Aga Khan III

Aga Khan III, né sultan Mohammed Chah (, Karachi, Versoix), était le 48e imam des ismaéliens nizârites. Il succéda à son père Aga Khan II en 1885, alors qu'il n'avait que huit ans. Il est président de l'Assemblée générale de la Société des Nations en 1937 et 1938.

Biographie

Jeunesse

Mohammed Chah naît le à Karachi, dans ce qui est alors la province britannique du Sind, dans l'actuel Pakistan. Il est le fils d'Aga Khan II et de Nawab A'lia Shamsul-Muluk, petite-fille de Fath Ali Shah Qajar. Après le décès de son père alors qu'il est âgé de huit ans, il reçoit non seulement une instruction religieuse et orientale, mais également une formation occidentale, fréquentant le collège d'Eton et l'université de Cambridge.

Carrière

En 1885, à l'âge de huit ans, Mohammed Chah succède à son père en tant qu'imam des ismaéliens, devenant ainsi Aga Khan III. Il voyage dans différentes parties du monde pour recevoir les hommages de ses fidèles.

En 1898, il dîne avec la reine Victoria[1].

En 1906, il participe à la fondation et devient le premier président de la Ligue musulmane, un parti politique qui lutte pour un État musulman indépendant dans le nord-ouest de l'Empire britannique des Indes, ce qui conduira à la création du Pakistan en 1947.

Dans les années 1920, il quitte l'Inde pour l'Europe, poussé par sa passion pour les chevaux de course. Il s'installe à Genève et voyage souvent en France et au Royaume-Uni, étant également habitué des cours princières[1].

Pendant les trois Round Table Conferences qui se déroulent à Londres entre 1930 et 1932, il joue un rôle important pour faire avancer les réformes constitutionnelles en Inde. En 1932, il représente l'Inde à la Conférence sur le désarmement à Genève[2].

En 1934, il est nommé membre du Conseil privé est également délégué à la Société des Nations de 1934 à 1937. Il préside son Assemblée générale en 1937-1938.

Imam des Ismaéliens

Sous la direction d'Aga Khan III, la première moitié du xxe siècle est une période de développement importante pour la communauté ismaélienne. De nombreuses institutions visant au développement économique et social sont établies dans le sous-continent indien et en Afrique de l'Est. Trois jubilés sont célébrés par la communauté ismaélienne pendant le règne d'Aga Khan III : un jubilé d'or en 1937, un jubilé de diamant en 1946 et un jubilé de platine en 1954. Les bénéfices de ces jubilés sont utilisés pour développement des institutions sociales et économiques en Asie et en Afrique.

Des réformes institutionnelles ont également été introduites pendant le règne d'Aga Khan III, aidant les communautés ismaéliennes, notamment en Afrique de l'Est, à gérer leurs propres affaires.

La fin du règne d'Aga Khan III est marquée par des chamboulements politiques importants dans de nombreuses régions accueillant des communautés ismaéliennes importantes. L'Inde et le Pakistan deviennent indépendants en 1947 et d'immense mouvements de population résultent de la création de ces deux États. A partir des années 1950, ce sont les États d'Afrique de l'Est qui accèdent progressivement à l'indépendance.

Mariages et succession

Il contracta quatre mariages :

  • En 1896 avec sa cousine Shahzadi Begum, petite-fille d'Aga Khan Ier.
  • En 1908 en Mut`a (mariage temporaire) et en 1923 légalement, avec Cleope Teresa Magliano (1888-1926), une danseuse classique du ballet de l'opéra de Monte-Carlo. Ils ont deux fils : Giuseppe Mahdi Khan et Ali Solomone Khan (1911-1960), plus connu sous le nom de Prince Ali Khan[3].
  • Le en mariage civil à Aix-les-Bains et le suivant en mariage religieux à Bombay (Inde), avec Andrée Joséphine Carron (1898 - 1976). Fille de directeur d'hôtel, elle est copropriétaire d'une maison de couture (la légende l'a longtemps appelée la « petite chocolatière » par confusion avec une homonyme)[4]. Elle devient après ce mariage la princesse Andrée Aga Khan. Ils ont un fils, le prince Sadruddin Aga Khan, en 1933[5]. Le couple divorce en 1943[6].
  • Le à Vevey avec Yvette Labrousse, Miss Lyon 1929 et Miss France 1930, qui prend le nom d'Om Habibeh, la bégum des ismaéliens[7].

Il est le grand-père de Karim Aga Khan IV, qu'il nomme comme successeur peu de temps avant sa mort en 1957. Lorsqu'il meurt, sa femme, la Bégum, respecte sa volonté en élevant à sa mémoire un mausolée à Assouan.

Courses hippiques

Passionné de courses hippiques, il est propriétaire d'une écurie et remporte deux fois le Prix de l'Arc de Triomphe en 1948 (Migoli) et 1952 (Nuccio), ainsi que la Triple couronne britannique en 1935 avec Bahram.

Distinctions

En 1897, il reçoit la distinction de chevalier commandeur de l'Ordre de l'Empire des Indes de la part de la reine Victoria. Il est hissé au rang de chevalier grand commandeur en 1902 par Édouard VII. En 1912, il est nommé chevalier grand commandeur de l'Ordre de l'Étoile d'Inde, puis chevalier grand-croix de l'Ordre de Saint-Michel et Saint-Georges en 1923. Il reçoit également des décorations de l'Empereur d'Allemagne, du sultan ottoman et du Chah d'Iran.

Notes et références

  1. Charles Jaigu, « Son altesse l'Aga Khan », Le Figaro Magazine, semaine du 16 février 2018, pages 56-62.
  2. « Aga Khan », Journal de Genève, , p. 1 (lire en ligne).
  3. D'après "Memoirs of Aga Khan: World Enough and Time" (London: Cassel & Company, 1954)
  4. "Aga Khan Marries Former Shopgirl", The New York Times, 8 décembre 1929, p. 3.
  5. "Aga Khan Again a Father", The New York Times, 18 janvier 1933, p. 9.
  6. "Princess Andrée", The New York Times, 30 décembre 1976, p. 19.
  7. Cyrille Boulay Histoires d'amours royales.

Sources

Bibliographie

  • Antoine Capet, « L’Aga Khan », in Churchill : Le dictionnaire, Paris, Perrin, 2018, 862 p., p. 373-374.

Liens externes

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