Élections législatives thaïlandaises de 2019

Les élections législatives thaïlandaises de 2019 ont lieu le afin d'élire les 500 députés de la chambre des représentants de la Thaïlande[1].

Élections législatives thaïlandaises de 2019
500 sièges de la chambre des représentants
(Majorité absolue : 251 sièges)
Corps électoral et résultats
Inscrits 51 239 638
Votants 38 268 366
74,69%
Votes blancs et nuls 2 130 327
Palang Pracharat  Prayut Chan-o-cha
Voix 8 433 137
23,34%
Sièges obtenus 116
Pheu Thai  Sudarat Keyuraphan
Voix 7 920 630
21,92%
 26,5
Sièges obtenus 136  129
Parti du nouvel avenir  Thanathorn Juangroongruangkit
Voix 6 262 950
17,34%
Sièges obtenus 81
Parti démocrate  Aphisit Wetchachiwa
Voix 3 947 726
10,92%
 24,2
Sièges obtenus 53  106
Parti de la fierté thaï  Anuthin Charnweerakul
Voix 3 732 883
10,33%
Sièges obtenus 51
Composition de la chambre élue
Premier ministre de Thaïlande
Sortant Élu
Prayut Chan-o-cha
CNPO
Prayut Chan-o-cha
Palang Pracharat

Le scrutin, très attendu, doit permettre le retour théorique du pouvoir aux civils après cinq années de junte militaire. Il voit néanmoins la reconduite du chef de la junte Prayut Chan-o-cha au poste de Premier ministre. Malgré l'arrivée en tête des suffrages de son parti, le Palang Pracharat, celui-ci essuie pourtant une défaite avec sa mise en minorité face aux partis d'opposition. Le rôle dans la désignation du premier ministre accordé à la chambre haute, nommée par la junte selon une constitution rédigée sur mesure, permet cependant le maintien de Prayut Chan-o-cha.

Contexte

Le pays est dirigé par une junte militaire ayant pris le pouvoir suite à la profonde crise politique ayant précédé et suivi les élections législatives de 2014. Le parlement élu en 2014 a été dissous après le coup d'État de mai 2014 et remplacé par une assemblée nommée par la junte, qui s'est autoproclamée Conseil national pour la paix et le maintien de l'ordre. Le commandant en chef de l'Armée royale thaïlandaise et auteur du coup d'état, Prayut Chan-o-cha est depuis lors Premier ministre. En 2018, il crée un nouveau parti pour soutenir son maintien à la tête du gouvernement, le Parti du pouvoir de l'État au peuple.

Les élections, initialement promises pour 2015, ont depuis lors été ajournées d'année en année jusqu'en , date à laquelle la décision a été prise de les organiser le suivant.

L’interdiction de mener des activités politiques ou d’organiser des rassemblements n'est levée pour les autres partis qu'en . Ceux-ci sont alors devenus en situation de faire campagne et d’exposer leurs programmes. La junte continue néanmoins d’interférer dans la campagne à travers la Commission électorale et Cour constitutionnelle qui font dissoudre le parti d’opposition Thai Raksa Chart[2]. Le Conseil national de la radiodiffusion et de la télécommunication fait par ailleurs fermer pendant deux semaines la chaîne de télévision Voice TV, proche de l’opposition[3].

Mode de scrutin

La constitution de 2017 préparée par la junte et adoptée par référendum en 2016 a doté le pays d'un parlement bicaméral composé d'une chambre basse, la Chambre des représentants, et d'une chambre haute, le Sénat. Les 250 membres de ce dernier sont intégralement nommés par un panel d'une dizaine de grands électeurs choisis par la junte militaire[4].

La chambre des représentants est composée de 500 sièges pourvus tous les quatre ans selon un mode de scrutin mixte. Sur les 500 sièges, 350 sont ainsi pourvus au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans autant de circonscriptions électorales, tandis que les 150 sièges restants le sont au scrutin proportionnel plurinominal de liste selon un système compensatoire. Contrairement au système précédent, les électeurs n'ont qu'un seul bulletin à remplir au lieu de deux. Le vote pour un candidat choisi au niveau d'une circonscription compte comme une voix pour le parti auquel il appartient pour les sièges à la proportionnelle au niveau national[5]. Pour la première fois, le système utilisé n'est pas parallèle. Les 350 sièges sont d'abord attribués, puis les 150 restants le sont de manière à faire correspondre le plus possible la répartition totale des sièges à celle des suffrages au niveau national. Les partis ayant remporté une part des 350 sièges au scrutin majoritaire plus importante que leur part des suffrages au niveau national ne se voient ainsi pas attribués de sièges, qui sont répartis sur les partis dont le total de sièges est en « déficit » sur leur part des voix.

La loi électorale impose par ailleurs aux partis en lice d'annoncer à l'avance jusqu'à trois candidats au poste de Premier ministre. Ceux-ci n'appartiennent pas nécessairement aux partis les désignant. Prayut Chan-o-cha reste ainsi officiellement indépendant.

Enjeux

Ces élections doivent rendre le pouvoir aux civils après cinq années de junte militaire. La constitution écrite par la junte et taillée sur mesure pour elle pourrait néanmoins voir celle-ci conserver le pouvoir. Selon une disposition transitoire de la nouvelle constitution devant s'appliquer pendant les cinq premières années de la nouvelle législature, le premier ministre est en effet choisi par un vote du total des membres de la chambre des représentants et du Sénat réunis[6]. Les 250 membres de ce dernier étant de facto choisis par la Junte, Prayut pourrait être reconduit au poste de Premier Ministre si les partis lui étant favorables remportent au moins 126 des 500 membres élus à la chambre.

Controverses

Les élections sont précédées d'une vive controverse concernant le redécoupage des circonscriptions électorales du pays. En effet, la nouvelle constitution en fait passer le nombre de 400 à 350. Or, la commission électorale chargée en 2018 de procéder au redécoupage nécessaire de leurs délimitations voit ses travaux repoussés jusqu'au par le Premier ministre Prayut juste avant leur publication. Dans la foulée, celui-ci exempte la commission des lois en la matière, lui permettant de les délimiter sans restriction. Ces décisions provoquent des accusations de découpage opportuniste par l'opposition, dont notamment le Parti démocrate et le Parti Pheu Thai, ainsi que par la Fondation du forum ouvert pour la démocratie[7]. Ceux-ci soutiennent que le nouveau découpage avantagerait sciemment les partis pro-junte, dont le Parti du pouvoir de l'État au peuple (PPP)[8].

Résultats

Parti arrivé en tête par province
Résultats des législatives thaïlandaises de 2019[9],[10],[11]
Parti Voix % Sièges +/-
SM SP Total
Palang Pracharat (PP) 8 433 137 23,34 97 19 116 Nv
Pheu Thai (PTP) 7 920 630 21,92 136 0 136 128
Parti du nouvel avenir (PAM) 6 265 950 17,34 31 50 81 Nv
Parti démocrate (D) 3 947 726 10,92 33 20 53 107
Parti de la fierté thaï (BJT) 3 732 883 10,33 39 12 51 52
Parti libéral thaïlandais (TLP) 826 530 2,29 0 10 10 Nv
Parti du développement de la nation thaï (CP) 782 031 2,16 6 4 10 9
Parti de la nouvelle économie 485 664 1,34 0 6 6 Nv
Parti prachachart 485 436 1,34 6 1 7 Nv
Parti Puea Chat 419 393 1,16 0 5 5 Nv
Coalition d'action pour la Thaïlande 416 324 1,15 1 4 5 Nv
Parti du développement national (CPT) 252 044 0,70 1 2 3 4
Parti thai du pouvoir local 213 129 0,59 0 3 3 Nv
Parti pour la conservation des forêts 136 597 0,38 0 2 2 Nv
Parti du pouvoir du peuple thaï 81 733 0,23 0 1 1 Nv
Parti du pouvoir de la nation thaï 73 871 0,20 0 1 1 Nv
Parti progressiste populaire 69 417 0,19 0 1 1 Nv
Parti Palang Thai Rak Thai 60 840 0,17 0 1 1 Nv
Parti civilisé 60 421 0,17 0 1 1 Nv
Parti Prachaniyom 56 617 0,16 0 1 1 Nv
Enseignants thaïlandais pour le peuple 56 339 0,16 0 1 1 Nv
Parti populaire de la justice 47 848 0,13 0 1 1 Nv
Parti populaire de la réforme 45 508 0,13 0 1 1 Nv
Parti du pouvoir au citoyens 44 766 0,12 0 1 1 Nv
Nouveau parti pour la démocratie 39 792 0,11 0 1 1
Nouveau parti Palangdharma 35 533 0,10 0 1 1 Nv
Autres partis[alpha 1] 532 488 1,47 0 0 0 -
Aucun d'entre eux 605 392 1,68
Suffrages exprimés 36 138 039 94,43
Votes blancs et invalides 2 130 327 5,57
Total 38 268 366 100 350 150 500
Abstentions 12 971 272 35,31
Inscrits / participation 51 239 638 74,69

Suites

Le , l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra dénonce des fraudes[12].

Le , sept des partis arrivés derrière le Palang Pracharat se rassemblent en coalition et revendiquent la majorité des sièges au Parlement[13],[14],[15].

Le , Prayut Chan-o-cha est réélu Premier ministre par le Parlement, après avoir obtenu le ralliement du Parti démocrate, initialement membre de la coalition d'opposition, et dont Aphisit Wetchachiwa a démissionné de son poste de député en protestation. Arrivé deuxième, Thanathorn Juangroongruangkit a reçu le soutien du Pheu Thai et du Parti du nouvel avenir. Il a par ailleurs été suspendu de son poste de député[16].

Notes et références

Notes

  1. 51, moins de 0,10 % chacun

Références

  1. La-Croix.com, « Thaïlande: législatives le 24 mars, les premières depuis le coup d’État de 2014 », sur La Croix (consulté le ).
  2. ATS / CONF, « Un important parti d'opposition dissous avec les législatives », sur confedere.ch, Le Confédéré (Suisse), .
  3. Aurélie Leroy, « Élections thaïlandaises : l'illusion de la démocratie », sur CETRI, Centre Tricontinental, .
  4. « Politicians have no rights to disagree with me: Thai junta leader », Prachatai English, (lire en ligne, consulté le ).
  5. « Draft Constitution of the Kingdom of Thailand 2016 Unofficial English Translation » [archive du ], sur United Nations Thailand, Office of the United Nations Resident Coordinator, Thailand (consulté le ).
  6. (de) Beat Müller, « Thailand, 7. August 2016 : Mitbestimmung des Senats bei der Wahl des Ministerpräsidenten in der Übergangszeit », sur sudd.ch (consulté le ).
  7. (en) « Watchdog demands govt stop meddling with EC », sur www.bangkokpost.com, (consulté le ).
  8. (en) « New EC boundary ruling under fire », sur www.bangkokpost.com, (consulté le ).
  9. « ข่าวส านักงานคณะกรรมการการเลือกตั้ง », sur ect.go.th (consulté le ).
  10. « หลักเกณฑ์และวิธีการค านวณ ส.ส. แบบบัญชีรายชื่อ », sur ect.go.th (consulté le ).
  11. « Résultats détaillés », sur ect.go.th (consulté le ).
  12. Le Point, magazine, « Thaïlande : l'ex-Premier ministre Thaksin dénonce un scrutin "truqué" », sur Le Point (consulté le ).
  13. « Thaïlande: les partis d’opposition lancent une coalition anti-junte - Asie-Pacifique - RFI », sur RFI (consulté le ).
  14. Luke Duggleby et Laure Siegel (texte) (photogr. Luke Duggleby), « En Thaïlande, avec le parti des Commoners », sur mediapart.fr, .
  15. Laure Siegel, « En Thaïlande, des élections sous le contrôle de la junte militaire », sur mediapart.fr, .
  16. « En Thaïlande, le chef de la junte militaire conserve son poste de premier ministre », sur Le Monde.fr (consulté le ).
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