Élections législatives groenlandaises de 2021

Les élections législatives groenlandaises de 2021 se déroulent de manière anticipée le afin de renouveler les 31 membres de l'Inatsisartut, le parlement du Groenland.

Élections législatives groenlandaises de 2021
31 sièges du Inatsisartut
(Majorité absolue : 16 sièges)
Corps électoral et résultats
Inscrits 41 126
Votants 27 079
65,8%  6,06

Votes blancs et nuls 593
Inuit Ataqatigiit  Múte Bourup Egede
Voix 9 912
37,42%
 11,6
Sièges obtenus 12  4
Siumut  Erik Jensen
Voix 7 971
30,10%
 2,7
Sièges obtenus 10  1
Naleraq  Hans Enoksen
Voix 3 249
12,27%
 1,3
Sièges obtenus 4
Les Démocrates  Randi V. Evaldsen
Voix 2 452
9,26%
 10,4
Sièges obtenus 3  3
Atassut  Siverth K. Heilmann
Voix 1 879
7,09%
 1,1
Sièges obtenus 2
Premier ministre du Groenland
Sortant Élu
Kim Kielsen
Siumut
Múte Bourup Egede
IA

À l'issue d'une campagne électorale où prédomine la question de l'exploitation des ressources d'uranium et en terres rares du pays, à l'origine de la mise en minorité du gouvernement, les élections voient la victoire du parti Inuit Ataqatigiit, opposé au projet, qui arrive largement en tête. Son dirigeant, Múte Bourup Egede, forme un gouvernement de coalition avec le parti Naleraq, arrivé troisième.

Contexte

Kim Kielsen

Les élections d'avril 2018 aboutissent à la formation d'un gouvernement de coalition réunissant les partis Siumut, Inuit Ataqatigiit et Partii Naleraq. Kim Kielsen, du parti Siumut, est reconduit au poste de Premier ministre.

Kim Kielsen fait cependant l'objet en octobre 2020 d'une motion de censure en raison d'accusations de conflits d'intérêt pour son rôle dans la préparation d'une nouvelle législation favorisant la production locale de caviar en accordant des avantages fiscaux aux pécheurs, alors même qu'il venait de louer à un ami un bateau à fin d'utilisation dans ce secteur d'activité. La motion échoue de justesse par 14 voix contre et 13 pour, mais laisse Kielsen politiquement affaibli[1],[2].

Le mois suivant, il perd l'élection interne pour la présidence du parti Siumut au profit d'Erik Jensen, davantage favorable à l'indépendance du territoire[3], mais décide de se maintenir à son poste de Premier ministre. Cette situation de dissension interne entre les deux rivaux au sein du Siumut se conjugue à un désaccord au sein de la coalition au sujet d'un projet d'ouverture d'une mine d'uranium et de terres rares sur le site de Kvanefjeld, porté par Siumut, mais auquel s'oppose le parti Les Démocrates[4]. Ce dernier finit début février 2021 par quitter la coalition, plaçant le gouvernement de Kielsen en situation de gouvernement minoritaire avec seulement 12 sièges sur 31[5]. Après plusieurs jours de tentative infructueuse de formation d'une nouvelle coalition, l'Inatsisartut vote une motion de censure le 16 février à l'encontre du Premier ministre, avant de voter le lendemain la tenue d'élections anticipées pour le 6 avril suivant, un an avant la date prévue[6],[7].

Système électoral

L'Inatsisartut est le parlement monocaméral du Groenland, pays constitutif du royaume du Danemark. Il comprend 31 sièges pourvus pour quatre ans au scrutin proportionnel plurinominal de liste dans plusieurs circonscriptions électorales plurinominales. Après décompte des voix, les sièges sont répartis selon la méthode d'Hondt[8].

Sondages

Date Siumut IA Dém. Naleraq Atassut NQ Coop.
Février 2021[9] 29.4%
(9)
38.4%
(13)
11.3%
(3)
12.2%
(4)
6.8%
(2)
1.2%
(0)
0.7%
(0)
Décembre 2020[9] 31.0%
(10)
34.5%
(12)
12.7%
(4)
11.0%
(3)
6.1%
(2)
2.6%
(0)
2.1%
(0)
Janvier 2019[9] 28.7%
(10)
30.6%
(10)
21.7%
(7)
10.3%
(3)
4.5%
(1)
2.2%
(0)
2.5%
(0)

Résultats

Résultats des législatives groenlandaises de 2021[10]
Parti Voix  % +/- Sièges +/-
Inuit Ataqatigiit 9 912 37,42 11,6 12 4
Siumut 7 971 30,10 2,7 10 1
Naleraq 3 249 12,27 1,3 4
Les Démocrates 2 452 9,26 10,4 3 3
Atassut 1 879 7,09 1,1 2
Nunatta Qitornai 639 2,41 1,0 0 1
Parti de la Coopération (en) 375 1,42 2,7 0 1
Indépendants 9 0,03 - 0 -
Votes valides 26 486 97,81
Votes blancs 296 1,09
Votes nuls 297 1,10
Total 27 079 100 - 31
Abstentions 14 047 34,16
Inscrits / participation 41 126 65,84

Analyse

En nette hausse par rapport à 2018, le parti d'opposition Inuit Ataqatigiit devance le Siumut du Premier ministre Kim Kielsen, lui-même en légère progression, au cours d'un scrutin perçu comme un référendum sur l’exploitation des mines d'uranium et de terres rares[11],[12],[13]. En revanche, Les Démocrates, à l'origine de la motion de censure, perdent la moitié de leurs sièges.

Le dirigeant d'Inuit Ataqatigiit, Múte Bourup Egede, entreprend à partir du 8 avril des négociations en vue de la formation d'un gouvernement de coalition[14]. Les démocrates s'en retire le lendemain, jugeant leur positions irréconciliables tout en souhaitant bonne chance à Egede[15]. Ce dernier annonce le 13 la fin des négociations avec Siumut, qu'il décrit comme trop miné par des conflits internes pour parvenir à une ligne commune sur un accord[16].

Un accord de coalition avec Naleraq est finalement annoncé le 16 par Egede, qui bénéficie ainsi de la majorité absolue à l'Inatsisartut avec 16 sièges sur 31. Atassut annonce pour sa part être disposé à apporter son soutien sans participation à la coalition, qui est mise en place le 18 avril. Egede devient ainsi à 34 ans le plus jeune Premier ministre groenlandais[17],[18].

Le 16 juillet, le gouvernement vote une loi interdisant l'exploration pétrolière sur son territoire terrestre et maritime. Une loi interdisant l'extraction d'uranium est par ailleurs annoncée en préparation[19].

Notes et références

  1. (en) « Greenland’s premier becomes embroiled in a row over roe », sur ArcticToday, (consulté le ).
  2. (en) « Greenland’s premier narrowly avoids a no-confidence vote », sur ArcticToday, (consulté le ).
  3. (en) « Greenland's premier is ousted from party leadership by a rival promising stronger pursuit of independence », sur ArcticToday, (consulté le ).
  4. AFP, « Les richesses minières posent un casse-tête au Groenland », sur Le Journal de Montréal, (consulté le ).
  5. (en) « Greenland’s premier loses majority ahead of new legislative session », sur ArcticToday, (consulté le ).
  6. « Au Groenland, un projet minier fait tomber le gouvernement », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  7. (en) « Greenland's parliament calls an early election », sur ArcticToday, (consulté le ).
  8. (en) « IFES Election Guide », sur www.electionguide.org (consulté le ).
  9. (da) « IA stormer frem i ny meningsmåling », sur KNR (consulté le )
  10. (no) « Kalaallit Nunaanni Qinersinerit - Valg i Groenland - Elections in Greenland », sur qinersineq.gl (consulté le ).
  11. « Au Groenland, l’exploitation de terres rares et de l’uranium divise le pays jusque dans les urnes », sur Ouest-France, .
  12. « Législatives au Groenland : un projet minier controversé mis à mal par la victoire des écologistes », sur France 24, .
  13. « Les terres rares, enjeu des élections au Groenland », sur Le Figaro (consulté le ).
  14. (la) « Siumut Exit in Greenland Coalition Negotiations », sur www.highnorthnews.com (consulté le ).
  15. (da) « Demokraatit er ude af forhandlingerne », sur Sermitsiaq.AG (consulté le ).
  16. (da) « Siumut ude af koalitions-forhandlingerne », sur Sermitsiaq.AG (consulté le ).
  17. La Libre.be, « Groenland : un gouvernement anti-uranium et anti-quotas de pêche », sur LaLibre.be, (consulté le ).
  18. « Le Groenland, son gouvernement de gauche écolo et son Premier ministre trentenaire... », sur Libération, Libération (consulté le ).
  19. « Le Groenland interdit l'exploration pétrolière sur son territoire », sur Les Echos, (consulté le ).

Voir aussi

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