Éboueur

Un éboueur aussi connu sous le terme d'agent de propreté urbaine ou plus familièrement sous le nom de ripeur (pour ceux à l'arrière de la benne), vidangeur (québécisme) est une personne employée par une collectivité territoriale ou une entreprise pour collecter les déchets, voire les convoyer jusqu'à leur point de retraitement (décharge, incinérateur, usine de recyclage).

Éboueurs à l'arrière d'un camion poubelle à Paris.

Histoire

Le travail qui consistait à débarrasser la chaussée de sa boue était réalisé par les cantonniers, des balayeurs ou par les habitants eux-mêmes. Le travail de vidange des latrines et des fosses se faisait d'autre-part par les vidangeurs. Une machine arrive à Paris vers 1860 appelée balayeuse ou éboueuse, invention d'un certain Tailfer[3]. Toutefois une street sweaping machine[4] aurait précédé l'invention en Angleterre vers 1840[5], invention de Joseph Whitworth[6]. Les expressions « éboueur » ou « éboueuse » servent premièrement à nommer ces machines.

En France, le métier d'éboueur existait même avant le , date à laquelle le préfet de la Seine Eugène Poubelle émit un arrêté rendant le ramassage des ordures ménagères obligatoire à Paris et aux alentours.

Les éboueurs en France avaient un travail varié et différentes tâches à accomplir, comme l'entretien des égouts, l'évacuation des boues, le ramassage des ordures ménagères.

Aujourd'hui, chacun de ces métiers correspond à une profession spécifique.

Conditions de travail

Les éboueurs sont constamment exposés à la circulation routière et de ce fait aux usagers de la route. Dans certains pays (en France par exemple), la législation oblige les éboueurs au port d'un gilet de haute visibilité et d'une tenue munie de bandes rétroréfléchissantes. Pour éviter tout contact avec les déchets en eux-mêmes, le port des gants est fréquent, voire obligatoire selon les pays.

En ce qui concerne les déchets, les éboueurs sont amenés à porter de lourdes charges, bien que l'apparition des poubelles à roulettes ait considérablement simplifié leur travail. Selon les régions, le travail des éboueurs peut se faire en matinée ou en soirée.

Selon un blog paru dans le Monde Diplomatique qui cite l’Inserm[7], les éboueurs perdraient en moyenne 17 années d’espérance de vie, alors qu'aucune étude sur le sujet n'a été trouvée[8]. Dans le personnel des collectivités locales (le seul pour lequel des données de mortalité dans ce métier soient disponibles), l’espérance de vie à 60 ans des éboueurs territoriaux  il s’agit ici des salariés des collectivités territoriales  se situe trois ans au-dessous de celle des autres agents de sexe masculin[9].

Les éboueurs sont exposés à certains risques dont :

Les risques physiques

  • Les manutentions: les camions de bennes à ordures ne sont pas toujours adaptés pour aider les ripeurs à vider les poubelles. Ils sont souvent obligés d'apporter des sacs de poubelle déposés sur le trottoir, ou de porter des poubelles en estimant que celles-ci ne contiennent pas beaucoup d’ordures, et sont donc portables[10].

Cette méthode de ramassage des ordures engendre des risques de troubles musculosquelettiques dus aux mauvaises positions des éboueurs (le dos courbé qui engendre des douleurs lombaires, le port de charge répétitif provoquant des tendinites ou des douleurs au niveau du canal carpien lors du vidage des poubelles, des douleurs du nerf sciatique du fait de rester debout sur une jambe…) De manière générale, les sacs laissés en vrac sont portés à la main par manque de moyen pour les soulever. Ils sont alors transportés jusqu’au camion benne et lancés à la main. Cette manutention est souvent faite de manière stratégique, en fonction de l’expérience des ripeurs. Il est courant que ces derniers regroupent les sacs poubelles en vrac en un seul et même endroit, à proximité du camion benne, pour limiter les allées et venues, des sacs poubelles au camion[10].

  • les risques de chutes de plain-pied ou de hauteur : les chutes de plain-pied sont essentiellement dues aux détritus trainant sur le chemin ou au manque de luminosité sur les lieux de collecte. Le travail s’effectue bien souvent la nuit, surtout en hiver. Ainsi, les ripeurs ne voient pas toujours où ils marchent. Pour prévenir les chutes de plain-pied, nous préconisons des chaussures antidérapantes. Aussi lors de l’hiver, un rembourrage de type genouillère ou une protection pour les coudes peuvent être prévus afin de limiter les dommages lors d’une chute. Nous pouvons aussi former un Sauveteur Secouriste au Travail par équipe qui saurait réagir en cas de chute d’un de ses collègues, ou qui saurait guider ses collègues à réagir, si lui-même était tombé. Pour prévenir les risques de chutes de hauteur, nous privilégierons les cabines à plancher bas. Aussi, la norme ANSI Z245.1-1999 impose à l’éboueur de ne pas se tenir sur le marchepied si la vitesse du camion excède les 17 km/h, si la distance de déplacement du camion excède 300 mètres ou si le camion est en marche arrière. Une formation au positionnement sur la cale serait appréciée. Sur la cale, une certaine position est préconisée : - Debout, corps incliné vers l’arrière, genoux légèrement fléchis. - Barres de préhension tenues avec les deux mains, et non avec le bras - Garder le marchepied propre pour une meilleure adhérence, et ne pas y descendre tant que le camion n’est pas à l’arrêt - Position assise ou agenouillée, ou montée à deux sur le marchepied interdites.
  • Les risques sonores et de vibration : le camion benne à ordure génère des vibrations sur le corps du chauffeur et de ses coéquipiers. Les vibrations sont surtout présentes pour le chauffeur, qui conduit pendant toute la tournée le camion. Mais, ces vibrations sont d’autant plus intenses lorsque le ripeur est sur le marchepied. Ce support est souvent modeste et n’amortit que très peu les vibrations et chocs. Une répétition aux vibrations amène un syndrome du système main-bras. Les risques de vibration peuvent être prévenus tout d’abord pour les ripeurs par un marchepied ergonomique. Ceux-ci sont souvent précaires. Il est donc important de créer des marchepieds les plus amortisseurs possibles. Il faut savoir que les éboueurs les plus âgés évitent au maximum de monter sur ce marchepied pour plusieurs raisons. Dans un premier temps, le nombre de flexions répétés pour monter et descendre de ce marchepied est très important. Les vibrations et l’inconfort de ce marchepied sont aussi importants. Les éboueurs sont exposés chaque jour au bruit, lors du chargement, du déchargement ou du reculement de l’engin.

Le bruit engendré par le camion benne et le bruit des poubelles sont également des nuisances sonores pour l’environnement et les usagers. Ces nuisances ont lieu tôt le matin ou le soir, et ce bruit peut donc déranger de nombreux habitants. Concernant les effets du bruit sur les opérateurs, on peut constater qu’il est à l’origine de lésions de l’oreille interne pouvant entraîner une surdité temporaire ou définitive.

  • Les risques de coupures ou de morsures : le risque de coupure est fréquent dans le métier de ripeur puisque ce dernier est constamment en présence de verre, ou de contenu inconnu dans les sacs en vrac. Ainsi, un objet perforant en verre notamment est toujours susceptible de couper l’opérateur. Ces verres, lorsqu’ils sont jetés peuvent aussi créer une projection d’éclats, et pénétrer dans l’œil ou dans la peau des ripeurs. Les ripeurs sont aussi confrontés aux déchets verts, comme des roses, mis dans des sacs en vrac.

Les risques psychosociaux

Les risques psychosociaux sont importants à évaluer. Le passage de la benne entraîne souvent des embouteillages, et souvent à l’heure du départ de personnes extérieures allant elles-mêmes à leur travail. Ainsi les éboueurs sont victimes de klaxons et d’énervement, les forçant à accélérer leur travail. Il est fréquent que se passe une altercation entre un agent de la collecte et un usager de la route. Les métiers des déchets sont souvent peu valorisants auprès de l’opinion publique, bien que leur métier soit extrêmement utile à la société. Aussi, les horaires décalés, la charge de travail et la difficulté physique du travail demandé entraînent des problèmes psychosociaux chez nos agents de collecte. Pour prévenir les risques psychosociaux, il est important de faciliter la communication dans l’équipe de collecte. Une équipe qui communique et qui s’entend est le point clé du bien être dans le travail. Le manager doit prendre en compte les ententes entre les opérateurs avant de former des équipes. Il est nécessaire de former des salariés face aux habitants. Afin d’éviter tout incident lors de la collecte, les agents peuvent faire un rapport de collecte où ils peuvent écrire leur ressenti et leurs difficultés lors de la collecte. Aussi, un suivi des salariés peut également avoir lieu.

Les risques biologiques et chimiques

  • Les risques biologiques : ils font partie du travail des ripeurs. Lors de la collecte des déchets les opérateurs peuvent parfois se couper, piquer dû à des verres, des ferrailles, des déchets verts ou des seringues dans les sachets poubelles. Les causes sont multiples et malheureusement, les ripeurs sont souvent exposés aux produits que jettent les habitants dans les sacs en vrac.

Ils peuvent causer des infections, intoxications, allergies voire des cancers à ceux qui y sont exposés ou en contact de ses agents.Pour limiter les dommages liés au risque biologique, il peut être demandé un certain nombre de vaccins, notamment le vaccin contre le tétanos. La présence de gants est nécessaire pour pallier le risque biologique trop présent dans le quotidien de la collecte.

  • Les risques chimiques : tout comme les risques biologiques, les risques chimiques sont malheureusement présents dans ce métier. Des produits chimiques peuvent être trouvés dans les déchets (produits irritants, toxiques…). Ils peuvent être nocifs pour les éboueurs par les voies respiratoires, la peau ou la bouche lors d’une projection de particule, et peuvent perturber le fonctionnement de leur organisme.

Ils peuvent provoquer des intoxications aiguës, avec des effets plus ou moins graves, et des intoxications chroniques très graves.

Les contraintes environnementales

  • Déplacement des éboueurs : pendant la collecte des déchets, les éboueurs sont engagés à se déplacer pour ramasser les déchets à droite et à gauche des accotements. Il faut qu’ils soient constamment attentifs aux allées et venues des voitures, cyclistes, passants, au camion d’ordure… En cas de manque d’attention, les risques peuvent être mortels puisqu’ils risquent à tout moment d’être heurtés par un véhicule en mouvement.

Les ripeurs les plus âgés ont tendance à favoriser la marche au marchepied. Cela le rend encore plus vulnérable par rapport à la circulation et à son environnement, d’autant plus que les déplacements entre deux points de collecte peuvent être importants en milieu rural, endroit où les véhicules ont le plus tendance à rouler vite.

  • Les manœuvres de recul : en général toutes les collectes se font vers l’avant. Cependant, il est amené aux ripeurs de faire la collecte en marche arrière lors par exemple d’un cul-de-sac ou d’une entrée de cour. Si l’un des éboueurs se trouve à l’arrière du camion qui recule, c'est-à-dire hors du champ de vison du conducteur, il risque d’être écrasé mortellement en une fraction de seconde. En effet, l’accident le plus mortel chez les éboueurs est le recul des camions bennes.

Pour prévenir ces risques, plusieurs solutions ont été pensées. Tout d’abord, lors d’une manœuvre, le camion benne produit alors automatiquement un signal sonore ainsi qu’un signal lumineux. Cela permet à l’agent de connaitre l’intention du conducteur. De plus, dans la majorité des camions, une caméra est présente à l’arrière du camion benne. Cette caméra de recul permet au conducteur de connaître l’emplacement de ses agents, puisqu’il ne peut pas voir directement derrière son camion avec ses rétroviseurs. Aussi, lors de la détection d’une présence derrière le camion, ce dernier peut émettre un signal sonore afin de prévenir le conducteur, ou encore bloquer simplement la manœuvre.Ici encore, la communication est importante. Les manœuvres de recul doivent être évitées au maximum, et, dans le cas où cette opération est occasionnelle, une bonne communication ne doit pas être gênante.

Les contraintes climatiques

L’éboueur doit composer avec les conditions climatiques puisque son travail se déroule exclusivement à l’extérieur. S’il ne gère pas bien son exposition au froid et à la chaleur, il risque les engelures, la déshydratation, le coup de chaleur ou les glissades. La collecte doit s’effectuer de la même façon en hiver qu’en été.

Face à tant de risques, des moyens de prévention peuvent être mis en place pour réduire, voire supprimer certain risque pour le bon déroulement de ce métier. Contre le froid, il faut proposer des vêtements chauds, qui ne respirent pas. Cela facilitera l’augmentation de la température corporelle. Contre le froid, les agents iront spontanément plus vite pour effectuer la collecte, afin de se réchauffer et de rentrer le plus vite possible. Cela a pour effet d’augmenter les risques et de diminuer l’attention et la vigilance des agents. Des vêtements en tissus synthétiques et de préférence de couleurs foncées seront préconisés. Contre la pluie, les agents de collecte auront leurs vêtements mouillés. Pour éviter cela, il faut prévoir des zones de séchage des vêtements.

Pour ce qui est de l’exposition à la chaleur, il est important que les agents gardent leur tenue de travail afin de garder les bandes réfléchissantes, mais aussi de garder une certaines protection contre les risques, en ne retirant pas leurs gants. Leur travail étant physique, la fatigue, la déshydratation ainsi que l’augmentation de la fréquence cardiaque arriveront plus rapidement. Pour éviter une déshydratation, des bouteilles d’eau sont stockées à l’avant de la cabine, aux côtés du conducteur. Le travail sous une chaleur extrême est tout de même rare puisque les tournées ne s’effectuent généralement pas après la fin de la matinée. Les agents, travaillant à la quitte, peuvent toutefois travailler à leur rythme quand ils sont soumis à des conditions climatiques difficiles.

Les risques d'incendie

Les feux de benne sont malheureusement souvent courants lors de la collecte. Ce n’est pas un phénomène auquel les opérateurs sont souvent confrontés, et c’est ce qui fait de l’incendie quelque chose de dangereux. Ce scénario peut provenir de multiples causes. Tout d’abord, les usagers sortent souvent les poubelles au dernier moment en voyant arriver le camion benne. Et il peut arriver que les habitants jettent une cigarette récemment fumée dans les sacs poubelles quelques minutes avant le ramassage de cette poubelle par les agents. Ainsi, si la cigarette a mal été éteinte, elle peut créer un feu dans le camion benne. D’autres feux peuvent aussi provenir d’une étincelle avec notamment un problème mécanique.

Les risques sur l’environnement

La collecte est susceptible de provoquer des pollutions. En effet, les camions peuvent polluer différemment en fonction de leur carburant. Les camions les plus récents roulent au Gaz Naturel pour Véhicule ou à l’électricité. Ces carburants sont considérés comme propres, ou du moins, plus propre que l’essence. Cependant, le GNV pollue, et, lors d’une collecte, c’est environ 1 mètre cube de ce gaz qui est consommé pour parcourir un kilomètre. De ce fait, de nombreux véhicules sont aujourd’hui passés à l’électricité, afin de rouler plus écologiquement. Il existe toutefois un grand nombre de camions benne roulant encore avec du diesel, et, dans l’optique de prévenir les risques sur l’environnement, il serait préférable de remplacer ces camions par des camions benne roulant au GNV ou à l’électricité.

Qualification

Aucune qualification spécifique n'est nécessaire. Il est toutefois préférable d'être en bonne forme physique. De plus, la plupart des éboueurs ont un CAP, voire le baccalauréat. En effet, pour devenir éboueur au sein des métropoles, il est nécessaire de passer un concours qui est de plus en plus sélectif.

Notes et références

  1. http://www.cidj.com/article-metier/eboueur
  2. https://www.ouestfrance-emploi.com/metiers/eboueur
  3. Encyclopédie de Famille. Répertoire général des connaissances usuelles, publié par MM. Firmin Didot frères, avec le concours de savants, d'artistes et de gens de lettres, (lire en ligne)
  4. Petr Petrovich Andreev, Dictionnaire technologique français-russe-allemand-anglais, contenant les termes techniques, employés dans l'industrie, les sciences appliquées, les arts et métiers, La Société imperiale polytechnique en Russie, (lire en ligne)
  5. (en) Patent Street-Sweeping Machine, etc. [A description of the machine invented by Sir Joseph Whitworth and operated by the Street and Road Cleansing Company, Manchester.], Bradbury & Evans, (lire en ligne)
  6. (en) Improvement in machines for sweeping and cleaning streets, (lire en ligne)
  7. « Retraites : opacité, régression, étatisation », sur Le Monde diplomatique,
  8. Vincent Coquaz, « Les égoutiers ont-ils une espérance de vie inférieure de dix-sept ans à la moyenne des Français ? », sur Libération.fr, (consulté le )
  9. Serge Volkoff, « « Montrer » la pénibilité : le parcours professionnel des éboueurs », Actes de la recherche en sciences sociales, , p. 62 (lire en ligne)
  10. « Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur Affaires municipales », sur www.apsam.com (consulté le )

Eboueur/ripeur, ministère du travail, 19-01-09

Condition de travail, Ministère de travail de la formation professionnelle et du dialogue sociale,direction général du travail, Bilan 2014 Fiche métier/ Ripeur, Les sites des fiches médico-professionnelles, créée le 07/09/2005, modifiée le 28/09/2017 

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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