À la claire fontaine

À la claire fontaine est une chanson française traditionnelle qui vient d'un poème anonyme écrit entre les XVe[1] et XVIIIe siècles. Selon l'ethnomusicologue canadien Marius Barbeau (1883-1969), la chanson aurait été composée par un jongleur du XVe ou du XVIe siècle. James Huston (1820-1854), journaliste canadien, écrit que « l'air et les paroles paraissent avoir été composés par un des premiers voyageurs canadiens »[2].

Ne doit pas être confondu avec le documentaire sur le football, À la Clairefontaine.

Il s'agit d'une chanson en laisse composée d'hexasyllabes ou d’alexandrins assonancés en /e/. Très populaire en France, elle l'est aussi en Nouvelle-France / Québec depuis le XVIIIe siècle, où elle a été historiquement chantée par les coureurs des bois lors de longs voyages en canot et par les Patriotes lors des insurrections de 1837-1838 contre l'hégémonie anglaise[3]. Cette chanson, premier hymne national de la Nouvelle-France, a connu plus de cinq cents versions.

Paroles selon les versions

Paroles originales supposées intitulées « En revenant des noces »[4]

En revenant de noces, j’étais bien fatiguée,
Au bord d’une fontaine, je me suis reposée
Et l’eau était si claire, que je m’y suis baignée ;
À la feuille du chêne, je me suis essuyée...

Sur la plus haute branche, le rossignol chantait :
Chante, rossignol, chante, toi qui as le cœur gai !
Le mien n’est pas de même, il est bien affligé !
C’est de mon ami Pierre, qui ne veut plus m’aimer,
Pour un bouton de rose, que j’ai trop tôt donné.

Je voudrais que la rose fût encore au rosier,
Et que mon ami Pierre fût encore à m’aimer.

La signification de ce texte pose des problèmes d'interprétation[5]. S'agit-il d'une fille mal mariée, d'une fille prise de tristesse le jour d'une noce parce qu'elle ne peut plus épouser un garçon après s'être refusée à lui et donnée à un autre ? Ou alors d'une jeune fille s'étant donnée trop tôt, se voit ensuite repoussée car pas assez pure pour l'époque ?

Paroles de la tradition française (en vers sénaires)

À la claire fontaine
M'en allant promener
J'ai trouvé l'eau si belle
Que je m'y suis baignée

Il y a longtemps que je t'aime jamais je ne t'oublierai

Sous les feuilles d'un chêne
Je me suis fait sécher
Sur la plus haute branche
Un rossignol chantait

Il y a longtemps que je t'aime jamais je ne t'oublierai

Chante, rossignol, chante
Toi qui as le cœur gai
Tu as le cœur à rire
Moi, je l'ai à pleurer

Il y a longtemps que je t'aime jamais je ne t'oublierai

J'ai perdu mon ami
Sans l'avoir mérité
Pour un bouton de rose
Que j'ai trop tôt donné

Il y a longtemps que je t'aime jamais je ne t'oublierai

Je voudrais que la rose
Fût encore au rosier
Et que mon ami Pierre
Fût encore à m'aimer

Il y a longtemps que je t'aime jamais je ne t'oublierai

Selon qu'on chante en parlant d'un homme ou d'une femme, on écrira « ami » ou « amie » (et dans le cas d'« ami », « mon ami Pierre » ou « mon doux ami » plutôt que « ma douce amie »). De même, selon que c'est une femme ou un homme qui chante, on écrira « je m'y suis baignée » ou « je m'y suis baigné ».

Paroles (avec laisse - version chantée)

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À la claire fontaine
M’en allant promener
J’ai trouvé l’eau si belle
Que je m’y suis baigné

Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai

Sous les feuilles d’un chêne,
Je me suis fait sécher.
Sur la plus haute branche,
Un rossignol chantait.

Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai

Chante, rossignol, chante,
Toi qui as le cœur gai.
Tu as le cœur à rire…
Moi je l’ai à pleurer.

Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai.

J'ai perdu mon amie
Sans l'avoir mérité.
Pour un bouquet de roses
Que je lui refusai…

Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai.

Je voudrais que la rose
Fût encore au rosier,
Et que ma douce amie
Fût encore à m'aimer.

Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai.

Musique


Interprètes et reprises

Musique

Au XIXe siècle, cette chanson est reconnue pour avoir été chantée par les patriotes canadiens lors des Troubles de 1837-1838 dans le Bas-Canada[3]. En 1878, l’association Saint-Jean-Baptiste de Montréal adopte un air national pour les Canadiens français : À la claire fontaine[6]. Des extraits de vers ont été également repris par des romanciers et poètes Canadiens français du XXe siècle, dont Louis Hémon (Maria Chapdelaine, 1914) et Alfred Desrochers (À l'ombre de l'Orford, 1929).

Liste non exhaustive d'artistes qui ont interprété cette mélodie
Années Interprète
1917 Éva Gauthier(78 tours, Victor)[7]
1973 Nana Mouskouri[8]
1982 Dorothée
2008 Grégoire
2007 Shang Wenjie (尚雯婕)
sous le titre 《梦之浮桥》 en mandarin et en français,
et sous le titre À la claire fontaine en français
  • Le chanteur argentin Jairo a interprété la chanson en espagnol, sous le titre La Clara Fuente, dans son album Liberté (1978).
  • Claude François en chante une adaptation, C'est pour vous que je chante, parue en 1979. Il en avait auparavant chanté un extrait en 1974 en duo avec Mireille Mathieu dans l'émission Top à produite par Maritie et Gilbert Carpentier qui lui était consacrée.
  • En 1981, Dorothée l'enregistre pour l'émission Discopuce, diffusée dans Récré A2. Sa reprise paraît une première fois sur l'album Promenons-nous dans les bois avec Dorothée et les Récréamis associé à l'émission en 1981, avant d'être reprise en 1982 sur la face B de son 45 tours comprenant en face A Enfin Récré A2 !, générique de Récré A2 mercredi.
  • Le chanteur français Jean-Louis Murat en interprète une version « arabisante »[9] intitulée À la morte fontaine dans son album Lilith, paru en 2003 (Labels). Il s'agissait, pour l'artiste de rendre compte de la pollution qui touche la campagne : « J’ai écrit À la morte fontaine parce que même chez moi, à la campagne, on ne peut plus boire l’eau des fontaines, tout est pollué. Tout est dangereux en ce moment : l’eau, la bouffe, le tabac, la voiture, la drogue. On nous dit que tout ça entraîne la mort. On est fascinés par la mort, c’est assez étonnant… »[10]

Cinéma et télévision

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Notes et références

  1. et a-la-claire-fontaine-emc À la claire fontaine sur L'Encyclopédie canadienne.
  2. James Huston, Répertoire national, Montréal, .
  3. Marc Robine, Anthologie de la chanson française : des trouvères aux grands auteurs du XIXe siècle, Paris, EPM musique/Albin Michel, , 919 p. (ISBN 2-226-07479-1).
  4. Pierre Seghers, Le livre d’or de la poésie française des origines à 1940, .
  5. J. Gilliéron, « La Claire Fontaine, chanson populaire française. Examen critique de diverses versions de cette chanson », dans Romania, tome 12, n° 46-47, 1883, p. 307-331 [lire en ligne].
  6. « Tiré de l'organisation de la fête nationale du Québec : histoire. ».
  7. Victor 69273 (Montréal, Canada).
  8. Nouvelles chansons de France / Vieilles chansons de France.
  9. « Jean-Louis Murat - Lilith » (consulté le ).
  10. « Jean-Louis Murat (Entretien à l'occasion de la sortie de Lilith) | interview foutraque.com », sur www.foutraque.com (consulté le ).
  11. « "Au revoir les enfants", de Louis Malle à la Mostra de Venise L'ami perdu », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
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