Abus sexuels dans la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X

• Silviano Bernabé Uribe, ordonné prêtre en 1989 au séminaire FSSPX de La Reja en Argentine, est condamné en septembre 2004 à un an de prison avec sursis pour des agressions sexuelles sur une majeure et une mineure de 13 ans. Il était alors directeur d’une école hors-contrat de la FSSPX à Bordeaux. L’abbé Bernabé Uribe a fait appel de cette décision et a perdu le 19 mai 2005, puis s’est pourvu en Cassation, où la Cour a rejeté son pourvoi le 26 avril 2006[7]^,[8].
• Christophe Roisnel, ordonné prêtre à Écône en 2002 et directeur d’une école hors contrat de la FSSPX au moment des faits, est condamné le 5 mai 2017 à seize ans de réclusion criminelle pour des viols aggravés sur deux femmes adultes[9]. Il interjette appel et écope le 16 février 2018 de trois ans supplémentaires, soit un total de dix-neuf ans, pour des faits de torture qui n’avaient pas été retenus en première instance[10].
• Frédéric Abbet, ordonné prêtre en 2004 à Écône, condamné à cinq ans de réclusion par la Cour d'appel de Bruxelles le 13 décembre 2017 pour violences sexuelles sur mineur de moins de 16 ans[11]^,[12]. Absent au verdict pour raison de santé et ayant demandé à purger sa peine en Suisse, il n'est arrêté et incarcéré qu'en juin 2020 en Valais[13].
• Kevin G. Sloniker, formateur de servants de messe à l'église FSSPX Immaculate Conception dans l'Idaho aux États-Unis, moniteur de camps de jeunesse de la FSSPX et ancien séminariste à Winona, condamné le 28 octobre 2016 à perpétuité avec une peine de sûreté de trente-cinq ans pour viols et agressions sexuelles sur sept mineurs âgés de 8 à 14 ans[14]. L'émission d'investigation suédoise Uppdrag Granskning a consacré en avril 2017 un épisode à l'affaire et au procès, qui met en cause la responsabilité de la Fraternité Saint-Pie X[15].
• Guillaumo Aguilar, surveillant à l'école FSSPX Sainte-Marie près de Saint-Malo, condamné le 17 décembre 2020 à sept ans d'emprisonnement pour agressions sexuelles sur treize élèves[16]. Selon Le Pays Malouin, deux élèves avaient averti un prêtre de l'établissement, qui s'est défendu par le secret de la confession. La hiérarchie de l'établissement n'a donc pas été mise en cause par la cour[17].
• Peter Palmeri, employé à la St. Marys Academy, école de la Fraternité au Kansas aux États-Unis, est condamné à dix ans de réclusion pour des faits de viols et d’agressions sexuelles sur mineures et d’enlèvement. Trois prêtres locaux de la FSSPX auraient refusé d’agir en dépit d’alertes spécifiques et Peter Palmeri a pu initialement conserver son emploi à l’école de la FSSPX[18].

La web TV catholique américaine Church Militant a par ailleurs relevé en mai 2020 qu’au moins cinq fidèles laïcs de la communauté FSSPX de St. Marys (Kansas) étaient emprisonnés ou mis en examen pour des faits de pédophilie, surtout des cas d’incestes, et que le taux d’incidence de ces crimes y semble très supérieur à la moyenne nationale américaine[18]. Dans cette enquête, Church Militant a également accusé la police locale, dont certains agents sont fidèles de la FSSPX, de collusion et de sabotage d’enquêtes, ce dont le shérif s’est défendu dans un communiqué[19].

Les jugements canoniques ne sont pas publics et les condamnations sont donc souvent difficiles à établir, même si elles peuvent dans certains cas être confirmées publiquement par les autorités ecclésiastiques.

• Benedict Van Der Putten, ordonné prêtre en 1992 au séminaire nord-américain de la FSSPX, accusé par plusieurs jeunes femmes (dont au moins une mineure) d'abus sexuels en Californie et réduit à l'état laïc sous le pontificat de Benoît XVI[20] après avoir cherché à intégrer le diocèse de Scranton en Pennsylvanie[21]. Il apparaît dans le Pennsylvania Grand Jury Report (en) avec deux autres agresseurs sexuels ordonnés dans la FSSPX, Carlos Urrutigoity (de) et Eric Ensey[22]^,[23].
• Philippe Peignot, ordonné prêtre en juin 1982 par Marcel Lefebvre, accusé d'abus sexuels sur plusieurs jeunes garçons[24]^,[25], condamné par un tribunal de la FSSPX mandaté par le Vatican en 2014[26]. L'interdiction d'apostolat auprès des mineurs est confirmée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi[2].

Le parquet de La Roche-sur-Yon annonce le 15 octobre 2020 l’arrestation et la mise en examen d’un prêtre français de la FSSPX pour des faits de viols et agressions sexuelles sur mineurs et de corruption de mineurs. Au moment de cette déclaration, dix-neuf victimes présumées avaient été identifiées et l’enquête était toujours en cours[27]. Le supérieur du District de France de la Fraternité affirme une semaine plus tard dans une déclaration vidéo son souci de transparence et de soutien aux familles affectées[28].

The Kansas City Star signale 17 mai 2020 que le Kansas Bureau of Investigation (en) (KBI) a étendu à la FSSPX son enquête sur des abus sexuels commis et occultés dans l’Église catholique, enquête qui concernait à l’origine les quatre diocèses catholiques de l’État. Selon la source citée, qui a été interrogée par le KBI, huit prêtres de la Fraternité seraient visés pour des faits commis ou occultés dans l'État du Kansas[29]. L’information est confirmée par le KBI le lendemain et reprise la semaine suivante par des médias européens[30]^,[31].

Le 4 août 2020, The Kansas City Star révèle que le district américain de la FSSPX impose à ses clercs et employés de ne répondre aux enquêteurs du KBI qu’en présence d’un avocat de la Fraternité et d’informer immédiatement le district si l’on a déjà répondu à des questions des enquêteurs[32].

Mediapart publie le 20 mars 2017 une liste de vingt-cinq évêques, dont cinq en fonction, ayant couvert des faits d’abus sexuels, liste dans laquelle figure Bernard Fellay, qui a été supérieur général de la Fraternité de 1994 à 2018, aux côtés de vingt-quatre évêques diocésains français[33]^,[34]^,[35]. Les critiques de Mediapart concernent spécifiquement les cas de Christophe Roisnel, condamné depuis lors à dix-neuf ans de réclusion par la Cour d’assises d’appel de Nanterre, et celui de Philippe Peignot, condamné canoniquement en 2014.

Bernard Fellay est également critiqué pour la non-dénonciation de Frédéric Abbet en 2005 en Suisse, le choix du lieu de sa mutation dans un bâtiment abritant un pensionnat à Bruxelles, et le manque de coopération de la hiérarchie de la FSSPX avec la justice belge[36]. Ces critiques ont fait l’objet en janvier 2018 d’un communiqué conjoint de trois associations de victimes : La Parole libérée, l’AVREF et le Groupe SAPEC[37]^,[38].

Dans une interview accordée à la chaîne suédoise SVT suite à la diffusion du documentaire d’investigation The Golden Prison[39], Anders Arborelius, cardinal et archevêque de Stockholm, remercie les journalistes d’enquêter sur les abus au sein des mouvements de l’Église et souligne que la FSSPX ne doit pas traiter ces affaires en interne mais procéder à des signalements à la police quand cela se produit[40].

Le pape François, répondant à une question de Nicolas Senèze dans l’avion de Fátima à Rome le 13 mai 2017, reconnaît l’existence d’abus sexuels dans la FSSPX et la compétence de la Congrégation pour la doctrine de la foi pour les juger[41]. Guido Pozzo, à l’époque secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei, affirme en mai 2017 que Bernard Fellay a toujours respecté le droit canon en matière d’abus sexuels et estime que la gestion des abus dans la Fraternité n’est « absolument pas un problème » dans le processus de régularisation canonique[1].

Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d'Astana, estime dans une courte tribune du 3 décembre 2020 en anglais que les accusations portées contre la Fraternité en matière de traitement des abus sexuels sont « biaisées »[42], sans pour autant incriminer des accusations ou des biais en particulier[43].