Édouard Levé

Édouard Levé, né le à Neuilly-sur-Seine et mort le à Paris, est un artiste et un écrivain français.

Plasticien, son esprit est hanté, selon ses dires, par la question du « double ». Analyste de lui-même, il a toute sa vie donné l’impression de vouloir se confronter directement à ses obsessions au moyen de « Reconstitutions ».

Biographie

Édouard Levé, naît à Neuilly-sur-Seine le . Il est le second enfant de Gérard et de Thérèse Levé.

Très jeune il intègre l'établissement privé catholique parisien Stanislas. Encouragé par ses parents, il poursuit son cursus scolaire à l'École supérieure des sciences économiques et commerciales de Paris (ESSEC). Autodidacte, il expose pour la première fois en 1992 dans la galerie de son oncle à Paris[1].

Écrivain, Édouard Levé travaille une écriture sobre, dégagée du pathos, dans des livres livrés sans « mode d'emploi », où le lecteur doit reconstituer une continuité à partir de phrases courtes où l'influence de Georges Perec est revendiquée[2].

Son dernier manuscrit, Suicide, qui évoque de manière romancée le suicide d'un ami d'enfance survenu vingt ans auparavant, est déposé chez son éditeur dix jours avant qu'il se donne la mort, à 42 ans.

Caractéristiques de son travail

  • Édouard Levé a réalisé une série de photographies autour de la commune d'Angoisse (Dordogne). Il en a fait un livre de photographies.
  • Durant une partie de sa vie, il a photographié des villes homonymes (par exemple, Rome dans l’État de New York).
    Il a parcouru les États-Unis sur 10 000 km à la recherche de telles villes (Florence, Berlin, Jericho, Oxford, Stockholm, Rio, Delhi, Amsterdam, Paris, Rome, Mexico, Lima, Versailles, Calcutta, Bagdad...).
    À partir de cent photos d’Édouard Levé, Gérard Gavarry a écrit en 2009 le roman Expérience d'Edward Lee, Versailles[3].
  • Il a par ailleurs accumulé des listes d'idées d'expositions, d’œuvres, de situations, privilégiant l'idée à son développement, sans tomber dans le systématisme.

Œuvre

Textes

  • 2002 : Œuvres, P.O.L. ; rééd. P.O.L., coll. « #formatpoche », 2015
  • 2004 : Journal, P.O.L.
  • 2005 : Autoportrait, P.O.L. ; rééd. P.O.L., coll. « #formatpoche », 2013
  • 2008 : Suicide, P.O.L. ; rééd. Gallimard, coll. Folio, 2009

Photographies

  • 2002 : Angoisse, Philéas Fogg.
  • 2003 : Reconstitutions, Philéas Fog - rééd. Nicolas Chaudun, 2008.
  • 2006 : Fictions, P.O.L.
  • 2006 : Amérique, Léo Scheer.

Expositions individuelles

  • 2008 : Édouard Levé (1965-2007), Galerie Loevenbruck, Paris, France
  • 2007 : Édouard Levé, musée Géo-Charles, Lyon, France

- Édouard Levé, les Abattoirs, Toulouse, France

- Photographie d’Édouard Levé, Forum du Blanc-Mesnil, Le Blanc-Mesnil, France

  • 2006 : Édouard Levé, centre d’art contemporain d’Orléans, France

- Amérique, galerie Léo Scheer, Paris, France

- Pornographie, La Cartonnerie, Reims, France

- Fictions, galerie Loevenbruck, Paris, France

- Fictions, galerie Librairie Florence Loewy, Paris, France

  • 2004 : Transferts, Musée des Beaux-Arts, Tours, France
  • 2003 : Reconstitutions, galerie Loevenbruck, Paris, France
  • 2002 : Angoisse, chapelle des Pénitents Bleus, Narbonne, France
  • 2001 : Angoisse, galerie la Périphérie, Malakoff, France
  • 2000 : Série des rêves reconstitués, Immanence, Paris, France

Résonance de son travail

  • La plupart des ouvrages d’Édouard Levé sont traduits en anglais et en espagnol.
  • Au festival Correspondances de Manosque en 2008, une lecture des textes d’Édouard Levé a été faite en son hommage par Éric Laurrent, Hervé Le Tellier et Valérie Mréjen.
  • L'un des chapitres du roman Assez parlé d'amour d'Hervé Le Tellier rend hommage à Édouard Levé, où il est présenté sous le nom de Hugues Léger, et à son œuvre intitulée Autoportrait.
  • La mort et l'œuvre d'Édouard Levé sont mentionnées dans le roman Photo-Photo de Marie Nimier.
  • Autoportrait d’Édouard Levé a été adapté par Anne Gardes pour un projet étudiant web-multimédia intitulé Autoportrait(s)[4] et a remporté le Grand Prix ETPA 2010[5].
  • Gérard Gavarry publie en 2009 le livre Expérience d'Edward Lee, Versailles (P.O.L.) qui a pour point de départ la série de photographies Amérique d'Édouard Levé.
  • Erik Vigneault évoque dans son roman Tout savoir sur Juliette paru en la remise du manuscrit de Suicide aux éditions P.O.L et le décès de l'auteur.
  • Forêt Noire de Valérie Mréjen (P.O.L., 2012) s'ouvre sur le suicide d'Édouard Levé. Son court métrage French Courvoisier (2009), où huit personnes évoquent le souvenir d’un ami suicidé, se termine par la lecture d'un extrait d'Autoportrait.
  • La dernière phrase du livre Autoportrait a inspiré le titre Le plus beau jour, sur l'album 22 ans de la chanteuse Lucrèce Sassella en 2015 ("Le plus beau jour de ma vie est peut-être passé...)
  • La chanteuse française La Grande Sophie recommande "Autoportrait" dans l'émission spéciale La Grande Librairie du sur France5[6] : et [7].
  • Dans le recueil de nouvelles L'Homme qui tua Roland Barthes (l'arbalète / Gallimard, 2010), Thomas Clerc consacre une nouvelle à Édouard Levé, qui fut son ami[8].
  • L'une des chansons (Prescience) du 5ème album du groupe de musique expérimentale "The body" fait référence à son œuvre par la lecture en anglais d'un passage de "Suicide".
  • Du au , Emmanuel Vaslin a proposé chaque semaine de partager sur Twitter des fragments autobiographiques en écho à une page d’Autoportrait. À l’aube de chaque vendredi matin il a publié ainsi une invitation à écrire, composée d’un court texte de présentation du dispositif d’écriture, du mot-dièse « #àMainLevé », d’une image et de la copie d’une page du texte d’Édouard Levé. Pendant toute la durée de cette expérience d’écriture littéraire, des contributeurs toujours plus nombreux ont pu produire, à la suite de ce tweet hebdomadaire, leurs propres contributions à la manière de : des micro-textes (le format bref de Twitter rencontrant le caractère heurté, parataxique, du style d’Édouard Levé) inspirés par ce concept d’une autobiographie par touches, des autobiographèmes, comme aurait pu dire Roland Barthes, mais éclatés en une multitude d’énonciateurs produisant, autour de l’œuvre conceptuelle de l’auteur, un étoilement de notations personnelles. Il en ressort une étonnante construction en écho à la vie et au texte original de l’artiste. Chacun ne parle là que de lui-même, mais tous ces textes présentent une curieuse ressemblance, un air de familiarité qui font ressortir la finesse et le caractère fascinant, captateur et vertigineux de l’œuvre d’Édouard Levé : tous ces textes, et celui de Levé avant tous les autres, semblent bien composer une autobiographie potentielle, des objets flottants dans lesquels, paradoxalement, le lecteur peut autant – peut-être même plus – se reconnaître qu’il pourra connaître leurs auteurs. Des récits qu’il peut faire siens, ou des récits qu’il peut s’aliéner, en quelque sorte, en les livrant. Ces réponses, ces récits liés les uns aux autres par la force de l’écriture numérique, adossés au texte d’Édouard Levé, finissent par former un large autoportrait collectif, dans une dialectique entre l’individuel et l’universel. Cet amas de textes est un événement littéraire. Un objet non identifiable, mais un objet qui lui-même renouvelle le geste d’Édouard Levé, parce qu’il interroge le lecteur, comme lecteur et en tant qu’humain traversé d’expériences, faisceau fuyant de souvenirs et de convictions, de prédilections et de vécus, agrégat de petites choses à l’égal de ses notations.
  • En 2019, Bruno Gibert publie "Forçats", où il décrit son amitié avec Édouard Levé.[9]
  • Dans son roman L'Anomalie, prix Goncourt 2020, Hervé Le Tellier rend hommage à Édouard Levé à travers le personnage de Victor Miesel[10].

Notes et références

  1. In Autobiographie, 2005.
  2. « Adolescent, je croyais que La Vie mode d'emploi m'aiderait à vivre.. », in Autoportrait, première phrase, 2005.
  3. « Expérience d'Edward Lee, Versailles, de Gérard Gavarry : un texte hanté par les images d’Édouard Levé » par Amaury da Cunha in Le Monde, 7 mai 2009.
  4. Autoportrait(s), en ligne.
  5. « L'homme qui tua Roland Barthes et autres nouvelles - L'arbalète/Gallimard - GALLIMARD - Site Gallimard », sur www.gallimard.fr (consulté le )
  6. Bruno Gibert, Forçats, Paris/61-Lonrai, L'Olivier, 152 p. (ISBN 978-2-8236-1420-6, lire en ligne)
  7. https://www.liberation.fr/livres/2021/01/01/goncourt-de-la-fusee-editoriale_1810141/

Annexes

Bibliographie

  • Nicolas Bouyssi, Esthétique du stéréotype : essai sur Édouard Levé, PUF, 2011.
  • Stéphane Girard, Plasticien, écrivain, suicidé. Ethos auctorial et paratopie suicidaire chez Édouard Levé, Paris, L'Harmattan, collection "Sémantiques", 2014.
  • Antoine Miller, L'Homme sans désir. Motifs mélancoliques dans l'œuvre d'Édouard Levé, Paris, Penta Éditions, Collection "Psychanalyse, littérature et écriture", 2016.

Liens externes

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