Adrien Tournachon


Adrien Alban Tournachon, connu sous le pseudonyme Nadar jeune, né à Paris le et mort dans la même ville le , est un photographe, peintre et dessinateur français.

Pour les articles homonymes, voir Nadar (homonymie) et Tournachon.

Ne doit pas être confondu avec Nadar ou Paul Nadar.

Il est le frère cadet de Félix Tournachon, dit Nadar.

Biographie

Affiche publicitaire pour Tournachon, Nadar jeune et Cie, artistes photographes par Lorentz figurant Deburau (1856), lithographie, Paris, BnF.

Adrien Tournachon naît le à Paris de Thérèse Maillet, vivant en union libre avec le fouriériste Victor Tournachon-Molin[1],[2] avec qui elle ne se résout au mariage qu'en 1826[1]. Victor Tournachon-Molin[3] après avoir exercé son activité de libraire à Paris retourne à Lyon où il meurt dans la misère en 1837[4].

Élevé à Lyon après la mort de son père, Adrien Tournachon rejoint son frère ainé Félix (dit Nadar) à Paris en 1845. Félix l'introduit alors dans les milieux littéraire et artistique, l'aide à obtenir divers travaux de dessin[5] et le fait entrer dans l'atelier du peintre Picot.

En 1848, en compagnie de son frère, il s'engage dans la 1re légion de la République polonaise et prend la route pour soutenir l'insurrection polonaise. Le groupe est arrêté à Strasbourg et interné à Eisleben avant d'être libéré en mai. En 1851, Adrien fait partie de l'équipe constituée par son frère pour réaliser ce qui sera le Panthéon Nadar[5], un catalogue de plusieurs centaines de caricatures des grands hommes de l'époque. Nadar s'intéressant à la photographie naissante lui paie un apprentissage chez Gustave Le Gray[6].

Adrien Tournachon ouvre en 1853 son atelier de photographie à Paris au 11, boulevard des Capucines en nom propre et signe ses photographies « Tournachon 11. boult des Capucines », puis en association avec son frère sous le nom de Société Tournachon, Nadar jeune et Cie, et signe alors ses œuvres du nom de « Nadar jeune ». Il photographie les célébrités de son temps[7] et mène ses activités de photographe parallèlement à celles de peintre[5].

Le succès vient rapidement après la série de clichés du mime Deburau, dont le Pierrot photographe devient le support de la publicité éditée à l'occasion de l'agrandissement de la société et la création d'un salon pour la réception des clients au 17, boulevard des italiens[8].

Le , il dépose un brevet pour un procédé mécanique d'application du collodion dont il obtient l'exploitation pour 15 ans le [9]. En 1855, il dépose le un brevet pour un « appareil propre à distribuer les cartes, dit “distributeur de l'exposition », et enfin le suivant, avec Godebski, une machine dite « contrôleur vérificateur » destinée à rendre aux compagnies des voitures publiques un compte exact de leurs gains journaliers.

Il présente à l'Exposition universelle de 1855 à Paris la série de clichés représentant Deburau et, malgré la critique qui lui est défavorable, obtient une médaille de 1re classe[10].

Fin 1855, Adrien Tournachon désire s'installer à son compte et la société formée avec Félix est dissoute. À la même époque, il devient membre de la Société française de photographie (SFP) récemment créée[11]. Félix Nadar ouvre son premier studio au 113, rue Saint-Lazare. Adrien Tournachon devient alors associé au baryton Jules Lefort et à l'organiste Lefebure-Wely qui apportent des capitaux. Mais Adrien et ses associés continuant à signer « Nadar » ; une animosité naît entre les deux frères. Adrien et Félix devenant concurrents[12], car utilisant le même pseudonyme et ayant des adresses proches, créant ainsi une confusion chez les clients, entraînant donc un procès à la suite de la plainte de Félix à l'encontre d'Adrien et de ses associés pour utilisation abusive du nom de Nadar[13] s'ouvre alors : la procédure judiciaire commencée en 1855 se termine en 1857[14] ; le juge donne raison à Félix qui conserve seul le nom de Nadar[13]. Cette utilisation du même pseudonyme par les deux frères conduira à attribuer une partie importante de l'œuvre photographique d'Adrien Tournachon à son frère[13].

Adrien Tournachon obtient l'autorisation de prendre le titre de « photographe de sa majesté l'impératrice et de son altesse impériale la princesse Mathilde »[15].

En 1855, débute son activité de photographe animalier avec les photographies de chèvres Angora du Muséum national d'histoire naturelle, provenant d’un troupeau de quinze chèvres envoyé par l’émir Abd el-Kader au maréchal Vaillant, ministre de la Guerre ; elles furent réalisées pour une présentation d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire à la Société impériale d’acclimatation[16] et il est l'auteur de l'album photographique des races bovines et ovines du Concours agricole universel de Paris de 1856 (96 photographies)[17]. La signature est Nadar Je & Cie 17 boult des Italiens[18]. En 1858, ayant perdu le procès contre son frère, la raison sociale devient Ad. Tournachon Jne & Cie.

En 1857, il soumet la proposition d'ériger un monument en hommage à Daguerre[19].

En 1860 paraissent ses albums consacrés aux concours de races chevalines et asines [20] et en 1861, sa série sur le cirque, les saltimbanques et acrobates[21].

La brouille entre Félix et Adrien Tournachon prend fin au décès de sa mère, Thérèse Maillet, en 1860.

En 1862, il a une liaison avec Léontide Renaude (dite « Mademoiselle Léontine », actrice de variétés), entre autres, maîtresse de Gustave Courbet[22].

Adrien Tournachon devient ensuite le directeur artistique chez J.P. Joannes et Cie, au 124, avenue des Champs-Élysées et signe Adr. Tournachon Jne, spécialisé dans les photographies hippiques.

En , il crée une entreprise dédiée aux émaux photographiques, procédé inventé par Bulot et Cattin, qu'il maîtrise depuis 1855[23]. Cette société ferme en 1872.

Interné en psychiatrie[Où ?] pour la première fois en 1886, il fera de nombreux séjours et meurt à Paris à l'hôpital Saint-Louis le [24].

Œuvres

Photographie

Selon Anne de Mondenard et Marc Pagneux[25], Adrien Tournachon (et non son frère Nadar) a photographié certaines des plus grandes célébrités du moment dans les domaines de la musique (Meyerbeer[26] et Rossini[26]), de la peinture (Alexandre-Gabriel Decamps[26], Gustave Doré[27], Ernest Meissonier[26] et Horace Vernet[26]) et de la littérature (Dumas fils[26], Lamartine[26], Nerval[7] et Vigny[26]).

Adrien Tournachon a également réalisé une série de portraits du mime Deburau en 1855[26]. À partir de 1856, Adrien Tournachon photographia les patients étudiés par le docteur Duchenne de Boulogne[28]. À la même époque, il devient le photographe officiel du Concours universel agricole de Paris[29].

Peinture et dessin

Adrien Tournachon est élève de François-Édouard Picot. Il peint Le Géant au clair de lune, nuit du [30], figurant le vol nocturne de Paris à Meaux de l'immense ballon construit par son frère Nadar. Il expose au Salon :

  • 1868 : Les Uzelles, forêt de Sénart, no 2400 ;
  • 1869 : Portrait de M. A.T…, no 2282 ; Dessous de bois au carrefour de la souche, forêt de Sénart, no 2283 ;
  • 1870 : Les Derniers moments de Saint-Just, no 276.

Entre 1848 et 1880, il est l'auteur de copies de commande d'œuvres de maîtres destinées à décorer divers bâtiments civils ou religieux[31].

Œuvres dans les collections publiques

Autoportrait au chapeau de paille (vers 1850), Paris, BnF.
Canada
États-Unis
France
Suisse

Expositions

Notes et références

  1. Roger Greaves, Nadar ou le paradoxe vital, Flammarion, 1992, (ISBN 2-08-064278-2) pages 16 à 29
  2. Biographie de Victor Tournachon, fiche BnF.
  3. Victor Tournachon commence son métier de libraire imprimeur chez Molin à Lyon dont il épouse la petite-fille. Il change son nom en Tournachon-Molin sous lequel il est connu comme éditeur. Il épouse en 1826 la Lyonnaise Thérèse Maillet, mère de Nadar et d'Adrien, avec qui il vit en union libre à Paris depuis 1817.
  4. Acte de décès de Victor Tournachon, archives de Lyon, p. 95/335.
  5. Modernisme ou modernité, p. 349.
  6. Lettre de Le Gray (pièce jointe) lors du procès, Le Gray dans une lettre à Félix reconnaît le fait que celui-ci ait payé les cours de son frère, mais en revanche lui rappelle lui avoir fait mi-tarif en raison de leur amitié (à savoir 200 francs au lieu des 400 habituels).
  7. Modernisme ou modernité, p. 351.
  8. Affiche sur gallica BnF.
  9. Brevet de 15 ans (exploitation) sur books.google.
  10. Critique Le Photographe.
  11. Adhésion SFP dans le Bulletin de la SFP, 1855.
  12. Mémoire relatif au procès sur gallica BnF.
  13. Modernisme ou modernité, p. 348.
  14. Journal du Palais sur books.google.
  15. E. L., « Exposition universelle.Photographie », La Lumière, 6e année, no 3, , p. 9 (en ligne sur Gallica).
  16. A.-T. L., « Les chèvres d'Angora », La Lumière, 5e année, no 16, , p. 63 (en ligne sur Gallica).
  17. « La photographie au concours agricole universel », La Lumière, 6e année, no 23, , p. 89 (en ligne sur Gallica).
  18. Album sur pixfan.
  19. Ernest Lacan, « Niepce et Daguerre », La Lumière, 7e année, no 46, , p. 181 (en ligne sur Gallica).
  20. Album chevaux, vente Baron-Ribeyre.
  21. Cette série de photographies a été prise au cirque Napoléon, devenu le Cirque d'Hiver. Les photographies sont signées en rouge adr. Tournachon.
  22. Lettre de Courbet sur books.google.
  23. « Épreuves photographiques sur émaux », La Lumière, 5e année, no 33, , p. 130 (en ligne sur Gallica)..
  24. Acte décès, archives Paris, pp. 30-31.
  25. Commissaires de l'exposition « Modernisme ou modernité. Les photographes du cercle de Gustave Le Gray (1850-1860) » au Petit Palais du au .
  26. Modernisme ou modernité, p. 352.
  27. Modernisme ou modernité, p. 367.
  28. Méchanisme de la physionomie humaine sur gallica BnF.
  29. Lors du Concours universel agricole de Paris de 1856, Émile Baudement veut faire l'inventaire de toutes les races bovines. Il demande alors à Adrien Tournachon de prendre des clichés de tous les bovins présents.
  30. Photographie de l'œuvre par Nadar (attribution) sur gallica BnF.
  31. Liste des œuvres sur la base Arcade.
  32. « Adrien Tournachon, self portrait, multiple images », Getty Center].
  33. metmuseum.org.
  34. eastman.org
  35. « Tournachon Adrien Alban » sur gallica.bnf.fr.
  36. Autoportrait, musée Carnavalet.
  37. Tête de Lacoon, musée d'Art et d'Histoire de Genève.
  38. Médaille 1855, Le Photographe sur gallica BnF.
  39. Liste des membres de la SFP.
  40. Catalogue SFP, no 97.
  41. Catalogue SFP, no 1196.

Annexes

Bibliographie

Anne de Mondenard, Marc Pagneux et Vincent Rouby, Modernisme ou modernité : Les photographes du cercle de Gustave Le Gray, Actes Sud, , 408 p. (ISBN 978-2-330-00542-9), « Adrien Tournachon, ou un Nadar peut en cacher un autre », p. 345 à 375.

Liens externes

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