Éditocrate

Le terme éditocrate désigne une personnalité très présente dans les médias, et plus spécifiquement de l'édition, qui donne régulièrement son opinion sur un grand nombre de sujets dont elle n'est pas forcément spécialiste. Apparu dans les années 2000, ce terme péjoratif est utilisé pour dénoncer une sorte d'aristocratie médiatique, un cercle fermé de journalistes, essayistes ou éditorialistes constamment invités dans les médias, et qui sont souvent accusés de connivence avec les élites politiques et économiques[1]. L’éditocrate désigne ainsi les membres de la médiacratie dirigée par ces personnalités du monde de l'édition.

Origine

Plusieurs documentaires dont Les Nouveaux Chiens de garde dénoncent l'absence de séparation qui existerait, selon eux, entre le travail journalistique, le travail éditorial et la publicité. Ces contaminations du travail journalistique par l'éditorial et/ou par la publicité sont à l'origine du terme d'éditocrate.

Henri Maler d'Acrimed, affirme que « Le journalisme de commentaire écrase le journalisme d'information. Le journalisme politicien écrase le journalisme d'investigation et d'enquête sociales »[2].

Le terme se fonde sur une critique liée à ce que, selon ses thuriféraires, les journalistes seraient diplômés des mêmes universités et des mêmes écoles, et vivraient en circuit fermé. Certains participent à des think tanks.

Selon eux, les requis d'indépendance (conflit d’intérêt patent), de pluralité de points de vue, d'objectivité ne sont plus assurées lorsqu'on constate la similitude des analyses et des préconisations politiques, la concordance des erreurs sur les raisons de la crise financière, économique, sociale, politique, démocratique de 2007 à 2012 par exemple. La médiacratie est, pour les investigateurs, une partie de l'oligarchie au pouvoir. L'information, censée être le quatrième contre pouvoir de toute démocratie réelle, ne l'est plus[3],[4].

Le terme est également utilisé dans le cadre de diverses théories du complot, où les grands journalistes sont présentés comme les agents d'une conspiration visant à faire du mal au peuple. Le complotiste Thierry Meyssan utilise par exemple le terme dans ses ouvrages pour acculer les journalistes avec lequel il n'est pas d'accord[5].

Références

  1. « La meute des éditocrates », sur ACRIMED, (consulté le ).
  2. « Discutons de l'information entre générations », sur Thinkerview, (consulté le ) à 01':35
  3. Balbastre-Kergoat 2012
  4. Maler-ACRIMED 2016
  5. Thierry MEYSSAN, SOUS NOS YEUX : Du 11-Septembre à Donald Trump, Demi-Lune, , 302 p. (ISBN 978-2-917112-33-5, lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • Olivier Cyran, Sébastien Fontenelle, Mathias Reymond et Mona Chollet, Les Éditocrates : Ou comment parler de (presque) tout en racontant (vraiment) n'importe quoi, Paris, La Découverte, coll. « Cahiers libres », , 204 p. (ISBN 978-2-7071-5869-7).
  • Sébastien Fontenelle, Mona Chollet, Olivier Cyran et Laurence de Cock, Les Éditocrates 2 : Le cauchemar continue, Paris, La Découverte, , 159 p. (ISBN 978-2-7071-9613-2).
  • Sébastien Fontenelle, Les Éditocrates sous perfusion : Les aides publiques à la presse, trente ans de gabegie, Paris, Libertalia, , 106 p. (ISBN 978-2-918059-50-9).
  • Paul Nizan et Serge Halimi, Les Nouveaux Chiens de garde, Marseille, Éditions Agone, , 175 p. (ISBN 978-2-7489-0171-9, lire en ligne). Réédition, préface de Serge Halimi. Page consacrée au livre sur le site de son éditeur.
  • Laurent Mauduit, Les Imposteurs de l’Économie : Les économistes vedettes sous influence, Paris, Gawsewitch, , 263 p. (ISBN 978-2-266-23407-8).
  • Pascal Boniface, Les Intellectuels faussaires : Le triomphe médiatique des experts en mensonge, Paris, Gawsewitch, , 234 p. (ISBN 978-2-266-22355-3).
  • Les Nouveaux Chiens de garde (film), Épicentre Films, 2012, DVD, 104' (EAN 3545020026045)

Articles connexes

Liens externes

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