Émile Belot

Émile Belot, né le à Vendôme et mort le au Mans, est un ingénieur en chef des manufactures de l'État.

Biographie

Polytechnicien (promotion 1877)[1], vice-président de la Société philomathique de Paris[2] et de la Société astronomique de France, secrétaire général de la Société des Actuaires[3] et lauréat de l'Académie des sciences, il s'est intéressé à l'automation et à la gestion de la production. Il a travaillé sur la fluidité industrielle (1925 Les nouvelles applications du principe de continuité ) pour mettre l'accent sur l'utilisation des machines et à ce titre on parle quelquefois de lui comme le Frederick Taylor français[4],[5]. Ingénieur dans l'industrie du tabac[6], il est inventeur de différentes machines. Directeur de la Manufacture des Tabacs de Reuilly de 1914 à 1928, il est un administrateur à tendance « sociale »[7] ; animateur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, il crée des jardins ouvriers et est parmi les fondateurs du cautionnement mutuel des fonctionnaires en 1908[8].

Féru d'astronomie, il travaille sur la théorie dualiste[9]. Il a laissé plusieurs ouvrages, et notamment L'origine des formes de la terre et des planètes, ainsi que L'origine dualiste des mondes (Essai de cosmogonie tourbillonnaire), où il émet l'hypothèse d'un proto-soleil nébuleux entrant en contact violent avec une nébuleuse plus vaste et explique qu'une telle rencontre est à l'origine des systèmes planétaires[10] et de leur organisation selon une spirale logarithmique sur le schéma de laquelle se répartissent les planètes de ce système par absorption tourbillonnaire et concrétion des poussières de la nébuleuse bousculée. Cet ouvrage, salué par Guillaume Bigourdan[10], sera préfacé par Camille Flammarion. Henri Poincaré, quant à lui, consacre un chapitre de ses cours de cosmogonie donnés à la Sorbonne aux thèses d'Émile Belot[11].

Il donne à la Société Astronomique de France un cours de cosmogonie qu'il continue à la Sorbonne entre 1912 et 1914[12]. Il reçoit en 1925 le prix des Dames décerné par la Société astronomique de France[13].

Émile Belot est chevalier de la Légion d'Honneur le et officier de la Légion d'Honneur le . Une rue porte son nom dans la ville du Mans[14].

Il est l'arrière-grand-père de Pierre Pincemaille[15], musicien et organiste français.

En 1983, l'ingénieur Lucien Romani évoque les théories d'Émile Belot dans son ouvrage La Naissance du système solaire[16]. Dans les années 2010 sont organisées des journées d'études sur Émile Belot, son frère Gustave Belot et son père Émile Joseph Belot, comme le à l'école des hautes études en sciences sociales[17] ou le à la Société française pour l'Histoire des sciences de l'homme[18].

Ouvrages

  • 1911 : Essai de cosmogonie tourbillonnaire (L'origine dualiste des mondes), Paris, Gauthier-Villars
  • 1911 : Principe d'organisation systématique des machines et des usines, La Technique Moderne, tome 3, no 10
  • 1918 : L'Origine des formes de la terre et des planètes, Paris, Gauthier-Villars
  • 1922 : Exposition synthétique de l'origine dualiste des mondes (Cosmogonie tourbillonnaire), Paris, PUF
  • 1923 : L'Évolution stellaire et nébulaire étudiée à la lumière de l'évolution organique, Paris, Société philomathique
  • 1923 : Article dans Science et vie no 76, Sans le soleil, la Terre ne tarderait pas à périr
  • 1924 : L'Origine dualiste des mondes et la structure de notre Univers, préface de Camille Flammarion, Paris, Payot
  • 1925 : Les Nouvelles Applications du principe de continuité
  • 1930 : 1 ̊ Les Systèmes planétaires sont-ils rares ou fréquents dans les univers stellaires. 2 ̊ Métamorphose et évolution de la masse terrestre depuis son émission par le protosoleil jusqu'à sa condensation sphéroïdale, Paris, Masson
  • 1931 : La Naissance de la terre et de ses satellites. Leur évolution cosmique, Paris, Gauthier-Villars
  • 1932 : Enseignements de la cosmogonie moderne, Paris, Bloud & Gay
  • 1934 : préface de l'œuvre de Théo Varlet L'Astronomie. Le nouvel univers astronomique.

Bibliographie

  • Volny Fages, Émile Belot (1857-1944) ou l’impossible cosmogonie scientifique, p. 35-42, dans Savants et inventeurs entre la gloire et l'oubli, sous la direction de Patrice Bret et Gérard Pajonk, Cths (collection Histoire), Paris, 2014 (ISBN 978-2-7355-0813-6) ; p. 136
  • Maisin J. E. Belot, Les enseignements de la cosmogonie moderne. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 40e année, Deuxième série, no 53, 1937. pp. 155-156.

Liens externes

Références

  1. « Emile Belot sur le site des anciens de l'école Polytechnique », sur Site des anciens de l'école Polytechnique (consulté le ).
  2. « Émile Belot (1857-1944) », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  3. Etat de la société au 1er décembre 1920 : Première section. — sciences mathématiques, t. XI, coll. « Bulletin de la société philomantique de Paris / X », .
  4. François Vatin, Émile Belot et le principe de continuité, vol. Fascicule 2, Rennes, coll. « Publications de l'Institut de recherche mathématiques de Rennes », (lire en ligne), p. 56-69.
  5. Alexandre Moatti, Alterscience : Postures, dogmes, idéologies, Paris, Éditions Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-7778-0), chap. IX (« La cosmogonie catastrophiste de l'ingénieur Hans Hörbiger »), p. 131.
  6. Louis Bourgoin, Savants modernes, leur vie, leur œuvre, Montréal, Éditions de l'Arbre, , p. 275.
  7. « Les Belot : chercher, expliquer et pérenniser l’ordre dans le cosmos, la manufacture et la société », sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
  8. François Vatin, Le travail, sciences et société : Essais d'épistémologie et de sociologie du travail, Bruxelles/Paris, Éditions de l'Université de Bruxelles, , 222 p. (ISBN 2-8004-1213-5), chap. VI (« Emile Belot et le principe de continuité »), p. 108.
  9. Jean-Pierre Verdet, Aux origines du monde : Une histoire de la cosmogonie, Paris, Éditions du Seuil, , 239 p. (ISBN 978-2-02-128789-9, lire en ligne), chap. VIII-5 (« Belot »).
  10. Stephane Le Gars, L'émergence de l’astronomie physique en France (1860-1914) : acteurs et pratiques, t. 1 (thèse de doctorat en Epistémologie, spécialité Histoire des sciences et techniques), Université de Nantes, , 523 p. (lire en ligne), chap. 3.2.1 (« Les tourbillons, ou l’Univers expliqué au laboratoire »), p. 305-308.
  11. Henri Poincaré, Leçons sur les hypothèses cosmogoniques professées à la Sorbonne, Paris, Faculté des Sciences de Paris, , 294 p. (lire sur Wikisource), chap. XIV (« Hypothèse de M. É. Belot. »), p. 271-279.
  12. « ASTRONOMES FRANÇAIS 1850 - 1950 / BELOT, Émile (1857-1944) », sur Le site officiel de l'Observatoire de Haute-Provence (consulté le ), p. 34-35.
  13. Gabrielle Camille-Flammarion, « Les Progrès de la Société Astronomique de France », L'Astronomie, vol. 41, , p. 332 (lire en ligne).
  14. « Rue Emile Belot au Mans », sur le site web de La Poste (consulté le ).
  15. « Ascendance et descendance d'Émile Belot », sur le site geneanet (consulté le ).
  16. Alexandre Moatti et Stéphane François (dir.), « Étude d'un cas d'alterscience : l'ingénieur Lucien Romani (1909-1990) », Un XXIe siècle irrationnel ? Analyses pluridisciplinaires des pensées « alternatives », Paris, CNRS éditions, (ISBN 978-2-271-11828-8, HAL hal-02192503, lire en ligne, consulté le ).
  17. « Gustave et les deux Émile. Les Belot, père et fils, trois savants sous la IIIe République », sur http://lettre.ehess.fr (consulté le ).
  18. Nathalie Richard, « Journée d'étude – Les frères Belot, deux savants sous la IIIe République », sur Le carnet-blog de la Société française pour l'Histoire des sciences de l'homme, (consulté le ).
  • Portail de l’astronomie
  • Portail de la production industrielle
  • Portail de la France
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.