Économie de la Biélorussie

Après la chute de l'Union soviétique, toutes les anciennes républiques soviétiques durent faire face à une crise économique profonde. De plus, l'accident nucléaire de Tchernobyl et les radiations qui se sont ensuivies ont résulté en la destruction d'une partie de l'agriculture (20 % des terres agricoles ayant été contaminées[2]). La Biélorussie a toutefois choisi sa propre voie de sortie de cette crise. Après l'élection en 1994 d'Alexandre Loukachenko, le pays se lance sur la voie du « socialisme de marché[3] » et donc une privatisation partielle, par opposition à ce que Loukachenko a considéré comme le « capitalisme sauvage » choisi par la Russie à cette époque. Conformément à cette politique, des contrôles administratifs des prix et des taux de change ont été introduits. Le droit d'intervention de l'État dans la gestion des entreprises privées a également été élargi, mais, le , le président émet un décret abolissant celui-ci pour améliorer le classement international de la Biélorussie en ce qui concerne les investissements étrangers. Il s'agit de la quatrième économie de la CEI[4].

Économie de la Biélorussie

Minsk

Monnaie Rouble biélorusse
Année fiscale calendaire
Organisations internationales CEI
Statistiques
Produit intérieur brut (parité nominale) 128,4 milliards $ (2010)[1]
Produit intérieur brut en PPA 179,4 milliards $ (2017)
Rang pour le PIB en PPA 57e (2012)
Croissance du PIB 2,4 % (2017)
PIB par habitant en PPA 15 592 $ en PPA (2012)
PIB par secteur agriculture : 8,3 % (2017)[1]
industrie : 40,6 % (2017)[1]
services : 51,1 % (2017)[1]
Inflation (IPC) 6 % (2017)
Pop. sous le seuil de pauvreté 5,7 % (2016)
Population active 4 381 000 (2016)
Population active par secteur agriculture : 9,7 % (2015)
industrie : 23,4 % (2015)
services : 66,8 % (2015)
Taux de chômage 1 % (2017)
Commerce extérieur
Exportations 24.2 milliards $ (2017)
Biens exportés Machines et équipements, Produits minéraux, Chimie, Métaux, Textiles
Principaux clients Russie 43.9 %
Ukraine 11,5 %
Royaume-Uni 8.2 %
Allemagne 4% (2017)
Importations 26.2 milliards $ (2017)
Biens importés Produits minerais, Machines et équipements, Chimie, Produits alimentaires, Métaux
Principaux fournisseurs Russie 57,2 %
Chine 8%
Allemagne 5.1%
Pologne 4.4% (2017)
Finances publiques
Dette publique 53,4 % du PIB (2017)
Recettes publiques 22,15 milliards $ (2017)
Dépenses publiques 20,57 milliards $ (2017)
Sources :
www.cia.gov

En 2018, la Biélorussie est classée 53ème sur 189 pays selon l’indice de développement humain de l’ONU, et se trouve dans le groupe des États avec un « très haut développement ». Disposant d'un système de santé performant, elle présente un taux de mortalité infantile très bas de 2,9 (contre 6,6 en Russie ou 3,7 au Royaume-Uni). Le taux de médecins par habitants s’élève à 40,7 pour 10.000 habitants (le chiffre est de 26,7 en Roumanie, 32 en Finlande, 41,9 en Suède) et le taux d'alphabétisation est estimé à 99 %. Selon le Programme des Nations unies pour le développement, le coefficient de Gini (indicateur d'inégalités) est l’un des plus bas d'Europe[5].

Analyse

Tendance du PIB nominal, 1995-2007.

Après une hausse de 4,7 % en 2002, la Biélorussie a enregistré, en 2003, une nouvelle croissance du PIB de 6,8 %, soit une performance supérieure à la prévision initiale de + 6 % / + 6,5 %. Dans ce pays où la structure de l'économie a peu évolué par rapport à l'époque soviétique, l'industrie et l'agriculture constituent des parts relativement importantes du PIB, respectivement 47,7 % et 7,7 %, alors que les services restent, à l'inverse, relativement peu développés (44,6 %).

Selon l'ambassade de France à Moscou[6], ces bons résultats, concernant la croissance, doivent cependant être relativisés : les données statistiques publiques biélorusses sont sujettes à discussion en raison de leur caractère optimiste ; de plus, ces performances macroéconomiques seraient largement artificielles, l'économie biélorusse restant administrée de façon centralisée et bénéficiant de fournitures énergétiques russes "à prix d'amis", l'économie de la Russie étant celle qui est la plus étroitement liée à la Biélorussie pour des raisons historiques. Les bons résultats globaux sont d'ailleurs tempérés par le maintien d'une inflation élevée (25,4 %), qui demeure un point noir de l'économie biélorusse, bien qu'en diminution (34,8 % en 2002). La persistance d'une inflation élevée serait en grande partie due à l'octroi par les autorités de hausses de salaires supérieures aux gains de productivité. De plus, la situation des finances publiques serait également fragile (alors que le déficit était encore de 0,8 % à l'issue des 11 premiers mois, sa prévision finale a été portée à 2,3 % pour l'ensemble de l'année 2003), dû au fait de la détérioration des rentrées fiscales, alors que l'État a conservé d'importants engagements sociaux. Enfin, toujours selon l'ambassade de France à Moscou, le secteur bancaire ne serait pas en mesure de jouer efficacement son rôle d'intermédiation en raison de sa petite taille (l'actif net représente moins de 28 % du PIB), de la concentration à 60 % des dépôts des ménages au profit de la Belarusbank et de l'obligation faite par l'État aux banques commerciales de financer les entreprises déficitaires. La lenteur des réformes a permis de conserver des structures de production quasi inchangées depuis la période soviétique. Ainsi, la part du secteur privé dans l'économie demeure très faible (15 % du PIB environ) et tend même à se réduire (environ 20 % au milieu des années 1990).

Selon un rapport de 2004 de la Banque mondiale, la Biélorussie « a rapidement retrouvé une croissance de son PIB après le choc économique initial résultant de son indépendance, a réduit les niveaux de pauvreté de façon significative, a maintenu une ample couverture de services de santé et d’éducation et a accompli cela sans un accroissement des inégalités. Les mesures politiques mises en place ont réussi à maintenir le niveau de vie et à réduire la pauvreté mieux que dans plusieurs économies en transition »[5].

D'un autre côté, grâce à son isolement économique et son éloignement du système économique mondial, la Biélorusse n'a quasiment pas ressenti la crise économique de 2008-2010. Son PIB a même augmenté de 1,5 % en 2009. De janvier à , le taux de croissance a augmenté de 6,1 % par rapport à janvier - [7].

La Biélorussie affiche une bonne santé économique (une croissance moyenne de 8 % entre 2000 et 2010) et une stabilité qui attire les investisseurs étrangers. Néanmoins, la crise se fait ressentir en 2011, alors que l'année précédente, la décision avait été prise de faire passer le salaire moyen de 320-370 à 500 dollars[8]. Le rouble biélorusse perd fortement de sa valeur et l'inflation atteint 108,7 % cette année-là[9]. Le taux de refinancement passe de 10,5 % en décembre 2010 à 45 % en pour néanmoins rechuter à 32 % en . En , les taux d'intérêt de certaines banques avoisinent les 120 %[10].

Le taux de chômage officiel est de moins de 1 %[11] mais nombre de personnes tentent d'éviter l'enregistrement en tant que chômeurs, en raison de travaux publics obligatoires, tandis que l'assurance chômage est faible (environ 70 000 roubles par mois[12]). Selon Charter 97, site biélorusse opposé au gouvernement, celui-ci serait en réalité de 15 %, voire 24 %[13]. La Banque mondiale estime le taux de chômage en Biélorussie à 0,5 % en 2015[14].

AnnéeCroissanceAnnéeCroissanceAnnéeCroissance
1990 ?20005,8 %20107,7 %
1991-1,2 %20014,7 %20115,5 %
1992-9,6 %20025,5 %20121,7 %
1993-7,6 %20037,0 %20131,1 %
1994-11,7 %200411,4 %20141,7 %
1995-10,4 %20059,4 %2015-3,8 %
19962,8 %200610,0 %2016 -2,5 %
199711,4 %20078,6 %2017 2,5 %
19988,4 %200810,2 %2018 3,1 %
19993,4 %20090,2 %2019 1,2 %

Pour la première fois en plus de vingt ans l’économie biélorusse entre ainsi en récession en 2015. Cette situation, remarquable pour un pays qui avait été l'un des seuls en Europe à surmonter la crise des années 2008-2009 sans connaitre de récession, s'expliquerait notamment par des facteurs extérieurs tels que la détérioration accentuée des économies ukrainienne et russe, avec lesquelles la Biélorussie entretenait pour des raisons historiques et géographiques des échanges commerciaux privilégiés[14].

Relations économiques avec la Russie

Avec la Biélorussie, la Russie s'est engagée dans un processus d'union de type confédéral qui dépasserait les objectifs d'une simple union douanière et monétaire. La dépendance de Minsk en énergie et en débouchés permet à Moscou de préserver son influence dans cette république slave dont 47 % des échanges ont lieu avec la Russie en 2015. Fin 2006, la Biélorussie a ardemment négocié le prix de son gaz, qu'elle payait jusqu'à cette date 47 USD pour 1 000 m³ (contre plus de 250 dollars alors sur le marché européen). Menaçant de couper les robinets à moins d'obtenir le prix demandé, la Russie a obtenu un accord final in extremis le à un prix de 100 USD pour 1 000 m³. De plus, elle a obtenu une compensation en 50 % de titres dans la société gazière biélorusse Beltransgaz (dont le montant de 5 milliards de USD est estimé surévalué par les experts russes). Outrée par cette augmentation, la Biélorussie a appliqué une taxe sur le transit du pétrole russe vers les pays plus à l'Ouest. Cette confrontation des deux alliés traditionnels survient malgré le soutien que la Russie apporte traditionnellement au président Loukachenko. Les autorités russes rejettent tout leitmotiv politique de la crise, stipulant n'être régies que par des motivations économiques.
Pays charnière entre la Russie et l'Europe occidentale, la Biélorussie assure, grâce à ses pipelines, le transit de 20 % de gaz russe exporté à l'Ouest.

La dépendance économique de la Biélorussie envers la Russie est aussi forte sur l'ensemble de son commerce extérieur, puisqu'elle importe la moitié de ses besoins et exporte le tiers de sa marchandise vers le grand frère russe, qui est parfois l'unique client de certains biens, comme les viandes ou les postes de télévisions[15].

Les points forts de l'économie

  • Le pays est le troisième producteur de lait d'Europe. Il exporte son lait et ses fromages dans toute la CEI, en Europe occidentale et même au Moyen-Orient.
  • L'industrie chimique et pétrochimique (12 % du PIB) est l'autre fleuron de l'économie biélorusse, 20 % du gaz russe passant par le gazoduc Yamal-Europe.

Articles connexes

Références

  1. www.cia.gov
  2. http://www.un.org/ha/chernobyl/belarus.html
  3. La Biélorussie, pays le plus soviétique de l’ex-URSS, La Voix de la Russie, 10 juillet 2014
  4. https://www.tresor.economie.gouv.fr/pays/bielorussie
  5. Loïc Ramirez, « Le Bélarus, l'Etat miraculé »,
  6. Poste d'expansion économique - DREE, Ambassade de France à Moscou. Paul Hunsinger/Patrick Le Gauthier
  7. Démographie en Eurasie
  8. « Le modèle économique biélorusse en crise aiguë », sur Nouvelle Europe, (consulté le ).
  9. http://wyborcza.biz/biznes/1,101562,10936099,Bialorus__Inflacja_w_2011_r__wyniosla_108_7_proc_.html
  10. « Белорусские банки на грани краха », sur Росбалт (consulté le ).
  11. Unemployment Rate in Belarus is Less than 1%, Belstat , Telegraph.by, 29 mars 2011
  12. http://naviny.by/rubrics/society/2011/02/23/ic_articles_116_172587/
  13. Gallup: actual unemployment in Belarus is 24%, Charter 97, 6 juillet 2012
  14. Ministère des Affaires étrangères et du Développement international, « Présentation de la Biélorussie », sur France Diplomatie : : Ministère des Affaires étrangères et du Développement international (consulté le )
  15. Julien Arnoult, « Biélorussie : l'isolement coûte que coûte », Carto n°6, (consulté le )
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