Érard II de Chacenay

Érard II de Chacenay (né vers 1183, † le ) est seigneur de Chacenay en Champagne. Il est le fils ainé d'Érard Ier de Chacenay et de Mathilde de Donzy[1].

Érard II de Chacenay
Titre Seigneur de Chacenay
(c. 1191 - c. 1236)
Prédécesseur Érard Ier de Chacenay
Successeur Hugues Ier de Chacenay
Allégeance Comté de Champagne
Biographie
Dynastie Maison de Montreal
Naissance c. 1183
Décès c. 1236
Père Érard Ier de Chacenay
Mère Mathilde de Donzy
Conjoint Emmeline de Broyes
Enfants Hugues Ier de Chacenay
Érard III de Chacenay
Mathilde de Chacenay
Jeannette de Chacenay
Alix de Chacenay

Biographie

Durant la guerre de succession de Champagne, il est un des principaux partisans d'Érard de Brienne[2] et de Philippa de Champagne.

Dès le début du conflit, il déclare à Blanche de Navarre et à son fils Thibaut de Champagne qu'il ne les reconnaissait plus comme souverains.

Vers 1216-1217, ceux-ci mirent alors le siège devant le château de Chacenay afin d'obtenir un point stratégique face aux armées de Brienne. Alerté de la situation, Simon II, seigneur de Sexfontaines, également partisan d'Érard de Brienne et ami du sire de Chacenay, coordonne une attaque de l'arrière-garde de l'armée champenoise pendant que les soldats de Chacenay mènent une sortie. Les Champenois sont mis en déroute et prennent la fuite et abandonnent à Érard de Chacenay leur campement et leurs engins de siège[3].

Une fois remobilisés, les Champenois reprennent le siège. Mais ayant besoin de son armée contre Érard de Brienne, Blanche propose des pourparlers afin de signer une trêve. Se rendant au lieu de l'entrevue, Érard de Chacenay est trahi et est fait prisonnier par des cavaliers champenois.

Blanche veut alors se dépêcher de prendre le château de Chacenay, mais celui-ci est désormais tenu par Simon de Sexfontaines qui est venu s'y enfermer avec ses soldats et des vivres afin de continuer le siège. Blanche est alors obligée de lever le siège.

Érard de Chacenay s'échappe avec la complicité d'un ancien serviteur attaché au service de la comtesse de Champagne et rejoint Simon de Sexfontaines. Ensemble, ils poursuivent les restes de l'armée champenoise et reprennent successivement Chervey, Landreville, Merrey, Villeneuve et enfin Bar sur Seine, avant d'y être chassés par l'ost royal venu au secours de Blanche, et de faire la jonction avec l'armée d'Érard de Brienne[4].

Début 1218, le Pape Honorius III lance l'excommunication contre Érard de Brienne et ses partisans. L'évêque de Langres, Guillaume de Joinville, sans doute à cause de ses liens de parenté, demande à être dispensé de l'application de cette bulle. C'est finalement l'évêque de Soissons qui applique la sentence et excommunie Érard de Chacenay et met sa terre en interdit.

Le , Érard de Chacenay écrit au Pape afin de se mettre à son service et de stopper sa guerre contre Blanche et Thibaut et obtient ainsi la levée des censures.

Toutefois, Érard refuse toujours de faire hommage à la Comtesse de Champagne et à son fils, et le le Pape redemande son excommunication.

Surement afin d'éviter cette sanction, il prend part à la Cinquième croisade et est présent en au siège de Damiette[5] où il combat aux côtés de ses cousins Jean de Brienne (roi de Jérusalem), Milon IV du Puiset (comte de Bar sur Seine), Jean d'Arcis et Guy d'Arcis, ainsi que de son oncle par alliance Hervé de Donzy, comte de Nevers. Alors qu'il voit ce dernier provoquer le scandale chez les croisés en prenant la fuite et son cousin Milon du Puiset et son fils Gaucher tomber glorieusement les armes à la main. La ville est prise le et Jean de Brienne abandonne la Croisade en suite aux différends entre Français et Italiens.

C'est à ce moment-là qu'Érard de Chacenay retourne sur ses terres, où l'Église recommence à le menacer s'il ne rend pas hommage à la comtesse de Champagne, et il est de nouveau excommunié le .

Néanmoins, une trêve entre Érard de Brienne et Blanche de Navarre durait depuis le , et Érard de Brienne, perdant la plupart de ses soutiens, renonce à ses prétentions sur le Comté de Champagne le et désigne Érard de Chacenay pour estimer les terres qui lui seraient données pour rente.

Érard de Chacenay cède à son tour le et restera fidèle à Thibaud IV de Champagne jusqu'à sa mort[5].

En 1225, un ancien trouvère nommé Bertrand Cordiele et né à Rains en Champagne, aurait jeté le trouble en Flandre en se faisant passer pour Baudouin de Constantinople, ancien Comte de Flandre et de Hainaut, père de l'actuelle Comtesse Jeanne de Constantinople et décédé vers 1205 ou 1206 en Bulgarie et qui aurait faire croire qu'il était resté prisonnier pendant 20 ans. Une fois démasqué par Louis VIII à Péronne, il aurait pris la fuite vers la Bourgogne[6], mais aurait été reconnu au château de Rougemont par Érard de Chacenay qui le fit prisonnier et le renvoya auprès de Jeanne[7]. Celle-ci le fit promener enchainé dans toutes les villes de Flandre avant de le faire pendre à Lille.

Érard de Chacenay aurait été le protecteur du trouvère Guiot de Dijon qui lui dédia quelques vers :

« Chacenay vai, chanson, sans doutance,
Et dit Érard que toute sa puissance
Mete en moi, qu'elle i est bien assise
Ceu dist li hon cui fine amor justice[8] »

Il décède le et est inhumé à l'Abbaye de Clairvaux.

Mariage et enfants

Vers 1205, il épouse Emmeline de Broyes, fille de Hugues III de Broyes et de Elisabeth de Dreux, et veuve d'Eudes II de Champlitte. Ils eurent cinq enfants connus[1] :

  • Hugues Ier (ou Huest), succède à son père et meurt sans héritier.
  • Érard III, succède à son frère et meurt sans héritier.
  • Mathilde (ou Mahaut), qui fut mariée à Guy d'Arcis.
  • Jeannette, seulement connue dans un acte de .
  • Alix, succède à ses frères, qui fut mariée à Guignes V, comte de Forez, puis Guillaume III, vicomte de Melun.

En 1224, il est possible que lui et Emmeline de Broyes aient divorcé, un contrat de divorce à l'amiable ayant été retrouvé dans le fonds des templiers d'Espailly (mais on ne sait s'il a été appliqué ou pas)[9].

Articles connexes

Sources

  • Marie Henry d'Arbois de Jubainville, Histoire des Ducs et Comtes de Champagne, 1865.
  • Lucien Coutant, Notice historique et généalogique de la terre et baronnie de Chacenay (lire en ligne)
  • Charles Lalore, Les sires et les barons de Chacenay (lire en ligne)

Notes et références

  1. Foundation for Medieval Genealogy.
  2. Marie Henry d'Arbois de Jubainville, Histoire des Ducs et Comtes de Champagne, 1865.
  3. Emile Jolibois, La Haute-Marne ancienne et moderne, 1858
  4. Lucien Coutant, Notice historique et généalogique de la terre et baronnie de Chacenay, 1851
  5. Charles Lalore, Les sires et les barons de Chacenay, 1885.
  6. Edward Le Glay, Histoire des Comtes de Flandre, 1843
  7. Philippe Mousquet, Chronique rimée, 1240 environ
  8. Guiot de Dijon, Bien doi chanteir quant fine amor, milieu XIIIe siècle
  9. Ernest Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, 1888.
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