empoigner

Français

Étymologie

(XIIe siècle) De en-, poing, poigne et -er[1][2]. Voir le latin impugnare  attaquer [avec les poings] »).

Verbe

empoigner \ɑ̃.pwa.ɲe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Prendre et serrer avec le poing.
    • Au même instant, vous savez comme cela se pratique, j’empoignai la corde, je sautai sur ses épaules, et han! han! tout fut dit.  (Alexandre Dumas, Les Mille et Un Fantômes)
    • Je vis assis, tel qu’un ange aux mains d'un barbier,
      Empoignant une chope à fortes cannelures,
      L’hypogastre et le col cambrés, une Gambier
      Aux dents, sous l’air gonflé d’impalpables voilures.
       (Arthur Rimbaud; Oraison du soir, 1871)
    • Le boiteux empoigna sa valise par terre, la plaça sur une chaise et souleva le couvercle.  (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
  2. (Populaire) Saisir quelqu’un pour l’arrêter ou l’expulser d’un endroit.
    • Pendant qu’elle sanglotait, Samuel faisait la figure de Tartufe empoigné par Orgon, l’époux inattendu, qui s’élance du fond de sa cachette, comme les vertueux sanglots de cette dame qui s’élançaient de son cœur, et venaient saisir au collet l’hypocrisie chancelante de notre poëte.  (Charles Baudelaire, La Fanfarlo, 1847 ; Gallimard, 2012, collection Folio, pages 43-44 .)
    • Quand Napoléon III fut empoigné à Boulogne pour avoir donné une seconde représentation du débarquement à Cannes, on le jeta au cachot et on l'emmena à Paris sans lui donner le temps de changer de chemise.  (Arsène Houssaye, Les Confessions, tome IV : Souvenirs d'un demi-siècle 1830-1880, tome 4, Paris : chez E. Dentu, 1885-1891, chap. 4)
    • Le père Noël empoigna le Loup, le cala sous son bras et lui donna une fessée si forte que les vibrations des claques sur le derrière du loup faisaient tomber la neige des arbres. Le Loup criait, pleurait, se débattait en gigotant, mais je vous jure qu’il n’avait plus froid !  (Robert Ayats, Le loup qui voulait manger le Père Noël)
    • J'ai pris ma valoche en haut du placard pour la faire chuter sur le lit défait. J’ai enfourné mes affaires, pêle-mêle. D'une main, j’ai empoigné la poignée de ma valoche et de l'autre le bouton de porte.  (Génami Rivière, Retrouver l'être aimé : Pomme d'amour et cœur de glace, Editions Publibook, 2003, p. 143)
    • Faire mine de rien, surtout faire mine de rien, il ne devait pas savoir que je savais, sinon j’étais grillé. Mais essayez donc de faire mine de rien quand un type vous empoigne et vous plaque au mur avec plus de force qu'un taureau.  (Marie Causse, Bleu tatouage, L'Arpenteur, 2014, chap. 7)
  3. (Figuré) Attaquer ; quereller ; injurier.
    • Il empoigna Bert par l’épaule, et le secoua vigoureusement, accompagnant ses gourmades d’objurgations irritées et le repoussant avec violence en arrière.  (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, p. 349 de l’éd. de 1921)
  4. (Figuré) Saisir fortement, émouvoir profondément.
    • Cette scène, cette situation vous empoigne.

Dérivés

Apparentés étymologiques

Traductions

Prononciation

Références

  • Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (empoigner), mais l’article a pu être modifié depuis.
  1. « empoigner », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971-1994 → consulter cet ouvrage
  2. « empoigner », dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877 → consulter cet ouvrage
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