Ciron (acarien)

Acarus siro

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Le ciron ou tyroglyphe de la farine (Acarus siro, autrefois nommé Tyroglyphus farinae) est une espèce d'acariens d'une taille de 0,5 mm à 1 mm, donc (comme la tique) que l'on peut voir à l'œil nu. Cette espèce est également nommée artison suivant les régions ou artisou dans le Velay, et encore artisoul dans le Loir-et-Cher.

Les tyroglyphes étaient autrefois un groupe d'acariens placés dans le genre Tyroglyphus.

Alimentation

Le ciron se nourrit principalement de fromage et de biscuits, mais aussi de grains, de farine et de produits à base de farine.

On a trouvé (en Pologne) un ciron dans la fourrure d'un castor européen[1].

Utilisation

Les tyroglyphes de la farine sont utilisés sous forme de poudre que l'on étale sur la surface de certains fromages lors de leur affinage[2]. Ces acariens perceront et façonneront la croûte du fromage qui pourra « respirer » et obtenir sa saveur et un arôme particuliers. Leur rôle précis dans le processus de l'affinage reste néanmoins inconnu.

Ils sont notamment utilisés pour affiner le fromage de pays du Velay, la mimolette vieille et certaines tommes (dites céronnées). Aux États-Unis la mimolette a été interdite d'importation par la Food and Drug Administration à cause de ces animaux[3].

Développement

Comme tous les acariens, le ciron suit plusieurs stades de développement : œuf, larve, nymphe, imago. La durée de vie de l'animal est d'à peu près 60 jours. Une femelle pond sur la durée de son existence près de 200 œufs. Le stade d'imago est atteint au bout de dix-neuf jours, et l'accouplement commence immédiatement, plusieurs fois par jour. Quatre jours après, la ponte débute et s'étale sur vingt jours. L'élément favorable au développement du ciron, outre l'abondance de la nourriture, est notamment une forte humidité, vers 85 %[4]. Par contre, si l'environnement est défavorable, le ciron imago peut se métamorphoser en hypope (nymphe hypopiale), stade pendant lequel il ne se nourrit pas[5] ; sous cette forme, il peut survivre en état de léthargie pendant plusieurs semaines voire un mois en attendant d'éventuelles conditions de développement plus clémentes. Il peut aussi se fixer à un insecte, telle une puce par exemple, dans une association phorétique[6].

Infestation

Le ciron fait partie des acariens dits de « stockage ». Il infeste souvent les lieux d'entreposage de nourriture allant des silos à grains jusqu'aux habitations (cuisines). Les cirons passent généralement inaperçus jusqu'à ce qu'ils se développent massivement quand les conditions sont réunies (nourriture abondante, chaleur et humidité élevée). Leur présence devient visible avec ce qui s'apparente de loin à de la poussière blanchâtre. On se rend compte en s'approchant que celle-ci bouge, signe qu'il s'agit en réalité d'un amas de cirons qui se déplacent.

Pour éviter les infestations, les grains des silos devront être aérés et/ou parfois lavés. Dans les habitations, principalement dans les cuisines, les infestations de cirons pourront être évitées si les denrées sont correctement conservées (hermétiquement) et les pièces correctement aérées (éviter l'humidité) et non surchauffées. En cas d'infestation, un simple nettoyage, une élimination de toute nourriture à proximité et une bonne ventilation suffisent à en venir à bout. On pourra y adjoindre l'utilisation de produits acaricides dans les zones concernées. Les cirons mettent alors quelques semaines à disparaître, par diminution progressive de leur population. Il est toutefois normal d'avoir une présence de cirons chez soi, celui-ci étant présent, comme d'autres acariens, dans la majorité des habitations.

Sa prolifération excessive peut déranger, bien qu'il soit totalement inoffensif pour les personnes non sensibilisées. Il peut en effet être impliqué dans l'allergie aux acariens, surtout chez les agriculteurs[7].

En littérature

Jusqu’à la mise au point des premiers microscopes au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle, cet arachnide était considéré comme le plus petit animal connu. Blaise Pascal lui consacre quelques lignes, n’hésitant pas à y voir un reflet inversé de l’infini de l’Univers (Pensées, Br. 72, Lafuma 199)[8] — de même que, plus tard, Nicolas Malebranche (De la Recherche de la vérité, I, ch. 6, I, p. 55 sq. dans l'édition de la Pléiade). Jean de La Fontaine l'évoque dans plusieurs fables (La Besace, La Souris métamorphosée en fille). C'est l'humaniste provençal Nicolas-Claude Fabri de Peiresc qui en donna la première description.

Autrefois, on utilisait l'expression « on entendait un ciron marcher » (Mémoires du duc de Saint-Simon, année 1718, chapitre XXX)[9].

"Sache que tout connaît sa loi, son but, sa route; Que, de l'astre au ciron, l'immensité s'écoute ; Que tout a conscience en la création..." HUGO, Les Contemplations,t. 3, La Bouche d'ombre, 1856, p. 435.

Notes et références

  1. Haitlinger R (1991) [Arthropods found on European beaver (Castor fiber L.) in Poland]. Wiad Parazytol. 1991;37(1):107-9 (pl), résumé en anglais).
  2. D'autres espèces sont aussi employées à cet usage; comme Tyrophagus casei pour fabriquer le Milbenkäse en Allemagne
  3. http://www.leparisien.fr/economie/les-etats-unis-bannissent-la-mimolette-03-07-2013-2950419.php
  4. Wit CHMIELEWSKI, Life history parameters of Acarus siro, Fagopyrum, 2000 - http://lnmcp.mf.uni-lj.si/Fago/Fagopyrum/Fagopyrum/Each/Fag(17)/Fag(17)-73.pdf
  5. Commission canadienne des grains - http://www.grainscanada.gc.ca/storage-entrepose/sip-irs/gm-cf-fra.htm
  6. A. FAIN et J.-C. BEAUCOURNU, Les hypopes des Astigmates phorétiques sur les Puces, BULLETIN DE L'INSTITUT ROYAL DES SCIENCES NATURELLES DE BELGIQUE, n°63, 1993 - http://www.taxonomy.be/gti_course/taxonspecific/mites-taxonomy/literature-interest-1/paper-fain/fain-1001-1100/1052.pdf/download
  7. (en) G Gafvelin, « Identification and characterisation of two allergens from the dust mite Acarus siro, homologous with fatty acid-binding proteins - PubMed », International archives of allergy and immunology, vol. 119, no 4, , p. 275–281 (ISSN 1018-2438, PMID 10474032, DOI 10.1159/000024204, lire en ligne, consulté le ).
  8. « Qu'est-ce qu'un homme dans l'infini ? (...) Qu'un ciron, par exemple, lui offre dans la petitesse de son corps des parties incomparablement plus petites, des jambes avec des jointures, des veines dans ces jambes, du sang dans ces veines, des humeurs dans ce sang, des gouttes dans ces humeurs, des vapeurs dans ces gouttes. » (Pensées, XXII Connaissance générale de l'homme)
  9. Mémoires du duc de Saint-Simon, préface de Didier Hallépée, éditions Carrefour du Net, volume 9, page 530.

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