4e régiment d'artillerie (France)

Le 4e Régiment d'Artillerie (ou 4e RA) est un régiment de l'armée de terre française, actuellement dissout. Son histoire remonte au régiment Royal-Artillerie, créé en 1720 pendant l'Ancien Régime.

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4e régiment d'artillerie

Insigne régimentaire du 4e régiment d’artillerie

Création 1720
Dissolution 1993
Pays France
Branche Armée de Terre
Type Régiment d'artillerie
Rôle Artillerie nucléaire (1976-1993)
Garnison Laon-Couvron
Ancienne dénomination 4e bataillon du Régiment Royal-Artillerie
4e régiment d'artillerie de campagne
4e régiment d'artillerie divisionnaire.
Devise "ultima ratio regum"
Inscriptions
sur l’emblème
Héliopolis 1800
Lützen 1813
Constantine 1837
Sébastopol 1854-1855
Somme 1916
Soissonnais 1917
Roulers 1918
AFN 1952-1962
Guerres Guerres de la Révolution française
Guerres napoléoniennes
Guerre de 1870
Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Guerre d'Algérie
Fourragères Aux couleurs du ruban de la Croix de guerre 1914-1918
Décorations Croix de guerre 1914-1918
deux palmes

Il était l'un des cinq régiments d'artillerie français équipés de missiles nucléaires pré-stratégiques Pluton, alors qu'il était stationné à Laon-Couvron depuis au début des années 1990.

Création et différentes dénominations

  • 1720 : création 4e bataillon du Régiment Royal-Artillerie
  • 1765 : Régiment d'Artillerie de Grenoble[1]
  • 1794 : devient 4e régiment d'artillerie à cheval
  • 1816 : régiment d'artillerie à cheval de Toulouse
  • 1820 : 4e régiment d'artillerie à cheval
  • 1830 : 4e régiment d'artillerie
  • 1854 : 4e régiment d'artillerie à pied
  • 1867 : 4e régiment d'artillerie montée
  • 1871 : 4e régiment d'artillerie

Historique des garnisons, combats et batailles du 4e RA

Ancien Régime

Le 4e régiment d'artillerie est créé en 1720 comme 4e bataillon du Régiment Royal-Artillerie. En 1959, ce bataillon devient une des brigades du Royal-Artillerie. En 1765, l'unité est renommée régiment d'artillerie de Grenoble[2].

Guerres de la Révolution et de l'Empire

En 1794, le régiment d'artillerie de Grenoble devient 4e régiment d'artillerie à cheval[2].

De 1815 à 1854

Le régiment est recréé en 1816 sous le nom de régiment d'artillerie à cheval de Toulouse, renommé en 1820 4e régiment d'artillerie à cheval alors qu'il rejoint la garnison de Douai. En 1822, il est caserné à Strasbourg puis en 1825 à Metz[2].

Représentation de la tentative de soulèvement du 4e RA à Strasbourg par Louis-Napoléon Bonaparte en 1836.

Dissout en 1830, le régiment est recréé comme 4e régiment d'artillerie. Il caserne successivement à La Fère (1830) puis en Rennes (1831). En 1836, le 4e RA est caserné à Strasbourg[2]. Il participe à la tentative de soulèvement de Strasbourg de Louis-Napoléon Bonaparte le [3].

Le régiment rejoint Douai en 1864, La Fère en 1842, Vincennes en 1844, Lyon en 1847, Grenoble en 1848 puis Toulouse en 1849[2].

Second Empire

En 1854, le régiment devient le 4e régiment d'artillerie à pied, à Strasbourg. En 1858 il est garnison à Metz, en 1863 à Grenoble et en 1866 à Bourges. En 1867, le régiment devient le 4e régiment d'artillerie montée, qui rejoint Vincennes en 1869[2].

Au déclenchement de la guerre franco-prussienne de 1870, le 4e régiment d'artillerie montée mobilise 7 batteries[4]. Les 5e, 6e et 8e batteries sont à la 1re division d'infanterie du 3e corps d'armée, les 9e, 11e et 12e batteries à la 2e division d'infanterie du 3e corps et la 4e batterie à la 1re division d'infanterie du 12e corps d'armée. La 1re batterie est une batterie de dépôt, qui mobilise les batteries 1 bis, 2 et 2 bis, équipées de canons de 12, pour le siège de Paris. Les batteries 4, 8 et 9 sont équipés de mitrailleuses[4],[5]. À la bataille de Borny, la 9e batterie, commandée par le capitaine Bernadac, stoppe les Prussiens et inflige de lourdes pertes au 4e régiment d'infanterie prussien (de), comme le note le major Hoffbauer (de). La 8e batterie du capitaine Barbe est légèrement moins efficace à la bataille de Rezonville mais tue néanmoins le colonel du 40e régiment de fusiliers prussiens. À la bataille de Saint-Privat, cette batterie stoppe à nouveau les Prussiens mais doit se replier face aux tirs de contre-batterie de l'artillerie prussienne[6].

De 1871 à 1914

Le 4e régiment d'artillerie de campagne (4e RAC) était caserné à Besançon en 1913.

Première Guerre mondiale

En 1914, le 4e RAC est alors rattaché à la 13e division d'infanterie du 7e corps d'armée, qui sera engagé en Alsace dans les premiers jours de la Première Guerre mondiale.

Le 4e Groupe (10 et 11e Batteries à cheval) est à la 8e division de cavalerie.

1914

Le 31 juillet 1914 au matin, les unités casernées le long des frontières du Nord-Est reçoivent l'ordre d'établir une « couverture », prévue au plan XVII, afin de protéger les mouvements de troupes. L'extrémité droite de ce dispositif, couvrant les cols vosgiens méridionaux et la trouée de Belfort, est confiée au 7e corps (comprenant 120 canons des 4e, 5e et 47e RAC) renforcé par la 8e division de cavalerie (rajoutant douze pièces du 4e groupe à cheval du 4e RAC) et une batterie de 155 mm long du 9e RAP de Belfort.

Le , ces forces se portent en avant. Le jour même, le 4e RAC, qui sert d'artillerie divisionnaire à la 41e division (AD 41), ouvre le feu pour la première fois : après avoir passé les cols de Bussang et d'Oderen dès 4 h 30, le régiment envoie un de ses canons de 75 mm en appui de la tête de colonne, bloquée par des mitrailleuses allemandes à la sortie de Wesserling. Le tir des obus est efficace, se faisant à courte distance, en tir direct, si proche que les servants se font tirer dessus par les fantassins allemands.

Le , nouvel engagement : à Cernay, deux batteries du 3e groupe du 4e RAC en batterie sur le versant sud-est du contrefort vosgien (donc à contre-pente, en tir indirect) bloque avec leurs obus explosifs l'attaque allemande débouchant le matin de Wattwiller. Après l'évacuation de Cernay en début d'après-midi, la troisième batterie du groupe, établie en lisière nord du bois de Nonnenbruch, contrebat l'artillerie allemande déployée à l'est d'Uffholtz : « tir réglé 3000-3200 efficace. » Le 2e groupe du régiment est à Lutterbach, tirant là aussi sur l'infanterie allemande, mais subissant de nombreux tirs de contre-batterie bien dissimulée dans le bois :

« Observ. - Artie ennemi - bien cachée ; tir réglé au Télémètre ou d'après la carte ; extrêmement violent ; peu efficace. Eclatement trop hauts. - Mélange de shrapnels et de l'ex. - Artie française - Efficacité certaine du shrapnell et de l'explosif. Eclatements bas. Résultats puissants - Ht Moral de la Troupe. »

Le combat de Cernay se solde par la retraite française. À partir du 11, la division est sur la défensive le long de la frontière à l'est de Belfort. Le 12 au matin, une des batteries essuie encore quelques tirs de 105 mm allemand[7].

Entre-deux-guerres

Artilleurs du 4e RAD au Camp du Valdahon en 1926.

En 1924, le 4e régiment d'artillerie divisionnaire est rattaché au 7e corps d'armée et caserné à Besançon et Dôle[8].

En 1929, il est transféré de Dôle à Colmar.

Seconde Guerre mondiale

En 1939, le 4e régiment d'artillerie divisionnaire (RAD) est mis sur le pied de guerre au CMA 327 de Colmar. Régiment hippomobile, il est constitué d'une Batterie Hors Rang (BHR), de trois groupes de 75 mm et d'une batterie divisionnaire anti-chars (BDAC)[9]. Il appartient à la 14e division d'infanterie, dont le général Jean de Lattre de Tassigny prend le commandement, le . Cette division combat à Rethel, du au , puis se replie en Champagne, puis sur l'Yonne[10].

Artilleurs du 4e RA sous Vichy.

Le régiment continue d'exister dans l'Armée de Vichy. Avec trois groupes de canons de 75, il forme l'artillerie de la 13e division militaire. Dissout en 1942, le régiment est recréé en 1945[2].

De 1945 à nos jours

Le 4e RA est dissout en 1948. Trois groupes (I, II et III/4e RA) sont recréés en 1954[2].

Les Ier et IIe groupes du 4e RA participent aux opérations préliminaires à l'indépendance de la Tunisie[11]. Les Ier et IIIe groupes sont dissous en 1955[2]. Le II/4e RA participe également à la Guerre d'Algérie[11]. En 1961, ce dernier groupe, équipé avec des canons (et non comme unité d'infanterie de marche), est à Aïn Kerma (corps d'armée de Constantine)[12]. Le groupe est dissout en 1963[2].

En 1976, le 4e R.A. est recréé et devient l'un des cinq régiments d'artillerie doté du missile Pluton à charge nucléaire. Il a été dissous en 1993 à Couvron près de Laon dans l'Aisne. Il était installé depuis 1976 sur l'ancienne base aérienne de Laon-Couvron de l'OTAN[2].

Chefs de corps

  • 1779 : colonel Lamy d'Hangest ;
  • 1788 : colonel Hué de Laborde ;
  • -  : colonel de Mongenet ;
  • 1833-1836 : colonel Vaudrey[2] ;
  • 20 mais 1891 -  : colonel Langlois ;
  • -  : colonel Chatelain ;
  • - 1913 : colonel Nivelle ;
  • -  : colonel Nudant ;
  • -  : colonel Marchal ;
  • 1917 - 1918 : lieutenant-colonel Pujo ;
  • 1920 - 1921 : colonel Tricaud de la Goutte[2] ;
  • 1980 -1982 : colonel Charlet[2] ;
  • 1982 - 1984 : colonel de Chergé[2] ;
  • 1990 - 1992 : colonel Winter[2] ;
  • 1992 -1993 : colonel Gourbeault[2].

Étendard

Il porte, cousues en lettres d'or dans ses plis, les inscriptions suivantes[13],[14] :

Décorations

Fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de guerre 1914-1918.

Les 4e, 36e et 234e régiments d’artillerie de campagne reçoivent la fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de guerre 1914-1918 le [15].

Traditions et uniformes

Devise

ultima ratio regum

Personnages célèbres ayant servi au 4e RA

Sources et bibliographie

  • Historique de l'artillerie française, H. Kauffert.
  • Historique du 4e régiment d'artillerie de campagne, Besançon, A. Faivre, , 24 p., lire en ligne sur Gallica.

Notes et références

  1. Histoire de l'armée française, Pierre Montagnon, éditions Pygmalion - 1997
  2. Rémy Scherer et Roland Durand, « 004- Chefs de corps du 4 °RA », sur artillerie.asso.fr (consulté le )
  3. Guy Antonetti, Louis-Philippe, Fayard, , 992 p. (ISBN 978-2-213-59222-0 et 2-213-59222-5, OCLC 31913218), p. 770-772
  4. Rémy Scherer, « L’artillerie à la veille de la guerre de 1870-1871 : 03- L'artillerie de campagne », sur artillerie.asso.fr (consulté le )
  5. Rémy Scherer, « L’artillerie à la veille de la guerre de 1870-1871 : 4- Les unités de l'artillerie de campagne impériale », sur artillerie.asso.fr (consulté le )
  6. Claude Larronde, « Les canons de l'Arsenal : Le canon à balles pendant la guerre de 1870-1871 », sur claude.larronde.pagesperso-orange.fr (consulté le )
  7. « JMO du 4e RAC du 1er août au 29 septembre 1914 », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (SHD, cote 26 N 909/1, p. 34-35).
  8. « Regroupement des unités d'artillerie », Revue d'artillerie, , p. 95-101 (lire en ligne)
  9. « Regiments d'Artillerie », sur www.atf40.fr (consulté le )
  10. Ivan Cadeau, De Lattre, Place des éditeurs, , 259 p. (ISBN 978-2-262-07245-2, lire en ligne)
  11. Henri Kauffer et Georges Van den Bogaert, « Groupes ayant participé aux opérations en Afrique du Nord 1954-1962 », sur artillerie.asso.fr (consulté le )
  12. « 3- Stationnement en Algérie des groupes d'artillerie en 1961 », sur artillerie.asso.fr (consulté le )
  13. Décision no 12350/SGA/DPMA/SHD/DAT du 14 septembre 2007 relative aux inscriptions de noms de batailles sur les drapeaux et étendards des corps de troupe de l'armée de terre, du service de santé des armées et du service des essences des armées, Bulletin officiel des armées, no 27, 9 novembre 2007
  14. Arrêté relatif à l'attribution de l'inscription AFN 1952-1962 sur les drapeaux et étendards des formations des armées et services, du 19 novembre 2004 (A) NORDEF0452926A Michèle Alliot-Marie
  15. Les fourragères

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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