Académie tahitienne

L’Académie tahitienne (en tahitien : Te Fare Vānaʻa) est une institution culturelle de Polynésie française, fondée en 1972 et composée de vingt membres élus par leurs pairs[1]. Elle a pour but de sauvegarder et d'enrichir la langue tahitienne.

Historique

Mise en place

Deux hommes sont à l'origine du projet d'une académie tahitienne : Martial Iorss[2] (linguiste) et John Martin[3] (responsable des émissions tahitiennes à Radio-Tahiti). Cependant le projet ne commence à se concrétiser qu'en 1967 lorsqu'il est accepté par le gouverneur Jean Sicurani ; il faut attendre encore 5 ans avant la création effective par un vote de l'Assemblée territoriale. Cette délibération de 1972 prévoit la mise en place d'une commission de désignation des 20 premiers académiciens, chargés de rédiger les statuts de l'Académie. La commission opère très rapidement, mais la première séance n'a lieu qu'en 1974[4].

Les membres

Cette première Académie comprend notamment :

  • Flora Aurima-Devatine (1942) : professeur d’espagnol, poétesse en tahitien
  • Hubert Coppenrath (1930) : alors curé de la cathédrale de Papeete
  • John Doom (1936) : secrétaire général de l’Église évangélique de Polynésie française
  • Yves Lemaitre (1936) : mathématicien et linguiste, directeur de l’ORSTOM de Papeete
  • John Martin (1921-2012) :
  • Samuel Raapoto (1921-1976) : président de l’Église évangélique de Polynésie française
  • Nedo Salmon (1925-1994) : conseiller territorial
  • Francis Sanford (1912-1996) : député, démissionnaire en 1978
  • Maco Tevane (1937-2013) : membre du Conseil de gouvernement

La liste des premiers académiciens[5] indique bien que la langue tahitienne était pratiquée avec intérêt par de nombreux membres des catégories dirigeantes (fonctionnaires, hommes politiques, hommes d’Église), y compris des métropolitains d’origine (Yves Lemaître, mais aussi Paul Prévost, un linguiste installé à Papeete après une formation à l'INALCO).

Les travaux initiaux

Les premières séances ont lieu au siège de l'Église évangélique.

Les académiciens vont d'abord choisir un nom tahitien : l'expression Fare Vana'a[6] reprend celui d'une institution de la société ancienne, le lieu où les hommes âgés transmettaient leurs connaissances traditionnelles aux jeunes gens.

Puis ils rédigent les statuts de la société. Ceux-ci prévoient un bureau (To’ohitu) de sept membres élus pour un an (directeur, chancelier, secrétaire, trésorier et 3 assesseurs).

Évolution et activités de l'Académie

Des vingt premiers académiciens, cinq sont encore membres à l’heure actuelle : Hubert Coppenrath, Flora Devatine, Ame Huri, Yves Lemaitre, Raymond Pietri. Parmi les nouveaux membres, on peut noter : Louise Peltzer, Duro Raapoto, Denise Terorotua (épouse Raapoto).

L'Académie s'est d'abord consacrée à l'élaboration d'une grammaire tahitienne, publiée en , puis à un dictionnaire tahitien-français, publié en 1999 ; actuellement, le dictionnaire français-tahitien n'est pas encore achevé[7] ; pour celui-ci se pose le problème de la création de nombreux néologismes tahitiens.

Entretemps, elle a aussi produit des ouvrages plus modestes : des manuels scolaires (un pour le primaire : Ta’u puta reo Tahiti, un pour le secondaire : Hei pua ri’i, recueil de morceaux choisis) et un Lexique du vocabulaire technique (liste de néologismes à usage des administrations).

En , après plusieurs mois de travail intensif en coordination avec un comité d'académiciens composé de Mgr Hubert Coppenrath, Patua Coulin (dite « Mama Vaetua »), John Doom, John Martin, Raymond Pietri, Winston Pukoki et Maco Tevane, le dictionnaire tahitien-français numérique est réalisé par deux jeunes polynésiens passionnés (Teiva Saranga et Kaimana Van Bastolaer) et mis en ligne sous la forme d'un site web public afin de diffuser les travaux de l'Académie, fruits de nombreuses années d'un travail ardu, au plus grand nombre. Une attention particulière fut apportée à la restitution d'une graphie respectueuse des travaux de l'institution, notamment au niveau des voyelles longues appelées « Tarava ». Enfin, la prise en compte des différentes prononciations de mots à l'apparence identique mais au sens très différents, fut un autre défi de taille à relever. Au mois de , plus de 785.000 recherches ont été effectuées dans ce dictionnaire en ligne.

Autres académies et associations linguistiques de Polynésie française

Îles Marquises

L'Académie marquisienne a été créé en 2000, avec le nom local de Tuhuna Eo Enata.

Tuamotu

L'Académie pa'umotu date ici de [8] : Académie pa’umotu – Karuru vanaga[9], avec 14 membres. Cette société est fondée sur l’association Te Reo o te Tuamotu, créée en 2000 (président : Jean Kape).

Îles Gambier

À l'heure actuelle, il n'y existe qu'une association : Reo Magareva.

Notes et références

  1. Académie tahitienne, Présentation [lire en ligne]
  2. Martial Iorss (1891-1966) : professionnellement greffier en chef des tribunaux, mais pourvu d'une connaissance approfondie du tahitien
  3. John Martin : né en 1921 ; volontaire de la France libre en 1940, combattant à Bir-Hakeim ; interprète officiel du gouvernorat ; un des fondateurs de Radio-Tahiti
  4. Source : historique fourni par le site officiel.
  5. Voir le site indiqué dans la bibliographie : Coppenrath, 1975.
  6. Fare : maison ; vana'a : 1) orateur, homme éloquent 2) conseil, avis, discours.
  7. Publication en 2008 du tome 1 : A-D
  8. Voir sites de presse, par exemple : lesnouvelles.pf
  9. Vanaga est la version paumotu de vana'a

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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