Éric Toussaint

Éric Toussaint, né en 1954 à Namur, est un historien belge, porte-parole du réseau international du Comité pour l'abolition des dettes illégitimes - autrefois dénommé Comité pour l'annulation de la dette du tiers monde (CADTM) - qu'il a contribué à fonder[1].

Pour les articles homonymes, voir Toussaint (homonymie).

Historien de formation, il est docteur en sciences politiques de l'université de Liège (ULg) et de l'université Paris VIII. Il est également membre du conseil scientifique d'ATTAC France. Il a participé à la fondation du conseil international du Forum social mondial en 2001.

Jeunesse et parcours militant

Né en 1954 à Namur, Éric Toussaint a vécu jusqu’à l’âge de 17 ans dans un village de mineurs de charbon (Retinne, près de Liège) où ses parents étaient instituteurs. Dans ce village de 2 500 habitants, il y avait plus de 30 nationalités différentes. À 13 ans, déjà actif dans des luttes (opposition à la guerre du Vietnam, antiracisme, soutien aux luttes des ouvriers, appui au Printemps de Prague...), il a adhéré au syndicat des étudiants de la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB). En 1968, il a contribué à lancer un comité de lutte lycéen qui s’est étendu à plusieurs établissements. C’est le début de toute une série de combats. En 1970, il a adhéré à la IVe Internationale et a participé à la création de la Ligue révolutionnaire des travailleurs (LRT) en , avant de devenir membre de son bureau politique en compagnie d'Ernest Mandel notamment. Il est resté membre de la section belge, aujourd'hui Gauche anticapitaliste - SAP. À partir de 1980, il est devenu membre de la direction de la IVe Internationale.

Il a exercé différentes responsabilités syndicales à la Centrale générale des services publics (CGSP)-secteur enseignement. Entre 1975 et 1994, il a participé très activement à de nombreuses actions syndicales (enseignants, métallurgistes, travailleurs municipaux...). Les années 1980 ont été marquées par de nombreuses grèves, soit pour améliorer les services publics (dont l’enseignement public), soit pour obtenir des réformes de structures anticapitalistes (vocable en vogue à la FGTB entre 1956 et la fin des années 1980), soit pour résister à l’offensive néolibérale. Il a été particulièrement actif dans les grèves et les autres actions que les travailleurs de la Ville de Liège (dont il faisait partie en tant qu’enseignant) accablés par le fardeau de la dette publique ont menées tout au long des années 1980.

La solidarité internationale est devenue de plus en plus présente dans ses activités et ses réflexions : la solidarité avec les grèves des travailleurs polonais à partir de 1980, des mineurs britanniques (1984-1985), l’appui aux expériences révolutionnaires au Nicaragua entre 1979 et 1989 par l’organisation de brigades de travail volontaire pour aider les paysans de ce pays, la solidarité face à la répression du printemps chinois en 1989, l’opposition au blocus imposé à Cuba par le gouvernement des États-Unis, le soutien à la lutte du peuple palestinien et bien d’autres luttes aux quatre coins de la planète.

En 1990, il a contribué à la création du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM) dont il est devenu président. Ce comité s'est transformé en un réseau international qui est implanté dans une trentaine de pays sur 4 continents. Il a participé en 1999 à la création d’ATTAC en Belgique ainsi qu’à celle du Forum social mondial au Brésil et de son conseil international en 2001, du Forum social européen en 2002 et de l'Alter Summit en 2012.

À partir de 2000, il a été très impliqué avec des mouvements populaires et avec des gouvernements latino-américains de gauche sur les thématiques de la dette, de la Banque du Sud et d'autres alternatives. Avec la crise de la dette qui touche le Nord de plein fouet depuis 2007-2008, Éric Toussaint a contribué au lancement et au renforcement des audits citoyens de la dette en Europe

Parcours d'enseignant

Entre 1975 et 1994, Éric Toussaint a enseigné plusieurs matières dont l'histoire dans une quinzaine d'établissements publics d'enseignement technique et professionnel de la Ville de Liège. Entre 1980 et 1984, il a également donné des cours d'économie à la Fondation André Renard, l'école de formation des militants syndicaux de la FGTB (Fédération générale du travail de Belgique, le principal syndicat) à Liège. Entre 1994 et 2014, son organisation syndicale, la Centrale générale des services publics - secteur enseignement (affiliée à la FGTB), l'a libéré afin qu'il puisse se concentrer entièrement aux activités du CADTM. Pendant ce temps, il a poursuivi des études et a obtenu le titre de docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII en 2004[2]. Jusque 2014, il a été maître de conférence à l'université de Liège où il a donné un cours sur les relations Nord/Sud. Depuis 1998, il enseigne à la Coopération technique belge sur la thématique des alternatives à la dette et sur les flux financiers mondiaux. Il est également associé à l'Institut International de Recherche et de Formation (IIRE) à Amsterdam.

Économiste

Depuis plus de 20 ans, il publie des analyses économiques qui ont été largement diffusées dans la presse (voir ce récent article dans le quotidien Le Monde) et sur internet. Il est l'auteur d'une quinzaine de livres. Les plus récents sont Le Système Dette. Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation (Les Liens qui Libèrent, 2017) ; Bancocratie (ADEN, Bruxelles, 2014) ; Les Chiffres de la dette 2015, avec Pierre Gottiniaux, Daniel Munevar et Antonio Sanabria, (CADTM, 2014) ; Procès d'un homme exemplaire (Al Dante, Marseille, 2013) ; AAA. Audit, annulation, autre politique, avec Damien Millet, (Seuil, Paris, 2012) ; La dette ou la vie, avec Damien Millet, (ADEN, Bruxelles, 2011) ; La crise, quelles crises ?, avec Damien Millet (ADEN, 2010).

Plusieurs de ses livres ont été publiés dans une dizaine de langues et sont devenus une référence sur la problématique de la dette et des institutions financières internationales[réf. nécessaire] : 65 questions 65 réponses sur la dette, le FMI et la Banque mondiale, avec Damien Millet (CADTM, 2012). Banque mondiale : le Coup d'État permanent. L'Agenda caché du Consensus de Washington (CADTM, 2006). Il a participé à la rédaction de deux manuels d'audit citoyen de la dette.

Il se bat depuis de nombreuses années pour l’annulation de la dette des pays du Sud et des dettes publiques illégitimes au Nord.

Il a été membre de la Commission d'audit intégral de la dette de l'Équateur (CAIC) mise en place en 2007 par le président Rafael Correa[3]. Cette même année, il a conseillé le ministre des Finances et le président de l'Équateur en ce qui concerne la création de la Banque du Sud, de même qu'il a fourni son expertise en la matière en 2008 au secrétariat des Nations Unies[4]. En 2008 également, le président paraguayen Fernando Lugo a fait appel à son expérience pour lancer l'audit de la dette de ce pays[5],[6]. En 2008, il a également conseillé le ministre vénézuélien du Développement économique et de la planification[7],[8].

En , il a prononcé une communication devant une session spéciale de l'Assemblée générale des Nations unies à New York consacrée à une évaluation des Objectifs du millénaire pour le développement[9].

En 2003, il a conseillé le nouveau gouvernement du Timor oriental (Océan Pacifique) en matière de dette et de relations avec le FMI et la Banque mondiale[10].

En 2005 et en 2008, il a été invité par la Commission économique de l'Union africaine à présenter ses propositions pour l'annulation des dettes illégitimes[réf. nécessaire] réclamées à l'Afrique.

En 2005, il a contribué à la création de l'Observatoire international de la dette avec les économistes de gauche d'Argentine.

Depuis 2010, il soutient différentes initiatives d'audit citoyen de la dette en Europe (Grèce, Portugal, Espagne, France, Belgique... - voir le réseau ICAN). Ses conseils ont été sollicités par la commission d’enquête parlementaire du Congrès brésilien sur la dette (CPI) en 2011 et par la commission économique du Sénat brésilien en 2013. En 2012 et en 2013, il a été invité par Aléxis Tsípras, le président de SYRIZA, pour des discussions sur la dette grecque[11]. En , il a été invité au Congrès argentin par des parlementaires de la majorité présidentielle qui souhaitaient la mise en place de la commission d'audit de la dette prévue par la loi dite du « paiement souverain » adoptée en [12]. Depuis , Éric Toussaint est le coordinateur scientifique de la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque. un groupe d’experts choisis à gauche parmi des économistes, des juristes et des activistes qui se regroupent autour du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM)[13]. Cette commission a été créée par Zoé Konstantopoúlou[14], la présidente du parlement grec entre février et début , a été dissoute par le nouveau président du parlement en novembre 2015 dans le contexte du 3e mémorandum imposé par les créanciers à la Grèce. La commission coordonnée par Éric Toussaint a produit deux rapports (voir le premier rapport et le second rapport en ligne) et a poursuivi ses travaux sans le soutien du nouveau parlement grec. Éric Toussaint se déclarera plus tard en désaccord avec la manière dont le gouvernement d'Aléxis Tsípras a géré la négociation de la dette avec la troïka, expliquant que ce dernier avait agi de manière contraire au programme de Thessalonique sur lequel il s'était engagé en [15].

En , Eric Toussaint a été invité par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) à présenter le point de vue du CADTM sur la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies concernant la résolution des crises de dettes souveraines (voir le compte rendu en ligne).

Éric Toussaint apporte son concours à des autorités municipales en Espagne, qui essayent de promouvoir des audits de la dette à participation citoyenne (voir cet article en espagnol, et cet article en français).

Bibliographie

Participation à des ouvrages collectifs

Notes et références

  1. « Éric Toussaint Éric Toussaint - Editions Syllepse », sur www.syllepse.net (consulté le )
  2. lire la thèse
  3. « Les leçons de l’Équateur pour l’annulation de la dette illégitime », CADTM, (lire en ligne)
  4. « Retour sur les enjeux autour de la Banque du Sud », CADTM, (lire en ligne)
  5. « Lugo dit que le Traité d’Itaipu est « léonin » », CADTM, (lire en ligne)
  6. « Paraguay : Un politologue belge appuie la cause d’Itaipu et de Yacireta », CADTM, (lire en ligne)
  7. « Respuestas del Sur a la Crisis de la Economía Mundial », CADTM, (lire en ligne)
  8. « Conférence internationale d’économie politique : réponses du Sud à la crise économique mondiale », CADTM, (lire en ligne)
  9. « Intervention d’Eric Toussaint aux Nations unies sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) », CADTM, (lire en ligne)
  10. « Timor Oriental : la Banque mondiale et le FMI face au nouvel État », CADTM, (lire en ligne)
  11. « Discours d’Eric Toussaint (13 min) au festival de la jeunesse de Syriza à Athènes, le 6 octobre 2012 », CADTM, (lire en ligne)
  12. « Eric Toussaint : « Dette et souveraineté en Amérique latine ». Conférence au Congrès national argentin, 15 octobre 2014 », CADTM, (lire en ligne)
  13. Sylvie Arsever, L’autre vérité sur la dette grecque, letemps.ch, 12 octobre 2015
  14. Eric Toussaint, « Quand Varoufakis réécrit l’histoire d’une capitulation – CONTRETEMPS » (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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