaine. La muraille repose sur de grands blocs de pierre issus de bâtiments publics ou de monuments funéraires. Afin de rendre la ville plus facilement défendable, la superficie de cette dernière se réduit (environ 25 hectares[6])[4].

Du fait de la réforme administrative de Dioclétien, la cité de Sens devint la capitale de la province de la quatrième Lyonnaise[7]. De ce chef, la future province ecclésiastique poursuivra ce cadre hérité de l'Empire romain. Comme de très nombreuses cités romaines de Gaule (ex. Lutèce), la ville prit le nom du peuple dont elle est le centre administratif et commercial. La cité sera désormais appelée Sens.

Vestiges

On a retrouvé des vestiges de drains faits par les Romains afin d'élever l'eau d'une source, à la manière d'un puits artésien. Ces travaux étaient destinés à alimenter un aqueduc.

Le rempart du Bas-Empire

Des portions du rempart construit au Bas-Empire sont visibles Cours Chambonas avec pierre de gros appareil à la base et petit appareil dans les parties hautes. On retrouve le même dispositif à la poterne. La tour de la Brèche présente un mur de petit appareil de pierre avec chaînage de brique (Opus mixtum) caractéristique des constructions romaines de ce type.

Les stèles du musée

La stèle des deux époux âgés.

Le musée conserve une collection lapidaire parmi laquelle une quarantaine de stèles funéraires entières, une dizaine de fragments de stèles et d'épitaphes. Sur ces stèles on peut voir différents personnages avec différents statuts sociaux : citoyens et non-citoyens, ouvriers, personnes nobles, etc. comme par exemple :

  • la stèle des « Deux époux âgés » qui sont vêtus de toges et devaient donc être citoyens romains. Cette stèle funéraire du IIIe siècle a probablement été réalisée par les soins de leur fils Atilius Pompeianus.
  • la stèle du forgeron du IIe siècle. Le forgeron est représenté debout et s'apprête de son marteau à forger une bande de métal sur une enclume. Derrière lui, dans le fond de la niche, sont suspendus ses outils. À ses pieds, un chien tient un lièvre en arrêt. Sur le haut de cette stèle est écrit « D.M MEMOR BELLICCI BELLATOR... » (« Au dieux et à la mémoire de Bellicus fils de Bellador »).

Le musée conserve également des épitaphes comme celle d'un gladiateur datant de la fin du IIIe siècle av. J.-C., des mosaïques et des outils ayant trait à plusieurs métiers :

  • travail du tissu (ciseaux de l'époque),
  • travail du bois (flèches),
  • travail de l'argile (poteries),
  • travail du métal...

ou des objets de la vie quotidienne (objets de toilettes et parures).

Références

  1. Bulletin N°XIV, 1848 de la Société Archéologique de Sens
  2. « Chronique des fouilles médiévales en France en 2008 III. – Constructions et habitats fortifiés III 3. – Fouilles programmées » sur Archéologie médiévale, 2008 (lire sur OpenEdition)
  3. Guilbert 1845, p. 108
  4. Bataille 1992, p. 26
  5. Pierre Nouvel, Anne Delor-Ahü, Émilien Estur et Stéphane Venault, « Sens/Agedincum, cité des Sénons » », Gallia, t. LXXII, no 1, , p. 232-246 (DOI 10.4000/gallia.1546).
  6. Coulon 2006, p. 21
  7. Bataille 1992, p. 29

Bibliographie

  • Frédéric Bitton, Histoire de la ville de Sens, .
  • Gérard Coulon, Les Gallo-Romains : vivre, travailler, croire, se distraire - 54 av. J.-C.-486 ap. J.-C., Paris, Errance, coll. « Hespérides », (ISBN 2-87772-331-3).
  • Charles Larcher de La Vernade, Histoire de la ville de Sens. 1846.

Articles connexes

Liens externes


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